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La plupart des sociétés de l’indice S&P 500 ont déclaré des bénéfices supérieurs aux attentes au cours du dernier trimestre. Damian Fernandes, directeur général et gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, explique pourquoi les résultats indiquent que les investisseurs ne devraient pas être trop pessimistes à l’égard des actions à l’avenir.
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Les entreprises ont pour la plupart annoncé des résultats positifs ce trimestre, mais plusieurs pronostiquent des jours plus difficiles. Quelle sont les conséquences pour les marchés? Damian Fernandes de Gestion de placements TD nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Damien. - Bonjour, Greg. Commençons par la saison des annonces de bénéfices. Eh bien, que nous laisse-t-elle entrevoir pour l'avenir? C'est moins pire que prévu. Nous avons passé 18 mois à attendre une récession, un ralentissement de l'économie. C'est le pessimisme qui règne. Or, aux États-Unis, il y a eu trois trimestres consécutifs, le quatrième trimestre de l'an dernier et les 1er et 2e trimestres de cette année, pendant lesquelles les bénéfices étaient en baisse sur 12 mois. Il s'agissait donc d'une récession au plan technique. Moins pire que prévu, c'était mon pronostic, car le 3e trimestre est le 1er depuis l'an dernier où les bénéfices remontent, sont positifs. Et comme toute dynamique, elle va se poursuivre. Donc, les chiffres globaux ne sont pas à tout casser. Les chiffres d'affaires augmentent de 2%, les bénéfices d'un peu plus, mais si l'on exclut l'énergie, je commencerai par dire que 90% des entreprises ont annoncé leurs bénéfices. Nous savons essentiellement à quoi ressemblera le résultat d'ensemble. Si l'on exclut les titres de l'énergie et des produits de base, les bénéfices sont en hausse de près de 10%, 9%, le chiffre d'affaires de près de 5%. Il se passe beaucoup de choses très favorables en surface. J'exclus l'énergie parce que l'an dernier, les bénéfices du secteur de l'énergie ont été gonflés par les considérations géopolitiques qui ont fait bondir les cours de l'énergie. Mais même si l'on inclut l'énergie, la tendance est positive. Il y a eu un basculement. Quand on scrute l'historique des bénéfices, ils continuent sur leur lancée jusqu'à ce qu'un événement interrompe cette dynamique. S'il y a un atterrissage plus ou moins en douceur, si nous ne sombrons pas dans une récession dite économique, mais qu'il s'agira, qu'il se sera agi d'une simple récession des bénéfices, les bénéfices sont le facteur clé dans le rendement des actions. S'il ont à présent une dynamique positive, cela signifie que nous ne devrions pas être trop baissiers pour l'avenir. Mettons de côté l'énergie et les matières premières, mais songeons aux grands titres de technologie, Meta et consorts. Ce secteur, quand on songe aux sept magnifiques, comme on les surnomme, c'est bien mérité à certains égards. Les sept magnifiques ont annoncé des bénéfices magnifiques. Le cours des actions en tenait déjà compte, donc le cours progresse, mais vous parlez de Meta. Le chiffre d'affaires chez Meta était en hausse de 25% et les bénéfices en hausse de plus de 100% sur 12 mois. La différence, évidemment, c'est que, prévoyant le ralentissement, Meta a pris diverses mesures en réduisant les immobilisations de quelque 3 milliards de dollars, d'où un flux de trésorerie plus important, ce qui est l'élément clé dans la valeur d'une entreprise. Ça s'est amélioré. Meta a réduit les dépenses, a licencié beaucoup de monde, remanié son personnel. Meta a donc marqué le coup presque pour anticiper le ralentissement. Comme le ralentissement ne s'est pas... n'était pas au rendez-vous, il y a donc eu un levier extraordinaire. Prenez des entreprises plus conventionnelles, Microsoft, 30% de croissance du chiffre d'affaires, 25% et plus de croissance du résultat par action et ce, avant même qu'elle ne met en œuvre Copilot, son offre d'IA. Toutes les personnes qui ont un logiciel de Microsoft auront un assistant à intelligence artificielle. Amazon affiche d'excellents résultats. Amazon affiche une hausse de 12% dans son activité de nuagique, AWS. Quelque chose de très intéressant chez Amazon. Quand on pense à Amazon, on pense à l'info nuagique et puis au détail informatique, le site de commerce électronique. Les marges du site d'Amazon en Amérique du Nord sont proches de 5%. Ça, c'est conforme à celles de Walmart. Amazon qui a une plateforme de logistique énorme, qui peut faire livrer des articles en magasin, a la même rentabilité que vous et moi entrant dans un magasin de Walmart et prenant un article. Quand on pense, parfois les surnoms sont trompeurs et beaucoup de gens aiment favoriser les gagnants. Oui, justement. Nous montrons les graphiques d'évolution du cours sur un an. Ils ont beaucoup augmenté. Les marchés sont prospectifs. Est-ce que les titres ont déjà connu leur augmentation? Ces graphiques de cours des actions manifestent les données fondamentales sous-jacentes. Les gens adorent les graphiques qui vont du bas à gauche en haut à droite, mais en général, à moins que nous nous trouvions dans une période, dans un marché où les investisseurs sont extrêmement audacieux, la raison pour laquelle le cours des actions va du bas à gauche en haut à droite, c'est parce que les données fondamentales s'améliorent. Quand les entreprises réalisent une croissance à deux chiffres du chiffre d'affaires, une croissance supérieure à 20% du flux de trésorerie et du RPA, la vraie question, c'est de savoir: est-ce que ces entreprises ont déjà connu leur moment au soleil? Elles ont toutes... donné des orientations qui à mon avis étaient prudentes. Elles dépassent sans cesse les attentes. Les actions devraient bien se porter. Ce qui est plus intéressant dans ces entreprises, comme Meta, c'est le risque de réglementation. Est-ce que le contexte réglementaire dans la prestation de services publicitaires sur les médias sociaux, est-ce que les régulateurs, ce sont des questions existentielles. Je ne peux pas en tenir compte dans les cours, mais l'activité de base se porte bien. Parlons des grandes questions qui planent sur le marché si on étudie les données fondamentales. L'inflation, l'économie, les hausses de taux, tout ce qui domine les conversations depuis un an et demi, où en sommes-nous à ce niveau-là? Beaucoup de gens voudraient que nous ayons tourné la page. Avant, c'était l'espoir que l'inflation reflue grâce aux hausses de taux énergiques et un ralentissement qui serait déclenché. On espère que tout cela sera derrière nous un jour. Nous sommes, je l'ai déjà dit, je pense que la Fed a achevé au mois de juillet sa série de hausse de taux. Elle n'a pas augmenté les taux depuis juillet, ni la Banque du Canada. La semaine dernière, ce qui m'a beaucoup intéressé, c'est que la Fed, que ce soit Jerome Powell ou les autres membres du conseil d'administration, évoque les faits que la récente hausse des taux à long terme a resserré les conditions financières et a essentiellement fait le travail de la banque. Ils veulent relever le coût de l'argent pour que les emprunts soient plus coûteux. Ils le font en relevant les taux à court terme, mais les taux à long terme ont augmenté encore plus dans une mesure encore plus grande et les conditions financières sont resserrées. Mais pendant que tout ceci se produit, l'inflation reflue. La semaine dernière, les statistiques de l'emploi étaient, selon moi, presque boucle d'or. Positive, certes, mais pas trop. Il y a des Américains qui ont trouvé un emploi, mais pas trop d'Américains. Les chiffres sur les salaires n'étaient pas trop élevés. Donc, on constate que nous en sommes au bout de cette campagne de hausse de taux. L'inflation ralentit et continuera de ralentir. Et d'ici quelques mois, si l'inflation continue de ralentir, il se pourrait qu'il y ait des coupures de taux parce que l'environnement actuel de hausse de taux est trop serré. Bref, la raison pour laquelle les investisseurs ont fait une indigestion l'an dernier et ont pris un Pepto Bismol, c'est parce que l'inflation avait atteint le niveau le plus élevé depuis les années 70. Nous avons atteint l'autre versant de la montagne. L'inflation reflue. En sommes, nous avons atteint le pic des taux d'intérêts, qui vont redescendre. Ces variables macro-économiques sont positives. Je devrais inclure une réserve. Il y a toujours une réserve. C'est-à-dire que ce que nous recherchons, on parle d'atterrissage en douceur, d'atterrissage brutal ou de ralentissement ou d'aucun atterrissage. Ce que nous voudrions, c'est que... Nous pourrions nous permettre une récession légère. La différence entre -1 et +0,5% est littéralement insignifiante. Ce que nous ne voulons pas, c'est une récession beaucoup plus profonde. Nous ne voulons pas que les hausses de taux actuelles entraînent un événement de crédit important qui va plomber la consommation. S'il y a un atterrissage en douceur ou un léger ralentissement, une légère récession, tout se passera bien. Les marchés prévoient déjà cela. Ce que les marchés ne prévoient pas, c'est une récession beaucoup plus profonde. Pour être clair, où j'en suis aujourd'hui au niveau des variables, je pense que nous n'avons pas assez de données pour affirmer que les choses vont être nettement pires. Il y a un ralentissement, c'est sûr. Le 3e trimestre sera plus lent que le 3e, c'est mon point de vue.