La Banque du Canada a relevé le taux du financement à un jour de 50 pdb, ce qui est inférieur à la hausse de 75 pdb prévue. La Fed pourrait-elle nous surprendre la semaine prochaine avec une orientation moins ferme? Kim Parlee s’entretient avec Alex Gorewicz, gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe en gestion active, Gestion de Placements TD.
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La Banque du Canada montre-t-elle des signes qui pourraient indiquer qu’elle sera un peu plus souple sur le plan des hausses de taux? Est-ce qu’on voit la même chose avec la Fed?
Pas pour le moment. En fait, si on compare le niveau d’inflation et le taux de variation de l’inflation et sa composition aux États-Unis par rapport au Canada, il y a beaucoup plus de force aux États-Unis. Donc si la Banque du Canada n’est pas prête à envisager un changement de taux, la Fed est encore plus éloignée de cette tendance.
Mais quand on pense à passer en territoire restrictif pour les taux d’intérêt ou le taux directeur pour l’économie américaine, et chaque hausse de taux additionnelle renforcera ce territoire restrictif, on doit s’attendre à ce qu’elle prépare le ralentissement du rythme des hausses de taux. Donc, même si sa prochaine hausse de taux est de 75 points de base, elle pourrait quand même communiquer qu’il est temps de ralentir. Mais ralentir ne change pas le fait que les taux d’intérêt continueront d’augmenter.
Oui. Oui. Peut-être pas aussi rapidement, mais assez rapidement.
ALEX GOREWICZ : Tout à fait.
Qu’en est-il des autres banques centrales dans le monde? Qu’est-ce que vous voyez comme indices?
ALEX GOREWICZ : Eh bien, les choses ne sont pas constantes. On a l’impression qu’elles se brisent pour différentes raisons. Prenons l’exemple de la Chine et sa façon de gérer les vagues de COVID, sa tolérance zéro, tout cela influe sur l’activité économique et atténue la confiance à l’égard de l’activité économique à l’avenir.
Mais cela pèse également sur d’autres économies asiatiques qui sont fortement exposées à l’économie chinoise. Le résultat est que les monnaies de ces marchés se déprécient ou chutent par rapport au dollar américain. Prenons l’exemple du Japon. L’économie se porte bien. L’inflation est plus élevée que ce que le pays a connu depuis longtemps, mais elle est encore très faible par rapport à la moyenne mondiale de l’inflation de l’année dernière.
La Banque du Japon n’a donc jamais resserré sa politique monétaire. Elle a maintenu une approche extrêmement expansionniste, mais elle a aussi exercé des pressions supplémentaires sur le yen par rapport au dollar américain. Il en va de même pour l’Europe. Si on regarde ce qui se passe avec les banques suisses ou au Royaume-Uni, plusieurs facteurs spécifiques se manifestent dans les différents marchés et entraînent une ruée vers la valeur et la sécurité qu’offre le dollar américain.
C’est très difficile pour la Fed parce qu’elle doit gérer sa propre économie. Elle augmente les taux pour ralentir l’inflation ou l’activité en général, ce qui exerce des pressions à la hausse sur le dollar. Et il y a de l’insécurité ailleurs, ce qui exerce des pressions à la hausse sur le dollar. À quel point la Fed en tient-elle compte? Elle a une politique nationale dont elle doit tenir compte. Mais si d’autres partenaires ne remboursent pas leurs dettes, cela a aussi un impact.
En espérant que le non-remboursement de dettes ne s’applique pas à une grande…
KIM PARLEE : En théorie.
C’est exact, lorsqu’il s’agit d’une grande économie comme celle du Royaume-Uni. Mais ce qui se passe, c’est lorsque… Prenons le cas du Royaume-Uni, par exemple. Au début de la crise, lorsque les taux d’intérêt ont commencé à grimper et que le système de retraite était à risque, le gouvernement a aussi chuté. Lorsqu’on examine ces dynamiques, la façon dont on choisit de mettre en œuvre les politiques domestiques finit par exercer des pressions supplémentaires sur le dollar américain et sur les taux d’intérêt américains.
Mais cela se répercute sur l’économie réelle aux États-Unis, car la hausse des taux d’intérêt signifie que les actifs financiers sont probablement réévalués à la baisse. Et quiconque a des économies sur des actifs financiers y perd un peu. La hausse des taux d’intérêt signifie que les sociétés qui ont besoin d’argent et qui ont besoin de recueillir des fonds le font à des coûts beaucoup plus élevés. Cela signifie qu’elles risquent de réduire leurs investissements. On voit donc des entreprises qui commencent à réduire leurs dépenses.
Il y a aussi le secteur du logement. La hausse des taux d’intérêt signifie que les taux hypothécaires sont plus élevés. Ils n’ont pas été aussi élevés aux États-Unis depuis 2007, ou même 2006. Et tout cela finira par alimenter la baisse des prix des logements, les gens se sentent moins fortunés, dépensent moins et épargnent plus. Tout cela finit par avoir des répercussions économiques réelles sur les États-Unis en raison de ce qui se passe à l’étranger et la façon dont les banques centrales et les gouvernements choisissent de gérer les problèmes nationaux auxquels ils sont confrontés.
KIM PARLEE : Terminons avec quelques points positifs. J’allais dire qu’on a vu ce qui se passe avec les taux obligataires. De quoi un investisseur peut-il profiter dans une telle situation?
Pour revenir à ce dont on a parlé, les taux d’intérêt ont probablement augmenté beaucoup plus qu’ils n’auraient dû si les États-Unis évaluaient en vase clos, donc à quoi ressemble l’économie, quels sont les paramètres de politique monétaire de la Fed et où devraient se situer les taux d’intérêt si on prend tout ça en compte? Mais parce qu’ils ont été poussés à la hausse par ce qui se passe dans le reste du monde, les taux des obligations d’État sont très intéressants. Ils n’ont pas été aussi attrayants depuis très longtemps.
En revanche, cela signifie qu’il y a des actifs risqués comme des actions qui sont encore un peu surévaluées aux niveaux actuels. Les taux des obligations d’État au niveau de l’évaluation semblent très intéressants. Et même si vous n’obtenez pas une plus-value en capital au cours des 12 prochains mois parce que la Fed n’est pas prête à effectuer un virage, vous obtiendrez un revenu inédit, du jamais vu depuis longtemps.
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La Banque du Canada montre-t-elle des signes qui pourraient indiquer qu’elle sera un peu plus souple sur le plan des hausses de taux? Est-ce qu’on voit la même chose avec la Fed?
Pas pour le moment. En fait, si on compare le niveau d’inflation et le taux de variation de l’inflation et sa composition aux États-Unis par rapport au Canada, il y a beaucoup plus de force aux États-Unis. Donc si la Banque du Canada n’est pas prête à envisager un changement de taux, la Fed est encore plus éloignée de cette tendance.
Mais quand on pense à passer en territoire restrictif pour les taux d’intérêt ou le taux directeur pour l’économie américaine, et chaque hausse de taux additionnelle renforcera ce territoire restrictif, on doit s’attendre à ce qu’elle prépare le ralentissement du rythme des hausses de taux. Donc, même si sa prochaine hausse de taux est de 75 points de base, elle pourrait quand même communiquer qu’il est temps de ralentir. Mais ralentir ne change pas le fait que les taux d’intérêt continueront d’augmenter.
Oui. Oui. Peut-être pas aussi rapidement, mais assez rapidement.
ALEX GOREWICZ : Tout à fait.
Qu’en est-il des autres banques centrales dans le monde? Qu’est-ce que vous voyez comme indices?
ALEX GOREWICZ : Eh bien, les choses ne sont pas constantes. On a l’impression qu’elles se brisent pour différentes raisons. Prenons l’exemple de la Chine et sa façon de gérer les vagues de COVID, sa tolérance zéro, tout cela influe sur l’activité économique et atténue la confiance à l’égard de l’activité économique à l’avenir.
Mais cela pèse également sur d’autres économies asiatiques qui sont fortement exposées à l’économie chinoise. Le résultat est que les monnaies de ces marchés se déprécient ou chutent par rapport au dollar américain. Prenons l’exemple du Japon. L’économie se porte bien. L’inflation est plus élevée que ce que le pays a connu depuis longtemps, mais elle est encore très faible par rapport à la moyenne mondiale de l’inflation de l’année dernière.
La Banque du Japon n’a donc jamais resserré sa politique monétaire. Elle a maintenu une approche extrêmement expansionniste, mais elle a aussi exercé des pressions supplémentaires sur le yen par rapport au dollar américain. Il en va de même pour l’Europe. Si on regarde ce qui se passe avec les banques suisses ou au Royaume-Uni, plusieurs facteurs spécifiques se manifestent dans les différents marchés et entraînent une ruée vers la valeur et la sécurité qu’offre le dollar américain.
C’est très difficile pour la Fed parce qu’elle doit gérer sa propre économie. Elle augmente les taux pour ralentir l’inflation ou l’activité en général, ce qui exerce des pressions à la hausse sur le dollar. Et il y a de l’insécurité ailleurs, ce qui exerce des pressions à la hausse sur le dollar. À quel point la Fed en tient-elle compte? Elle a une politique nationale dont elle doit tenir compte. Mais si d’autres partenaires ne remboursent pas leurs dettes, cela a aussi un impact.
En espérant que le non-remboursement de dettes ne s’applique pas à une grande…
KIM PARLEE : En théorie.
C’est exact, lorsqu’il s’agit d’une grande économie comme celle du Royaume-Uni. Mais ce qui se passe, c’est lorsque… Prenons le cas du Royaume-Uni, par exemple. Au début de la crise, lorsque les taux d’intérêt ont commencé à grimper et que le système de retraite était à risque, le gouvernement a aussi chuté. Lorsqu’on examine ces dynamiques, la façon dont on choisit de mettre en œuvre les politiques domestiques finit par exercer des pressions supplémentaires sur le dollar américain et sur les taux d’intérêt américains.
Mais cela se répercute sur l’économie réelle aux États-Unis, car la hausse des taux d’intérêt signifie que les actifs financiers sont probablement réévalués à la baisse. Et quiconque a des économies sur des actifs financiers y perd un peu. La hausse des taux d’intérêt signifie que les sociétés qui ont besoin d’argent et qui ont besoin de recueillir des fonds le font à des coûts beaucoup plus élevés. Cela signifie qu’elles risquent de réduire leurs investissements. On voit donc des entreprises qui commencent à réduire leurs dépenses.
Il y a aussi le secteur du logement. La hausse des taux d’intérêt signifie que les taux hypothécaires sont plus élevés. Ils n’ont pas été aussi élevés aux États-Unis depuis 2007, ou même 2006. Et tout cela finira par alimenter la baisse des prix des logements, les gens se sentent moins fortunés, dépensent moins et épargnent plus. Tout cela finit par avoir des répercussions économiques réelles sur les États-Unis en raison de ce qui se passe à l’étranger et la façon dont les banques centrales et les gouvernements choisissent de gérer les problèmes nationaux auxquels ils sont confrontés.
KIM PARLEE : Terminons avec quelques points positifs. J’allais dire qu’on a vu ce qui se passe avec les taux obligataires. De quoi un investisseur peut-il profiter dans une telle situation?
Pour revenir à ce dont on a parlé, les taux d’intérêt ont probablement augmenté beaucoup plus qu’ils n’auraient dû si les États-Unis évaluaient en vase clos, donc à quoi ressemble l’économie, quels sont les paramètres de politique monétaire de la Fed et où devraient se situer les taux d’intérêt si on prend tout ça en compte? Mais parce qu’ils ont été poussés à la hausse par ce qui se passe dans le reste du monde, les taux des obligations d’État sont très intéressants. Ils n’ont pas été aussi attrayants depuis très longtemps.
En revanche, cela signifie qu’il y a des actifs risqués comme des actions qui sont encore un peu surévaluées aux niveaux actuels. Les taux des obligations d’État au niveau de l’évaluation semblent très intéressants. Et même si vous n’obtenez pas une plus-value en capital au cours des 12 prochains mois parce que la Fed n’est pas prête à effectuer un virage, vous obtiendrez un revenu inédit, du jamais vu depuis longtemps.
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