Avec l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie, les cinémas rouvrent leurs portes, ce qui aide à faire monter les ventes de billets. Anthony Okolie et Andriy Yastreb, analyste, Télécommunications et Médias, Gestion de Placements TD, discutent de ce que la réouverture de l’économie signifie pour la croissance du nombre d’abonnés aux services de diffusion en continu à l’avenir.
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[MUSIQUE]
Andriy, Netflix et Disney ont tous deux publié leurs résultats trimestriels. Mais avant d’aborder les résultats, comment les services de diffusion en continu se sont-ils comportés par rapport à l’ensemble du marché cette année?
Bonjour, Tony. Jusqu’à présent, les services de diffusion en continu sont à la traîne. Sur ce graphique, on voit que Netflix et Disney, les deux principales plateformes, sont en recul depuis le début de l’année. Et même certains nouveaux venus dans ce secteur, comme Viacom, CBS et Discovery, qui s’étaient fortement redressés en début d’année, sont toujours à la traîne par rapport au S&P 500 qui a grimpé de près de 19 % depuis janvier.
Andriy, l’une des mesures clés que les analystes et les investisseurs surveillent de près pendant la période d’annonce des bénéfices, c’est le nombre net de nouveaux abonnés. Netflix et Disney ont tous deux surpassé les attentes. Mais ce chiffre reste en baisse sur 12 mois. Et comme tu l’as dit, le rendement des actions est décevant. Quel est ton point de vue sur ces derniers résultats?
Oui, c’est l’une des principales raisons de la contre-performance de cette année. Si on regarde le nombre net de nouveaux abonnés depuis janvier, les résultats étaient inférieurs aux attentes au premier trimestre, mais supérieurs au deuxième trimestre. Mais au premier semestre, pour ces deux plateformes, le nombre net de nouveaux abonnés a globalement reculé sur 12 mois. Et pour Netflix, la chute est assez raide. Disney poursuit sa croissance sur les marchés émergents, mais ce sont surtout des marchés où le revenu mensuel moyen par abonné ne dépasse pas 1 $. Et sur les marchés développés, la croissance est en net repli.
Deux facteurs entrent en jeu. D’abord, il semble que la COVID et le confinement de l’année dernière ont accéléré les décisions d’abonnement l’an dernier. Certains consommateurs qui auraient attendu 2021 pour s’abonner ont décidé de le faire en 2020 parce qu’ils étaient coincés chez eux et qu’ils n’avaient rien d’autre à faire.
Et qu’en est-il des difficultés pour produire de nouveaux contenus, et du potentiel d’acquisition d’abonnés à l’échelle mondiale?
Oui, Tony. C’est le deuxième facteur, car la COVID n’a pas seulement perturbé l’expérience des consommateurs. Elle a aussi perturbé la production de nouveau contenu l’année dernière. Et donc, au premier semestre de cette année, il y a eu moins de nouveaux contenus attrayants sur Disney et Netflix. De ce fait, 2021 va faire office de test et va permettre de savoir si le contenu est réellement le principal facteur d’augmentation du nombre d’abonnés, parce que beaucoup d’émissions et de films dont le tournage a été reporté l’année dernière commencent maintenant à arriver sur les services de diffusion en continu. Et il y aura bien plus de nouveaux contenus au deuxième semestre.
Netflix, par exemple, a annoncé la sortie de nouvelles saisons de Money Heist, Stranger Things, Witcher. Et, bien sûr, la sortie de nouveaux contenus. Reste à voir si cela aidera ces sociétés à dépasser les attentes et à rallier de nouveaux abonnés.
Cela dit, je tiens tout de même à souligner qu’à long terme, la thèse n’a pas changé. Il y a encore des centaines de millions de personnes dans le monde qui sont abonnées à l’Internet haute vitesse mais qui ne sont pas encore abonnées à Netflix et Disney. Et je pense que chaque année, une partie d’entre elles décideront de s’abonner à ces services de vidéo.
Quelles seront les conséquences de la réouverture des économies et des salles de cinéma pour le secteur de la diffusion en continu?
Pour ce qui est du cinéma, je crois que les répercussions seront négligeables. Si vous regardez les statistiques d’avant la COVID, l’Américain moyen allait au cinéma quatre fois par an, tandis que l’abonné moyen de Netflix regardait deux heures de vidéo par jour. Ce n’est pas le même profil de consommation. En plus, Netflix propose beaucoup plus d’émissions que de films. Je pense donc que la réouverture n’aura pas beaucoup d’effet sur le secteur. Les publics cibles et les objectifs sont très différents.
Mais je crois que des sociétés comme Disney+ ou HBO Max pourraient être touchées, parce qu’elles devront décider si elles lanceront les films en salles ou sur leurs plateformes de diffusion en continu, comme elles l’ont fait pendant la pandémie. Et si elles décident de sortir ces films en salles, certaines plateformes souffriront d’un manque de nouveaux contenus attrayants qui pourraient attirer de nouveaux abonnés. Mais je pense que ce sera marginal et propre à certaines entreprises.
D’accord. Tu as parlé du potentiel d’acquisition d’abonnés à l’échelle mondiale. Qu’anticipes-tu pour le secteur de la diffusion en continu dans les 12 prochains mois?
Comme je l’ai dit, je pense que la croissance de ce secteur est un phénomène de longue haleine.
Comme Disney l’a dit cette semaine : « Nous sommes dans la première manche de la première rencontre d’une très longue saison ». Pour prendre un exemple, Netflix compte un peu plus de 200 millions d’abonnés, mais on sait que plus de 700 millions de ménages sont abonnés à l’Internet haute vitesse, sans compter la Chine.
À mon avis, les perspectives à long terme sont solides. Pour ce qui est des 12 prochains mois, tant que ces sociétés produiront et sortiront de nouveaux contenus qui donnent envie aux gens de regarder quelque chose, je crois que tout ira bien. Mais bien sûr, tout dépend de la COVID et de la survenue d’éventuelles perturbations.
Andriy, merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions.
Merci, Tony.
[MUSIQUE]
Andriy, Netflix et Disney ont tous deux publié leurs résultats trimestriels. Mais avant d’aborder les résultats, comment les services de diffusion en continu se sont-ils comportés par rapport à l’ensemble du marché cette année?
Bonjour, Tony. Jusqu’à présent, les services de diffusion en continu sont à la traîne. Sur ce graphique, on voit que Netflix et Disney, les deux principales plateformes, sont en recul depuis le début de l’année. Et même certains nouveaux venus dans ce secteur, comme Viacom, CBS et Discovery, qui s’étaient fortement redressés en début d’année, sont toujours à la traîne par rapport au S&P 500 qui a grimpé de près de 19 % depuis janvier.
Andriy, l’une des mesures clés que les analystes et les investisseurs surveillent de près pendant la période d’annonce des bénéfices, c’est le nombre net de nouveaux abonnés. Netflix et Disney ont tous deux surpassé les attentes. Mais ce chiffre reste en baisse sur 12 mois. Et comme tu l’as dit, le rendement des actions est décevant. Quel est ton point de vue sur ces derniers résultats?
Oui, c’est l’une des principales raisons de la contre-performance de cette année. Si on regarde le nombre net de nouveaux abonnés depuis janvier, les résultats étaient inférieurs aux attentes au premier trimestre, mais supérieurs au deuxième trimestre. Mais au premier semestre, pour ces deux plateformes, le nombre net de nouveaux abonnés a globalement reculé sur 12 mois. Et pour Netflix, la chute est assez raide. Disney poursuit sa croissance sur les marchés émergents, mais ce sont surtout des marchés où le revenu mensuel moyen par abonné ne dépasse pas 1 $. Et sur les marchés développés, la croissance est en net repli.
Deux facteurs entrent en jeu. D’abord, il semble que la COVID et le confinement de l’année dernière ont accéléré les décisions d’abonnement l’an dernier. Certains consommateurs qui auraient attendu 2021 pour s’abonner ont décidé de le faire en 2020 parce qu’ils étaient coincés chez eux et qu’ils n’avaient rien d’autre à faire.
Et qu’en est-il des difficultés pour produire de nouveaux contenus, et du potentiel d’acquisition d’abonnés à l’échelle mondiale?
Oui, Tony. C’est le deuxième facteur, car la COVID n’a pas seulement perturbé l’expérience des consommateurs. Elle a aussi perturbé la production de nouveau contenu l’année dernière. Et donc, au premier semestre de cette année, il y a eu moins de nouveaux contenus attrayants sur Disney et Netflix. De ce fait, 2021 va faire office de test et va permettre de savoir si le contenu est réellement le principal facteur d’augmentation du nombre d’abonnés, parce que beaucoup d’émissions et de films dont le tournage a été reporté l’année dernière commencent maintenant à arriver sur les services de diffusion en continu. Et il y aura bien plus de nouveaux contenus au deuxième semestre.
Netflix, par exemple, a annoncé la sortie de nouvelles saisons de Money Heist, Stranger Things, Witcher. Et, bien sûr, la sortie de nouveaux contenus. Reste à voir si cela aidera ces sociétés à dépasser les attentes et à rallier de nouveaux abonnés.
Cela dit, je tiens tout de même à souligner qu’à long terme, la thèse n’a pas changé. Il y a encore des centaines de millions de personnes dans le monde qui sont abonnées à l’Internet haute vitesse mais qui ne sont pas encore abonnées à Netflix et Disney. Et je pense que chaque année, une partie d’entre elles décideront de s’abonner à ces services de vidéo.
Quelles seront les conséquences de la réouverture des économies et des salles de cinéma pour le secteur de la diffusion en continu?
Pour ce qui est du cinéma, je crois que les répercussions seront négligeables. Si vous regardez les statistiques d’avant la COVID, l’Américain moyen allait au cinéma quatre fois par an, tandis que l’abonné moyen de Netflix regardait deux heures de vidéo par jour. Ce n’est pas le même profil de consommation. En plus, Netflix propose beaucoup plus d’émissions que de films. Je pense donc que la réouverture n’aura pas beaucoup d’effet sur le secteur. Les publics cibles et les objectifs sont très différents.
Mais je crois que des sociétés comme Disney+ ou HBO Max pourraient être touchées, parce qu’elles devront décider si elles lanceront les films en salles ou sur leurs plateformes de diffusion en continu, comme elles l’ont fait pendant la pandémie. Et si elles décident de sortir ces films en salles, certaines plateformes souffriront d’un manque de nouveaux contenus attrayants qui pourraient attirer de nouveaux abonnés. Mais je pense que ce sera marginal et propre à certaines entreprises.
D’accord. Tu as parlé du potentiel d’acquisition d’abonnés à l’échelle mondiale. Qu’anticipes-tu pour le secteur de la diffusion en continu dans les 12 prochains mois?
Comme je l’ai dit, je pense que la croissance de ce secteur est un phénomène de longue haleine.
Comme Disney l’a dit cette semaine : « Nous sommes dans la première manche de la première rencontre d’une très longue saison ». Pour prendre un exemple, Netflix compte un peu plus de 200 millions d’abonnés, mais on sait que plus de 700 millions de ménages sont abonnés à l’Internet haute vitesse, sans compter la Chine.
À mon avis, les perspectives à long terme sont solides. Pour ce qui est des 12 prochains mois, tant que ces sociétés produiront et sortiront de nouveaux contenus qui donnent envie aux gens de regarder quelque chose, je crois que tout ira bien. Mais bien sûr, tout dépend de la COVID et de la survenue d’éventuelles perturbations.
Andriy, merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions.
Merci, Tony.
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