
Le prix du cuivre a chuté en raison des craintes d’un affaiblissement de la demande mondiale. Daniel Ghali, stratège principal, Produits de base à Valeurs Mobilières TD, explique comment le règlement d’un conflit sur les redevances pourrait signifier l’augmentation de l’offre sur les marchés mondiaux.
Print Transcript
[LOGO SONORE]
Les inquiétudes suscitées par la reprise chinoise pèsent sur les prix du cuivre. On est également préoccupé par une offre excédentaire, car si on regarde l’activité du secteur du cuivre au cours des dernières semaines et derniers mois… on a vraiment une trajectoire baissière. Mon invité affirme que les marchés du cuivre pourraient soudainement se retrouver avec 2 milliards de dollars de stock sur les bras. Voici Daniel Ghali, stratège principal, Produits de base à Valeurs Mobilières TD.
Daniel, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. On est obligé de commencer par ce stock de 2 milliards de dollars. Que se passe-t-il exactement?
Eh bien, merci, Greg, et merci de me recevoir. À mon avis, on n’a pas assez parlé du stock de 2 milliards de dollars, et c’est surprenant, car c’est vraiment très important. On a donc la libération d’un stock de la République démocratique du Congo, qui résulte du règlement d’un différend en matière de redevances entre une société minière et le gouvernement, le différend avait mis fin aux exportations de la mine pendant plus d’un an. Par conséquent, la mine accumule des stocks de cuivre depuis.
Et il s’agit d’environ 200 000 tonnes. Cela représente environ 1 % de l’offre mondiale, ce qui ne semble pas nécessairement élevé, mais c’est suffisant pour faire passer le solde du marché d’un déficit prévu à un excédent prévu. Sans compter que la mine a maintenant repris ses activités, sa production a donc encore augmenté à un moment où le marché n’en a pas vraiment besoin. La demande se contracte et l’offre provenant d’autres régions augmente.
Très bien. On se tourne vers la RDC et son approvisionnement en cuivre. Et vous dites que le monde n’en a pas besoin en ce moment. Cette année, on parle beaucoup de la réouverture de la Chine, de l’abandon des restrictions liées à la COVID, du besoin qu’elle aura des matériaux vendus par le reste du monde, y compris le cuivre. Mais, en fait, ça ne se passe pas comme ça. Comment ça se fait?
Non, pas du tout. La réouverture de la Chine est un véritable échec. En début d’année, elle a suscité beaucoup d’optimisme, car on pensait qu’elle alimenterait une forte hausse de la demande de produits de base. On était quand même un peu sceptiques, car ça n’a pas toujours de vastes répercussions. Ce que l’on a constaté très tôt, c’est que la réouverture de la Chine a alimenté une forte demande de produits énergétiques. Parce que les gens veulent voyager, le tourisme et les vols internationaux redémarrent hors de la Chine.
En ce qui concerne le secteur manufacturier, ça n’allait pas changer la donne pour le pays. Le secteur immobilier se détériore. Le secteur manufacturier s’affaiblit une fois de plus et cela découle d’une baisse de la demande en Occident.
Alors, parlons de la baisse de la demande en Occident. On s’inquiète d’une possible récession depuis un bon moment déjà. Le marché actuel reflète-t-il le fait que ces inquiétudes persistent?
Je le pense. Encore une fois, en début d’année, l’optimisme lié à la réouverture chinoise a alimenté la remontée des prix du cuivre à un moment où l’offre était perturbée. Aujourd’hui, on voit des signes de baisse de la demande, non seulement en Chine, mais aussi en Occident, et c’est ce que les prix du cuivre commencent à refléter. En fait, lorsqu’on pensait à l’affaiblissement de l’Occident, on pensait que la Chine allait le compenser, mais le vieil adage selon lequel, quand les États-Unis éternuent, le reste du monde s’enrhume se vérifie, encore une fois, et c’est ce qu’on voit aujourd’hui.
Avant de laisser le sujet du cuivre, j’aimerais vous poser une dernière question. À long terme, on entend beaucoup parler du cuivre parce qu’on en a besoin pour l’électrification des véhicules. On en a besoin pour générer de l’électricité. À long terme, que va-t-il se passer pour le cuivre?
Le long terme, oui, c’est vraiment ce qui est intéressant. C’est ce qui a suscité beaucoup d’intérêt spéculatif à l’égard du cuivre. Les gens attendent pour l’acheter. Et cela parce que dans 10 ans, il n’y aura tout simplement pas… l’offre ne suffira pas à répondre à la croissance de la demande que nous anticipons du boom de l’électrification. C’est l’un des thèmes dominants de la prochaine décennie et ça aura certainement un impact notable sur les prix.
C’est une excellente façon de décrire ce qui se passe avec le cuivre à l’heure actuelle, à court, moyen et long terme. Qu’en est-il de l’or? Lorsqu’il a dépassé les 2 000 $, il y est resté et a suscité beaucoup d’intérêt. Vous avez récemment publié un billet sur l’épuisement des ventes de métaux précieux. Pouvez-vous nous en dire plus?
Oui. L’or a déjà prix près de 150 $ l’once. Il s’agit donc d’un repli important des prix que l’on a observé. Mais ce que vous avez mentionné donne à penser que l’épuisement des ventes est imminent, que le flux de ventes vu jusqu’à maintenant est probablement essoufflé, et la raison, selon moi, c’est la fausse idée qu’on se fait du positionnement.
On pense que le monde entier croit en l’or, mais la réalité lorsque vous éliminez les personnes qui suivent la tendance algorithmique et qui ont été les principaux acheteurs d’or lors de la récente remontée, on se retrouve avec des négociateurs discrétionnaires qui sont stables sur l’or. C’est surprenant dans le contexte d’une récession à l’horizon.
C’est intéressant que vous regardiez… les recherches Google. C’est ce qui intéresse les gens, la recherche « comment acheter de l’or » sur Google. Qu’est-ce que cela signifie, selon vous?
C’est une information très intéressante. Ça nous a aidés à suivre la demande d’or au détail, qui a explosé aux États-Unis et en Europe après la crise bancaire. Plus récemment, on a constaté une forte baisse qui est corroborée par les primes que l’on observe sur les marchés physiques, la demande d’or au détail pourrait diminuer dû à un certain calme dans le secteur bancaire.
Quelle direction prendra l’or à votre avis? D’ici la fin de l’année, on prévoit que le prix de l’or se situera autour de 2 100 $ l’once. Il y a donc un certain potentiel de hausse, surtout à l’approche d’une récession et à mesure que les perspectives de réduction des taux par la Fed se raffermissent.
OK. La deuxième moitié de l’année s’annonce intéressante. Daniel, c’est toujours un plaisir de vous recevoir.
Merci, Greg.
[LOGO SONORE]
[MUSIQUE]
[LOGO SONORE]
Les inquiétudes suscitées par la reprise chinoise pèsent sur les prix du cuivre. On est également préoccupé par une offre excédentaire, car si on regarde l’activité du secteur du cuivre au cours des dernières semaines et derniers mois… on a vraiment une trajectoire baissière. Mon invité affirme que les marchés du cuivre pourraient soudainement se retrouver avec 2 milliards de dollars de stock sur les bras. Voici Daniel Ghali, stratège principal, Produits de base à Valeurs Mobilières TD.
Daniel, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. On est obligé de commencer par ce stock de 2 milliards de dollars. Que se passe-t-il exactement?
Eh bien, merci, Greg, et merci de me recevoir. À mon avis, on n’a pas assez parlé du stock de 2 milliards de dollars, et c’est surprenant, car c’est vraiment très important. On a donc la libération d’un stock de la République démocratique du Congo, qui résulte du règlement d’un différend en matière de redevances entre une société minière et le gouvernement, le différend avait mis fin aux exportations de la mine pendant plus d’un an. Par conséquent, la mine accumule des stocks de cuivre depuis.
Et il s’agit d’environ 200 000 tonnes. Cela représente environ 1 % de l’offre mondiale, ce qui ne semble pas nécessairement élevé, mais c’est suffisant pour faire passer le solde du marché d’un déficit prévu à un excédent prévu. Sans compter que la mine a maintenant repris ses activités, sa production a donc encore augmenté à un moment où le marché n’en a pas vraiment besoin. La demande se contracte et l’offre provenant d’autres régions augmente.
Très bien. On se tourne vers la RDC et son approvisionnement en cuivre. Et vous dites que le monde n’en a pas besoin en ce moment. Cette année, on parle beaucoup de la réouverture de la Chine, de l’abandon des restrictions liées à la COVID, du besoin qu’elle aura des matériaux vendus par le reste du monde, y compris le cuivre. Mais, en fait, ça ne se passe pas comme ça. Comment ça se fait?
Non, pas du tout. La réouverture de la Chine est un véritable échec. En début d’année, elle a suscité beaucoup d’optimisme, car on pensait qu’elle alimenterait une forte hausse de la demande de produits de base. On était quand même un peu sceptiques, car ça n’a pas toujours de vastes répercussions. Ce que l’on a constaté très tôt, c’est que la réouverture de la Chine a alimenté une forte demande de produits énergétiques. Parce que les gens veulent voyager, le tourisme et les vols internationaux redémarrent hors de la Chine.
En ce qui concerne le secteur manufacturier, ça n’allait pas changer la donne pour le pays. Le secteur immobilier se détériore. Le secteur manufacturier s’affaiblit une fois de plus et cela découle d’une baisse de la demande en Occident.
Alors, parlons de la baisse de la demande en Occident. On s’inquiète d’une possible récession depuis un bon moment déjà. Le marché actuel reflète-t-il le fait que ces inquiétudes persistent?
Je le pense. Encore une fois, en début d’année, l’optimisme lié à la réouverture chinoise a alimenté la remontée des prix du cuivre à un moment où l’offre était perturbée. Aujourd’hui, on voit des signes de baisse de la demande, non seulement en Chine, mais aussi en Occident, et c’est ce que les prix du cuivre commencent à refléter. En fait, lorsqu’on pensait à l’affaiblissement de l’Occident, on pensait que la Chine allait le compenser, mais le vieil adage selon lequel, quand les États-Unis éternuent, le reste du monde s’enrhume se vérifie, encore une fois, et c’est ce qu’on voit aujourd’hui.
Avant de laisser le sujet du cuivre, j’aimerais vous poser une dernière question. À long terme, on entend beaucoup parler du cuivre parce qu’on en a besoin pour l’électrification des véhicules. On en a besoin pour générer de l’électricité. À long terme, que va-t-il se passer pour le cuivre?
Le long terme, oui, c’est vraiment ce qui est intéressant. C’est ce qui a suscité beaucoup d’intérêt spéculatif à l’égard du cuivre. Les gens attendent pour l’acheter. Et cela parce que dans 10 ans, il n’y aura tout simplement pas… l’offre ne suffira pas à répondre à la croissance de la demande que nous anticipons du boom de l’électrification. C’est l’un des thèmes dominants de la prochaine décennie et ça aura certainement un impact notable sur les prix.
C’est une excellente façon de décrire ce qui se passe avec le cuivre à l’heure actuelle, à court, moyen et long terme. Qu’en est-il de l’or? Lorsqu’il a dépassé les 2 000 $, il y est resté et a suscité beaucoup d’intérêt. Vous avez récemment publié un billet sur l’épuisement des ventes de métaux précieux. Pouvez-vous nous en dire plus?
Oui. L’or a déjà prix près de 150 $ l’once. Il s’agit donc d’un repli important des prix que l’on a observé. Mais ce que vous avez mentionné donne à penser que l’épuisement des ventes est imminent, que le flux de ventes vu jusqu’à maintenant est probablement essoufflé, et la raison, selon moi, c’est la fausse idée qu’on se fait du positionnement.
On pense que le monde entier croit en l’or, mais la réalité lorsque vous éliminez les personnes qui suivent la tendance algorithmique et qui ont été les principaux acheteurs d’or lors de la récente remontée, on se retrouve avec des négociateurs discrétionnaires qui sont stables sur l’or. C’est surprenant dans le contexte d’une récession à l’horizon.
C’est intéressant que vous regardiez… les recherches Google. C’est ce qui intéresse les gens, la recherche « comment acheter de l’or » sur Google. Qu’est-ce que cela signifie, selon vous?
C’est une information très intéressante. Ça nous a aidés à suivre la demande d’or au détail, qui a explosé aux États-Unis et en Europe après la crise bancaire. Plus récemment, on a constaté une forte baisse qui est corroborée par les primes que l’on observe sur les marchés physiques, la demande d’or au détail pourrait diminuer dû à un certain calme dans le secteur bancaire.
Quelle direction prendra l’or à votre avis? D’ici la fin de l’année, on prévoit que le prix de l’or se situera autour de 2 100 $ l’once. Il y a donc un certain potentiel de hausse, surtout à l’approche d’une récession et à mesure que les perspectives de réduction des taux par la Fed se raffermissent.
OK. La deuxième moitié de l’année s’annonce intéressante. Daniel, c’est toujours un plaisir de vous recevoir.
Merci, Greg.
[LOGO SONORE]
[MUSIQUE]