
En raison des conditions de marché actuelles, certains investisseurs se tournent vers les fonds négociés en bourse pour diversifier leur portefeuille et compenser le risque. Ian Tam, directeur de la recherche sur les placements à Morningstar Research, discute avec Greg Bonnell des tendances émergentes des FNB.
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[MUSIQUE] * Les fonds négociés en bourse représentent l’un des segments les plus actifs du marché avec le lancement constant de nouveaux types de FNB. Aujourd’hui, pour discuter des grandes tendances dans ce secteur, on accueille Ian Tam, directeur de la recherche sur les placements au Canada pour le Canada à Morningstar Research. Ian, c’est un plaisir de vous avoir avec nous aujourd’hui. C’est la première fois que vous venez ici. On est ravis. * Greg, merci de m’accueillir. * Comme c’est la première fois que vous participez à l’émission, et que les auditeurs ne vous connaissent pas, parlez-nous un peu de votre travail au Morningstar avant d’aborder la question des FNB. Qu’est-ce que vous faites? * Bien sûr, alors on peut peut-être commencer par Morningstar en tant qu’entreprise. [S’ÉCLAIRCIT LA GORGE] * La société s’appelle en fait Morningstar Research. Et comme son nom l’indique, on met l’accent sur la recherche afin de faciliter les performances des investisseurs. Autrement dit, il s’agit d’aider les investisseurs à prendre de meilleures décisions afin d’atteindre leurs objectifs financiers. C’est ce qu’on fait. En plus d’effectuer des recherches axées sur les investisseurs particuliers, on fournit également des données et des analyses à tous les segments du marché, y compris les conseillers, gestionnaires d’actifs, caisses de retraite et organismes de réglementation. On a des racines profondes au Canada. En plus de l’histoire de Morningstar, on a récemment acquis DBRS, l’une des plus grandes agences de notation financière au Canada, et Sustainalytics, anciennement connue sous le nom de Jantzi Research, fondée au Canada et chef de file mondial de la recherche sur les facteurs ESG. * Je sais, parce que j’utilise la plateforme, la plateforme qui diffuse notre émission en ce moment même, qu’on peut y trouver la recherche de Morningstar. Certaines personnes peuvent voir les notes liées. Comment ça marche? * C’est une excellente question. Morningstar publie trois notes principales pour le Canada. Les icônes qu’on utilise, ce sont des étoiles, des médailles (or, argent, bronze, neutre, négatif) et des globes. Elles mesurent trois choses très différentes. Il est important de comprendre les différences pour un investisseur. Les étoiles, qui sont les plus nombreuses, sont un examen très objectif des rendements ajustés au risque après déduction des frais par rapport aux autres fonds de la catégorie. Il y a donc très peu d’opinions. Elles dépendent du groupe de référence auquel appartient le fonds de placement. C’est la cote étoile. La cote médaille est un peu plus qualitative. Elle est tournée vers l’avenir. C’est l’évaluation faite par Morningstar de la capacité d’un fonds à produire de l’alpha après déduction des frais à l’avenir. Elle est basée sur notre évaluation des trois piliers des fonds. Il s’agit de la société mère, du processus et des personnes qui gèrent le fonds. Donc la société mère, le processus et les personnes. Ces données nous permettent d’obtenir cette cote, qui est axée sur l’avenir. Enfin, les cotes globe sont une synthèse des facteurs de risque ESG. Les risques, ce n’est pas si les fonds sont verts, bons ou mauvais. C’est le niveau de risque découlant des enjeux ESG qui sont regroupés au niveau du portefeuille. Ce sont donc trois cotes différentes dont il faut tenir compte lorsque vous consultez une évaluation Morningstar. * Excellent, c’est utile pour les utilisateurs de la plateforme qui consultent les rapports. On va parler maintenant des FNB. On est là pour vous présenter Ian et vous parler de ce qu’il fait. Qu’en est-il des tendances qu’on observe ces derniers temps? * Je pense que c’est vraiment important de comprendre l’ampleur de l’explosion des FNB au Canada. En 2000, j’ai quelques statistiques. En 2003, il y avait 13 FNB négociables au Canada. En 2013, il y en avait 250. Et aujourd’hui, il y en a plus de 1 300. Le nombre de FNB connaît donc une croissance exponentielle. Toutefois, au cours des trois dernières années, quelques tendances sont apparues. Au cours des 12 derniers mois, on a vu des FNB d’options d’achat couvertes. Alors qu’on sort d’un contexte de faibles taux d’intérêt, c’est intéressant, car ces FNB sont vraiment conçus pour produire un revenu ou un taux de revenu tout en sacrifiant un peu de rendement. Donc on va voir ce que ça donne, car les taux d’intérêt sont maintenant plus élevés. La demande de rendement sur le marché est peut-être différente. On a donc beaucoup vu ça. On a vu beaucoup de FNB thématiques. Ce sont des FNB qui couvrent différents secteurs, comme le bitcoin, les mégadonnées, la technologie autonome. Un certain nombre de ces thèmes ont donc été soulevés. Morningstar a évidemment une opinion à ce sujet. Il y a eu un certain nombre de lancements dans ce secteur à ce jour. Ceux auxquels, selon moi, les investisseurs devraient porter attention sont un peu ennuyeux par nature. Le FNB tout-en-un ou le FNB équilibré est donc plus récent, les FNB à date cible, qui sont, encore une fois, des instruments ennuyeux, mais utiles pour les objectifs de retraite. * Les gens les ont peut-être vus. J’ai remarqué que ces FNB équilibrés sont un peu plus présents, du moins, pour moi. Parlons des avantages et des inconvénients. Quand on parle d’un FNB équilibré, en quoi est-ce différent de simplement acheter votre propre gamme de FNB? * Donc, pour le FNB équilibré, l’idée d’un fonds équilibré n’est pas nouvelle. C’est dans le monde des FNB maintenant. Le concept tout-en-un est unique en ce sens que les fonds sous-jacents qui alimentent le produit tout-en-un sont habituellement des fonds indiciels à faible coût, c’est un peu différent du produit équilibré traditionnel, qui peut être actif et passif, ou une combinaison des deux. L’avantage d’acheter l’un de ces FNB équilibrés, c’est que c’est facile, non? Donc, au lieu de choisir 20 FNB par vous-même et de les rééquilibrer une fois par trimestre ou à la fréquence de votre choix, ce qui représente beaucoup de travail pour les investisseurs. J’imagine que la plupart des investisseurs particuliers ne tiennent pas compte de toutes les expositions qui sont accordées dans un tout-en-un. Particulièrement dans les marchés émergents, les catégories d’actif spécifiques, comme le crédit privé, par exemple. Ce sont des aspects auxquels les investisseurs particuliers ne réfléchissent pas. En achetant un FNB tout-en-un, vous donnez en quelque sorte cette responsabilité à l’émetteur du FNB. Et dans l’ensemble, c’est ce qu’ils offrent, une diversification entre les catégories d’actif, mais aussi entre les régions. L’avantage, c’est que c’est facile. Il n’y en a qu’un. Vous l’avez, et vous n’avez pas grand-chose à faire. Le désavantage, comme pour tout ce qui est tout-en-un, c’est la personnalisation. On pourrait se dire que dans des marchés moins efficaces ou où l’information n’est pas facilement accessible pour les investisseurs, par exemple, les marchés en développement ou émergents comme la Russie, l’Inde, la Chine, une gestion active pourrait produire plus d’alpha. Dans un FNB tout-en-un, vous n’avez pas ce choix. C’est l’émetteur du FNB qui prend les décisions. Il est généralement passif parce qu’il est moins coûteux, et c’est l’objectif. Un investisseur averti pourrait vouloir être actif dans certains marchés. C’est l’un des inconvénients de ces produits tout-en-un. De plus, ces produits tout-en-un ont tendance à profiter d’économies d’échelle. Donc, habituellement, les fonds sous-jacents qui alimentent le tout-en-un proviennent du même émetteur, n’est-ce pas? Ils prennent donc le prix le plus bas et bénéficient d’économies d’échelle. Il est rare que le même gestionnaire d’actifs soit le meilleur parmi les différentes composantes de la répartition de l’actif. Le gestionnaire de fonds A est peut-être très bon dans les marchés émergents. Le gestionnaire de fonds B excelle peut-être dans le segment des actions canadiennes. Mais vous ne pouvez pas choisir. Donc, le manque de personnalisation, c’est sans doute l’un des inconvénients. * Lorsqu’on parle d’un fonds tout-en-un, certains pourraient se demander en quoi c’est différent d’un robot conseiller. On a vu les robots-conseillers gagner en importance au cours des dernières années. * Oui, alors je pense que la principale différence entre le tout-en-un et le robot, ils sont semblables dans le sens que vous détenez un panier de FNB à faible coût au final. La fonction offerte par le conseiller-robot est très importante. C’est la fonction de tolérance au risque ou de profilage du risque. Donc, en tant que nouvel investisseur, disons que la plupart des… investisseurs n’ont pas la moindre idée de l’ampleur des risques qu’ils peuvent prendre. L’une des façons de le mesurer est d’établir un questionnaire de profil de risque ou de tolérance au risque traditionnellement. Et c’est ce qu’un conseiller-robot peut faire pour vous. Il peut évaluer en fonction de votre âge, de votre situation financière, le niveau de risque que vous pouvez prendre. Et il choisira un portefeuille qui correspond à ce niveau de risque. Avec un FNB tout-en-un, vous devez le faire par vous-même. Or, tous les investisseurs ne sont pas en mesure de le faire. Le robot vous donne une réponse supplémentaire au début de votre placement. Puis, au fil du temps, il vous offre un ajustement progressif. Alors que vous approchez du moment où vous devez retirer votre argent, à la retraite ou pour financer les études d’un enfant, il réduit le risque. Il réduit votre exposition aux actions et augmente votre exposition aux obligations. Le FNB tout-en-un est une répartition des actifs statique. Vous allez avoir une répartition à peu près statique entre les actions et les obligations. C’est une mesure d’atténuation du risque, surtout si vous n’êtes pas un investisseur très diligent, et on ne l’est pas tous, n’est-ce pas? On peut le faire graduellement au fil du temps. Et d’ici à ce que vous ayez besoin de votre argent, vous allez prendre le moins de risques possible dans votre portefeuille, ce qui est parfait. C’est l’un des points forts des bons investisseurs, pouvoir sortir son argent quand on en a besoin. [MUSIQUE]