Les banques américaines sont prêtes à relever leurs dividendes et à racheter des actions après que la Réserve fédérale américaine a donné le feu vert à ces deux initiatives. Cela sera-t-il suffisant pour stimuler de nouveau les actions des banques? Et les banques canadiennes pourraient-elles leur emboîter le pas? Kim Parlee discute avec Monica Yeung, analyste, Services financiers mondiaux, Gestion de Placements TD.
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[MUSIQUE]
- Le fait que les 23 plus grandes banques des États-Unis ont réussi la simulation de crise haut la main et que les organismes de réglementation ont autorisé des rachats d’actions, est-ce un signal clair que tous les systèmes vont pencher pour les banques américaines?
- Eh bien, tout d’abord, merci de m’avoir invitée, Kim. Je suis heureuse d’être ici, comme toujours. C’est une grande victoire pour les banques américaines. Comme vous l’avez mentionné, toutes les plus grandes institutions financières américaines ont réussi haut la main la simulation de crise de la Fed cette année. Il s’agit d’une étape très importante, car, comme vous l’avez mentionné, ça permettra de débloquer des milliards en rachats d’actions et en dividendes. Auparavant, la Fed avait mis en place des restrictions sur le rendement du capital durant la pandémie. En raison des résultats aux simulations de crise, ces restrictions ont été levées. Et depuis le 1er juillet, les grandes banques américaines sont libres de racheter des actions et de verser des dividendes beaucoup plus importants qu’auparavant.
Je dirais que dans l’ensemble, c’est très positif pour le secteur. En gros, les organismes de réglementation ont donné une note parfaite aux banques américaines. Je crois que cela confirme que ces banques sont sûres. Elles sont solides. Elles sont robustes, bien capitalisées et résilientes.
De façon plus générale, je pense que c’est un signal que les organismes de réglementation voient la pandémie de COVID, le pire de la situation, derrière eux. De plus, nous sommes fermement en mode de reprise aux États-Unis. Tous les systèmes sont prêts par rapport à la reprise économique.
- Ce sont de bonnes nouvelles. Et vous avez passé en revue une liste de ce que vous pensez que ça montre réellement. Si vous regardez les six grandes banques aux États-Unis, y a-t-il des éléments clés qui ressortent du message ou de ce qui s’en dégage?
- Eh bien, mettons les chiffres en contexte. Comme je l’ai dit, les six grandes banques ont toutes réussi la simulation de crise de la Fed. En fait, la semaine dernière, cinq de ces six banques ont considérablement augmenté leurs dividendes, en moyenne d’environ 50 %.
Il y en a deux qui se démarquent vraiment, la première étant Morgan Stanley. Elle a très bien réussi la simulation de crise. Ses besoins en capital ont diminué. Et elle s’est donc sentie à l’aise d’augmenter ses dividendes de 100 %. Elle a également obtenu de très bons résultats dans ses activités sous-jacentes par rapport aux marchés des capitaux et à la gestion de patrimoine. Et donc, je pense que tout cela montre qu’elle est en mesure d’augmenter ses dividendes. Elle a également bonifié son programme de rachat d’actions.
De l’autre côté de la médaille, il y a Citibank. Citibank a vu ses exigences de fonds propres augmenter en raison de la simulation de crise de la Fed. Elle n’était donc pas à l’aise d’augmenter ses dividendes. Elle a donc gardé ses dividendes tels quels. Il y a donc certainement des gagnants et des perdants dans cette partie du cycle.
Je suppose que la grande question est de savoir dans quelle mesure cela est pris en compte. Vous avez parlé de quelques banques qui augmentent considérablement leurs dividendes et qui commencent les rachats d’actions. Y a-t-il autre chose qui s’en vient? Et quelle importance cela aura-t-il?
- Eh bien, je suppose que je n’ai pas mentionné les rachats d’actions. Oui, vous l’avez mentionné tout à l’heure. C’est assez important pour le secteur. En fait, si vous regardez les six grandes banques que j’ai mentionnées plus tôt, si vous regardez leur capital excédentaire aujourd’hui, elles ont la capacité de racheter jusqu’à 10 % de leurs actions en circulation. Je ne veux pas dire qu’elles vont tout faire ça. Même si elles rachètent 6 %, 7 % ou 8 %, vous ajoutez à ça une certaine croissance des prêts en 2022, peut-être des hausses de taux en 2023 ou même l’année prochaine. C’est assez important sur le plan de la croissance des bénéfices. Cela aura vraiment pour effet d’intensifier le bénéfice par action des banques américaines, et je crois que cela soutiendra les cours des actions à l’avenir.
- Quelles banques surveillez-vous, qui, selon vous, pourront vraiment tirer parti de la reprise aux États-Unis, au-delà des dividendes et des rachats d’actions?
- Un nom à surveiller, un nom que je surveille certainement, c’est Bank of America. Je sens qu’elle est un très bon baromètre de la reprise aux États-Unis pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle suscite une importante fidélité auprès des consommateurs et est donc un important prêteur dans le domaine des cartes de crédit et des prêts automobiles. Et si on pense à la reprise aux États-Unis, les consommateurs vont dépenser davantage pour les voyages, les activités de divertissement et les biens durables. Et cela va vraiment profiter à son chiffre d’affaires.
Bank of America est également la banque la plus sensible aux taux parmi les banques à grande capitalisation. En fait, un changement parallèle de 100 points de base sur la courbe des taux entraînerait une hausse de 30 % de ses bénéfices d’un seul coup. C’est donc certainement un nom à surveiller et un nom que je vais surveiller au cours des 12 prochains mois.
- Et il faudra bien sûr voir ce que la Fed fera pour que cela se produise. Mais oui, c’est un effet multiplicateur important. Et qu’est-ce que vous pensez des banques canadiennes? L’organisme de réglementation canadien ne lève pas les restrictions dans les mêmes délais que les organismes de réglementation américains. Alors que surveillez-vous de ce côté-là?
- Comme vous l’avez mentionné, à l’heure actuelle, les banques canadiennes ne sont pas en mesure d’augmenter leurs dividendes ni de racheter des actions. C’est une restriction qui est en place depuis 2020, en pleine pandémie, et le BSIF ne l’a pas encore assouplie. Je crois qu’il est très probable que cette restriction soit levée ou assouplie au cours des prochains mois. Je regarde le rythme des vaccinations au Canada, le rythme des réouvertures, et aussi les attentes d’une solide reprise économique au deuxième semestre. Et je crois qu’il serait difficile d’imaginer une situation où certaines de ces restrictions ne seraient pas assouplies.
À vrai dire, le BSIF s’est montré plutôt discret sur ses intentions. Il y a quelques raisons à ça : nous avons un nouveau surintendant qui est entré en fonction la semaine dernière, Peter Routledge. Et donc je crois qu’il voudra attendre quelques semaines, quelques mois avant de prendre cette décision. De façon plus générale, l’organisme de réglementation canadien est beaucoup plus prudent dans son approche, et lorsqu’il prend de telles décisions. Je crois donc qu’il veut que les banques canadiennes se redressent fermement avant d’assouplir les restrictions sur les rachats de dividendes.
- Ce qui, selon moi, serait dans la logique de l’histoire, compte tenu de la nature prudente du secteur financier. Il ne me reste environ qu’une minute, Monica. Selon vous, que feront les banques canadiennes lorsqu’elles auront le feu vert pour augmenter leurs dividendes, racheter des actions ou libérer une partie de ce capital?
- C’est très important, quelque chose qui pourrait être très gros pour le secteur. En fait, si l’on compare le capital excédentaire d’aujourd’hui aux minimums réglementaires, dans l’ensemble, les six grandes banques détiennent environ 50 milliards de dollars de capital excédentaire, soit environ 8 % de leur capitalisation boursière.
Je pense donc qu’elles pourraient vouloir déployer cette initiative en trois étapes. Tout d’abord, elles augmenteraient probablement leurs dividendes, elles chercheraient à investir une partie de cet argent dans des rachats d’actions et elles investiraient également dans leurs activités, tant sur le plan interne que sur le plan externe. Il y a un certain nombre de banques comme la TD et BMO qui cherchent à faire des acquisitions aux États-Unis.
- Les banques ont connu des hauts et des bas. Je rajoute rapidement cette dernière question... Pensez-vous qu’elles ont un grand potentiel de hausse du point de vue de l’évaluation?
- Pour ce qui est de l’évaluation, les actions des banques canadiennes et américaines se négocient de 11 à 12 fois les bénéfices prévus, ce qui n’est certainement pas excessif, en tout cas quand on compare ces données au reste du marché. Je pense qu’elles versent des dividendes intéressants. Plus important encore, elles affichent une très solide croissance des bénéfices pour plusieurs des raisons dont nous avons parlé plus tôt aujourd’hui. Nous restons donc très optimistes à l’égard du secteur bancaire, tant au Canada qu’aux États-Unis.
- Monica, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Merci beaucoup.
- Merci de m’avoir invitée.
[MUSIQUE]
- Le fait que les 23 plus grandes banques des États-Unis ont réussi la simulation de crise haut la main et que les organismes de réglementation ont autorisé des rachats d’actions, est-ce un signal clair que tous les systèmes vont pencher pour les banques américaines?
- Eh bien, tout d’abord, merci de m’avoir invitée, Kim. Je suis heureuse d’être ici, comme toujours. C’est une grande victoire pour les banques américaines. Comme vous l’avez mentionné, toutes les plus grandes institutions financières américaines ont réussi haut la main la simulation de crise de la Fed cette année. Il s’agit d’une étape très importante, car, comme vous l’avez mentionné, ça permettra de débloquer des milliards en rachats d’actions et en dividendes. Auparavant, la Fed avait mis en place des restrictions sur le rendement du capital durant la pandémie. En raison des résultats aux simulations de crise, ces restrictions ont été levées. Et depuis le 1er juillet, les grandes banques américaines sont libres de racheter des actions et de verser des dividendes beaucoup plus importants qu’auparavant.
Je dirais que dans l’ensemble, c’est très positif pour le secteur. En gros, les organismes de réglementation ont donné une note parfaite aux banques américaines. Je crois que cela confirme que ces banques sont sûres. Elles sont solides. Elles sont robustes, bien capitalisées et résilientes.
De façon plus générale, je pense que c’est un signal que les organismes de réglementation voient la pandémie de COVID, le pire de la situation, derrière eux. De plus, nous sommes fermement en mode de reprise aux États-Unis. Tous les systèmes sont prêts par rapport à la reprise économique.
- Ce sont de bonnes nouvelles. Et vous avez passé en revue une liste de ce que vous pensez que ça montre réellement. Si vous regardez les six grandes banques aux États-Unis, y a-t-il des éléments clés qui ressortent du message ou de ce qui s’en dégage?
- Eh bien, mettons les chiffres en contexte. Comme je l’ai dit, les six grandes banques ont toutes réussi la simulation de crise de la Fed. En fait, la semaine dernière, cinq de ces six banques ont considérablement augmenté leurs dividendes, en moyenne d’environ 50 %.
Il y en a deux qui se démarquent vraiment, la première étant Morgan Stanley. Elle a très bien réussi la simulation de crise. Ses besoins en capital ont diminué. Et elle s’est donc sentie à l’aise d’augmenter ses dividendes de 100 %. Elle a également obtenu de très bons résultats dans ses activités sous-jacentes par rapport aux marchés des capitaux et à la gestion de patrimoine. Et donc, je pense que tout cela montre qu’elle est en mesure d’augmenter ses dividendes. Elle a également bonifié son programme de rachat d’actions.
De l’autre côté de la médaille, il y a Citibank. Citibank a vu ses exigences de fonds propres augmenter en raison de la simulation de crise de la Fed. Elle n’était donc pas à l’aise d’augmenter ses dividendes. Elle a donc gardé ses dividendes tels quels. Il y a donc certainement des gagnants et des perdants dans cette partie du cycle.
Je suppose que la grande question est de savoir dans quelle mesure cela est pris en compte. Vous avez parlé de quelques banques qui augmentent considérablement leurs dividendes et qui commencent les rachats d’actions. Y a-t-il autre chose qui s’en vient? Et quelle importance cela aura-t-il?
- Eh bien, je suppose que je n’ai pas mentionné les rachats d’actions. Oui, vous l’avez mentionné tout à l’heure. C’est assez important pour le secteur. En fait, si vous regardez les six grandes banques que j’ai mentionnées plus tôt, si vous regardez leur capital excédentaire aujourd’hui, elles ont la capacité de racheter jusqu’à 10 % de leurs actions en circulation. Je ne veux pas dire qu’elles vont tout faire ça. Même si elles rachètent 6 %, 7 % ou 8 %, vous ajoutez à ça une certaine croissance des prêts en 2022, peut-être des hausses de taux en 2023 ou même l’année prochaine. C’est assez important sur le plan de la croissance des bénéfices. Cela aura vraiment pour effet d’intensifier le bénéfice par action des banques américaines, et je crois que cela soutiendra les cours des actions à l’avenir.
- Quelles banques surveillez-vous, qui, selon vous, pourront vraiment tirer parti de la reprise aux États-Unis, au-delà des dividendes et des rachats d’actions?
- Un nom à surveiller, un nom que je surveille certainement, c’est Bank of America. Je sens qu’elle est un très bon baromètre de la reprise aux États-Unis pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle suscite une importante fidélité auprès des consommateurs et est donc un important prêteur dans le domaine des cartes de crédit et des prêts automobiles. Et si on pense à la reprise aux États-Unis, les consommateurs vont dépenser davantage pour les voyages, les activités de divertissement et les biens durables. Et cela va vraiment profiter à son chiffre d’affaires.
Bank of America est également la banque la plus sensible aux taux parmi les banques à grande capitalisation. En fait, un changement parallèle de 100 points de base sur la courbe des taux entraînerait une hausse de 30 % de ses bénéfices d’un seul coup. C’est donc certainement un nom à surveiller et un nom que je vais surveiller au cours des 12 prochains mois.
- Et il faudra bien sûr voir ce que la Fed fera pour que cela se produise. Mais oui, c’est un effet multiplicateur important. Et qu’est-ce que vous pensez des banques canadiennes? L’organisme de réglementation canadien ne lève pas les restrictions dans les mêmes délais que les organismes de réglementation américains. Alors que surveillez-vous de ce côté-là?
- Comme vous l’avez mentionné, à l’heure actuelle, les banques canadiennes ne sont pas en mesure d’augmenter leurs dividendes ni de racheter des actions. C’est une restriction qui est en place depuis 2020, en pleine pandémie, et le BSIF ne l’a pas encore assouplie. Je crois qu’il est très probable que cette restriction soit levée ou assouplie au cours des prochains mois. Je regarde le rythme des vaccinations au Canada, le rythme des réouvertures, et aussi les attentes d’une solide reprise économique au deuxième semestre. Et je crois qu’il serait difficile d’imaginer une situation où certaines de ces restrictions ne seraient pas assouplies.
À vrai dire, le BSIF s’est montré plutôt discret sur ses intentions. Il y a quelques raisons à ça : nous avons un nouveau surintendant qui est entré en fonction la semaine dernière, Peter Routledge. Et donc je crois qu’il voudra attendre quelques semaines, quelques mois avant de prendre cette décision. De façon plus générale, l’organisme de réglementation canadien est beaucoup plus prudent dans son approche, et lorsqu’il prend de telles décisions. Je crois donc qu’il veut que les banques canadiennes se redressent fermement avant d’assouplir les restrictions sur les rachats de dividendes.
- Ce qui, selon moi, serait dans la logique de l’histoire, compte tenu de la nature prudente du secteur financier. Il ne me reste environ qu’une minute, Monica. Selon vous, que feront les banques canadiennes lorsqu’elles auront le feu vert pour augmenter leurs dividendes, racheter des actions ou libérer une partie de ce capital?
- C’est très important, quelque chose qui pourrait être très gros pour le secteur. En fait, si l’on compare le capital excédentaire d’aujourd’hui aux minimums réglementaires, dans l’ensemble, les six grandes banques détiennent environ 50 milliards de dollars de capital excédentaire, soit environ 8 % de leur capitalisation boursière.
Je pense donc qu’elles pourraient vouloir déployer cette initiative en trois étapes. Tout d’abord, elles augmenteraient probablement leurs dividendes, elles chercheraient à investir une partie de cet argent dans des rachats d’actions et elles investiraient également dans leurs activités, tant sur le plan interne que sur le plan externe. Il y a un certain nombre de banques comme la TD et BMO qui cherchent à faire des acquisitions aux États-Unis.
- Les banques ont connu des hauts et des bas. Je rajoute rapidement cette dernière question... Pensez-vous qu’elles ont un grand potentiel de hausse du point de vue de l’évaluation?
- Pour ce qui est de l’évaluation, les actions des banques canadiennes et américaines se négocient de 11 à 12 fois les bénéfices prévus, ce qui n’est certainement pas excessif, en tout cas quand on compare ces données au reste du marché. Je pense qu’elles versent des dividendes intéressants. Plus important encore, elles affichent une très solide croissance des bénéfices pour plusieurs des raisons dont nous avons parlé plus tôt aujourd’hui. Nous restons donc très optimistes à l’égard du secteur bancaire, tant au Canada qu’aux États-Unis.
- Monica, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Merci beaucoup.
- Merci de m’avoir invitée.
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