Durant la pandémie, le crédit renouvelable a perdu de son attrait auprès des consommateurs, les Américains délaissant la carte de crédit au profit de l’argent comptant et de la carte de débit pour leurs dépenses quotidiennes. Anthony Okolie s’entretient avec Maria Solovieva, économiste, Groupe Banque TD, pour savoir si le crédit renouvelable peut regagner en popularité.
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[MUSIQUE]
Maria, dans votre récent rapport, vous parlez du déclin du crédit à la consommation renouvelable aux États-Unis durant la pandémie. Tout d’abord, qu’entendez-vous par crédit à la consommation renouvelable? Et qu’est-ce qui a entraîné ce déclin?
En termes généraux, le crédit à la consommation est simplement les fonds empruntés par les ménages pour acheter des biens et des services. Il y a deux sous-catégories de crédit à la consommation : renouvelable et non renouvelable. Le crédit non renouvelable (remboursable par versements) a une durée et un objectif clair. Les prêts-autos en sont un très bon exemple. Et vous remboursez ces prêts en versements égaux.
Le crédit renouvelable, lui, ne requiert aucune raison particulière d’emprunter. Vous avez simplement plus de fonds à votre disposition. Il n’est pas nécessaire de payer par versements. Vous ne payez que le paiement minimum. Les cartes de crédit sont un très bon exemple de crédit renouvelable.
Dans notre rapport, nous mettons l’accent sur le crédit renouvelable, qui est en baisse depuis mars 2020, soit depuis le début de la pandémie. Deux facteurs importants ont joué un rôle dans le déclin du crédit renouvelable. La première c’est la réduction des dépenses pour des services. La deuxième c’est les programmes de soutien très généreux qui aident les ménages à rembourser leur crédit.
Vous attribuez également la baisse de la demande de crédit aux différents comportements des ménages à revenu élevé et à faible revenu. Qu’est-ce que vous entendez par là?
C’est exact, Anthony. Les deux facteurs que j’ai mentionnés peuvent donc être attribués de façon générale au comportement de deux types de ménages. Nous savons donc que les programmes de [COUPURE AUDIO] au revenu étaient très innovants et ciblaient les ménages à faible revenu qui étaient plus susceptibles de participer à des programmes de report de paiements et de reporter leurs versements hypothécaires et leurs paiements de prêt étudiant. Ces programmes ont donc joué un rôle très important pour aider ces ménages à rembourser leurs cartes de crédit.
En revanche, ils étaient moins importants dans les demandes de crédit des ménages à revenu élevé. Ce qui est plus important pour les ménages à revenu élevé était la réduction de la consommation de services. Certaines catégories, comme les voyages, les loisirs, les restaurants et les hôtels sont très difficiles à remplacer par des solutions de rechange virtuelles. Je ne vois vraiment rien qui puisse remplacer un voyage dans les Caraïbes ou le plaisir d’aller voir le New York City Ballet et d’admirer Tiler Peck sur scène.
Aussi, ces catégories représentent une portion disproportionnée de la consommation des ménages à revenu élevé. Ce qui s’est produit, c’est que le déclin très marqué et persistant dans ces catégories de dépenses a engendré un déclin très marqué et persistant des soldes des cartes de crédit servant à financer ces dépenses.
C’est très intéressant. Croyez-vous que ce déclin est temporaire? Ou est-ce plutôt une tendance à long terme?
Oui, nous pensons qu’il s’agit d’un déclin temporaire. Ce qui s’est produit dans ce « cycle de crédit » c’est que la limite de crédit des cartes de crédit est demeurée la même. Les soldes reflètent donc le fait que les remboursements de crédit ont réduit l’utilisation du crédit.
Mais, historiquement, l’utilisation du crédit demeure très stable au fil du temps. Nous prévoyons donc un retour à l’équilibre à un moment donné. La question la plus importante est de savoir quand. Et nous pensons que lorsque les programmes gouvernementaux se termineront nous verrons également une augmentation de l’utilisation des du crédit.
Certains ont aussi parlé de l’épargne excédentaire que les gens ont accumulée durant la pandémie. Selon vous, quelle incidence cela aura-t-il sur le rythme de la reprise du crédit à la consommation?
Oui, bien sûr. Ces économies freineront certainement la reprise du crédit à la consommation.
De toute évidence, pour une raison bien simple, les gens disposent de liquidités plutôt que de crédit pour financer ces achats.
Ce que certaines données à haute fréquence révèlent c’est que les consommateurs dépensent plus en location de voitures, en voyages et en restaurant. Ils achètent avec leurs cartes de débit. Les achats par carte de débit dans ces catégories ont augmenté et ont atteint en mars 50 % au-dessus du niveau d’avant la pandémie, tandis que les mêmes dépenses sur carte de crédit était toujours 40 % au-dessous de ce niveau.
Quelles sont vos perspectives à l’égard du crédit à la consommation aux États-Unis à long terme?
Nous nous attendons à ce que le crédit à la consommation connaisse une reprise durant la deuxième moitié de 2021, en particulier pour le crédit renouvelable. Mais dans l’ensemble, nous prévoyons que le crédit à la consommation restera peut-être stable ou à la hausse en 2021. Pour ce qui est du crédit renouvelable, quand les dépenses pour les services augmentent, l’économie s’ouvre, et c’est alors que nous verrons une remontée du crédit renouvelable. Il faudra probablement environ un an pour que le crédit renouvelable atteigne son niveau d’avant la pandémie.
Maria, beaucoup du temps que vous nous avez accordé.
Ça m’a fait plaisir. Merci à vous.
[MUSIQUE]
Maria, dans votre récent rapport, vous parlez du déclin du crédit à la consommation renouvelable aux États-Unis durant la pandémie. Tout d’abord, qu’entendez-vous par crédit à la consommation renouvelable? Et qu’est-ce qui a entraîné ce déclin?
En termes généraux, le crédit à la consommation est simplement les fonds empruntés par les ménages pour acheter des biens et des services. Il y a deux sous-catégories de crédit à la consommation : renouvelable et non renouvelable. Le crédit non renouvelable (remboursable par versements) a une durée et un objectif clair. Les prêts-autos en sont un très bon exemple. Et vous remboursez ces prêts en versements égaux.
Le crédit renouvelable, lui, ne requiert aucune raison particulière d’emprunter. Vous avez simplement plus de fonds à votre disposition. Il n’est pas nécessaire de payer par versements. Vous ne payez que le paiement minimum. Les cartes de crédit sont un très bon exemple de crédit renouvelable.
Dans notre rapport, nous mettons l’accent sur le crédit renouvelable, qui est en baisse depuis mars 2020, soit depuis le début de la pandémie. Deux facteurs importants ont joué un rôle dans le déclin du crédit renouvelable. La première c’est la réduction des dépenses pour des services. La deuxième c’est les programmes de soutien très généreux qui aident les ménages à rembourser leur crédit.
Vous attribuez également la baisse de la demande de crédit aux différents comportements des ménages à revenu élevé et à faible revenu. Qu’est-ce que vous entendez par là?
C’est exact, Anthony. Les deux facteurs que j’ai mentionnés peuvent donc être attribués de façon générale au comportement de deux types de ménages. Nous savons donc que les programmes de [COUPURE AUDIO] au revenu étaient très innovants et ciblaient les ménages à faible revenu qui étaient plus susceptibles de participer à des programmes de report de paiements et de reporter leurs versements hypothécaires et leurs paiements de prêt étudiant. Ces programmes ont donc joué un rôle très important pour aider ces ménages à rembourser leurs cartes de crédit.
En revanche, ils étaient moins importants dans les demandes de crédit des ménages à revenu élevé. Ce qui est plus important pour les ménages à revenu élevé était la réduction de la consommation de services. Certaines catégories, comme les voyages, les loisirs, les restaurants et les hôtels sont très difficiles à remplacer par des solutions de rechange virtuelles. Je ne vois vraiment rien qui puisse remplacer un voyage dans les Caraïbes ou le plaisir d’aller voir le New York City Ballet et d’admirer Tiler Peck sur scène.
Aussi, ces catégories représentent une portion disproportionnée de la consommation des ménages à revenu élevé. Ce qui s’est produit, c’est que le déclin très marqué et persistant dans ces catégories de dépenses a engendré un déclin très marqué et persistant des soldes des cartes de crédit servant à financer ces dépenses.
C’est très intéressant. Croyez-vous que ce déclin est temporaire? Ou est-ce plutôt une tendance à long terme?
Oui, nous pensons qu’il s’agit d’un déclin temporaire. Ce qui s’est produit dans ce « cycle de crédit » c’est que la limite de crédit des cartes de crédit est demeurée la même. Les soldes reflètent donc le fait que les remboursements de crédit ont réduit l’utilisation du crédit.
Mais, historiquement, l’utilisation du crédit demeure très stable au fil du temps. Nous prévoyons donc un retour à l’équilibre à un moment donné. La question la plus importante est de savoir quand. Et nous pensons que lorsque les programmes gouvernementaux se termineront nous verrons également une augmentation de l’utilisation des du crédit.
Certains ont aussi parlé de l’épargne excédentaire que les gens ont accumulée durant la pandémie. Selon vous, quelle incidence cela aura-t-il sur le rythme de la reprise du crédit à la consommation?
Oui, bien sûr. Ces économies freineront certainement la reprise du crédit à la consommation.
De toute évidence, pour une raison bien simple, les gens disposent de liquidités plutôt que de crédit pour financer ces achats.
Ce que certaines données à haute fréquence révèlent c’est que les consommateurs dépensent plus en location de voitures, en voyages et en restaurant. Ils achètent avec leurs cartes de débit. Les achats par carte de débit dans ces catégories ont augmenté et ont atteint en mars 50 % au-dessus du niveau d’avant la pandémie, tandis que les mêmes dépenses sur carte de crédit était toujours 40 % au-dessous de ce niveau.
Quelles sont vos perspectives à l’égard du crédit à la consommation aux États-Unis à long terme?
Nous nous attendons à ce que le crédit à la consommation connaisse une reprise durant la deuxième moitié de 2021, en particulier pour le crédit renouvelable. Mais dans l’ensemble, nous prévoyons que le crédit à la consommation restera peut-être stable ou à la hausse en 2021. Pour ce qui est du crédit renouvelable, quand les dépenses pour les services augmentent, l’économie s’ouvre, et c’est alors que nous verrons une remontée du crédit renouvelable. Il faudra probablement environ un an pour que le crédit renouvelable atteigne son niveau d’avant la pandémie.
Maria, beaucoup du temps que vous nous avez accordé.
Ça m’a fait plaisir. Merci à vous.
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