Michael Craig, chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD, discute des perspectives des marchés des titres à revenu fixe et d’autres catégories d’actif cette année et des occasions qu’il entrevoit, en particulier dans le contexte des préoccupations suscitées par le ralentissement de la croissance économique.
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Les marchés ont connu un début d’année positif. Mais à mesure que les conditions économiques se détériorent, à quoi peut-on s’attendre pour leur avenir, surtout en matière de répartition des actifs? J’accueille Michael Craig, chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD. C’est un plaisir de vous avoir avec nous, Michael. Alors, allons-y! Début janvier, les gens se sont dit que l’année n’allait peut-être pas être excellente et que ça allait prendre du temps. Et soudainement, au cours du mois, les rendements ont été plutôt bons. Et maintenant? Tout d’abord, en janvier, la remontée a concerné certaines sociétés. Regardez certains des graphiques. Cette année, certaines entreprises ont augmenté de 67 % et le graphique à long terme montre une augmentation après un repli assez prolongé. Il y a donc eu énormément de positions vendeur. Certaines stratégies quantitatives ont rencontré des difficultés. Et c’est une année où la remontée a été douloureuse, car je ne pense pas que de nombreux investisseurs y étaient préparés. Wall Street était très baissière au début de l’année et il y a eu une remontée des tendances à contre-courant par rapport au scénario baissier. À l’heure actuelle, l’indice S&P est à 4 100. Les bénéfices prévisionnels sont en baisse. Nos actions sont presque 20 fois plus élevées que l’indice de référence, ce qui est élevé. À l’époque, les taux obligataires se situaient entre 1 % et 2 %. Ils sont maintenant à 3 %, 3,5 %, 4 % et l’évaluation des actions pourrait baisser. On peut donc dire que cette dernière remontée est un peu exagérée et je m’attends à un certain degré de volatilité au fur et à mesure que les données économiques se détériorent dans les deux ou trois prochains trimestres. Si c’était un peu exagéré, est-ce qu’on peut parler de tromperie? On en a parlé ensemble à plusieurs reprises l’année dernière, quand on a vu ces remontées. La remontée de l’été dernier, je crois que c’était en août. On essaie de déterminer si tout cela est bien réel. En fait, il faut étudier les marchés baissiers de façon très… et il faut revenir à la théorie et se rappeler que dans un marché baissier, il y a des remontées très puissantes. Des remontées de la tendance à contre-courant de 10 %, 20 %, 30 %. Et ça se produit rapidement. C’est généralement ce qui caractérise un marché baissier. Je ne dis donc pas que les marchés… ce n’est pas la fin du monde. Je ne crois pas qu’on va assister à un délestage épique. Mais cela témoigne du type de volatilité qui règne actuellement sur le marché. Il faut être très prudent. Je pense qu’il faut s’en tenir à sa stratégie. On détient des actions, mais on ne court pas après. La pire chose que les investisseurs font, c’est paniquer, comme quand tout le monde vendait en septembre de l’année dernière, lorsque tout s’effondrait. Il y a eu un frein à ce phénomène avec une remontée euphorique. Il faut vraiment choisir ses titres et être extrêmement rigoureux dans ces environnements. Sinon, on a tendance à se faire démolir. Maintenant, si on parle… au Canada, on parle déjà d’une pause. Notre banque centrale nous l’a clairement indiqué. Le cycle de hausse des taux de la Réserve fédérale américaine tire à sa fin. Les titres à revenu fixe seraient, après tout ce qui a été difficile l’an dernier, très intéressants cette année. Quelle est l’idée sous-jacente? Il y a plusieurs choses. Premièrement, si vous prenez simplement le taux de revenu, on est de retour à des niveaux inégalés depuis une vingtaine d’années. Le taux de revenu global est donc très intéressant. Les investisseurs ont été pénalisés pendant des années au niveau des titres à revenu fixe, gagnant 1 %, 2 % de rendement global. Aujourd’hui, on est à 4,5 %, 5 %, sans les titres de créance de qualité spéculative. Deuxièmement, lorsqu’on regarde le marché obligataire, c’est peut-être vrai. Ou pas. Mais c’est ce que le marché nous dit. Il indique que ce genre d’attentes d’inflation à long terme sont assez faibles, 2,2 %. Pour la première fois depuis longtemps, on a une prime énorme par rapport aux attentes d’inflation. On gagne donc 1,5 % en plus de l’inflation. Ainsi, chaque fois que les obligations donnent plus que l’inflation, c’est intéressant, en tout cas ces 30 dernières années. Et c’est aussi très intéressant. C’est donc une politique très restrictive, mais assez intéressante. On est comme les gouvernements là, peut-être qu’on ne sait rien. Mais on sait que la probabilité d’un certain ralentissement est élevée. Il est possible qu’on ait un atterrissage en douceur. Mais dans tous ces scénarios, les obligations devraient plutôt bien se comporter. Et je me méfie du scénario à l’égard des titres à revenu fixe si l’inflation redémarre. À l’heure actuelle, les trois composantes de l’inflation… les biens qui ralentissent, les loyers aussi et la main-d’œuvre, qui a été difficile. Vous avez donc deux… 1 et 1/2 des trois éléments qui ralentissent, en matière d’inflation. Cela devrait fortement soutenir les titres à revenu fixe. Dans le sens où le marché recommence à croire aux titres à revenu fixe? Parce que l’année dernière, tout était tellement difficile. En raison de ce qui se passait avec les banques centrales, c’est une réelle conviction maintenant que ça pourrait être intéressant? Ça change. On le voit dans le comportement des investisseurs. On le voit dans le positionnement des fonds de couverture et les surpondérations les plus importantes maintenant dans la communauté des fonds de couverture, les services publics, ce qui représente les titres à revenu fixe. On commence donc à voir des gens prendre cette position. Et cela, après avoir adopté un positionnement très baissier en 2022 parce que c’était un marché des titres à revenu fixe désastreux. Il est encore trop tôt pour le dire, mais on a encore beaucoup… au moins un an ou deux de bons rendements des titres à revenu fixe. On a parlé des actions. On a parlé des obligations. Parlons de placements alternatifs, car certains s’intéressent à ce secteur. Quel type d’environnement est-ce? Alors les placements alternatifs, c’est un terme fourre-tout, non? On pourrait parler d’infrastructures, de crédit privé, de capital-investissement, etc. Certains groupes de notre société le font depuis longtemps, ils sont très efficaces et ont connu quelques cycles. Il faut faire preuve de prudence quand on entre dans les placements alternatifs, ce n’est pas la même chose pour tout le monde. Les articles sur les fonds alternatifs problématiques ne manquent pas dans les journaux nationaux. Il faut comprendre la structure de gouvernance, ce qu’ils tentent d’accomplir, et s’assurer qu’ils respectent leur politique. On consacre beaucoup d’énergie à comprendre le processus et on a une bonne idée de ce à quoi on devrait s’attendre. Les placements alternatifs sont là pour améliorer un portefeuille traditionnel 60/40 en offrant différents types de flux de rendement à l’investisseur. C’est comme ça que l’on conçoit les placements alternatifs, plutôt que de rechercher ce qui est tendance. Il est donc très important de faire preuve de diligence raisonnable ici, de comprendre qu’ils sont plus complexes et comment ils s’inscrivent dans votre portefeuille global. [MELLOW MUSIC]