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Le prix de l’or ne cesse de grimper depuis plusieurs semaines. Toutefois, l’éventualité que la Fed relève encore les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation pourrait tempérer l’ascension du métal précieux. Greg Bonnel reçoit Hussein Allidina, chef, Produits de base à Gestion de Placements TD afin de discuter des perspectives pour l’or.
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[LOGO SONORE] Le prix de l’or s’est stabilisé après une montée en flèche ces dernières semaines. Mais les investisseurs s’interrogent sur l’évolution des taux d’intérêt et de l’économie. Cette tendance va-t-elle se maintenir? Pour en discuter, j’accueille Hussein Allidina, Chef, Produits de base à GPTD. Hussein, c’est un plaisir de vous retrouver. Ravi d’être là. On a observé une forte hausse en mars et début d’avril. Aujourd’hui, on semble voir une pause pour plusieurs catégories d’actif. Qu’est-ce qui explique cette ruée sur l’or, et que nous réserve l’avenir? Absolument. Une très forte hausse. L’or se négocie près des sommets récents, à 2 000 $ l’once. Le cours vient de retomber un peu en dessous. Je crois, Greg, que c’est surtout attribuable à la faiblesse du dollar. Il y a quelques semaines, on pensait que l’inflation avait culminé, ce qui aurait permis à la Fed de cesser les hausses de taux. Je pense que c’est ce qui a mis le dollar en difficulté. Si vous comparez les cours du dollar et de l’or, il y avait auparavant peu de corrélation. Ces derniers temps, la corrélation est très forte. Le dollar s’est affaibli car on pensait que la Fed suspendrait les hausses de taux, que l’on était au bout du cycle de hausse, et l’or s’est bien comporté. L’or s’est très bien comporté même si l’on considère d’autres devises que le dollar. Et l’or s’est raisonnablement bien comporté, même en dollars. Mais pour répondre à votre question sur ce qui explique la hausse de l’or, c’est surtout faiblesse du dollar. HOMME : On dirait que l’on est dans une période où, pour certaines catégories d’actif, y compris l’or, les investisseurs tentent d’y voir plus clair sur ce qui s’en vient. Certaines de leurs hypothèses sur la direction que pourrait prendre la Fed sont peut-être mises à l’épreuve. Quelles sont les perspectives à court, moyen et plus long terme pour l’or? HUSSEIN ALLADINI : On en a déjà parlé. Je pense que l’or a sa place dans un portefeuille. Du point de vue de la construction d’un portefeuille, l’or offre des propriétés que les actions, les titres à revenu fixe et même les produits de base n’offrent pas nécessairement. C’est une valeur refuge. Je pense qu’il faut une proportion d’or dans un portefeuille. Et cela soutient les prix à moyen terme. Si vous prenez l’exemple des banques centrales des pays émergents, elles se diversifient en s’écartant du dollar américain et autres monnaies fiduciaires. Celles qui détiennent la plus forte proportion d’or en pourcentage de leurs réserves tendent à afficher une volatilité bien moindre de leur monnaie, en particulier dans les périodes difficiles. Les actions ont connu une progression phénoménale. Je crois que s’il y a un risque de baisse des actions dans un contexte de croissance plus lente, c’est de très bon augure pour l’or. Si on prend les FNB liés à l’or, le nombre de titres de FNB liés à l’or en circulation, on observe un recul par rapport aux sommets atteints au pire de la pandémie, par rapport à mars 2022, quand l’inflation était très élevée. Encore une fois, en période de turbulences sur le marché boursier, l’attrait de l’or augmente. Si les avoirs des FNB augmentent, la demande physique – l’offre est réduite sur le marché. Et c’est aussi une bonne nouvelle pour l’or. HOMME : J’aimerais qu’on aborde ce sujet car au fil des ans, j’ai toujours entendu des gens se demander si – Il faut intégrer une proportion d’or à votre portefeuille. Souvent, les particuliers optent pour un FNB. Et puis il y a l’or papier et l’or physique. Comment les investisseurs doivent-ils aborder cette question? HUSSEIN ALLADINI : C’est une bonne question. Beaucoup de FNB liés à l’or sont garantis par de l’or physique. Disons que Greg achète un FNB. En arrière-plan, on met de l’or dans la réserve, dans un coffre-fort pour vous. C’est très différent des actions aurifères ou de l’or financier. En fin de compte – et les aficionados de l’or ne seront sans doute pas d’accord – je pense que l’idée de posséder de l’or physique est intéressante, mais si on en arrive au point où vous avez besoin de cet or physique, c’est qu’on aura des problèmes d’une tout autre ampleur. J’espère qu’on n’en arrivera jamais là. Mais si vous avez quelques onces d’or, ce qui n’est pas mon cas, vous risquez de devenir une cible dans ce type d’environnement. HOMME : On parle ici d’un effondrement sociétal assez extrême, je pense. Quand je dis qu’il est important d’avoir de l’or dans votre portefeuille, je parle d’or financier. Que ce soit des contrats à terme, des titres garantis par de l’or. Je pense que cette diversification est nécessaire, parce que l’or procure des propriétés différentes. L’exposition aux différents facteurs n’est pas du tout la même avec l’or qu’avec les actions. L’or se comporte bien dans les moments difficiles. L’or se porte bien quand les taux baissent et qu’on s’attend à une forte inflation. Et une chose est certaine. La volatilité de l’inflation va probablement s’accentuer. Je pense que c’est de bon augure pour l’or. Je pense aussi à la demande en or. Vous parlez de la politique de la Fed et de la baisse du dollar américain qui entraîne la hausse de certaines catégories d’actif, y compris les métaux précieux. Mais en même temps, et on en a déjà parlé, cette demande existe. L’or financier est garanti par de l’or physique. Pourtant, le secteur minier investit vraiment très peu dans l’extraction d’or. Où en est l’offre, actuellement? Oui, c’est intéressant. Pour la plupart des produits de base, je passe beaucoup de temps à parler de l’offre, de la demande et des données fondamentales. Ce n’est pas autant le cas pour l’or, parce que l’or fait un peu office de monnaie, d’actif financier. Mais c’est une très bonne question. En effet, la situation de l’or se rapproche fortement de celle du cuivre, du nickel et de l’aluminium. Étant donné que les prix de l’or ont été relativement bas au cours des 10, 15 dernières années, il n’y a pas eu de forte incitation à investir. On extrait de l’or en coproduit du cuivre. Et on n’extrait pas énormément de cuivre. Donc, au final, l’offre est assez compromise. Il faut répondre non seulement à la demande pour l’or financier, mais aussi pour l’or de bijouterie, en particulier en Extrême-Orient où le revenu par habitant augmente. On observe une hausse continue de la consommation d’or de bijouterie. HOMME : Je ne m’attends pas à ce que vous me donniez un prix cible. Mais avec cette hausse marquée du prix de l’or, bien au-delà de 2 000 $ en si peu de temps – Si on remonte au mois d’octobre, depuis les creux de l’automne, on a assisté à une véritable montée en flèche ces derniers mois. Y a-t-il encore de la marge pour une hausse du prix de l’or? HUSSEIN ALLADINI : Si vous êtes de ceux qui pensent que le dollar américain est plus près d’un sommet que d’un creux, vous êtes par défaut de ceux qui pensent que le prix de l’or doit augmenter. Comme je l’ai dit au début, si vous regardez le prix en rials, en roupies, en euros ou en yens, l’or a inscrit un rendement nettement supérieur. Là encore, Greg, quand on parle de l’or, quand on parle du pétrole, on parle de chiffres nominaux. 2 000 $ l’once. Si l’on tient compte de l’inflation, je dirais que l’or est plutôt bon marché. [LOGO SONORE]