
Cent jours après l’invasion russe en Ukraine, la sécurité énergétique est devenue un thème dominant sur le marché. Kim Parlee reçoit Craig Buckley, directeur de l’équipe responsable de la dette privée à Gestion de Placements TD, pour discuter des répercussions du conflit sur les placements liés aux facteurs ESG et des occasions dans le secteur de l’énergie renouvelable.
L’énergie renouvelable et les facteurs ESG attirent beaucoup d’attention depuis quelques années, mais encore plus depuis le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Les gens s’intéressent davantage à la provenance et à la source de leur énergie. Craig Buckley est vice-président et directeur de l’équipe responsable de la dette privée à Gestion de Placements TD, qui travaille dans ce domaine depuis longtemps. C’est notre invité aujourd’hui.
Craig, on va parler des données fondamentales dans un instant, mais le conflit entre la Russie et l’Ukraine a vraiment braqué les projecteurs sur l’énergie.
Oui, Kim. Les événements tragiques en Ukraine ont vraiment attiré l’attention sur la source et l’utilisation des combustibles fossiles. On observe de lourdes répercussions économiques, une grimpée du pétrole et du gaz, et c’est l’Europe qui en ressent le plus les effets. L’Allemagne produisait déjà de l’énergie éolienne en mer à des prix économiquement viables avant la récente flambée des prix. Ça veut dire que la technologie existe.
Dans le monde, 90 % de l’énergie provient toujours de sources non renouvelables. Il reste donc beaucoup de chemin à parcourir.
Justement, parlons-en. Je crois que c’est précisément pour ça que vous vous intéressez tant aux fondamentaux et à ces 90 %. Parlez-nous des données fondamentales et des raisons pour lesquelles vous voyez de belles opportunités.
Oui. D’abord, il y a réellement un besoin. On a effleuré le sujet de la géopolitique. Le changement climatique est bien réel. Il est là. Et ces projets sont vraiment cruciaux pour relever ces défis. Je trouve que c’est un sujet intéressant. J’ai travaillé dans le secteur pendant près de 15 ans. Les projets ont considérablement pris de l’ampleur - Une éolienne produit désormais 10 fois plus d’énergie qu’auparavant.
Du point de vue de l’investissement, ces projets nécessitent au départ énormément de capitaux. Et il faut 20 ans, 30 ans et parfois plus pour les rentabiliser. La dette privée est une source de capital idéale pour financer ces projets.
Craig, l’exemple des éoliennes est fascinant. C’est incroyable que l’on ait multiplié l’efficacité par 10. Avez-vous d’autres exemples de projets sur lesquels vous avez travaillé?
Oui. Pour ma part, j’ai travaillé sur l’énergie éolienne en mer et côtière, les fermes de panneaux solaires, les panneaux solaires au sol et les toitures solaires en zone urbaine. Quelques exemples : d’abord, le plus important projet éolien en mer au monde. Le parc éolien en mer Hornsea, situé à 100 kilomètres de la côte Est du Royaume-Uni.
C’est un parc de 1,2 GW mis au point par le plus grand développeur mondial d’énergie éolienne en mer, une société danoise spécialisée dans ce secteur depuis plus de 25 ans. C’est un excellent partenaire pour ce projet complexe. Il s’agit évidemment d’une région très venteuse de la mer du Nord. C’est la situation idéale pour le projet. Le parc produit maintenant 1,2 gigawatt, ce qui permet d’alimenter plus d’un million de foyers au Royaume-Uni. Ça comble donc une part importante des besoins du pays.
Plus près de nous, on a travaillé sur des projets solaires sur les toits des immeubles. Les toits des édifices sont peu utilisés. On y a donc installé des panneaux solaires pour combler les besoins locaux. C’est un projet de moindre ampleur, mais les deux sont très intéressants.
Je pense à la logistique... Pour installer des panneaux sur les toits, il faut respecter les réglementations, obtenir des autorisations municipales, etc. J’imagine que ces projets sont assez complexes en ce moment. À quels défis devez-vous vous préparer quand vous travaillez sur ces projets?
Vous avez raison. On a dit que les éoliennes produisent 10 fois plus d’énergie qu’avant. C’est un énorme bond technologique. On passe beaucoup de temps à travailler avec des ingénieurs pour étudier la technologie.
On regarde où peuvent fonctionner les éoliennes et les champs de panneaux solaires. Les conditions climatiques sont très différentes. Il y a le risque de formation de glace sur les pales. Ou d’enneigement des panneaux. Tous ces facteurs peuvent empêcher la technologie de fonctionner, ce qui signifie que l’énergie n’est pas produite, ce qui entraîne un risque financier lié au remboursement des dettes. On doit donc travailler avec les ingénieurs. Et on réfléchit à la structure financière et aux mesures d’atténuation technologiques pour surmonter ces difficultés.
On se heurte aussi aux problèmes d’approvisionnement, comme ailleurs. Notre secteur n’est pas à l’abri. On collabore avec des développeurs qui ont beaucoup de projets en préparation pour atténuer ce risque.
Craig, parlons un peu du point de vue des investisseurs. À quoi peuvent-ils s’attendre?
Oui. À des rendements plus élevés que ceux des titres à revenu fixe publics équivalents. Mais c’est aussi parce que ce sont des investissements solides et à long terme. On traite généralement avec des contreparties gouvernementales, des services publics, de grandes sociétés. Ce sont des placements très stables à long terme alors que l’on est dans un contexte très volatil, surtout ces derniers mois. On est donc fiers de la stabilité de nos rendements.
Pour ce qui est des facteurs ESG, j’aimerais simplement mentionner que l’on mène une analyse des facteurs ESG pour tous nos placements. C’est un volet important de notre analyse. Nos perspectives sont plutôt bonnes.
On investit dans des infrastructures sociales, dans des bâtiments écoénergétiques, des projets de remplacement de véhicules. Mais l’énergie renouvelable, qui occupe une grande place dans notre portefeuille, c’est ce qu’on fait de plus écologique. Il me semble absolument essentiel d’investir dans l’objectif de carboneutralité.
Je crois que ce qui intéresse les gens en ce moment, compte tenu de tout ce qui se passe dans le monde, ce sont les perspectives liées aux énergies renouvelables et au changement structurel fondamental qui s’opère. Quelles sont les perspectives?
Oui. À court terme, une expansion et une amélioration. On a parlé de la puissance des éoliennes. Les technologies actuelles fonctionnent. Et il faudra investir massivement dans l’énergie solaire et éolienne à court terme.
Si vous me le permettez, je vais parler de nouvelles technologies que l’on surveille de près. D’abord l’hydrogène. Donc, l’hydrogène... Quand on le brûle, si vous vous souvenez de vos cours de chimie, on obtient de l’eau. C’est très positif pour le respect de l’environnement.
Ensuite, les batteries - pas les batteries des voitures d’Elon Musk, mais les grosses batteries des services publics que l’on trouve dans les parcs éoliens. Quand le vent souffle pendant la nuit, on n’a pas besoin de cette énergie, et on peut la conserver pour l’utiliser le lendemain. C’est un outil très puissant si l’on veut atteindre la carboneutralité et améliorer l’efficacité.
L’énergie nucléaire est très intéressante, même si elle fait débat. Je pencherais en faveur d’installations plus petites et plus modulaires. Dans la mesure où on peut les déployer en toute sécurité - et on a déjà bien avancé sur ce terrain - c’est selon moi une pièce très importante du casse-tête.
Excellente conversation, Craig. Merci encore d’avoir été des nôtres.
Merci, Kim.
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