
Les marchés boursiers continuent de fléchir, les rumeurs de récession s’intensifient. Kim Parlee demande à Phil Davis, fondateur de philstockworld.com, si nous risquons de souffrir plus ou si nous avons déjà touché le fond.
[MUSIQUE]
Le premier trimestre et une partie de 2022 sont derrière nous. Quelle année jusqu’à présent! Et quelle journée! L’indice S&P 500 se négocie à son plus bas niveau en un an à l’heure actuelle. La journée n’a pas été bonne sur les marchés. Et l’année n’a pas été bonne pour l’instant. Les investisseurs sont affectés. La question est de savoir à quel point la situation pourrait encore se détériorer. Doit-on s’attendre à d’autres problèmes? Sommes-nous sur le point de toucher le fond ou l’avons-nous déjà touché?
Je suis accompagnée de Phil Davis, fondateur de Phil Stock WorldCom. Il se joint à moi depuis Fort Lauderdale. Nous aimons parler à Phil. Il a toujours d’excellents conseils. Phil, je vais commencer. Bonjour, comment ça va déjà?
Merci. Très bien, Kim. Et vous, comment allez-vous?
Pas mal. Pas mal. Ça n’a pas été une journée facile, comme pour l’ensemble du marché. Voici donc la question que tout le monde se pose : à votre avis, on a touché le fond? Le pire est-il derrière nous ou est-ce que d’autres problèmes sont à venir?
Je pense qu’il faut bien comprendre que ce que nous vivons en ce moment est une correction donc il n’y a pas de fond ici, il s’agit d’une correction des prix du marché ou des indices. Nous avons connu un dépassement assez important, probablement d’environ 20 % sur le marché par rapport à des valeurs réalistes.
Et selon nous, 4 000, c’est probablement même peu, mais 4 000 et peut-être 3 600, devrait être le pire pour l’indice S&P, soit 10 % en deçà de ce niveau. Il y a suffisamment de bonnes affaires, pour des gens comme nous, investisseurs de valeur, qui vont intervenir et nous permettre de fructifier notre argent. Même en ce moment, on commence à en profiter parce qu’on voit des choses sympas. En fait, on peut s’amuser avec Cisco ce soir.
On va parler dans un instant de tout ça, mais pouvez-vous nous expliquer ce que vous disiez avant? Quand vous dites 4 000 ou 3 600. De quoi s’agit-il? Nous avons déjà parlé de médianes, s’agit-il d’une médiane? Parce qu’on peut dépasser la médiane avant la vente?
Oui, tout à fait. Je crois que la fourchette appropriée pour l’indice S&P est de 4 000, en supposant que rien d’autre ne se produise. Mais comme je l’ai dit l’autre jour, qu’est-ce qui pourrait arriver d’autre? Tout est déjà arrivé. C’est un peu comme un film catastrophe. Je pense qu’une grande partie de ces facteurs sont pris en compte maintenant, et j’espère que nous pourrons reprendre les affaires, nous organiser et commencer à regarder davantage l’entreprise. Mais cela va certainement être un marché boursier axé sur la sélection des titres.
En effet, si les sélectionneurs de titres ont les fonds nécessaires, et ils ont été intelligents par rapport au repli. L’une des principales raisons pour lesquelles nous avons assisté à une liquidation, c’est l’inflation. Et certaines banques centrales ont indiqué qu’elles n’avaient aucun problème à augmenter encore les taux. Mais vous dites que l’inflation peut être l’alliée des investisseurs. Pourquoi dites-vous cela?
Prenons l’exemple de Yum Brands. Yum Brands vend pour 6,5 milliards de dollars de tacos et de poulets dans le monde. Ils réalisent un bénéfice de 20 %, soit 1,3 milliard de dollars. Avec une inflation de 10 %, cela représente des revenus de 7,8 milliards de dollars. S’ils maintiennent leur ligne de profit, leur bénéfice passe de 1,3 à 1,56. Avec une inflation de 10 %, c’est une hausse de 20 % de leurs bénéfices.
Et le marché se fiche du pouvoir d’achat réel de ces changements. Le marché se soucie des chiffres bruts. Non seulement ça, mais les gens qui veulent acheter des actions doivent les acheter avec un dollar plus faible. Et cela signifie que l’action devient plus chère par rapport aux liquidités que vous possédez, car les liquidités ne valent rien, on le sait bien.
L’inflation, si vous détenez des actions, finit par… peut-être pas au début. Comme Target en ce moment, c’est un bon exemple. Target, Walmart, ils subissent d’abord une hausse des coûts, puis ils la transmettent à leurs clients. Mais tout d’abord, il y a cette période, et nous sommes en plein dedans, où la hausse des coûts les frappe. Les coûts de main-d’œuvre, les coûts des matières premières, les coûts des fabricants qui leur sont transférés, les frais d’expédition. Tout cela les frappe en premier. Ils doivent ensuite réviser leurs prix pour transmettre les coûts à leurs clients. Nous sommes passés tellement de fois par là que c’est fou de voir les gens paniquer. C’est comme ça que les cycles fonctionnent. Au début du cycle d’inflation, les détaillants n’ont pas encore eu la possibilité de transmettre la hausse des prix aux consommateurs.
Donc si vous vous positionnez du bon côté de l’inflation, c’est une très bonne chose. Qu’en est-il de l’inflation de la dette? Le coût du service de la dette va commencer à avoir de l’importance pour les gens, pour les entreprises. Quel impact cela aura-t-il?
Le plus négatif, c’est que ce n’est pas encore vraiment pris en compte sur le marché et, encore une fois, dans certaines sociétés parce que certaines d’entre elles sont concernées, mais d’autres non. Mais, si votre entreprise a payé 200 millions de dollars d’intérêts l’an dernier, vous pouvez compter là-dessus pour les deux prochaines années, elle paiera des intérêts de 400 millions de dollars.
Vous devez être très prudent quant au montant d’endettement de votre entreprise parce que le coût du service de la dette va doubler. C’est un fait. Le coût de la dette de tout le monde va doubler et les entreprises qui leur permettent de refinancer constamment leurs dettes et qui doivent vendre davantage chaque année, ces sociétés vont souffrir. Et cela aura un impact sur leur bénéfice net.
Maintenant, certaines sociétés ne seront pas touchées. Pour certaines entreprises, cela aura beaucoup d’importance. Il faut donc faire attention au pourcentage du bénéfice net de l’entreprise qui est du service de la dette. Et les gens ne regardent pas ça. Les gens n’y prêtent pas attention. De plus, bien sûr, les consommateurs, en raison de leur dette renouvelable, sont malmenés.
J’imagine que ce sont les consommateurs les plus vulnérables qui ne peuvent pas consommer beaucoup. Ce sont des gens dont le revenu est probablement inférieur à la moyenne. Ils sont davantage touchés par l’inflation. Walmart a été durement touchée aujourd’hui, peut-être en prévision de ce que cela pourrait signifier, pour bien des gens. Qu’anticipez-vous sur ce point?
En fait, les clients de Walmart n’ont pas vraiment de solution de rechange à moindre coût. En 2008, le bas de la classe moyenne, malheureusement 60 % de la population se trouve en dessous de ce qu’on appelle la classe moyenne. Nous sommes habitués à penser que la classe moyenne est composée de 40 % à 70 ou 80 % de la population, ce serait la classe moyenne. Ce n’est pas le cas, car presque tout le monde, 60 % est en dessous de ce qui serait considéré comme un revenu de la classe moyenne. Ça fait beaucoup de monde.
Et ce que nous avons vu en 2008, c’est que les gens allaient au Dollar Store parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’aller chez Walmart. Ils magasinaient au Dollar Store et achetaient tout ce qu’ils avaient pour se nourrir et pour d’autres nécessités. C’est difficile pour les gens de composer avec cela parce qu’ils n’ont pas… ils ne dépensent pas leur revenu disponible. Ils n’ont pas de revenu disponible. Tout se résume aux besoins essentiels. L’inflation force à privilégier une nécessité par rapport à une autre jusqu’à ce que les salaires rattrapent le retard. C’est un processus très douloureux pour les personnes les plus pauvres.
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