La baisse des prix décrétée par l’Arabie saoudite ainsi que les préoccupations géopolitiques et économiques ne sont que quelques-unes des difficultés auxquelles le marché du pétrole sera confronté en 2024. Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD, discute de ce à quoi il faut s’attendre pour l’année à venir avec Greg Bonnell de MoneyTalk.
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Les niveaux de production plus élevés de l'OPEP et les réductions du prix de l'Arabie Saoudite pèsent sur le pétrole. Mais notre invité affirme que la question la plus importante est de savoir si les craintes de ralentissement de la croissance l'emporteront sur les inquiétudes concernant le conflit au Moyen-Orient. Bart Melek est responsable des produits de base à Valeurs mobilières TD. Bonjour, Greg. Bonne année! Bonne année à vous aussi. Nous avons de grands dossiers à évoquer, mais tout d'abord, rapidement, l'actualité aujourd'hui. Le cours du brut a beaucoup reculé depuis le début la semaine. Il y a l'Arabie Saoudite, des coupures de prix... Que se passe-t-il sur le marché? Aujourd'hui, il s'agit d'une réaction à la baisse des prix par l'Arabie Saoudite. La baisse des prix du brut qu'elle fournit. L'inquiétude, sur l'ensemble du marché, c'est que les investisseurs ont réduit leur participation à long terme sur le brut et privilégié le court terme. L'on considère qu'il y aura un net ralentissement de la demande au fil de l'année à cause des politiques monétaires restrictives et de leurs effets décalés sur l'économie. Mais nous ne l'avons pas encore vu. Dans une mesure importante. Il s'agit d'une inquiétude. Il y a une autre grande inquiétude. C'est que l'offre de pétrole produit aux États-Unis continue d'être plus importante que prévue. Et l'OPEP a produit quelque 70 millions de barils de plus à la fin de l'année que l'on ne s'y attendait. À présent, bien sûr, on s'inquiète à l'idée que l'OPEP ne pourrait peut-être pas être aussi décidée que prévu à procéder à de nouvelles coupures. Il est envisageable qu'elle prolonge ses coupures de production d'ici la fin de l'année. Mais si la production devait augmenter, en un moment où l'on s'inquiète de la baisse de la demande, et où la production aux États-Unis se porte toujours bien, il se peut, dans l'ordre des choses, que les spéculateurs prennent leurs profits ou tâchent de réduire leurs pertes et se cantonnent dans l'expectative. D'ici là, nous continuons à constater une augmentation du risque au Moyen-Orient, qui est plus aiguë que depuis des décennies. Il y a des difficultés en mer Rouge, deux Marines qui pourraient s'affronter. Je songe à un conflit éventuel entre l'Iran et la Marine américaine. Je ne dis pas que cela va se produire, mais c'est un risque. Et nous nous inquiétons d'une prolongation du conflit entre Israël et le Hamas, et de son extension au reste de la région. Ce qui pourrait logiquement affecter l'offre de pétrole d'ici quelques mois. Ces menaces n'ont pas encore été prises en compte sur le marché à mon avis, les participants du marché les prenant à la légère. S'agit-il de la question des participations à long terme? L'année 2024 commence à peine, mais pendant les Fêtes, les seules manchettes que j'ai vues concernaient le Moyen-Orient. Et c'étaient des manchettes inquiétantes. De retour au travail, je vois le brut en baisse. À long terme, doit-on s'inquiéter de ces pressions géopolitiques? Certes. Il faut également nous demander ce que fera l'OPEP et à quoi ressemblera la demande en 2024. Nous estimons que la demande augmentera malgré tout de 1,2 millions de barils par jour environ pour l'année. Je suis convaincu qu'à la prochaine réunion de l'OPEP, l'Arabie Saoudite et les autres membres du cartel s'engageront à prolonger les coupures de production et parviendront à un accord, quel qu'il soit, pour empêcher que l'offre ne submerge le marché. Nous prévoyons que le marché sera équilibré pendant les 3 premiers mois de cette année. J'ai failli dire "l'an prochain", mais nous y voici déjà, en 2024. Nous envisageons des déficits substantiels pour le reste de l'année. Pour les six mois suivants, en tout cas, si l'OPEP est effectivement décidée à exécuter ces projets. Nous ne sommes pas convaincus que le rythme très fort des hausses de production du pétrole de schiste aux États-Unis se poursuivra. Le niveau des immobilisations a diminué, et la conjoncture des prix n'est pas aussi favorable à l'activité que ce n'était le cas l'an dernier. Dans ces circonstances, la capacité de l'OPEP de faire augmenter les prix sera exécutoire, sans doute pendant le 2e trimestre. Bon. Parlons des cours. Un recul à un peu plus de 70 $ le baril pour le brut de référence américain sur mon écran. Comment les cours du pétrole pourraient-ils évoluer cette année? Nous disons, officiellement, que le brut de référence pourrait augmenter jusqu'à 85 environ. Le brut de référence de la mer du Nord pourrait parvenir à un niveau un peu supérieur. Mais il faudra que nous commencions à envisager une reprise possible, plutôt que de nous en tenir à des perspectives de réduction de la croissance. Il nous faudra davantage de détails sur l'époque à laquelle la Fed est susceptible de réduire les taux. Il y a eu beaucoup de spéculations sur ce point. Les marchés sont sans doute beaucoup plus optimistes quant au moment où la Fed réduira les taux, et sur la mesure dans laquelle elle les réduira, que la Fed elle-même ne l'est. Depuis quelques jours, il y a eu quelques ajustements. Les marchés reculent. Les marchés boursiers. Je ne projette pas les cours des actions, mais je pense que les attentes se sont modérées, et les conséquences pour les marchés comme le pétrole et les marchés des produits de base en général, lorsque le goût du risque s'estompe, cela affecte les marchés des produits de base. Tout est relié. Les taux d'intérêt, le goût du risque sur les marchés boursiers, et bien entendu, les produits de base réagissent.