Depuis son sommet en juin, le prix du pétrole a chuté d’environ 30 $ le baril. Le pétrole brut est confronté à des problèmes potentiels d’offre et de demande. Greg Bonnell discute avec Andriy Yastreb, analyste de l’énergie à Gestion de Placements TD, des perspectives du pétrole et des raisons pour lesquelles il demeure optimiste.
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Eh bien, le prix du pétrole continue de sentir le poids d’un ralentissement mondial imminent. Le prix du pétrole brut a reculé d’environ 30 $ par rapport à son sommet de juin, juste au moment où la Fed et d’autres banques centrales ont commencé à relever fortement les taux d’intérêt. Malgré les craintes à l’égard de la croissance, mon prochain invité affirme que les perspectives à long terme du pétrole demeurent optimistes.
Andriy Yastreb, analyste de l’énergie à Gestion de Placements TD, est avec moi. Andriy, c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous. On traverse une période très intéressante, en effet, pour toutes les catégories d’actif, y compris l’énergie. Que voyez-vous de ce côté-là?
ANDRIY YASTREB : Tout d’abord, merci de m’avoir invité, Greg. Et quand je pense au pétrole dans ce contexte-ci et pour les 6 à 12 prochains mois, j’aime penser à trois facteurs clés. L’un d’eux serait la Russie, un autre, l’OPEP, et le dernier, une récession potentielle. Et je vais appeler ça « ROR » pour les mémoriser.
Pour commencer, j’aimerais parler de l’OPEP, et j’ai ici un graphique qui montre comment elle a influencé le rendement de l’énergie dans le passé. Ce graphique illustre essentiellement le rendement du secteur de l’énergie par rapport à l’indice S&P 500 depuis 2000. En examinant les données, je me suis rendu compte qu’il y a essentiellement eu deux régimes différents au cours des 22 dernières années. Dans l’un des régimes, l’OPEP est votre amie pour ce qui est des placements. Dans l’autre régime, l’OPEP est votre ennemie.
Quand l’OPEP est une amie, ce que je veux dire par là, c’est qu’elle contrôle le marché de l’énergie. Elle peut influer sur l’équilibre de l’offre et sur les prix. Et c’est essentiellement ce qui s’est produit au début de 2000, jusqu’en 2013 environ. Et durant cette période, l’énergie s’est très bien comportée. Elle a surpassé l’ensemble du marché de 7 % en moyenne par année et a affiché un rendement supérieur pendant la plupart de ces années-là. C’était donc une surperformance constante et assez importante.
Puis, en 2014, l’OPEP a commencé à se battre pour gagner des parts de marché auprès des producteurs de gaz de schiste américains. Et la situation a complètement changé. De 2014 à 2021, le secteur de l’énergie a enregistré un rendement inférieur d’environ 14 % par année, et ce, pendant la plupart de ces années-là.
La bonne nouvelle, c’est que l’OPEP est de nouveau aux commandes. Je pense que l’OPEP n’a plus une grande capacité de réserve. Aux deux dernières réunions, elle a d’abord augmenté la production de 100 000 barils. Et elle diminue maintenant la production de 100 000 barils, ce qui signifie que, A, elle n’a plus une grande capacité de réserve. Et, B, elle veut que les prix du pétrole augmentent.
D’accord, alors on arrive au milieu de votre « ROR »... de petits systèmes que vous avez créés, l’OPEP et l’autre moitié. Qu’en est-il de la Russie? En fait, cette invasion semble tellement être une variable inconnue qu’elle a tout bouleversé plus tôt cette année.
Oui, et c’est presque comme si on s’y habituait, et la Russie fait l’objet de plusieurs sanctions. Mais il ne faut pas oublier que les sanctions contre le pétrole russe n’ont pas encore commencé. Elles vont commencer en décembre. Et on ne sait pas vraiment comment les choses vont se passer, car si on examine les autres sanctions qu’il y a eu dans le passé... par exemple, les sanctions contre l’Iran... malgré les sanctions, l’Iran continue de vendre du pétrole sur le marché mondial. Peut-être pas autant qu’avant, mais le pétrole continue de couler.
On va voir les répercussions sur l’ensemble du marché, parce que A, la Russie est un fournisseur de pétrole beaucoup plus important que l’Iran. Elle fournit plus de cinq millions de barils de pétrole brut, ainsi que plus d’un million à un million et demi de produits. Et, B, ces sanctions ne visent pas seulement à limiter les ventes de pétrole russe au monde occidental. Cela limite également la capacité des Russes de s’assurer de la présence de leurs cargos et de leurs pétroliers. Et ça pourrait être très difficile à contourner pour la Russie. On ne sait donc pas exactement combien de barils russes vont être retirés du marché. Et c’est une grande inconnue pour les trois à six prochains mois.
En plus de ça, il y a un autre risque. Et ce qu’on a vu en Europe, c’est que la Russie a déjà réduit ses exportations de gaz vers l’Europe à pratiquement zéro. Et de ce point de vue-là, Poutine souhaitait évidemment utiliser l’énergie comme arme. Il a déjà exercé toute son influence en matière de gaz naturel en Europe.
Si les choses ne vont pas bien pour lui en Ukraine, il va peut-être se tourner vers le pétrole et commencer aussi à réduire les exportations de pétrole. Je pense donc que la Russie est un facteur essentiel à surveiller. Et c’est possible, probablement à court terme, au cours des trois à six prochains mois, que ça puisse être un catalyseur positif pour les prix du pétrole.
Oui, c’est ce qui pourrait arriver. Passons au dernier « R », bien sûr : les craintes d’une récession, le ralentissement de l’économie mondiale, ce que ça signifie réellement pour l’offre et pour la demande, si l’économie se tourne vers le sud à l’échelle mondiale. Je crois que vous avez aussi un graphique qui illustre la dynamique de l’offre et de la demande.
ANDRIY YASTREB : Oui, ce graphique montre les stocks de pétrole brut aux États-Unis. Et, fait intéressant, on a mentionné que l’offre et les stocks de l’OPEP étaient serrés, ou que la capacité de réserve de l’OPEP était plutôt serrée.
Ce qui est intéressant, c’est qu’habituellement, si c’est aussi serré, si l’OPEP n’a pas d’autres barils à mettre sur le marché, on se dit qu’il faut que le prix du pétrole soit de plus de 100 $. Mais ce n’est pas ça qu’on voit en ce moment. Il se situe à 80 $ à peine. Et je pense que ce graphique explique en grande partie pourquoi.
Et si vous regardez la ligne verte, ce sont les stocks de pétrole brut aux États-Unis, y compris la RSP, la réserve stratégique de pétrole. Et cette réserve stratégique de pétrole a été considérablement réduite au cours des 10 à 11 derniers mois. Et ce qui est intéressant, c’est que la libération de barils de la RSP devrait prendre fin en octobre. Alors que je parlais des sanctions russes qui vont entrer en vigueur en décembre, en octobre, il y a aussi...
Et les Américains n’ont plus de pétrole à offrir sur le marché non plus...
Oui....
à la RSP.
Exactement. Et le cynique en moi se demande pourquoi il y a une libération aussi importante de la RSP? Historiquement, on n’avait qu’une réserve stratégique pour les situations d’urgence réelles en cas de guerre quelque part, de catastrophe naturelle qui limite la production réelle et l’accès au pétrole à l’échelle mondiale.
Eh bien, cette fois-ci, il n’y a eu aucune urgence de cette ampleur-là. Mais on libère un million de barils par jour aux États-Unis. Et, comme par hasard, ça s’arrête juste avant les élections aux États-Unis.
On va voir ce qui va se passer par la suite. Mais d’après cette libération de la RSP, ça pourrait être un autre facteur positif, car il s’agit d’un million de barils par jour. C’est une importante quantité de pétrole qui a été libérée.
GREG : Il y a donc beaucoup de choses à surveiller. Il y a la Russie. Il y a l’OPEP. Et il y a les craintes d’une récession. À 85 $ actuellement à l’écran pour la référence pour le pétrole brut américain, 85,18, qu’est-ce que ça signifie pour les sociétés énergétiques?
Eh bien, il y a deux mois, quand j’étais ici pour une entrevue avec vous et qu’on parlait de l’énergie, on a abordé le sujet de la récession et de la destruction potentielle de la demande en raison des prix élevés du pétrole et de ce qui se passe en récession. Et habituellement, en cas de récession, le pétrole est évidemment très cyclique. Il diminue. Et en cas de grave récession, la demande diminue considérablement. Et une volatilité importante s’installe. Et, évidemment, la COVID a été le pire cas.
En regardant ce que l’OPEP a fait, et elle a surpris tout le monde en annonçant une réduction de 100 000 barils, ça a été très significatif, parce que A, ça a été une surprise. Personne ne s’attendait à ça. Et, B, je pense que cela indique que l’OPEP est prête à intervenir et à soutenir les marchés, même si l’ensemble de l’économie se détériore et que les prix du pétrole commencent à baisser.
Pour revenir au premier graphique que j’ai montré, sur le rendement relatif, une partie intéressante de ce graphique, les barres verticales noires, elles montraient les années où l’indice S&P a affiché des rendements négatifs. Et sur cinq de ces six années, l’énergie a surpassé l’indice. Mais ça reste une question de rendement relatif. Donc, si votre indice est en baisse de 30 % et que vous n’êtes en baisse que de 25 %, ça semble être 5 %. Mais vous êtes toujours en baisse.
Il ne faut juste pas faire pire que l’autre à côté, n’est-ce pas?
Exactement, mais c’est intéressant du point de vue selon lequel on pense habituellement que le secteur de l’énergie est très volatil et cyclique. Et les données montrent que, eh bien, pas exactement. Par exemple, lorsque l’OPEP a le contrôle du marché, qu’elle gère l’offre et la demande et qu’elle tente d’équilibrer le marché, l’énergie se porte plutôt bien.
GREG : Donc à long terme, qu’est-ce que... tout est très volatil d’un jour à l’autre. Et ça peut être difficile à comprendre en tant qu’investisseur. Mais si on résume tout ça et qu’on examine le marché du pétrole brut sur six mois, un an ou deux ans, quelles sont vos perspectives pour le marché?
ANDRIY YASTREB : Eh bien, je pense que, fondamentalement, le marché est serré parce qu’au cours des cinq à sept dernières années, les prix du pétrole étaient bas. Et cette situation est due à la lutte de l’OPEP contre le gaz de schiste. Et beaucoup d’entreprises ont sous-investi. Et on observe le resserrement actuel du marché, qui a fait grimper les prix du pétrole à plus de 100 $ plus tôt cette année.
Selon moi, si on entre en récession l’an prochain, la volatilité va probablement augmenter. Les prix du pétrole vont baisser à un moment donné. Cela pourrait inciter l’OPEP à intervenir en réduisant et en équilibrant les prix. Mais s’il y a une récession, je pense que ça signifie, de manière générale, que les sociétés pétrolières et les dirigeants du secteur du pétrole regardent le tableau et qu’ils décident d’investir moins.
Donc, pour les deux prochaines années, il pourrait y avoir encore plus de sous-investissements. Donc à la fin de la récession, les mêmes problèmes d’offre vont persister.
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Eh bien, le prix du pétrole continue de sentir le poids d’un ralentissement mondial imminent. Le prix du pétrole brut a reculé d’environ 30 $ par rapport à son sommet de juin, juste au moment où la Fed et d’autres banques centrales ont commencé à relever fortement les taux d’intérêt. Malgré les craintes à l’égard de la croissance, mon prochain invité affirme que les perspectives à long terme du pétrole demeurent optimistes.
Andriy Yastreb, analyste de l’énergie à Gestion de Placements TD, est avec moi. Andriy, c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous. On traverse une période très intéressante, en effet, pour toutes les catégories d’actif, y compris l’énergie. Que voyez-vous de ce côté-là?
ANDRIY YASTREB : Tout d’abord, merci de m’avoir invité, Greg. Et quand je pense au pétrole dans ce contexte-ci et pour les 6 à 12 prochains mois, j’aime penser à trois facteurs clés. L’un d’eux serait la Russie, un autre, l’OPEP, et le dernier, une récession potentielle. Et je vais appeler ça « ROR » pour les mémoriser.
Pour commencer, j’aimerais parler de l’OPEP, et j’ai ici un graphique qui montre comment elle a influencé le rendement de l’énergie dans le passé. Ce graphique illustre essentiellement le rendement du secteur de l’énergie par rapport à l’indice S&P 500 depuis 2000. En examinant les données, je me suis rendu compte qu’il y a essentiellement eu deux régimes différents au cours des 22 dernières années. Dans l’un des régimes, l’OPEP est votre amie pour ce qui est des placements. Dans l’autre régime, l’OPEP est votre ennemie.
Quand l’OPEP est une amie, ce que je veux dire par là, c’est qu’elle contrôle le marché de l’énergie. Elle peut influer sur l’équilibre de l’offre et sur les prix. Et c’est essentiellement ce qui s’est produit au début de 2000, jusqu’en 2013 environ. Et durant cette période, l’énergie s’est très bien comportée. Elle a surpassé l’ensemble du marché de 7 % en moyenne par année et a affiché un rendement supérieur pendant la plupart de ces années-là. C’était donc une surperformance constante et assez importante.
Puis, en 2014, l’OPEP a commencé à se battre pour gagner des parts de marché auprès des producteurs de gaz de schiste américains. Et la situation a complètement changé. De 2014 à 2021, le secteur de l’énergie a enregistré un rendement inférieur d’environ 14 % par année, et ce, pendant la plupart de ces années-là.
La bonne nouvelle, c’est que l’OPEP est de nouveau aux commandes. Je pense que l’OPEP n’a plus une grande capacité de réserve. Aux deux dernières réunions, elle a d’abord augmenté la production de 100 000 barils. Et elle diminue maintenant la production de 100 000 barils, ce qui signifie que, A, elle n’a plus une grande capacité de réserve. Et, B, elle veut que les prix du pétrole augmentent.
D’accord, alors on arrive au milieu de votre « ROR »... de petits systèmes que vous avez créés, l’OPEP et l’autre moitié. Qu’en est-il de la Russie? En fait, cette invasion semble tellement être une variable inconnue qu’elle a tout bouleversé plus tôt cette année.
Oui, et c’est presque comme si on s’y habituait, et la Russie fait l’objet de plusieurs sanctions. Mais il ne faut pas oublier que les sanctions contre le pétrole russe n’ont pas encore commencé. Elles vont commencer en décembre. Et on ne sait pas vraiment comment les choses vont se passer, car si on examine les autres sanctions qu’il y a eu dans le passé... par exemple, les sanctions contre l’Iran... malgré les sanctions, l’Iran continue de vendre du pétrole sur le marché mondial. Peut-être pas autant qu’avant, mais le pétrole continue de couler.
On va voir les répercussions sur l’ensemble du marché, parce que A, la Russie est un fournisseur de pétrole beaucoup plus important que l’Iran. Elle fournit plus de cinq millions de barils de pétrole brut, ainsi que plus d’un million à un million et demi de produits. Et, B, ces sanctions ne visent pas seulement à limiter les ventes de pétrole russe au monde occidental. Cela limite également la capacité des Russes de s’assurer de la présence de leurs cargos et de leurs pétroliers. Et ça pourrait être très difficile à contourner pour la Russie. On ne sait donc pas exactement combien de barils russes vont être retirés du marché. Et c’est une grande inconnue pour les trois à six prochains mois.
En plus de ça, il y a un autre risque. Et ce qu’on a vu en Europe, c’est que la Russie a déjà réduit ses exportations de gaz vers l’Europe à pratiquement zéro. Et de ce point de vue-là, Poutine souhaitait évidemment utiliser l’énergie comme arme. Il a déjà exercé toute son influence en matière de gaz naturel en Europe.
Si les choses ne vont pas bien pour lui en Ukraine, il va peut-être se tourner vers le pétrole et commencer aussi à réduire les exportations de pétrole. Je pense donc que la Russie est un facteur essentiel à surveiller. Et c’est possible, probablement à court terme, au cours des trois à six prochains mois, que ça puisse être un catalyseur positif pour les prix du pétrole.
Oui, c’est ce qui pourrait arriver. Passons au dernier « R », bien sûr : les craintes d’une récession, le ralentissement de l’économie mondiale, ce que ça signifie réellement pour l’offre et pour la demande, si l’économie se tourne vers le sud à l’échelle mondiale. Je crois que vous avez aussi un graphique qui illustre la dynamique de l’offre et de la demande.
ANDRIY YASTREB : Oui, ce graphique montre les stocks de pétrole brut aux États-Unis. Et, fait intéressant, on a mentionné que l’offre et les stocks de l’OPEP étaient serrés, ou que la capacité de réserve de l’OPEP était plutôt serrée.
Ce qui est intéressant, c’est qu’habituellement, si c’est aussi serré, si l’OPEP n’a pas d’autres barils à mettre sur le marché, on se dit qu’il faut que le prix du pétrole soit de plus de 100 $. Mais ce n’est pas ça qu’on voit en ce moment. Il se situe à 80 $ à peine. Et je pense que ce graphique explique en grande partie pourquoi.
Et si vous regardez la ligne verte, ce sont les stocks de pétrole brut aux États-Unis, y compris la RSP, la réserve stratégique de pétrole. Et cette réserve stratégique de pétrole a été considérablement réduite au cours des 10 à 11 derniers mois. Et ce qui est intéressant, c’est que la libération de barils de la RSP devrait prendre fin en octobre. Alors que je parlais des sanctions russes qui vont entrer en vigueur en décembre, en octobre, il y a aussi...
Et les Américains n’ont plus de pétrole à offrir sur le marché non plus...
Oui....
à la RSP.
Exactement. Et le cynique en moi se demande pourquoi il y a une libération aussi importante de la RSP? Historiquement, on n’avait qu’une réserve stratégique pour les situations d’urgence réelles en cas de guerre quelque part, de catastrophe naturelle qui limite la production réelle et l’accès au pétrole à l’échelle mondiale.
Eh bien, cette fois-ci, il n’y a eu aucune urgence de cette ampleur-là. Mais on libère un million de barils par jour aux États-Unis. Et, comme par hasard, ça s’arrête juste avant les élections aux États-Unis.
On va voir ce qui va se passer par la suite. Mais d’après cette libération de la RSP, ça pourrait être un autre facteur positif, car il s’agit d’un million de barils par jour. C’est une importante quantité de pétrole qui a été libérée.
GREG : Il y a donc beaucoup de choses à surveiller. Il y a la Russie. Il y a l’OPEP. Et il y a les craintes d’une récession. À 85 $ actuellement à l’écran pour la référence pour le pétrole brut américain, 85,18, qu’est-ce que ça signifie pour les sociétés énergétiques?
Eh bien, il y a deux mois, quand j’étais ici pour une entrevue avec vous et qu’on parlait de l’énergie, on a abordé le sujet de la récession et de la destruction potentielle de la demande en raison des prix élevés du pétrole et de ce qui se passe en récession. Et habituellement, en cas de récession, le pétrole est évidemment très cyclique. Il diminue. Et en cas de grave récession, la demande diminue considérablement. Et une volatilité importante s’installe. Et, évidemment, la COVID a été le pire cas.
En regardant ce que l’OPEP a fait, et elle a surpris tout le monde en annonçant une réduction de 100 000 barils, ça a été très significatif, parce que A, ça a été une surprise. Personne ne s’attendait à ça. Et, B, je pense que cela indique que l’OPEP est prête à intervenir et à soutenir les marchés, même si l’ensemble de l’économie se détériore et que les prix du pétrole commencent à baisser.
Pour revenir au premier graphique que j’ai montré, sur le rendement relatif, une partie intéressante de ce graphique, les barres verticales noires, elles montraient les années où l’indice S&P a affiché des rendements négatifs. Et sur cinq de ces six années, l’énergie a surpassé l’indice. Mais ça reste une question de rendement relatif. Donc, si votre indice est en baisse de 30 % et que vous n’êtes en baisse que de 25 %, ça semble être 5 %. Mais vous êtes toujours en baisse.
Il ne faut juste pas faire pire que l’autre à côté, n’est-ce pas?
Exactement, mais c’est intéressant du point de vue selon lequel on pense habituellement que le secteur de l’énergie est très volatil et cyclique. Et les données montrent que, eh bien, pas exactement. Par exemple, lorsque l’OPEP a le contrôle du marché, qu’elle gère l’offre et la demande et qu’elle tente d’équilibrer le marché, l’énergie se porte plutôt bien.
GREG : Donc à long terme, qu’est-ce que... tout est très volatil d’un jour à l’autre. Et ça peut être difficile à comprendre en tant qu’investisseur. Mais si on résume tout ça et qu’on examine le marché du pétrole brut sur six mois, un an ou deux ans, quelles sont vos perspectives pour le marché?
ANDRIY YASTREB : Eh bien, je pense que, fondamentalement, le marché est serré parce qu’au cours des cinq à sept dernières années, les prix du pétrole étaient bas. Et cette situation est due à la lutte de l’OPEP contre le gaz de schiste. Et beaucoup d’entreprises ont sous-investi. Et on observe le resserrement actuel du marché, qui a fait grimper les prix du pétrole à plus de 100 $ plus tôt cette année.
Selon moi, si on entre en récession l’an prochain, la volatilité va probablement augmenter. Les prix du pétrole vont baisser à un moment donné. Cela pourrait inciter l’OPEP à intervenir en réduisant et en équilibrant les prix. Mais s’il y a une récession, je pense que ça signifie, de manière générale, que les sociétés pétrolières et les dirigeants du secteur du pétrole regardent le tableau et qu’ils décident d’investir moins.
Donc, pour les deux prochaines années, il pourrait y avoir encore plus de sous-investissements. Donc à la fin de la récession, les mêmes problèmes d’offre vont persister.
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