L’ouverture des discussions de la Fed sur une réduction potentielle des achats d’obligations pourrait accentuer l’incidence des nouveaux emplois et des données économiques sur les taux. Kim Parlee discute avec Priya Misra, chef, Stratégie mondiale liée aux taux, Valeurs Mobilières TD, de ce que la sensibilité accrue aux taux pourrait signifier pour les marchés.
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[MUSIQUE DE GÉNÉRIQUE]
Commençons par la Fed, qui annonce le début des discussions sur une réduction potentielle des achats d’obligations. L’annonce a suffi pour faire baisser les marchés boursiers, mais est-ce vraiment un changement important pour la Fed?
Bonjour Kim, merci de m’avoir invitée. Je pense que le marché a vraiment été déconcerté par ce message de la Fed. À mon avis, la raison pour laquelle les actions ont chuté, et les taux d’intérêt à long terme ont baissé, c’est que le marché a interprété ce message comme une réaction musclée, signifiant que l’engagement à l’égard d’une politique de ciblage d’inflation moyenne n’était pas aussi solide qu’il y a un an. Il s’agirait donc d’adopter un ton plus ferme, d’où les réactions négatives. Pour nous, ce n’est pas cela. À notre avis, la Fed reconnaît que les données sont bien meilleures que ses prévisions, bien meilleures que celles des prévisionnistes privés, et il s’agit davantage d’un exercice de gestion des risques.
Si les données économiques demeurent très solides dans les prochains mois, elle réduira probablement l’achat des obligations. Cela ne signifie pas que la Fed a une longueur d’avance, ni qu’elle commet une erreur de politique. Pour nous, c’est un signe que les perspectives économiques sont bien plus positives. La Fed a probablement beaucoup plus confiance dans ses prévisions de reprise de base qu’au mois de mars.
Qu’est-ce que cela signifie pour votre Fed call? J’ai compris que vous en aviez un nouveau.
Nous avons effectivement changé notre Fed call au vu des données. Parce que nous reconnaissons, entre autres, que les données sont plus fortes et, comme la Fed envisage de réduire les achats d’obligations, cela signifie qu’au cours des prochains mois, elle analysera les données.
Étant donné que nos économistes prévoient une croissance et une inflation solides au cours des six prochains mois, nous pensons que la Fed aura suffisamment de données pour procéder à la réduction de l’achat des obligations. Nous avons donc changé la date de tapering de l’année prochaine au mois de décembre. Nous pensons qu’elle annoncera la réduction de l’achat des obligations en décembre. Elle procédera au tapering de janvier 2022 jusqu’au mois d’octobre. Et ensuite, dans un an, ou un an après, elle augmentera les taux. Nous avons donc également déplacé notre Fed hike call à décembre 2023. C’est encore plus éloigné sur le marché, mais cela montre que nous reconnaissons que la Fed prend au sérieux l’amélioration des données.
Vous parlez des données et de la surveillance qu’elle va en faire. Je crois comprendre, d’après votre note, que les emplois non agricoles seront en tête de liste.
Il s’agit en effet d’une donnée très importante pour les marchés mondiaux, certainement pour le marché des États-Unis. Et lorsque la Fed laisse entendre qu’elle envisage un tapering au cours des prochains mois, je crois que cela devient encore plus important. C’est aussi ce qui s’est produit au dernier cycle, les données économiques n’avaient pas autant d’incidence sur les taux ou sur les marchés macroéconomiques en général quand la Fed a fait appel à l’assouplissement quantitatif (les données avaient peu d’importance).
Quand Bernanke a commencé à parler de réduction de l’achat des obligations en 2013, c’est le moment où la sensibilité aux données a commencé à augmenter. Et c’est un peu délicat, car les données sont très difficiles à prévoir en ce moment. Cela devient difficile, car la réouverture de l’économie a de nombreuses répercussions, il y a des mesures de relance budgétaire, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Les données volatiles risquent d’être beaucoup plus difficiles à prévoir, et cela fera évoluer les marchés. La Fed vient de nous prévenir que cette réduction aura lieu sur les six prochains mois.
OK, parlons un peu des données. Les emplois non agricoles sont importants. Vous avez mentionné que les réouvertures sont inégales et que, dans certains cas, il y a même des fermetures. Quand vous réfléchissez à l’emploi, aux services, aux prix des véhicules d’occasion, aux salaires, qu’est-ce que vous observez?
Quelles sont vos prédictions? Nous prévoyons une croissance soutenue du marché de l’emploi, en particulier au moment de la réouverture des écoles. En septembre, en supposant que les cas COVID demeurent faibles. Et même s’ils commencent à augmenter, si les hospitalisations n’augmentent pas, je pense que le marché de l’emploi montrera des signes d’amélioration et d’amélioration inclusive. Pour cela, le secteur des services doit vraiment rebondir. Ce n’est peut-être pas ce que nous observerons dans les prochains mois, plutôt à la fin de l’année.
En matière d’inflation, nous prévoyons que les pressions sur les prix continueront. Mais si cela reste circonscrit aux secteurs touchés par la COVID, nous pensons que cela restera temporaire et que cela n’exercera pas autant de pression sur la Fed. Si l’inflation est généralisée et commence à toucher l’éducation, les soins de santé et les services, la Fed pensera que ce n’est peut-être plus temporaire et s’inquiétera.
Mais selon notre analyse actuelle, il y a encore suffisamment de capacités inutilisées dans l’économie pour que les autres pressions sur les prix restent faibles, les prix des véhicules d’occasion demeurent élevés, mais je pense que cela plafonne maintenant. Certaines données à haute fréquence indiquaient une perturbation de la chaîne d’approvisionnement, mais l’offre commence à augmenter. Je crois donc que nous atteindrons un plateau d’ici la fin de l’année, et nous nous attendons à ce que certaines de ces pressions soient réduites.
Priya, il ne me reste qu’une trentaine de secondes, mais j’aimerais savoir… Les marchés ont connu de la volatilité ces derniers temps, vous attendez-vous à ce que l’été soit compliqué, compte tenu de cela?
Je crois que les données sont volatiles en soi et, en ce moment, il est difficile de prévoir. Ce sera probablement difficile avec l’afflux de données et en essayant de réévaluer la stratégie de la Fed. Mais je crois que la Fed n’a pas abandonné le régime de cibles d’inflation moyennes. Je pense que c’est compliqué de manière circonscrite. Je ne pense pas que nous sortirons de cette circonscription. La Fed ne va pas annoncer une réduction dans le mois ou les deux mois qui viennent. Cela peut être volatil, mais je dirais que, dans l’ensemble, j’ai toujours confiance : la reprise est en cours.
Priya, c’est toujours un plaisir de vous parler. Merci beaucoup.
Merci!
[MUSIQUE DE GÉNÉRIQUE]
[MUSIQUE]
Commençons par la Fed, qui annonce le début des discussions sur une réduction potentielle des achats d’obligations. L’annonce a suffi pour faire baisser les marchés boursiers, mais est-ce vraiment un changement important pour la Fed?
Bonjour Kim, merci de m’avoir invitée. Je pense que le marché a vraiment été déconcerté par ce message de la Fed. À mon avis, la raison pour laquelle les actions ont chuté, et les taux d’intérêt à long terme ont baissé, c’est que le marché a interprété ce message comme une réaction musclée, signifiant que l’engagement à l’égard d’une politique de ciblage d’inflation moyenne n’était pas aussi solide qu’il y a un an. Il s’agirait donc d’adopter un ton plus ferme, d’où les réactions négatives. Pour nous, ce n’est pas cela. À notre avis, la Fed reconnaît que les données sont bien meilleures que ses prévisions, bien meilleures que celles des prévisionnistes privés, et il s’agit davantage d’un exercice de gestion des risques.
Si les données économiques demeurent très solides dans les prochains mois, elle réduira probablement l’achat des obligations. Cela ne signifie pas que la Fed a une longueur d’avance, ni qu’elle commet une erreur de politique. Pour nous, c’est un signe que les perspectives économiques sont bien plus positives. La Fed a probablement beaucoup plus confiance dans ses prévisions de reprise de base qu’au mois de mars.
Qu’est-ce que cela signifie pour votre Fed call? J’ai compris que vous en aviez un nouveau.
Nous avons effectivement changé notre Fed call au vu des données. Parce que nous reconnaissons, entre autres, que les données sont plus fortes et, comme la Fed envisage de réduire les achats d’obligations, cela signifie qu’au cours des prochains mois, elle analysera les données.
Étant donné que nos économistes prévoient une croissance et une inflation solides au cours des six prochains mois, nous pensons que la Fed aura suffisamment de données pour procéder à la réduction de l’achat des obligations. Nous avons donc changé la date de tapering de l’année prochaine au mois de décembre. Nous pensons qu’elle annoncera la réduction de l’achat des obligations en décembre. Elle procédera au tapering de janvier 2022 jusqu’au mois d’octobre. Et ensuite, dans un an, ou un an après, elle augmentera les taux. Nous avons donc également déplacé notre Fed hike call à décembre 2023. C’est encore plus éloigné sur le marché, mais cela montre que nous reconnaissons que la Fed prend au sérieux l’amélioration des données.
Vous parlez des données et de la surveillance qu’elle va en faire. Je crois comprendre, d’après votre note, que les emplois non agricoles seront en tête de liste.
Il s’agit en effet d’une donnée très importante pour les marchés mondiaux, certainement pour le marché des États-Unis. Et lorsque la Fed laisse entendre qu’elle envisage un tapering au cours des prochains mois, je crois que cela devient encore plus important. C’est aussi ce qui s’est produit au dernier cycle, les données économiques n’avaient pas autant d’incidence sur les taux ou sur les marchés macroéconomiques en général quand la Fed a fait appel à l’assouplissement quantitatif (les données avaient peu d’importance).
Quand Bernanke a commencé à parler de réduction de l’achat des obligations en 2013, c’est le moment où la sensibilité aux données a commencé à augmenter. Et c’est un peu délicat, car les données sont très difficiles à prévoir en ce moment. Cela devient difficile, car la réouverture de l’économie a de nombreuses répercussions, il y a des mesures de relance budgétaire, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Les données volatiles risquent d’être beaucoup plus difficiles à prévoir, et cela fera évoluer les marchés. La Fed vient de nous prévenir que cette réduction aura lieu sur les six prochains mois.
OK, parlons un peu des données. Les emplois non agricoles sont importants. Vous avez mentionné que les réouvertures sont inégales et que, dans certains cas, il y a même des fermetures. Quand vous réfléchissez à l’emploi, aux services, aux prix des véhicules d’occasion, aux salaires, qu’est-ce que vous observez?
Quelles sont vos prédictions? Nous prévoyons une croissance soutenue du marché de l’emploi, en particulier au moment de la réouverture des écoles. En septembre, en supposant que les cas COVID demeurent faibles. Et même s’ils commencent à augmenter, si les hospitalisations n’augmentent pas, je pense que le marché de l’emploi montrera des signes d’amélioration et d’amélioration inclusive. Pour cela, le secteur des services doit vraiment rebondir. Ce n’est peut-être pas ce que nous observerons dans les prochains mois, plutôt à la fin de l’année.
En matière d’inflation, nous prévoyons que les pressions sur les prix continueront. Mais si cela reste circonscrit aux secteurs touchés par la COVID, nous pensons que cela restera temporaire et que cela n’exercera pas autant de pression sur la Fed. Si l’inflation est généralisée et commence à toucher l’éducation, les soins de santé et les services, la Fed pensera que ce n’est peut-être plus temporaire et s’inquiétera.
Mais selon notre analyse actuelle, il y a encore suffisamment de capacités inutilisées dans l’économie pour que les autres pressions sur les prix restent faibles, les prix des véhicules d’occasion demeurent élevés, mais je pense que cela plafonne maintenant. Certaines données à haute fréquence indiquaient une perturbation de la chaîne d’approvisionnement, mais l’offre commence à augmenter. Je crois donc que nous atteindrons un plateau d’ici la fin de l’année, et nous nous attendons à ce que certaines de ces pressions soient réduites.
Priya, il ne me reste qu’une trentaine de secondes, mais j’aimerais savoir… Les marchés ont connu de la volatilité ces derniers temps, vous attendez-vous à ce que l’été soit compliqué, compte tenu de cela?
Je crois que les données sont volatiles en soi et, en ce moment, il est difficile de prévoir. Ce sera probablement difficile avec l’afflux de données et en essayant de réévaluer la stratégie de la Fed. Mais je crois que la Fed n’a pas abandonné le régime de cibles d’inflation moyennes. Je pense que c’est compliqué de manière circonscrite. Je ne pense pas que nous sortirons de cette circonscription. La Fed ne va pas annoncer une réduction dans le mois ou les deux mois qui viennent. Cela peut être volatil, mais je dirais que, dans l’ensemble, j’ai toujours confiance : la reprise est en cours.
Priya, c’est toujours un plaisir de vous parler. Merci beaucoup.
Merci!
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