
Le prix du pétrole brut est demeuré en-dessous de 80$ par baril, surtout en raison d’inquiétudes concernant la demande globale et une croissance économique en ralentissement. Mais Hussein Allidina, chef, Produits de base à Gestion de Placements TD, dit que ceci pourrait changer suivant la réouverture de la Chine et le resserrement de l’offre.
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Les produits de base et d’autres actifs à risque ont eu un bon début d’année. Mais est-ce que ça se poursuivra malgré un ralentissement de la croissance mondiale? Pour en discuter, je vous présente Hussein Allidina, chef, Produits de base, GPTD. Hussein, c’est un plaisir de t’avoir avec nous aujourd’hui.
HUSSEIN ALLIDINA : Merci de m’accueillir.
GREG BONNELL : D’accord, alors discutons. En janvier, après une dernière année plutôt difficile, les actifs à risque semblaient en assez bonne posture. Les produits de base ont aussi obtenu un cours acheteur. Alors qu’est-ce qu’on va dire? Que tout va bien aller pour le reste de l’année? Ou qu’il y a des choses qui devraient nous inquiéter? Je pense qu’il y a des choses dont on doit s’inquiéter.
À mon avis, les perspectives sont positives surtout en raison du peu de placements qu’on voit du côté de l’offre. Clairement, il faut que la demande augmente. En partie, je pense que les produits de base et les actifs à risque se portent bien en 2023 parce qu’on s’attend à une amélioration de la demande et l’activité en Chine rehausse les attentes à l’égard de l’équilibre futur et du resserrement.
Mais, bien sûr, la variabilité dans la demande et la croissance est inquiétante. Le resserrement de l’offre demeure très prévalent. Quand on regarde les stocks, on voit qu’ils ont augmenté. Si je regarde les soldes de pétrole, ils sont plus faibles aujourd’hui qu’il y a trois mois, principalement parce qu’il n’y a pas eu le bon temps. Ça ne se voit pas autant ce matin, mais la météo est loin d’être normale. Et je pense que ça a entraîné un certain déséquilibre.
Mais quand on adopte une perspective à moyen terme, on regarde à la fin de l’année, la demande en Chine a augmenté de 600 000, 700 000, 800 000 barils par jour cette année, comparativement à l’an dernier, où on en avait contracté 500 000. L’an dernier, la réserve stratégique a mis en marché environ 500 000 barils par jour. Ça ne va probablement pas arriver cette année. Et la production russe a été très résiliente l’an dernier. La plupart des gens s’attendent à une baisse de la production en Russie. Tous ces facteurs, combinés à une croissance plus ou moins robuste, indiquent un resserrement de l’équilibre.
Un resserrement de l’équilibre à court terme. À long terme, il y a eu des commentaires intéressants, comme des prévisions baissières. BP, une des plus grandes sociétés énergétiques au monde, a parlé de la demande de pétrole et d’où elle la situe pour les années à venir. Je pense que tu y as porté une attention particulière plus tôt cette semaine. Qu’as-tu appris?
Je pense que depuis que je travaille dans le secteur des produits de base – je ne donnerai pas de date, mais j’avais des cheveux à ce moment – les gens parlent du plafonnement de la croissance de la demande en raison de la transition vers d’autres formes d’énergie renouvelable, etc. BP, je pense, est relativement optimiste quant à la vitesse à laquelle on délaisse l’énergie traditionnelle. Mais, selon leur scénario de base, la demande d’énergie va continuer d’augmenter au cours des 10 prochaines années.
Mais ils ont des prévisions baissières par rapport à Exon et à d’autres joueurs qui prévoient à plus long terme. Si la demande continue d’augmenter ou demeure stable, il va falloir s’occuper de l’offre. Et si on regarde le capital, malgré le fait que les prix d’énergie ont augmenté, on ne trouve pas le capital nécessaire pour répondre à cette demande.
Justement, parlons-en. La tendance semble être de ne pas investir dans la capacité de production future et plutôt d’investir dans l’avenir du pétrole. On récompense les actionnaires avec des rachats d’actions et des dividendes spéciaux, sans vraiment investir dans les entreprises. Qu’est-ce qui se passe? Est-ce que c’est durable à long terme? Je pense qu’il y a un changement du côté du capital en faveur des énergies renouvelables. Et pour en revenir au rapport de BP, ils avaient un super tableau qui montrait le montant des investissements requis par année. Il montrait les données par région sur le plan de l’énergie renouvelable pour pouvoir atteindre le genre d’estimations que BP ont par rapport au bilan énergétique mondial. Dans toutes les régions, le montant des investissements requis dans le secteur du renouvelable était plus élevé que jamais.
À l’exception de la Chine. La Chine a connu une année positive. Mais, en moyenne, l’investissement dont on a besoin du côté de l’énergie renouvelable pour atteindre les prévisions optimistes est bien au-delà de la situation actuelle. Malgré tout, n’oublions pas que la croissance du renouvelable, même si elle est bonne, n’est pas suffisante face à l’ampleur de la demande actuelle sur le front de l’énergie traditionnelle. On va consommer 100 millions de barils de pétrole par jour cette année.
En contexte, il y a 10 ans, quand on a commencé à parler de transition énergétique, on consommait 90 millions de barils par jour. L’économie mondiale-- si vous croyez qu’on peut s’attendre à une croissance du PIB dans le futur, le PIB, c’est l’énergie. Et malheureusement, cette énergie aujourd’hui – « malheureusement » ou « heureusement », ça dépend du point de vue – est encore très axée sur le pétrole, le gaz et le charbon. Et il y a eu un moment où, pour les investisseurs qui suivaient la Bourse de Toronto et le marché Kinney, l’énergie était un thème très important. Ce n’est pas qu’on a moins de gros noms, mais quelle est la situation en ce qui concerne les dollars étrangers qui voient le Canada comme une occasion de rentrée de capital? Dans quel état est notre industrie ici?
Je pense que si on regarde les 10 dernières années, beaucoup de capital est allé dans le gaz de schiste aux États-Unis parce que le cycle est plus court. Le contexte réglementaire américain a sans doute été plus favorable qu’au Canada. Je pense que la ressource productive aux États-Unis n’est pas aussi pertinente qu’avant, car on a en quelque sorte utilisé la meilleure superficie qu’on avait.
Le Canada est assez intéressant. Particulièrement, si on peut déterminer les obstacles au pipeline et les contraintes réglementaires, le Canada a une ressource relativement propre. On dispose d’une règle de droit raisonnable. Et encore, si on regarde les occasions ailleurs, le schiste américain ne fait pas ce qu’il a fait par le passé. Les données économiques n’y sont pas aussi favorables qu’on le pensait il y a 10 ans. Je pense que le Canada est très intéressant.
Alors on prend tout ça ensemble. On pense à l’année dernière où l’énergie a été gagnante dans une année difficile pour les actions. Mais presque tout ça a été dans la première moitié. Comment est-ce que cette année va se dérouler? Si un investisseur se penche sur le secteur de l’énergie, qu’on parle d’actions canadiennes, d’actions mondiales ou d’autres titres… Est-ce qu’on s’attend à quelque chose de démesuré ou simplement acceptable?
Pour ce qui est des produits de base, je crois que les prix du pétrole vont encore augmenter. Le pétrole se négocie à 80 $ le baril. Je pense qu’au fil de l’année, on verra mieux à quel point la demande va être faible et on aura un peu de certitude sur ce qui va se passer avec la production russe. Peu importe la façon de le voir, la fin d’année va être plus serrée que le début. Et je pense que c’est bon pour l’énergie.
Pour ce qui est des actions d’énergie, Greg, le secteur représente environ 5 % du S&P. Il faut que les gens y portent attention. Et quand les gens vont regarder, chose qu’ils n’ont pas eu à faire depuis 10 ans, quand ils vont commencer à examiner l’équilibre, je pense qu’ils vont tirer des conclusions semblables à celles de ceux qui voient l’équilibre et qui voient qu’on a un problème. On utilise toujours une énorme quantité de pétrole pour générer notre PIB, mais on a oublié l’offre et les placements. Ça s’explique en partie par le fait qu’on a un marché baissier depuis 10, 15 ans, et il n’y a pas de motivation à investir. Aujourd’hui, les données indiquent qu’on doit investir. Mais il n’y a pas nécessairement de suivi, en partie en raison des préoccupations autour de la transition énergétique et des facteurs ESG.
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Les produits de base et d’autres actifs à risque ont eu un bon début d’année. Mais est-ce que ça se poursuivra malgré un ralentissement de la croissance mondiale? Pour en discuter, je vous présente Hussein Allidina, chef, Produits de base, GPTD. Hussein, c’est un plaisir de t’avoir avec nous aujourd’hui.
HUSSEIN ALLIDINA : Merci de m’accueillir.
GREG BONNELL : D’accord, alors discutons. En janvier, après une dernière année plutôt difficile, les actifs à risque semblaient en assez bonne posture. Les produits de base ont aussi obtenu un cours acheteur. Alors qu’est-ce qu’on va dire? Que tout va bien aller pour le reste de l’année? Ou qu’il y a des choses qui devraient nous inquiéter? Je pense qu’il y a des choses dont on doit s’inquiéter.
À mon avis, les perspectives sont positives surtout en raison du peu de placements qu’on voit du côté de l’offre. Clairement, il faut que la demande augmente. En partie, je pense que les produits de base et les actifs à risque se portent bien en 2023 parce qu’on s’attend à une amélioration de la demande et l’activité en Chine rehausse les attentes à l’égard de l’équilibre futur et du resserrement.
Mais, bien sûr, la variabilité dans la demande et la croissance est inquiétante. Le resserrement de l’offre demeure très prévalent. Quand on regarde les stocks, on voit qu’ils ont augmenté. Si je regarde les soldes de pétrole, ils sont plus faibles aujourd’hui qu’il y a trois mois, principalement parce qu’il n’y a pas eu le bon temps. Ça ne se voit pas autant ce matin, mais la météo est loin d’être normale. Et je pense que ça a entraîné un certain déséquilibre.
Mais quand on adopte une perspective à moyen terme, on regarde à la fin de l’année, la demande en Chine a augmenté de 600 000, 700 000, 800 000 barils par jour cette année, comparativement à l’an dernier, où on en avait contracté 500 000. L’an dernier, la réserve stratégique a mis en marché environ 500 000 barils par jour. Ça ne va probablement pas arriver cette année. Et la production russe a été très résiliente l’an dernier. La plupart des gens s’attendent à une baisse de la production en Russie. Tous ces facteurs, combinés à une croissance plus ou moins robuste, indiquent un resserrement de l’équilibre.
Un resserrement de l’équilibre à court terme. À long terme, il y a eu des commentaires intéressants, comme des prévisions baissières. BP, une des plus grandes sociétés énergétiques au monde, a parlé de la demande de pétrole et d’où elle la situe pour les années à venir. Je pense que tu y as porté une attention particulière plus tôt cette semaine. Qu’as-tu appris?
Je pense que depuis que je travaille dans le secteur des produits de base – je ne donnerai pas de date, mais j’avais des cheveux à ce moment – les gens parlent du plafonnement de la croissance de la demande en raison de la transition vers d’autres formes d’énergie renouvelable, etc. BP, je pense, est relativement optimiste quant à la vitesse à laquelle on délaisse l’énergie traditionnelle. Mais, selon leur scénario de base, la demande d’énergie va continuer d’augmenter au cours des 10 prochaines années.
Mais ils ont des prévisions baissières par rapport à Exon et à d’autres joueurs qui prévoient à plus long terme. Si la demande continue d’augmenter ou demeure stable, il va falloir s’occuper de l’offre. Et si on regarde le capital, malgré le fait que les prix d’énergie ont augmenté, on ne trouve pas le capital nécessaire pour répondre à cette demande.
Justement, parlons-en. La tendance semble être de ne pas investir dans la capacité de production future et plutôt d’investir dans l’avenir du pétrole. On récompense les actionnaires avec des rachats d’actions et des dividendes spéciaux, sans vraiment investir dans les entreprises. Qu’est-ce qui se passe? Est-ce que c’est durable à long terme? Je pense qu’il y a un changement du côté du capital en faveur des énergies renouvelables. Et pour en revenir au rapport de BP, ils avaient un super tableau qui montrait le montant des investissements requis par année. Il montrait les données par région sur le plan de l’énergie renouvelable pour pouvoir atteindre le genre d’estimations que BP ont par rapport au bilan énergétique mondial. Dans toutes les régions, le montant des investissements requis dans le secteur du renouvelable était plus élevé que jamais.
À l’exception de la Chine. La Chine a connu une année positive. Mais, en moyenne, l’investissement dont on a besoin du côté de l’énergie renouvelable pour atteindre les prévisions optimistes est bien au-delà de la situation actuelle. Malgré tout, n’oublions pas que la croissance du renouvelable, même si elle est bonne, n’est pas suffisante face à l’ampleur de la demande actuelle sur le front de l’énergie traditionnelle. On va consommer 100 millions de barils de pétrole par jour cette année.
En contexte, il y a 10 ans, quand on a commencé à parler de transition énergétique, on consommait 90 millions de barils par jour. L’économie mondiale-- si vous croyez qu’on peut s’attendre à une croissance du PIB dans le futur, le PIB, c’est l’énergie. Et malheureusement, cette énergie aujourd’hui – « malheureusement » ou « heureusement », ça dépend du point de vue – est encore très axée sur le pétrole, le gaz et le charbon. Et il y a eu un moment où, pour les investisseurs qui suivaient la Bourse de Toronto et le marché Kinney, l’énergie était un thème très important. Ce n’est pas qu’on a moins de gros noms, mais quelle est la situation en ce qui concerne les dollars étrangers qui voient le Canada comme une occasion de rentrée de capital? Dans quel état est notre industrie ici?
Je pense que si on regarde les 10 dernières années, beaucoup de capital est allé dans le gaz de schiste aux États-Unis parce que le cycle est plus court. Le contexte réglementaire américain a sans doute été plus favorable qu’au Canada. Je pense que la ressource productive aux États-Unis n’est pas aussi pertinente qu’avant, car on a en quelque sorte utilisé la meilleure superficie qu’on avait.
Le Canada est assez intéressant. Particulièrement, si on peut déterminer les obstacles au pipeline et les contraintes réglementaires, le Canada a une ressource relativement propre. On dispose d’une règle de droit raisonnable. Et encore, si on regarde les occasions ailleurs, le schiste américain ne fait pas ce qu’il a fait par le passé. Les données économiques n’y sont pas aussi favorables qu’on le pensait il y a 10 ans. Je pense que le Canada est très intéressant.
Alors on prend tout ça ensemble. On pense à l’année dernière où l’énergie a été gagnante dans une année difficile pour les actions. Mais presque tout ça a été dans la première moitié. Comment est-ce que cette année va se dérouler? Si un investisseur se penche sur le secteur de l’énergie, qu’on parle d’actions canadiennes, d’actions mondiales ou d’autres titres… Est-ce qu’on s’attend à quelque chose de démesuré ou simplement acceptable?
Pour ce qui est des produits de base, je crois que les prix du pétrole vont encore augmenter. Le pétrole se négocie à 80 $ le baril. Je pense qu’au fil de l’année, on verra mieux à quel point la demande va être faible et on aura un peu de certitude sur ce qui va se passer avec la production russe. Peu importe la façon de le voir, la fin d’année va être plus serrée que le début. Et je pense que c’est bon pour l’énergie.
Pour ce qui est des actions d’énergie, Greg, le secteur représente environ 5 % du S&P. Il faut que les gens y portent attention. Et quand les gens vont regarder, chose qu’ils n’ont pas eu à faire depuis 10 ans, quand ils vont commencer à examiner l’équilibre, je pense qu’ils vont tirer des conclusions semblables à celles de ceux qui voient l’équilibre et qui voient qu’on a un problème. On utilise toujours une énorme quantité de pétrole pour générer notre PIB, mais on a oublié l’offre et les placements. Ça s’explique en partie par le fait qu’on a un marché baissier depuis 10, 15 ans, et il n’y a pas de motivation à investir. Aujourd’hui, les données indiquent qu’on doit investir. Mais il n’y a pas nécessairement de suivi, en partie en raison des préoccupations autour de la transition énergétique et des facteurs ESG.
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