Après dix-neuf mois de pandémie, la lumière commence à poindre. Kim Parlee et Damian Fernandes, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, discutent des secteurs et entreprises à qui la prochaine phase de la reprise économique pourrait bénéficier.
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[MUSIQUE]
- La pandémie dure maintenant depuis 19 mois, mais on voit des signes, et même de la lumière au bout du tunnel qui laisse présager des changements. Avec ces changements, à quoi ressemblera la transition à la nouvelle normalité? Et quelles seront les conséquences pour les entreprises et les marchés?
Damian Fernandes est gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD. Il se joint à nous aujourd’hui. Damian, c’est un plaisir de vous revoir. Ça fait longtemps. En 2020, la pandémie a vraiment été le moteur principal de l’activité dans l’économie et sur les marchés. Quel sera le moteur principal de l’économie dans les mois qui viennent?
- Merci, Kim. C’est un plaisir d’être là, comme toujours. J’aime que vous commenciez par dire que la pandémie dure depuis 19 mois. Ça semble une éternité. Et le marché a connu des périodes de forte volatilité. Mais quand on regarde ce qui s’est passé cette année, la pandémie s’est déclarée en 2020, puis a continué en 2021. Mais sur le marché américain, les indices S&P 500 et TSX sont en hausse d’environ 20 %.
Et beaucoup de gens pensent que ce rendement phénoménal est lié à la hausse des ratios du marché, comme la hausse du ratio cours/bénéfice. En fait, c’est tout le contraire. Ce qui a vraiment tiré le marché, du moins depuis le début de l’année, ce sont des bénéfices nettement supérieurs aux attentes.
On sait que le consommateur se porte bien. On sait qu’on bénéficie d’importantes politiques de soutien. On sait que la demande de biens ne fléchit pas, voire augmente à l’échelle mondiale. Ce sont donc les bénéfices qui font monter le rendement depuis janvier. Et je pense que cette tendance va se poursuivre. À mesure qu’on avance – on est au milieu des rapports du troisième trimestre – à mesure qu’on s’approche de 2022, j’anticipe que les bénéfices resteront le principal moteur des évolutions du marché.
- Je pense que la seule chose qui limite les bénéfices en ce moment, ce sont les blocages des chaînes d’approvisionnement. Que se passera-t-il quand elles reviendront à la normale? Ça pourrait changer la donne. J’aimerais vous demander ce que vous anticipez pour les occasions de placement. Où se trouvent-elles actuellement?
- Vous avez parlé du déblocage des chaînes d’approvisionnement, mais des signes d’inflation commencent à se manifester. Pour nous, les meilleures occasions se situent à deux niveaux. On veut investir dans des sociétés qui ont le pouvoir de fixer les prix.
Il y a deux façons de voir les choses. Prenons le cas d’une société d’extraction pétrolière et gazière. Elle peut fixer les prix, parce que les cours des produits de base se portent très bien. Et elle a très peu de main-d’œuvre fixe. Une fois qu’on a foré un puits, il n’y a plus besoin de grand monde. On utilise des machines pour extraire ces ressources. Les sociétés d’extraction pétrolière et gazière bénéficient du contexte actuel. C’est donc un domaine qui nous intéresse beaucoup. Prenons le cas de certaines de ces sociétés pétrolières et gazières. Elles génèrent des flux de trésorerie disponibles importants qui, en fin de compte, devraient faire grimper le cours de l’action.
D’un autre côté, il y a les sociétés qui ont le pouvoir de fixer les prix en raison de leur modèle d’affaires. C’est le cas des sociétés de logiciels qui, elles aussi, n’ont pas énormément d’employés, mais sont en mesure d’augmenter les prix par l’intermédiaire de leurs plateformes. Elles aussi devraient profiter du contexte actuel. C’est vrai qu’elles ne font pas partie des secteurs cycliques, mais elles devraient connaître une croissance régulière de leurs bénéfices l’an prochain, car on sera encore dans un contexte de reprise. La reprise est encore en phase initiale ou intermédiaire et elle devrait se poursuivre.
Pour répondre à votre question, je veux éviter les entreprises qui sont confrontées à des problèmes d’approvisionnement, où la main-d’œuvre est un facteur important. Ces entreprises connaîtront probablement des difficultés, et il vaut mieux se ternir à l’écart.
- Damian, vous avez expliqué quelles sociétés vont bien se comporter. Pouvez-vous me nommer quelques titres attrayants en ce moment?
- Bien sûr. Kim, on a parlé du pouvoir d’établissement des prix. Je pense à une société en particulier, dans le secteur pétrolier et gazier. On aime vraiment ConocoPhillips, qui est une société américaine. Le prix du pétrole est à 75 $, celui du WTI est encore plus élevé, et cette société génère des flux de trésorerie disponibles importants. Et elle s’est engagée à en faire profiter ses actionnaires en augmentant les dividendes et peut-être en rachetant des actions. Je pense que cette société profitera de la reprise.
Une autre société qui possède un pouvoir de fixation des prix dans le contexte de la prochaine étape de la reprise, où on va passer de la consommation de biens à la consommation de services, c’est une société financière comme American Express. Ok? À mesure que les revenus nets des gens augmentent, ils commencent à consommer davantage de services personnels. Amex en profite de manière disproportionnée. Beaucoup de dépenses sont réglées au moyen de leurs cartes. Et Amex commencera aussi à se concentrer davantage sur le rendement du capital, que ce soit par le biais de rachats d’actions ou d’une augmentation des dividendes.
Étant donné qu’on est en milieu de cycle, que la reprise se poursuit et qu’on est axés sur les bénéfices, ces deux sociétés vont, selon moi, illustrer ce phénomène au prochain trimestre et l’année prochaine.
- Y a-t-il d’autres secteurs qui, rétrospectivement, se sont vraiment bien comportés, mais qui risquent de perdre de leur attrait quand on entrera dans la phase endémique?
- Oui, le terme endémique est juste. La Covid ne va pas disparaître. Si on analyse la consommation au cours des 18 derniers mois, la plupart d’entre nous sommes restés à la maison, et on a consommé des biens. Grâce à l’efficacité des vaccins, on peut maintenant passer à autre chose, mais il y a une limite à la quantité de biens qu’on peut acheter.
On ne va pas refaire dix fois son patio. On ne peut pas acheter toute une collection de voitures. La prochaine étape selon moi, pour répondre à votre question, c’est un déplacement de la consommation vers les services. Les sociétés qui vendent des biens de consommation ont bénéficié de manière disproportionnée du contexte de la pandémie, qu’il s’agisse des biens de consommation de base ou des biens d’équipement. Je pense qu’elles vont subir des pressions à l’avenir. Parce que les gens vont commencer à accepter cette phase endémique et à consommer ce qu’ils n’ont pas consommé jusqu’alors.
Et à mon sens, les services sont au premier plan, c’est-à-dire les vacances, les services personnels, les soins de santé. Beaucoup de gens ne consultent pas. Selon moi, c’est ce qui sera à l’origine de la prochaine étape de croissance.
- Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans le rendement des placements au cours de l’année écoulée – ceux qui ont affiché de bons rendements et ceux qui ont été décevants? Je crois que la plus grande surprise, c’est la vigueur de la reprise. Je sais qu’on parle beaucoup de la hausse du marché. Mais si on prend un peu de recul, à la fin de l’année dernière et début 2021, le marché s’attendait à des bénéfices d’environ 160 $ par action pour le S&P 500. On arrive pratiquement à l’échéance, et on n’est pas loin de 200 $.
Ça dépasse nettement les prévisions initiales. Je crois que c’est tout simplement parce que le consommateur se porte bien. On a profité d’importantes politiques de soutien. La demande est très forte à l’échelle mondiale. Si vous me demandez de revenir sur l’année écoulée, j’ai toujours pensé qu’on sous-estimait les bénéfices et leur vigueur dans le contexte de cette reprise. Mais j’ai été surpris de voir les sommets atteints jusqu’à présent.
- Damian, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup de vous être joint à nous.
- C’est un plaisir. Merci, Kim.
[MUSIQUE]
- La pandémie dure maintenant depuis 19 mois, mais on voit des signes, et même de la lumière au bout du tunnel qui laisse présager des changements. Avec ces changements, à quoi ressemblera la transition à la nouvelle normalité? Et quelles seront les conséquences pour les entreprises et les marchés?
Damian Fernandes est gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD. Il se joint à nous aujourd’hui. Damian, c’est un plaisir de vous revoir. Ça fait longtemps. En 2020, la pandémie a vraiment été le moteur principal de l’activité dans l’économie et sur les marchés. Quel sera le moteur principal de l’économie dans les mois qui viennent?
- Merci, Kim. C’est un plaisir d’être là, comme toujours. J’aime que vous commenciez par dire que la pandémie dure depuis 19 mois. Ça semble une éternité. Et le marché a connu des périodes de forte volatilité. Mais quand on regarde ce qui s’est passé cette année, la pandémie s’est déclarée en 2020, puis a continué en 2021. Mais sur le marché américain, les indices S&P 500 et TSX sont en hausse d’environ 20 %.
Et beaucoup de gens pensent que ce rendement phénoménal est lié à la hausse des ratios du marché, comme la hausse du ratio cours/bénéfice. En fait, c’est tout le contraire. Ce qui a vraiment tiré le marché, du moins depuis le début de l’année, ce sont des bénéfices nettement supérieurs aux attentes.
On sait que le consommateur se porte bien. On sait qu’on bénéficie d’importantes politiques de soutien. On sait que la demande de biens ne fléchit pas, voire augmente à l’échelle mondiale. Ce sont donc les bénéfices qui font monter le rendement depuis janvier. Et je pense que cette tendance va se poursuivre. À mesure qu’on avance – on est au milieu des rapports du troisième trimestre – à mesure qu’on s’approche de 2022, j’anticipe que les bénéfices resteront le principal moteur des évolutions du marché.
- Je pense que la seule chose qui limite les bénéfices en ce moment, ce sont les blocages des chaînes d’approvisionnement. Que se passera-t-il quand elles reviendront à la normale? Ça pourrait changer la donne. J’aimerais vous demander ce que vous anticipez pour les occasions de placement. Où se trouvent-elles actuellement?
- Vous avez parlé du déblocage des chaînes d’approvisionnement, mais des signes d’inflation commencent à se manifester. Pour nous, les meilleures occasions se situent à deux niveaux. On veut investir dans des sociétés qui ont le pouvoir de fixer les prix.
Il y a deux façons de voir les choses. Prenons le cas d’une société d’extraction pétrolière et gazière. Elle peut fixer les prix, parce que les cours des produits de base se portent très bien. Et elle a très peu de main-d’œuvre fixe. Une fois qu’on a foré un puits, il n’y a plus besoin de grand monde. On utilise des machines pour extraire ces ressources. Les sociétés d’extraction pétrolière et gazière bénéficient du contexte actuel. C’est donc un domaine qui nous intéresse beaucoup. Prenons le cas de certaines de ces sociétés pétrolières et gazières. Elles génèrent des flux de trésorerie disponibles importants qui, en fin de compte, devraient faire grimper le cours de l’action.
D’un autre côté, il y a les sociétés qui ont le pouvoir de fixer les prix en raison de leur modèle d’affaires. C’est le cas des sociétés de logiciels qui, elles aussi, n’ont pas énormément d’employés, mais sont en mesure d’augmenter les prix par l’intermédiaire de leurs plateformes. Elles aussi devraient profiter du contexte actuel. C’est vrai qu’elles ne font pas partie des secteurs cycliques, mais elles devraient connaître une croissance régulière de leurs bénéfices l’an prochain, car on sera encore dans un contexte de reprise. La reprise est encore en phase initiale ou intermédiaire et elle devrait se poursuivre.
Pour répondre à votre question, je veux éviter les entreprises qui sont confrontées à des problèmes d’approvisionnement, où la main-d’œuvre est un facteur important. Ces entreprises connaîtront probablement des difficultés, et il vaut mieux se ternir à l’écart.
- Damian, vous avez expliqué quelles sociétés vont bien se comporter. Pouvez-vous me nommer quelques titres attrayants en ce moment?
- Bien sûr. Kim, on a parlé du pouvoir d’établissement des prix. Je pense à une société en particulier, dans le secteur pétrolier et gazier. On aime vraiment ConocoPhillips, qui est une société américaine. Le prix du pétrole est à 75 $, celui du WTI est encore plus élevé, et cette société génère des flux de trésorerie disponibles importants. Et elle s’est engagée à en faire profiter ses actionnaires en augmentant les dividendes et peut-être en rachetant des actions. Je pense que cette société profitera de la reprise.
Une autre société qui possède un pouvoir de fixation des prix dans le contexte de la prochaine étape de la reprise, où on va passer de la consommation de biens à la consommation de services, c’est une société financière comme American Express. Ok? À mesure que les revenus nets des gens augmentent, ils commencent à consommer davantage de services personnels. Amex en profite de manière disproportionnée. Beaucoup de dépenses sont réglées au moyen de leurs cartes. Et Amex commencera aussi à se concentrer davantage sur le rendement du capital, que ce soit par le biais de rachats d’actions ou d’une augmentation des dividendes.
Étant donné qu’on est en milieu de cycle, que la reprise se poursuit et qu’on est axés sur les bénéfices, ces deux sociétés vont, selon moi, illustrer ce phénomène au prochain trimestre et l’année prochaine.
- Y a-t-il d’autres secteurs qui, rétrospectivement, se sont vraiment bien comportés, mais qui risquent de perdre de leur attrait quand on entrera dans la phase endémique?
- Oui, le terme endémique est juste. La Covid ne va pas disparaître. Si on analyse la consommation au cours des 18 derniers mois, la plupart d’entre nous sommes restés à la maison, et on a consommé des biens. Grâce à l’efficacité des vaccins, on peut maintenant passer à autre chose, mais il y a une limite à la quantité de biens qu’on peut acheter.
On ne va pas refaire dix fois son patio. On ne peut pas acheter toute une collection de voitures. La prochaine étape selon moi, pour répondre à votre question, c’est un déplacement de la consommation vers les services. Les sociétés qui vendent des biens de consommation ont bénéficié de manière disproportionnée du contexte de la pandémie, qu’il s’agisse des biens de consommation de base ou des biens d’équipement. Je pense qu’elles vont subir des pressions à l’avenir. Parce que les gens vont commencer à accepter cette phase endémique et à consommer ce qu’ils n’ont pas consommé jusqu’alors.
Et à mon sens, les services sont au premier plan, c’est-à-dire les vacances, les services personnels, les soins de santé. Beaucoup de gens ne consultent pas. Selon moi, c’est ce qui sera à l’origine de la prochaine étape de croissance.
- Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans le rendement des placements au cours de l’année écoulée – ceux qui ont affiché de bons rendements et ceux qui ont été décevants? Je crois que la plus grande surprise, c’est la vigueur de la reprise. Je sais qu’on parle beaucoup de la hausse du marché. Mais si on prend un peu de recul, à la fin de l’année dernière et début 2021, le marché s’attendait à des bénéfices d’environ 160 $ par action pour le S&P 500. On arrive pratiquement à l’échéance, et on n’est pas loin de 200 $.
Ça dépasse nettement les prévisions initiales. Je crois que c’est tout simplement parce que le consommateur se porte bien. On a profité d’importantes politiques de soutien. La demande est très forte à l’échelle mondiale. Si vous me demandez de revenir sur l’année écoulée, j’ai toujours pensé qu’on sous-estimait les bénéfices et leur vigueur dans le contexte de cette reprise. Mais j’ai été surpris de voir les sommets atteints jusqu’à présent.
- Damian, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup de vous être joint à nous.
- C’est un plaisir. Merci, Kim.
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