
Les banques centrales ont fortement relevé leurs taux d’intérêt dans le but de ralentir l’inflation, ce qui soulève des préoccupations quant à un éventuel atterrissage brutal de l’économie mondiale. Greg Bonnell discute avec Justin Flowerday, chef, Actions cotées, Gestion de Placements TD, des répercussions futures sur les bénéfices des sociétés.
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À l’approche de la période de publication des résultats des sociétés, les craintes d’une éventuelle récession des bénéfices sont nombreuses sur le marché. Bien sûr, à mesure que l’économie ralentit. Justin Flowerday, chef, Actions cotées, Gestion de Placements TD, est notre invité aujourd’hui.
Justin, c’est un plaisir de vous avoir avec nous. C’est bizarre de commencer avec une nouvelle mise à jour, mais, sur le marché, on se pose beaucoup de questions sur les bénéfices.
Oui, c’est vrai et je pense qu’il est très important de prendre du recul et de faire le bilan. On était dans une très bonne situation où les bénéfices étaient très résilients. Et cela grâce à la hausse des prix de l’énergie qui génère d’énormes flux de trésorerie et bénéfices pour le secteur de l’énergie.
Cela a aidé les bénéfices généraux du marché. On a vu des sociétés bien gérer leurs coûts, ce qui a été favorable. Et puis, les très bonnes entreprises ont pu transmettre la hausse des coûts des intrants aux clients, sous la forme d’une hausse des prix.
Cela a permis d’obtenir des bénéfices stables. À l’avenir, ce sera plus difficile et on observe déjà les premiers signes de failles sur le marché. Les indices des directeurs d’achats se sont répercutés partout dans le monde et des données ont récemment indiqué que les PMI étaient plus faibles aux États-Unis. On commence à entendre des sociétés dire que les choses devenaient un peu plus difficiles.
Un peu plus difficiles. Approfondissons un peu là-dessus. En cette période de publication des bénéfices, de toute évidence… Les entreprises vont s’en sortir en fonction de ce qu’elles nous montrent. Mais les tempêtes qui planent à l’horizon, en matière de ralentissement économique, de récession, de lutte contre l’inflation, vont-elles peser sur le long terme?
Oui, c’est… Ce qui se passe, c’est qu’on a connu une remontée estivale, qui a réduit en partie les craintes des sociétés qui pensaient que ça commençait à mal tourner. On doit faire quelque chose. Cela leur a permis de se dire que la situation n’était peut-être pas si grave.
Cette remontée n’est plus d’actualité et elle a fait place à un décrochage important. Et je pense qu’à partir de maintenant, on va avoir des mesures incitatives pour que les entreprises et les équipes de direction analysent, discutent et se rendre compte que le contexte est difficile. 2023… on donne des conseils et des mises à jour pour 2023, l’année ne ressemblera pas à 2022. Et on voit déjà les marchés baisser leurs attentes à un niveau plus raisonnable.
Votre équipe a fait un travail intéressant sur la relation entre les actions et l’inflation, ça a été la principale préoccupation tout au long de l’année… et ce que les banques centrales vont faire pour tenter de juguler l’inflation.
Certainement. On a fait une petite étude récemment, parce qu’on entend beaucoup dire que l’inflation est très mauvaise pour les rendements des actifs et pour l’économie et on voulait simplement présenter quelques faits. Il se trouve que l’inflation, si elle est élevée et durable, n’est pas favorable aux actions et aux rendements obligataires.
On obtiendra un rendement réel négatif des taux dans une fourchette de 6 %, 7 %, 8 %, 9 %, un contexte d’inflation de 10 % pendant une période prolongée. La déflation n’est évidemment pas une bonne chose. L’inflation idéale se situait entre 1 % et 2 et 1/2 %. C’est là que les actions se portent le mieux, et c’est notre situation depuis une dizaine d’années.
Et puis, le dernier élément, qui est une inflation légèrement plus élevée… 2 et 1/2 % à 4 % d’inflation-- C’était intéressant, car le rendement des actions était d’environ 10 % ou un peu moins de 10 % dans ce contexte et des rendements obligataires de plus de 7 %. Donc une hausse modérée de l’inflation; c’est ce qu’on pense vivre durant les cinq prochaines années quand la Fed résoudra les problèmes du marché du travail et atténuera quelque peu les pressions sur l’économie.
On pense qu’on se situera dans cette fourchette de 2 et 1/2 % à 4 %. Ce n’est pas si mal pour les actions et les obligations.
En effet, ce n’est pas mal pour les actions et les obligations. C’est ce qu’on veut à long terme. Toute cette volatilité qu’on a observée… la remontée estivale, puis le repli. Le mois de septembre a été désastreux. Heureusement, le mois de septembre est terminé pour les investisseurs, même s’il fait de plus en plus froid. Puis, on a une nouvelle remontée.
Si on prend un peu recul et si on essaie d’avoir une vision d’ensemble, que doit-on penser du marché?
Oui alors plusieurs choses. J’ai parlé des bénéfices. Il faut toujours réfléchir à l’évaluation. Si vous prenez la décision d’acheter sur le marché général ou d’acheter des actions individuelles; quelle est l’évaluation? On a commencé l’année à plus de 20 fois les bénéfices pour l’ensemble du marché américain. Les bénéfices ont peut-être été 22 fois plus élevés en janvier.
On est passés à des bénéfices de 16 et 1/2, c’est un point d’entrée plus raisonnable et probablement plus conforme aux moyennes historiques. Il n’y aura donc pas nécessairement de facteur d’évaluation négatif. Probablement pas un facteur favorable non plus.
Il faut aussi comparer les actions à d’autres catégories d’actif. Et l’un des outils qu’on utilise pour évaluer l’attrait, c’est la prime de risque des actions, ce qui signifie qu’on peut investir dans un taux de rendement garanti… Les bons du Trésor, ou vous pouvez investir dans des actions, qui ont évidemment, un taux de rendement incertain.
Combien recevrez-vous en compensation au-delà des bons du Trésor pour acheter des actions? Au fil du temps, vous aurez une idée de ce qu’est une prime de risque équitable. À l’heure actuelle, la prime de risque des actions est d’environ 2,75 %. En quelque sorte conforme aux moyennes à long terme.
Ce n’est pas un gros obstacle, et je ne crois pas que ce soit un facteur favorable non plus.
Bien sûr, quand on parle des tempêtes à l’horizon, l’idée c’est qu’en tentant de contenir l’inflation, les banques centrales vont nous plonger dans une récession. D’abord, on se demandait si on aurait un atterrissage en douceur ou brutal, puis si on pourrait sortir d’une récession.
Les gens sont plutôt négatifs… Si on se retrouve en récession, à quoi cela ressemblera, quelles en sont les probabilités et comment est-on censé gérer cela en tant qu’investisseurs?
Oui, alors si on se retrouve en récession, il faut comprendre que, pour les sociétés dans lesquelles on investit, les bénéfices n’augmenteront pas. Leurs bénéfices diminueront probablement d’une année à l’autre. On devra donc revoir nos attentes.
La Fed nous a dit qu’elle voulait nous placer dans une légère récession. Elle essaie de trouver un juste équilibre en évitant évidemment une récession profonde. Et si les prévisions de bénéfices diminuent, supposons de 225 $, pour l’indice S&P 500, à 215 $. Ça va.
Ce que nous ne voulons pas, c’est le genre de choses qu’on a eu en 2007, 2008 ou 2001, les bénéfices ont vraiment beaucoup diminué. Et on pense que les bénéfices vont diminuer, mais il y a des aides pour qu’ils ne s’effondrent pas complètement.
Pour nous, c’est une question de bénéfices. Il faut aussi se rendre compte des nombreuses difficultés. On sait ce qui s’est passé cette année maintenant. On a un écart de 30 % du NASDAQ depuis le début de l’année. L’indice S&P 500 se situe à moins de 20 % depuis le début de l’année. Le marché a donc anticipé une partie de ce qu’on va voir en matière de bénéfices l’an prochain.
Comment gérer cet environnement? Il va falloir être souple.
JUSTIN FLOWERDAY : Oui.
Si on se contente de dire, je pense que c’est ce qui va se produire, et qu’on ne tient compte de rien d’autre ensuite, on ne sera probablement pas en bonne posture.
Absolument. Et j’ajouterais que certaines sociétés ne vont pas survivre et vont aller moins bien parce qu’elles reçoivent des capitaux essentiellement gratuitement depuis 5 ou 10 ans. Et les liquidités vont s’épuiser.
Donc on passe beaucoup de temps à examiner la qualité et à évaluer les sociétés qui seront en mesure d’accroître leurs parts de marché au cours des deux ou trois années à venir dans un contexte difficile, et des sociétés qui auront un pouvoir d’établissement des prix. Mais il sera très important d’éviter les sociétés qui vont… le financement va s’assécher, et certaines de ces sociétés ne survivront pas. Et cela peut entraîner une destruction de patrimoine qu’on veut éviter.
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À l’approche de la période de publication des résultats des sociétés, les craintes d’une éventuelle récession des bénéfices sont nombreuses sur le marché. Bien sûr, à mesure que l’économie ralentit. Justin Flowerday, chef, Actions cotées, Gestion de Placements TD, est notre invité aujourd’hui.
Justin, c’est un plaisir de vous avoir avec nous. C’est bizarre de commencer avec une nouvelle mise à jour, mais, sur le marché, on se pose beaucoup de questions sur les bénéfices.
Oui, c’est vrai et je pense qu’il est très important de prendre du recul et de faire le bilan. On était dans une très bonne situation où les bénéfices étaient très résilients. Et cela grâce à la hausse des prix de l’énergie qui génère d’énormes flux de trésorerie et bénéfices pour le secteur de l’énergie.
Cela a aidé les bénéfices généraux du marché. On a vu des sociétés bien gérer leurs coûts, ce qui a été favorable. Et puis, les très bonnes entreprises ont pu transmettre la hausse des coûts des intrants aux clients, sous la forme d’une hausse des prix.
Cela a permis d’obtenir des bénéfices stables. À l’avenir, ce sera plus difficile et on observe déjà les premiers signes de failles sur le marché. Les indices des directeurs d’achats se sont répercutés partout dans le monde et des données ont récemment indiqué que les PMI étaient plus faibles aux États-Unis. On commence à entendre des sociétés dire que les choses devenaient un peu plus difficiles.
Un peu plus difficiles. Approfondissons un peu là-dessus. En cette période de publication des bénéfices, de toute évidence… Les entreprises vont s’en sortir en fonction de ce qu’elles nous montrent. Mais les tempêtes qui planent à l’horizon, en matière de ralentissement économique, de récession, de lutte contre l’inflation, vont-elles peser sur le long terme?
Oui, c’est… Ce qui se passe, c’est qu’on a connu une remontée estivale, qui a réduit en partie les craintes des sociétés qui pensaient que ça commençait à mal tourner. On doit faire quelque chose. Cela leur a permis de se dire que la situation n’était peut-être pas si grave.
Cette remontée n’est plus d’actualité et elle a fait place à un décrochage important. Et je pense qu’à partir de maintenant, on va avoir des mesures incitatives pour que les entreprises et les équipes de direction analysent, discutent et se rendre compte que le contexte est difficile. 2023… on donne des conseils et des mises à jour pour 2023, l’année ne ressemblera pas à 2022. Et on voit déjà les marchés baisser leurs attentes à un niveau plus raisonnable.
Votre équipe a fait un travail intéressant sur la relation entre les actions et l’inflation, ça a été la principale préoccupation tout au long de l’année… et ce que les banques centrales vont faire pour tenter de juguler l’inflation.
Certainement. On a fait une petite étude récemment, parce qu’on entend beaucoup dire que l’inflation est très mauvaise pour les rendements des actifs et pour l’économie et on voulait simplement présenter quelques faits. Il se trouve que l’inflation, si elle est élevée et durable, n’est pas favorable aux actions et aux rendements obligataires.
On obtiendra un rendement réel négatif des taux dans une fourchette de 6 %, 7 %, 8 %, 9 %, un contexte d’inflation de 10 % pendant une période prolongée. La déflation n’est évidemment pas une bonne chose. L’inflation idéale se situait entre 1 % et 2 et 1/2 %. C’est là que les actions se portent le mieux, et c’est notre situation depuis une dizaine d’années.
Et puis, le dernier élément, qui est une inflation légèrement plus élevée… 2 et 1/2 % à 4 % d’inflation-- C’était intéressant, car le rendement des actions était d’environ 10 % ou un peu moins de 10 % dans ce contexte et des rendements obligataires de plus de 7 %. Donc une hausse modérée de l’inflation; c’est ce qu’on pense vivre durant les cinq prochaines années quand la Fed résoudra les problèmes du marché du travail et atténuera quelque peu les pressions sur l’économie.
On pense qu’on se situera dans cette fourchette de 2 et 1/2 % à 4 %. Ce n’est pas si mal pour les actions et les obligations.
En effet, ce n’est pas mal pour les actions et les obligations. C’est ce qu’on veut à long terme. Toute cette volatilité qu’on a observée… la remontée estivale, puis le repli. Le mois de septembre a été désastreux. Heureusement, le mois de septembre est terminé pour les investisseurs, même s’il fait de plus en plus froid. Puis, on a une nouvelle remontée.
Si on prend un peu recul et si on essaie d’avoir une vision d’ensemble, que doit-on penser du marché?
Oui alors plusieurs choses. J’ai parlé des bénéfices. Il faut toujours réfléchir à l’évaluation. Si vous prenez la décision d’acheter sur le marché général ou d’acheter des actions individuelles; quelle est l’évaluation? On a commencé l’année à plus de 20 fois les bénéfices pour l’ensemble du marché américain. Les bénéfices ont peut-être été 22 fois plus élevés en janvier.
On est passés à des bénéfices de 16 et 1/2, c’est un point d’entrée plus raisonnable et probablement plus conforme aux moyennes historiques. Il n’y aura donc pas nécessairement de facteur d’évaluation négatif. Probablement pas un facteur favorable non plus.
Il faut aussi comparer les actions à d’autres catégories d’actif. Et l’un des outils qu’on utilise pour évaluer l’attrait, c’est la prime de risque des actions, ce qui signifie qu’on peut investir dans un taux de rendement garanti… Les bons du Trésor, ou vous pouvez investir dans des actions, qui ont évidemment, un taux de rendement incertain.
Combien recevrez-vous en compensation au-delà des bons du Trésor pour acheter des actions? Au fil du temps, vous aurez une idée de ce qu’est une prime de risque équitable. À l’heure actuelle, la prime de risque des actions est d’environ 2,75 %. En quelque sorte conforme aux moyennes à long terme.
Ce n’est pas un gros obstacle, et je ne crois pas que ce soit un facteur favorable non plus.
Bien sûr, quand on parle des tempêtes à l’horizon, l’idée c’est qu’en tentant de contenir l’inflation, les banques centrales vont nous plonger dans une récession. D’abord, on se demandait si on aurait un atterrissage en douceur ou brutal, puis si on pourrait sortir d’une récession.
Les gens sont plutôt négatifs… Si on se retrouve en récession, à quoi cela ressemblera, quelles en sont les probabilités et comment est-on censé gérer cela en tant qu’investisseurs?
Oui, alors si on se retrouve en récession, il faut comprendre que, pour les sociétés dans lesquelles on investit, les bénéfices n’augmenteront pas. Leurs bénéfices diminueront probablement d’une année à l’autre. On devra donc revoir nos attentes.
La Fed nous a dit qu’elle voulait nous placer dans une légère récession. Elle essaie de trouver un juste équilibre en évitant évidemment une récession profonde. Et si les prévisions de bénéfices diminuent, supposons de 225 $, pour l’indice S&P 500, à 215 $. Ça va.
Ce que nous ne voulons pas, c’est le genre de choses qu’on a eu en 2007, 2008 ou 2001, les bénéfices ont vraiment beaucoup diminué. Et on pense que les bénéfices vont diminuer, mais il y a des aides pour qu’ils ne s’effondrent pas complètement.
Pour nous, c’est une question de bénéfices. Il faut aussi se rendre compte des nombreuses difficultés. On sait ce qui s’est passé cette année maintenant. On a un écart de 30 % du NASDAQ depuis le début de l’année. L’indice S&P 500 se situe à moins de 20 % depuis le début de l’année. Le marché a donc anticipé une partie de ce qu’on va voir en matière de bénéfices l’an prochain.
Comment gérer cet environnement? Il va falloir être souple.
JUSTIN FLOWERDAY : Oui.
Si on se contente de dire, je pense que c’est ce qui va se produire, et qu’on ne tient compte de rien d’autre ensuite, on ne sera probablement pas en bonne posture.
Absolument. Et j’ajouterais que certaines sociétés ne vont pas survivre et vont aller moins bien parce qu’elles reçoivent des capitaux essentiellement gratuitement depuis 5 ou 10 ans. Et les liquidités vont s’épuiser.
Donc on passe beaucoup de temps à examiner la qualité et à évaluer les sociétés qui seront en mesure d’accroître leurs parts de marché au cours des deux ou trois années à venir dans un contexte difficile, et des sociétés qui auront un pouvoir d’établissement des prix. Mais il sera très important d’éviter les sociétés qui vont… le financement va s’assécher, et certaines de ces sociétés ne survivront pas. Et cela peut entraîner une destruction de patrimoine qu’on veut éviter.
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