Actions / Devises / Économie / Canada / International / Idées de placement / Nouvelles / Vue d’ensemble
Les marchés se sont repliés, les investisseurs continuant à évaluer les effets d’une hausse prolongée des taux d’intérêt. Peter Hodson, fondateur et chef de la recherche à 5i Research, explique à Greg Bonnell pourquoi il pense que le contexte actuel fait partie du cycle économique naturel.
Print Transcript
Les marchés se sont récemment repliés, les investisseurs évaluant l'impact des taux d'intérêt qui pourraient rester plus élevés plus longtemps. Selon notre invité d'aujourd'hui, les conditions actuelles sont des éléments normaux du cycle économique. Peter Hodson est fondateur et directeur de la recherche chez 5i Research. Bonjour, Greg. Le mois de septembre n'est pas un mois très propice, c'est le pire mois pour la bourse. Ce mois de septembre-ci a été fidèle à sa réputation. La dernière semaine est très volatile. Tout le monde est inquiet quant aux coûts de l'emprunt. Eh bien, les investisseurs doivent remonter 20 ou 30 ans en arrière. Oui, les taux sont beaucoup plus élevés qu'il y a 2 ans, parce qu'ils étaient à 0 %. Même cette flambée des taux suscite une véritable panique. Mais historiquement, les taux d'intérêt ne sont pas aussi élevés qu'ils l'ont été dans le passé. Ils étaient beaucoup plus élevés dans les années 80, une période d'inflation galopante. Nous en sommes revenus au niveau de 2006-2007. Retournez la question: auriez-vous voulu être acheteur en 2006? Oui, vraisemblablement, acheteur d'actions. Mis à part la crise financière, vous auriez toujours fait des progrès depuis lors. Qu'est-ce qu'il se passe dans une économie? Les choses se passent bien, l'économie connaît la croissance, le plein-emploi, l'inflation se déclare, la banque centrale donne un coup de frein puisque l'économie descend la côte et la banque centrale veut éviter un accident. Donc il y a un atterrissage brutal, un atterrissage en douceur, ou aucune récession et on continue sur son chemin. Donc les investisseurs doivent arrêter de scruter les taux. Si vous êtes propriétaires d'un logement avec un prêt hypothécaire, les taux sont importants, mais si vous êtes investisseur en bourse, vous détenez des parts d'une entreprise. Si cette entreprise n'a pas de dettes, les taux ne vont pas vraiment l'affecter tant que les clients continuent d'arriver. Bien sûr, il y a tout un scénario économique, les taux plus élevés réduisent la consommation, mais ce qui se passe en ce moment, c'est une phase normale du cycle d'entreprise. C'est de l'économie basique qu'on apprend à l'université. Les taux augmentent, l'économie ralentit et puis on continue. La plupart des gens s'inquiètent d'une récession. Les récessions durent typiquement 12 mois ou moins. Nous parlons d'une récession depuis deux ans. Ça commence à être un peu lassant. Une partie de cette possibilité est intégrée dans les cours du marché, que ce soit intégré à 1 % ou 150 %, je ne sais pas, mais le pessimisme à mon avis est surfait. Tournons-nous vers l'avenir. Les investisseurs scrutent le marché pour tâcher de deviner ce qui va se produire. Il y a donc le capital investissement que vous scrutez. Eh bien, les investisseurs aujourd'hui sont orientés sur le court terme. Qu'est-ce que cette compagnie va m'offrir pendant ce trimestre? Est-ce que cette compagnie a dépassé les attentes ou a déçu? Il faut réagir. Mais le capital investissement et les entreprises elles-mêmes envisagent des scénarios à plus long terme. Si vous êtes présent dans le secteur du capital investissement, que vous voulez acheter une entreprise, vous allez l'acheter pour les 50 prochaines années. Peut-être est-elle bon marché, peut-être pouvez-vous la financer à 5 %, c'est une compagnie qui est promise à une croissance à long terme, le marché ne valorise pas cette compagnie correctement, alors vous rachetez la compagnie, vous la privatisez et vous vous appropriez le flux de trésorerie pour les 50 prochaines années. Nous surveillons ce que des entreprises comme Blackstone, BlackRock et Brookfield font car ces fonds disposent d'abondants capitaux. S'ils décident de les mettre à l'œuvre, eh bien, voilà des entités qui ne croient pas que la fin du monde est pour demain et qui parient sur le long terme. Surveillez ce que fait Warren Buffett, qui a également sous la main d'importants capitaux qu'il va finir par déployer car les valorisations deviennent intéressantes pour quiconque regarde au-delà du cycle actuel. Est-ce que cela nous montre quelque chose d'intéressant à l'heure actuelle ou est-ce que les fonds sont dans l'expectative? Sans doute sont-ils dans l'expectative, mais ils ont beaucoup de capitaux à déployer. Les entreprises, par exemple, Cisco a fait une acquisition de 28 milliards de dollars, la plus importante qu'elle ait jamais faite. Ces compagnies-là ne sont pas trop inquiètes. C'était à une valorisation plus élevée par rapport aux autres compagnies, mais la compagnie a décidé de l'acheter pour les 10 prochaines années et de voir ce qui allait se produire. Je voudrais qu'il y ait un peu plus de fusions et d'acquisitions. Les introductions en bourse se produisent, les investisseurs sont disposés à financer les nouvelles compagnies, mais je voudrais voir cinq ou six rachats de compagnie le lundi matin. Autrefois, c'était comme ça, les lundis matin. Les lundis des fusions et acquisitions, c'est fini depuis quelque temps. Il y a eu Instacart en ce qui concerne les introductions en bourse. Il y a eu un emballement au début, et puis il y a eu des critiques. Comment se portent-ils? Les introductions en bourse sont souvent très médiatisées. Il y en a qui tournent bien, d'autres qui tournent moins bien, mais le fait qu'elles aient lieu, c'est un bon signe. Bien sûr, il y a tellement de spéculation pendant la première semaine en bourse, nous ignorons cela, nous voulons voir où les compagnies en sont un ou deux mois après. Mais la tolérance au risque, le goût du risque est présent, ce qui est un peu contradictoire avec le pessimisme ambiant. Un investisseur décide de vendre des parts d'une compagnie qui vient d'être introduite en bourse, ceci contredit tout à fait son inquiétude à l'égard de la situation, de la conjoncture. Nous recevons beaucoup de données. L'autre jour, l'une des sources que nous suivons de très près signifie qu'elle n'a rien de positif à dire sur quoi que ce soit. En soi, c'est positif, parce que toute nouvelle positive va donner un énorme coup de pouce. Les introductions en bourse sont toujours importantes à surveiller, mais elles représentent un secteur très réduit du marché vu l'ensemble des choses. Le mois de septembre a été fidèle à sa réputation, beaucoup de volatilité sur les marchés. Nous le disions au début. Vous avez dit qu'il ne faudrait pas prendre trop de risques. Vous surveillez les introductions en bourse pour voir où en est l'appétit de risque, mais en tant qu'investisseur, vous ne voulez pas trop risquer. Non, nous surveillons les introductions en bourse, mais nous n'y participons généralement pas. J'aimerais mieux acheter une compagnie qui a été introduite en bourse il y a 100 ans et qui a fait ses preuves. Les valorisations ont tellement changé. Si l'on exclut les sept méga compagnies des États-Unis, l'indice S&P n'a pas bougé depuis deux ans. Nous sommes dans une situation où l'on peut avoir une compagnie à capitalisation boursière de 100 milliards de dollars qui existe depuis 50 ans, qui paye des dividendes, qui n'est pas endettée, avec des valorisations très basses par rapport à la moyenne historique. Il n'est pas nécessaire d'acheter une compagnie à micro-capitalisation ou une compagnie conceptuelle ou une compagnie qui est valorisée à 1 milliard de dollars et qui n'a aucun chiffre d'affaires. Il y en a beaucoup encore de celles-là. Pourquoi ne pas acheter une compagnie établie qui a vécu cinq récessions, qui versent un dividende et qui n'a pas de dettes? Vous n'êtes pas obligés de faire preuve d'héroïsme. Il n'est pas nécessaire de parier et de prendre des risques lorsque d'autres entreprises sont valorisées à ces niveaux-là. Revenons-en au début de notre conversation. Les rendements obligataires ont augmenté, les investisseurs s'inquiètent que les taux restent plus hauts plus longtemps. Au début de l'année, beaucoup de commentateurs et les marchés eux-mêmes pensaient que nous en serions déjà à réduire les taux. S'agit-il de faire preuve de patience? Ça ne s'est pas produit aussi rapidement que prévu. Oui, si vous voulez faire preuve d'optimisme, chaque fois qu'il y a une hausse de taux, ça veut dire qu'on se rapproche du sommet par défaut. L'économie a été beaucoup plus résiliente que beaucoup de gens l'avaient prévu. Beaucoup de commentateurs prévoyaient qu'il y ait une récession. On le prédit depuis 18 mois. Les banques centrales doivent faire attention car il y a un décalage dans la répercussion de ces hausses de taux. On commence à le voir au niveau de l'optimisme des consommateurs. Les chiffres d'affaires des détaillants sont un peu médiocres, le cours du brut augmente, mais il n'y a pas d'énormes achats aux nouveaux taux. Les gens cherchent à acheter leurs produits alimentaires d'abord. Il y a un décalage, c'est la clé, mais de toute façon, c'est toujours la clé. Les investissements que vous réalisez à présent devraient vous permettre de survivre d'ici 5 ans, parce que vous ne savez pas ce qui va se produire d'ici cinq ans. C'est une question de temps. L'inflation est passée de 9 à 4 %. Elle tourne peut-être autour de 4 % et les banques centrales maintiennent les taux plus élevés plus longtemps, mais cette prise de conscience se répercute sur les marchés, lesquels commencent à s'ajuster. Les marchés ne sont pas florissants, mais il y a quelque chose de positif qui va se passer, amélioration des marges, baisse de l'inflation, peut-être baisse des taux, les rendements obligataires pourraient baisser, la Chine pourrait renouer avec la croissance; beaucoup de choses pourraient se produire, ce sont les scénarios que nous envisageons.