L’économie chinoise traverse une période difficile, malgré les mesures de relance prises par Beijing. Greg Bonnell de MoneyTalk reçoit Haining Zha, directeur, Recherche sur la répartition des actifs, Gestion de Placements TD pour parler de ces efforts et des raisons pour lesquelles de nouvelles mesures pourraient être nécessaires pour rétablir la confiance des investisseurs.
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Après avoir atteint récemment leur plus bas niveau en cinq ans, les actions chinoises rebondissent dans un contexte d'optimisme quant à la possibilité que les pouvoirs publics prennent d'autres mesures pour aider les marchés. Haining Zha de gestion de placements TD nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Haining. - Bonjour, Greg.
La Chine est un secteur qui intéresse beaucoup les marchés. Après une période encalminée, la Chine semble se réveiller.
À l'heure actuelle, les marchés boursiers chinois sont marqués par un manque de confiance très claire. L'indice MSCI Chine tourne autour de huit fois le ratio cours-bénéfice. C'est un rendement de 12% alors que l'obligation du gouvernement chinois à 10 ans est de 2,5%. Soustrayez le 2, ça vous donne une idée de la prime de risque exigée par les investisseurs. Elle se rapproche de 10%. Quand on rapproche ce chiffre à ceux des marchés développés, le Japon, l'Europe, sur ces marchés-là, le chiffre est d'environ 6%. Il y a un écart de 4%, non moins. Cette prime de risque de 10% pour les actions est essentiellement conforme à celle de la Russie. Les investisseurs, à l'heure actuelle, traitent la Chine comme ils traitent la Russie. Ils ne prévoient pas de croissance et ils prévoient beaucoup de risques possibles au niveau des politiques gouvernementales.
Il y a eu un certain rebond aujourd'hui. Il s'agit d'une séance, peut être fondée sur la spéculation que les autorités pourraient intervenir. Il s'agit de spéculation, bien sûr. Les marchés pourraient évoluer le lendemain. Que pourraient faire les pouvoirs publics, que pourrait faire le pays?
Il y a beaucoup de mesures que le gouvernement pourrait prendre. Mais jusqu'ici, il s'en est abstenu. Pour l'heure, les politiques sont adoptées de façon fragmentaire, ce qui ne suffit pas à rendre confiance aux investisseurs. Pour rétablir la confiance sur les marchés, les autorités doivent en faire beaucoup plus.
Alors, vous avez dit que ces mesures ont été fragmentaires. Pendant quelque temps déjà, depuis quelque temps déjà, les investisseurs attendent des décisions du gouvernement. On a légèrement réduit tel ou tel taux. Mais à quoi pourrait ressembler un paquet de mesures importantes?
D'abord, prenons un peu de recul. Ce que les autorités chinoises ont fait récemment, à la fin de l'an dernier, en janvier, à la fin de l'an dernier, le gouvernement chinois a relevé... ...les prêts de la banque centrale. Il s'agit d'une façon d'augmenter son bilan de 500 milliards de renminbis. Ce n'est pas rien. Mais en janvier, les pouvoirs publics... lorsqu'il s'est agi de fixer le taux d'emprunt à moyen terme, il est resté inchangé. Les marchés boursiers ont interprété ce signal comme étant négatif et ont baissé en flèche. La perception des marchés a changé et à la prochaine occasion, lorsque l'exigence de ratio de réserves a été réduit, il a été de 50 points de base, ce qui est plus que les 25 points que les investisseurs attendaient. Mais toutes ces mesures, lorsqu'elles se répercutent sur l'économie ou les marchés boursiers, le font très lentement. Par ailleurs il y a des facteurs négatifs qui s'en viennent. Dans le secteur immobilier, et peut-être même au niveau des échanges commerciaux. Il s'agit une année électorale aux États-Unis, il pourrait y avoir des nouvelles négatives à ce niveau-là, ce qui pourrait changer les attentes et les perceptions des investisseurs à l'égard des marchés boursiers chinois. Pour réaliser un revirement, les autorités chinoises devraient vraiment adopter un paquet de mesures conçues pour soutenir les marchés financiers. Voilà pourquoi il y a des achats qui se font sur les marchés, mais le problème, c'est que si vous n'avez pas des attentes très claires quant à ce que vous allez faire dans l'avenir, cela ne suffit pas pour donner confiance aux investisseurs. Il faut que les autorités établissent des attentes uniformes, tout comme Mario Draghi l'a fait en 2012. La Chine doit avoir son moment, "quoiqu'il en coûte".
Son moment "quoiqu'il en coûte." On dit souvent que la bourse n'est pas l'économie. En Chine, la bourse comme l'économie donnent des résultats décevants depuis assez longtemps. Elles sont bloquées sur une voie de garage. Qu'attendez-vous de l'économie chinoise?
Si l'économie se relance, les marchés suivront, ou l'inverse. Cette année, il pourrait y avoir encore un certain nombre de facteurs négatifs. Pour décomposer l'économie en ses divers volets, la consommation, l'investissement et l'exportation, en ce qui concerne la consommation, les dernières données sur les ventes au détail, même si elles affichent une croissance de 7,4% sur 12 mois en décembre, c'est attribuable au niveau très bas de 2022. Si vous prenez la croissance annualisée sur 2 ans, ce chiffre ne s'établit qu'à 2,7%. Avant la pandémie, la tendance de la croissance se situait entre 5 et 8%. Il reste encore beaucoup de chemin à rattraper. Quant aux investissements, il y a trois catégories. l'immobilier, le secteur manufacturier et l'infrastructure. Dans l'infrastructure, le gouvernement va accorder un appui supplémentaire, il y aura suffisamment de crédit. La croissance de ce secteur-là se chiffrera sans doute à 6 ou 7%, il n'y a pas d'inquiétude. Mais il est très difficile d'obtenir des chiffres de croissance très importants. S'agissant du secteur manufacturier, à l'heure actuelle, il y a des pressions déflationnistes dans l'économie, et dans ce genre d'environnement, il est très difficile pour une entreprise de fabrication d'investir davantage, puisque ce genre d'environnement ne donne pas confiance aux entreprises. Quant à l'immobilier, il est en baisse de 10% sur 12 mois. Cette année, le mieux que l'on puisse espérer, c'est qu'il n'y ait pas de baisse, que le marché demeure inchangé. Vous voyez qu'il y a des facteurs négatifs qui s'exercent sur les investissements. En ce qui concerne l'exportation, l'économie connaît une pause des dépenses de biens, c'est pourquoi les exportations l'an dernier ont diminué. Mais cette année, puisque les mesures de relance aux États-Unis sont en baisse et que les consommateurs s'inquiètent de leur bilan, il pourrait également y avoir des vents contraires.
Quand il s'agit de politiciens ou de responsables politiques qui interviennent, il y a toujours un risque qu'ils puissent commettre des erreurs. S'agissant des erreurs potentielles en matière de politique gouvernementale, en Chine, qu'est-ce qui vous inquiète, qu'est-ce qui pourrait se passer?
Notre principale préoccupation, c'est que la Chine pourrait répéter l'erreur du Japon. La Chine ressemble beaucoup à ce qu'était le Japon dans les années 1990. La démographie, la situation de l'immobilier... il y avait également des problèmes immobiliers. Même l'environnement commercial hostile. Dans les années 90, les États-Unis étaient très hostiles à l'égard des Japonais qui exportaient beaucoup. Donc dans tous ces domaines, on voit les ressemblances. La plus grosse erreur, en rétrospective, qu'a commise le Japon, le gouvernement japonais, c'est d'en faire trop peu, trop tard. Nous nous inquiétons à l'idée que cela pourrait être la solution adoptée par le gouvernement. Il faut que les pouvoirs publics changent d'attitude pour prendre des mesures décisives.
La Chine est un secteur qui intéresse beaucoup les marchés. Après une période encalminée, la Chine semble se réveiller.
À l'heure actuelle, les marchés boursiers chinois sont marqués par un manque de confiance très claire. L'indice MSCI Chine tourne autour de huit fois le ratio cours-bénéfice. C'est un rendement de 12% alors que l'obligation du gouvernement chinois à 10 ans est de 2,5%. Soustrayez le 2, ça vous donne une idée de la prime de risque exigée par les investisseurs. Elle se rapproche de 10%. Quand on rapproche ce chiffre à ceux des marchés développés, le Japon, l'Europe, sur ces marchés-là, le chiffre est d'environ 6%. Il y a un écart de 4%, non moins. Cette prime de risque de 10% pour les actions est essentiellement conforme à celle de la Russie. Les investisseurs, à l'heure actuelle, traitent la Chine comme ils traitent la Russie. Ils ne prévoient pas de croissance et ils prévoient beaucoup de risques possibles au niveau des politiques gouvernementales.
Il y a eu un certain rebond aujourd'hui. Il s'agit d'une séance, peut être fondée sur la spéculation que les autorités pourraient intervenir. Il s'agit de spéculation, bien sûr. Les marchés pourraient évoluer le lendemain. Que pourraient faire les pouvoirs publics, que pourrait faire le pays?
Il y a beaucoup de mesures que le gouvernement pourrait prendre. Mais jusqu'ici, il s'en est abstenu. Pour l'heure, les politiques sont adoptées de façon fragmentaire, ce qui ne suffit pas à rendre confiance aux investisseurs. Pour rétablir la confiance sur les marchés, les autorités doivent en faire beaucoup plus.
Alors, vous avez dit que ces mesures ont été fragmentaires. Pendant quelque temps déjà, depuis quelque temps déjà, les investisseurs attendent des décisions du gouvernement. On a légèrement réduit tel ou tel taux. Mais à quoi pourrait ressembler un paquet de mesures importantes?
D'abord, prenons un peu de recul. Ce que les autorités chinoises ont fait récemment, à la fin de l'an dernier, en janvier, à la fin de l'an dernier, le gouvernement chinois a relevé... ...les prêts de la banque centrale. Il s'agit d'une façon d'augmenter son bilan de 500 milliards de renminbis. Ce n'est pas rien. Mais en janvier, les pouvoirs publics... lorsqu'il s'est agi de fixer le taux d'emprunt à moyen terme, il est resté inchangé. Les marchés boursiers ont interprété ce signal comme étant négatif et ont baissé en flèche. La perception des marchés a changé et à la prochaine occasion, lorsque l'exigence de ratio de réserves a été réduit, il a été de 50 points de base, ce qui est plus que les 25 points que les investisseurs attendaient. Mais toutes ces mesures, lorsqu'elles se répercutent sur l'économie ou les marchés boursiers, le font très lentement. Par ailleurs il y a des facteurs négatifs qui s'en viennent. Dans le secteur immobilier, et peut-être même au niveau des échanges commerciaux. Il s'agit une année électorale aux États-Unis, il pourrait y avoir des nouvelles négatives à ce niveau-là, ce qui pourrait changer les attentes et les perceptions des investisseurs à l'égard des marchés boursiers chinois. Pour réaliser un revirement, les autorités chinoises devraient vraiment adopter un paquet de mesures conçues pour soutenir les marchés financiers. Voilà pourquoi il y a des achats qui se font sur les marchés, mais le problème, c'est que si vous n'avez pas des attentes très claires quant à ce que vous allez faire dans l'avenir, cela ne suffit pas pour donner confiance aux investisseurs. Il faut que les autorités établissent des attentes uniformes, tout comme Mario Draghi l'a fait en 2012. La Chine doit avoir son moment, "quoiqu'il en coûte".
Son moment "quoiqu'il en coûte." On dit souvent que la bourse n'est pas l'économie. En Chine, la bourse comme l'économie donnent des résultats décevants depuis assez longtemps. Elles sont bloquées sur une voie de garage. Qu'attendez-vous de l'économie chinoise?
Si l'économie se relance, les marchés suivront, ou l'inverse. Cette année, il pourrait y avoir encore un certain nombre de facteurs négatifs. Pour décomposer l'économie en ses divers volets, la consommation, l'investissement et l'exportation, en ce qui concerne la consommation, les dernières données sur les ventes au détail, même si elles affichent une croissance de 7,4% sur 12 mois en décembre, c'est attribuable au niveau très bas de 2022. Si vous prenez la croissance annualisée sur 2 ans, ce chiffre ne s'établit qu'à 2,7%. Avant la pandémie, la tendance de la croissance se situait entre 5 et 8%. Il reste encore beaucoup de chemin à rattraper. Quant aux investissements, il y a trois catégories. l'immobilier, le secteur manufacturier et l'infrastructure. Dans l'infrastructure, le gouvernement va accorder un appui supplémentaire, il y aura suffisamment de crédit. La croissance de ce secteur-là se chiffrera sans doute à 6 ou 7%, il n'y a pas d'inquiétude. Mais il est très difficile d'obtenir des chiffres de croissance très importants. S'agissant du secteur manufacturier, à l'heure actuelle, il y a des pressions déflationnistes dans l'économie, et dans ce genre d'environnement, il est très difficile pour une entreprise de fabrication d'investir davantage, puisque ce genre d'environnement ne donne pas confiance aux entreprises. Quant à l'immobilier, il est en baisse de 10% sur 12 mois. Cette année, le mieux que l'on puisse espérer, c'est qu'il n'y ait pas de baisse, que le marché demeure inchangé. Vous voyez qu'il y a des facteurs négatifs qui s'exercent sur les investissements. En ce qui concerne l'exportation, l'économie connaît une pause des dépenses de biens, c'est pourquoi les exportations l'an dernier ont diminué. Mais cette année, puisque les mesures de relance aux États-Unis sont en baisse et que les consommateurs s'inquiètent de leur bilan, il pourrait également y avoir des vents contraires.
Quand il s'agit de politiciens ou de responsables politiques qui interviennent, il y a toujours un risque qu'ils puissent commettre des erreurs. S'agissant des erreurs potentielles en matière de politique gouvernementale, en Chine, qu'est-ce qui vous inquiète, qu'est-ce qui pourrait se passer?
Notre principale préoccupation, c'est que la Chine pourrait répéter l'erreur du Japon. La Chine ressemble beaucoup à ce qu'était le Japon dans les années 1990. La démographie, la situation de l'immobilier... il y avait également des problèmes immobiliers. Même l'environnement commercial hostile. Dans les années 90, les États-Unis étaient très hostiles à l'égard des Japonais qui exportaient beaucoup. Donc dans tous ces domaines, on voit les ressemblances. La plus grosse erreur, en rétrospective, qu'a commise le Japon, le gouvernement japonais, c'est d'en faire trop peu, trop tard. Nous nous inquiétons à l'idée que cela pourrait être la solution adoptée par le gouvernement. Il faut que les pouvoirs publics changent d'attitude pour prendre des mesures décisives.