La volatilité s’empare du marché du pétrole alors que les incertitudes liées à la demande s’intensifient avec l’arrivée du variant Omicron. Kim Parlee et Hussein Allidina, chef, Produits de base, Gestion de Placements TD, se demandent si la récente chute des prix est exagérée et quelles sont les perspectives pour 2022.
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Les prix du pétrole sont secoués par de fortes vagues de volatilité depuis l’apparition du variant Omicron. Le mois de novembre a été marqué par les plus importantes fluctuations du cours du pétrole depuis le début de la pandémie. Hussein Allidina est Chef, Produits de base à Gestion de Placements TD. Il va nous expliquer les raisons de cette volatilité et ce qu’il faut surveiller.
Hussein, c’est un plaisir de vous avoir avec nous. J’aimerais qu’on regarde un graphique sur le prix du pétrole. Que se passe-t-il? Vous pensez que la baisse est excessive, si j’ai bien compris.
Bonjour, Kim. Merci de me recevoir. Oui, je pense que c’est excessif.
Si on regarde bien les dates, la chute du cours s’est produite alors que la liquidité du marché était relativement faible. C’était le vendredi après l’Action de grâce, quand Omicron a vraiment commencé à éveiller des inquiétudes. Si vous regardez les fluctuations et la plus forte chute observée, le marché anticipait une baisse de la demande de plus de 5 millions de barils par jour. Les données fondamentales ne vont pas dans ce sens, et les dernières données sur le virus donnent un peu plus de raisons d’être optimistes qu’à l’origine. Je pense donc que c’est un peu excessif.
La demande a bien évidemment entraîné une forte hausse des prix du pétrole. À votre avis, à quel niveau la demande va-t-elle revenir? Les gens ont l’impression que le marché tient compte de cette perspective en ce moment. On assiste à une légère reprise. À quel niveau se situera la demande?
La plupart des prévisions tablent encore sur une croissance d’au moins deux millions de barils par jour, voire plus, jusqu’en 2022. Les données à haute fréquence ne montrent pas de réduction significative des tendances de mobilité ou des activités. Je pense que les inquiétudes liées au virus vont tempérer la demande, mais cette baisse restera négligeable contrairement aux fluctuations observées après l’Action de grâce.
Qu’en est-il de l’offre? L’OPEP dit s’en tenir aux quotas de production et au métaniveau, il y a eu moins d’investissements dans le secteur pétrolier à cause des facteurs ESG. Qu’anticipez-vous sur ce tableau?
L’OPEP a confirmé qu’elle continuerait d’augmenter sa production de 400 000 barils par jour sur la période prévisionnelle. Je crois que cette annonce a surpris certains membres du marché. C’est intéressant, car les prix du pétrole étaient en réalité plus élevés à la clôture le jour de l’annonce, et il n’y a pas eu de baisse. L’OPEP a laissé la porte ouverte à la gestiondu marché. Elle n’a pas officiellement ajourné la réunion.
Je pense que si les conditions devaient se détériorer, l’OPEP réagirait en baissant la production. Cette décision d’augmenter encore la production en dit long pour le marché. L’Arabie Saoudite a augmenté les prix de vente officiels aux raffineries d’Asie. Cette hausse, en plus de la relative robustesse des marges de raffinage, laisse entrevoir une demande encore assez vigoureuse.
Mmm. Arrêtons-nous quelques instants sur les raffineries. Que se passe-t-il de ce côté, et qu’est-ce qui mérite notre vigilance?
En général, si la demande chute de façon spectaculaire ou si elle s’affaiblit, on s’attend à ce que les prix du produit fini, ce que vous et moi consommons, comme l’essence, le distillat, ces prix chutent davantage que les prix du brut. Les marges des raffineries sont restées relativement solides, ce qui m’indique que la demande n’est pas aussi faible que la fluctuation initiale des prix pouvait le laisser supposer.
Quelles ont été les répercussions sur les entreprises? J’ai parlé du métaniveau. Il y a moins d’investissements dans ce secteur. Les entreprises décident de leurs dépenses en immobilisations pour les années à venir, en termes de forage, etc. Qu’est-ce que vous anticipez?
Je pense que cette forte volatilité nuit au secteur. La faiblesse des prix nuit aux projets de dépenses en immobilisations pour 2022. C’est une période intéressante de l’année, parce que c’est là que l’on examine les budgets d’investissement pour l’année suivante.
Au bout du compte, cette volatilité et la faiblesse des prix du pétrole vont sans doute réduire les projections du nombre de barils du solde l’an prochain. Encore une fois, fondamentalement, la situation reste toujours très positive. Bien sûr, les risques sont là. Mais est-ce que la demande s’affaiblira plus que prévu dans la foulée de variant? Ce n’est pas ce que j’anticipe pour l’instant.
D’accord. Je fais un calcul mental, Hussein. La demande est un peu en baisse, mais les dépenses en immobilisations exercent des pressions à la hausse. Moins d’investissements, plus de pressions à la hausse. Selon vous, les prix seront-ils plus élevés en 2022?
Oui, j’anticipe une hausse, Kim, durant l’année 2022 et jusqu’en 2023. Les soldes fondamentaux laissent entrevoir d’autres baisses des stocks durant au moins les trois premiers trimestres de l’année prochaine. L’augmentation de la production de l’OPEP diminue aussi la capacité de réserve. Et je pense que vous allez voir – nous en avons peut-être déjà parlé – vous allez voir le marché se concentrer de plus en plus sur la relative faiblesse actuelle de la capacité de réserve.
Et à l’échelle de la planète, il n’y a pas beaucoup d’offre supplémentaire en dehors de la capacité de réserve de l’OPEP pour répondre à une demande croissante.
C’est une période qui promet d’être intéressante. Hussein, c’est toujours un plaisir. Merci encore d’avoir été des nôtres.
Merci, Kim.
[MUSIQUE]
Hussein, c’est un plaisir de vous avoir avec nous. J’aimerais qu’on regarde un graphique sur le prix du pétrole. Que se passe-t-il? Vous pensez que la baisse est excessive, si j’ai bien compris.
Bonjour, Kim. Merci de me recevoir. Oui, je pense que c’est excessif.
Si on regarde bien les dates, la chute du cours s’est produite alors que la liquidité du marché était relativement faible. C’était le vendredi après l’Action de grâce, quand Omicron a vraiment commencé à éveiller des inquiétudes. Si vous regardez les fluctuations et la plus forte chute observée, le marché anticipait une baisse de la demande de plus de 5 millions de barils par jour. Les données fondamentales ne vont pas dans ce sens, et les dernières données sur le virus donnent un peu plus de raisons d’être optimistes qu’à l’origine. Je pense donc que c’est un peu excessif.
La demande a bien évidemment entraîné une forte hausse des prix du pétrole. À votre avis, à quel niveau la demande va-t-elle revenir? Les gens ont l’impression que le marché tient compte de cette perspective en ce moment. On assiste à une légère reprise. À quel niveau se situera la demande?
La plupart des prévisions tablent encore sur une croissance d’au moins deux millions de barils par jour, voire plus, jusqu’en 2022. Les données à haute fréquence ne montrent pas de réduction significative des tendances de mobilité ou des activités. Je pense que les inquiétudes liées au virus vont tempérer la demande, mais cette baisse restera négligeable contrairement aux fluctuations observées après l’Action de grâce.
Qu’en est-il de l’offre? L’OPEP dit s’en tenir aux quotas de production et au métaniveau, il y a eu moins d’investissements dans le secteur pétrolier à cause des facteurs ESG. Qu’anticipez-vous sur ce tableau?
L’OPEP a confirmé qu’elle continuerait d’augmenter sa production de 400 000 barils par jour sur la période prévisionnelle. Je crois que cette annonce a surpris certains membres du marché. C’est intéressant, car les prix du pétrole étaient en réalité plus élevés à la clôture le jour de l’annonce, et il n’y a pas eu de baisse. L’OPEP a laissé la porte ouverte à la gestiondu marché. Elle n’a pas officiellement ajourné la réunion.
Je pense que si les conditions devaient se détériorer, l’OPEP réagirait en baissant la production. Cette décision d’augmenter encore la production en dit long pour le marché. L’Arabie Saoudite a augmenté les prix de vente officiels aux raffineries d’Asie. Cette hausse, en plus de la relative robustesse des marges de raffinage, laisse entrevoir une demande encore assez vigoureuse.
Mmm. Arrêtons-nous quelques instants sur les raffineries. Que se passe-t-il de ce côté, et qu’est-ce qui mérite notre vigilance?
En général, si la demande chute de façon spectaculaire ou si elle s’affaiblit, on s’attend à ce que les prix du produit fini, ce que vous et moi consommons, comme l’essence, le distillat, ces prix chutent davantage que les prix du brut. Les marges des raffineries sont restées relativement solides, ce qui m’indique que la demande n’est pas aussi faible que la fluctuation initiale des prix pouvait le laisser supposer.
Quelles ont été les répercussions sur les entreprises? J’ai parlé du métaniveau. Il y a moins d’investissements dans ce secteur. Les entreprises décident de leurs dépenses en immobilisations pour les années à venir, en termes de forage, etc. Qu’est-ce que vous anticipez?
Je pense que cette forte volatilité nuit au secteur. La faiblesse des prix nuit aux projets de dépenses en immobilisations pour 2022. C’est une période intéressante de l’année, parce que c’est là que l’on examine les budgets d’investissement pour l’année suivante.
Au bout du compte, cette volatilité et la faiblesse des prix du pétrole vont sans doute réduire les projections du nombre de barils du solde l’an prochain. Encore une fois, fondamentalement, la situation reste toujours très positive. Bien sûr, les risques sont là. Mais est-ce que la demande s’affaiblira plus que prévu dans la foulée de variant? Ce n’est pas ce que j’anticipe pour l’instant.
D’accord. Je fais un calcul mental, Hussein. La demande est un peu en baisse, mais les dépenses en immobilisations exercent des pressions à la hausse. Moins d’investissements, plus de pressions à la hausse. Selon vous, les prix seront-ils plus élevés en 2022?
Oui, j’anticipe une hausse, Kim, durant l’année 2022 et jusqu’en 2023. Les soldes fondamentaux laissent entrevoir d’autres baisses des stocks durant au moins les trois premiers trimestres de l’année prochaine. L’augmentation de la production de l’OPEP diminue aussi la capacité de réserve. Et je pense que vous allez voir – nous en avons peut-être déjà parlé – vous allez voir le marché se concentrer de plus en plus sur la relative faiblesse actuelle de la capacité de réserve.
Et à l’échelle de la planète, il n’y a pas beaucoup d’offre supplémentaire en dehors de la capacité de réserve de l’OPEP pour répondre à une demande croissante.
C’est une période qui promet d’être intéressante. Hussein, c’est toujours un plaisir. Merci encore d’avoir été des nôtres.
Merci, Kim.
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