La Réserve fédérale américaine a maintenu les taux d’intérêt au même niveau pour une deuxième réunion consécutive, donnant l’impression que le resserrement est peut-être terminé. Chris Whelan, stratège principal, Taux, Canada et chef, Portefeuille et Stratégie ESG, Valeurs Mobilières TD, discute de la prochaine décision possible de la Fed avec Greg Bonnell de MoneyTalk.
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La réserve fédérale a maintenu son taux directeur pour la deuxième réunion consécutive. Les marchés tentent de déterminer si cela signifie que le cycle de hausses est terminé. Chris Whelan, de valeur mobilière TD, nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Chris.
Bonjour, Greg.
Une légère remontée sur les marchés, ce qui semble laisser entendre que certains participants du marché pensent que la fin est proche. Qu'avez-vous conclu de la décision de la Fed qui a maintenu les taux pour la deuxième réunion consécutive. Est-ce fini?
Est-ce fini? Je crois que chaque fois que la Fed n'augmente pas, cela nous donne davantage de confiance, face à l'idée que ce n'est pas terminé. Mais il est trop tôt, surtout en Amérique du Nord, pour être certain que le cycle de hausses est entièrement terminé. Il faudra voir comment l'inflation se comporte pendant la nouvelle année, comment la croissance se maintient ou ne se maintient pas, après le début de l'année. Selon nous, la Fed a terminé, mais il demeure toujours un certain risque. Nous pensons que l'économie ralentira notablement l'an prochain. C'est ce que la Fed doit constater naturellement. L'économie et le marché du travail aux États-Unis se comportent très bien, ce qui crée quelque incertitude. Selon nous, il y aura sans doute un revirement, parce que les cycles de resserrement ont des effets, mais des effets décalés sur l'économie. Les taux d'intérêt finissent par ralentir la dépense, ralentir l'investissement, ce qui se répercute sur l'économie. C'est une analyse classique des mesures de resserrement des taux qui engendrent des ralentissements bien réels. Toutefois, aurons-nous une récession de grande envergure l'an prochain? Non, nous pensons qu'il s'agira d'une récession assez bénigne aux États-Unis, que nous allons même peut-être l'éviter au Canada, même si nous sommes au bord du précipice.
Qu'avez-vous conclu de la tonalité de Jerome Powell? - On pose aux banques centrales question après question: Avez-vous terminé? Allez-vous commencer à réduire les taux? Ils cherchent toujours à donner une impression de fermeté. Est-ce là ce que vous avez conclu?
Je pense que Jerome Powell a tenu un discours assez neutre hier. En définitive, ce qui ressort, c'est que la Fed a évoqué les conditions financières, ce dont les marchés ont conclu qu'il s'agissait d'un signal de moindre fermeté, et de proximité de la fin. En définitive, si Jerome Powell commence à parler de réduire les taux avant que nous ne puissions vraiment déclarer la victoire dans la lutte contre l'inflation, cela peut engendrer un changement de comportement des consommateurs qui supposent que des coupures de taux s'en viennent, et l'économie voit son comportement évoluer uniquement en fonction du discours tenu par un intervenant aussi écouté que lui. La Fed a donc adopté une position neutre, se contentant de quelques observations sur les conditions financières. Ce n'était pas une réunion très notable, mais cela a permis au marché obligataire de remonter. Il y a eu un recul des taux, pardon, des rendements, le marché des bons du trésor aux États-Unis a annoncé moins d'émissions à long terme, moins de pression, ce qui engendre... ... une arrivée de risque sur le marché moins importante que prévu. Tout cela s'est conjugué pour permettre un recul des rendements. Les marchés boursiers sont assez insatisfaits récemment. Aujourd'hui, les choses se passent bien, mais récemment, les marchés boursiers sont dans une phase plutôt morose. Le marché obligataire a pu rattraper hier, on s'inquiète de l'importance des émissions qui exercent une certaine pression sur les rendements et ces inquiétudes ont été quelque peu soulagées hier et la Fed a laissé entendre qu'il est plus probable que les hausses sont terminées.
Les rendements sont à 15 ou 20 points de base plus bas qu'ils ne l'étaient il y a 48 à 72 heures. Cela a du bon sens. Est-ce que cela pourrait réaliser un revirement rapidement? Il y a deux semaines seulement, les rendements obligataires frisaient les 5 %, voire ont même dépassé ce plafond. Est-ce qu'il pourrait y avoir un revirement? La situation est très volatile.
Oui, la situation est très volatile. De temps à autre, pendant un certain temps, on passait d'une statistique décevante à une statistique encourageante et ainsi de suite. Il y a un certain épuisement. On se demande quand l'inflation va enfin refluer. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il nous faut davantage de données pour confirmer que l'inflation a effectivement reflué. Si tout à coup les dépenses pour les fêtes de fin d'année sont très élevées, au mois de janvier, il y a de nouvelles hausses de prix, et les consommateurs les acceptent, il se pourrait très bien qu'il y ait une remontée des rendements obligataires. Ce n'est pas notre scénario de base, mais je n'exclurais jamais de repasser le seuil des 5 %.
Est-ce que les réunions des banques centrales pourraient déboucher sur de nouvelles hausses en fonction de l'évolution de l'économie? Cela nous prépare donc à ce genre de décision à chaque réunion potentiellement. Je pense que les marchés se sentiraient préparés, car ils le présumeraient en fonction des données de l'inflation qui aurait recommencé d'augmenter et de données sur les consommations. Bref, tous les indicateurs économiques. Ce seraient des décisions fondées sur des données. C'est-à-dire que nous verrions les mêmes indicateurs que la Fed.
Oui. Si la Fed augmente à nouveau les taux, les marchés l'auront compris, car il y aura eu des données assez convaincantes.
À part l'emploi, bien sûr, ces statistiques vont bientôt paraître, et l'inflation, ce sont des statistiques clés. Quels sont les autres indicateurs que nous devrions suivre pour nous faire une idée de la mesure dans laquelle la Fed pourrait être satisfaite du point où elle en est?
Les ventes au détail, c'est un indicateur important. En général... ... c'est un indicateur économique prospectif. Nous augmentons les taux, la croissance ralentit, puis l'inflation ralentit. C'est le schéma classique. À l'heure actuelle, aux États-Unis, la croissance se maintient beaucoup mieux que ce n'est le cas au Canada. Ce que nous recherchons, ce sont les indicateurs clés reliés à la croissance. Tout ce qui a trait à la croissance. Le marché du travail peut être un indicateur rétrospectif, l'inflation également. Donc ce sont tous les indicateurs reliés à la croissance économique. Le PIB, c'est très important, et tout ce qui affecte le PIB. Il y a les pronostics de PIB qui sont diffusés par la Fed d'Atlanta. Ce sont des éléments auxquels j'attacherai beaucoup d'importance pour me faire une idée de ce qui s'en vient. Et puis en définitive, les marchés sont des instruments efficaces. Les marchés vont déterminer immédiatement quelles seront les données qui vont compter.
Bonjour, Greg.
Une légère remontée sur les marchés, ce qui semble laisser entendre que certains participants du marché pensent que la fin est proche. Qu'avez-vous conclu de la décision de la Fed qui a maintenu les taux pour la deuxième réunion consécutive. Est-ce fini?
Est-ce fini? Je crois que chaque fois que la Fed n'augmente pas, cela nous donne davantage de confiance, face à l'idée que ce n'est pas terminé. Mais il est trop tôt, surtout en Amérique du Nord, pour être certain que le cycle de hausses est entièrement terminé. Il faudra voir comment l'inflation se comporte pendant la nouvelle année, comment la croissance se maintient ou ne se maintient pas, après le début de l'année. Selon nous, la Fed a terminé, mais il demeure toujours un certain risque. Nous pensons que l'économie ralentira notablement l'an prochain. C'est ce que la Fed doit constater naturellement. L'économie et le marché du travail aux États-Unis se comportent très bien, ce qui crée quelque incertitude. Selon nous, il y aura sans doute un revirement, parce que les cycles de resserrement ont des effets, mais des effets décalés sur l'économie. Les taux d'intérêt finissent par ralentir la dépense, ralentir l'investissement, ce qui se répercute sur l'économie. C'est une analyse classique des mesures de resserrement des taux qui engendrent des ralentissements bien réels. Toutefois, aurons-nous une récession de grande envergure l'an prochain? Non, nous pensons qu'il s'agira d'une récession assez bénigne aux États-Unis, que nous allons même peut-être l'éviter au Canada, même si nous sommes au bord du précipice.
Qu'avez-vous conclu de la tonalité de Jerome Powell? - On pose aux banques centrales question après question: Avez-vous terminé? Allez-vous commencer à réduire les taux? Ils cherchent toujours à donner une impression de fermeté. Est-ce là ce que vous avez conclu?
Je pense que Jerome Powell a tenu un discours assez neutre hier. En définitive, ce qui ressort, c'est que la Fed a évoqué les conditions financières, ce dont les marchés ont conclu qu'il s'agissait d'un signal de moindre fermeté, et de proximité de la fin. En définitive, si Jerome Powell commence à parler de réduire les taux avant que nous ne puissions vraiment déclarer la victoire dans la lutte contre l'inflation, cela peut engendrer un changement de comportement des consommateurs qui supposent que des coupures de taux s'en viennent, et l'économie voit son comportement évoluer uniquement en fonction du discours tenu par un intervenant aussi écouté que lui. La Fed a donc adopté une position neutre, se contentant de quelques observations sur les conditions financières. Ce n'était pas une réunion très notable, mais cela a permis au marché obligataire de remonter. Il y a eu un recul des taux, pardon, des rendements, le marché des bons du trésor aux États-Unis a annoncé moins d'émissions à long terme, moins de pression, ce qui engendre... ... une arrivée de risque sur le marché moins importante que prévu. Tout cela s'est conjugué pour permettre un recul des rendements. Les marchés boursiers sont assez insatisfaits récemment. Aujourd'hui, les choses se passent bien, mais récemment, les marchés boursiers sont dans une phase plutôt morose. Le marché obligataire a pu rattraper hier, on s'inquiète de l'importance des émissions qui exercent une certaine pression sur les rendements et ces inquiétudes ont été quelque peu soulagées hier et la Fed a laissé entendre qu'il est plus probable que les hausses sont terminées.
Les rendements sont à 15 ou 20 points de base plus bas qu'ils ne l'étaient il y a 48 à 72 heures. Cela a du bon sens. Est-ce que cela pourrait réaliser un revirement rapidement? Il y a deux semaines seulement, les rendements obligataires frisaient les 5 %, voire ont même dépassé ce plafond. Est-ce qu'il pourrait y avoir un revirement? La situation est très volatile.
Oui, la situation est très volatile. De temps à autre, pendant un certain temps, on passait d'une statistique décevante à une statistique encourageante et ainsi de suite. Il y a un certain épuisement. On se demande quand l'inflation va enfin refluer. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il nous faut davantage de données pour confirmer que l'inflation a effectivement reflué. Si tout à coup les dépenses pour les fêtes de fin d'année sont très élevées, au mois de janvier, il y a de nouvelles hausses de prix, et les consommateurs les acceptent, il se pourrait très bien qu'il y ait une remontée des rendements obligataires. Ce n'est pas notre scénario de base, mais je n'exclurais jamais de repasser le seuil des 5 %.
Est-ce que les réunions des banques centrales pourraient déboucher sur de nouvelles hausses en fonction de l'évolution de l'économie? Cela nous prépare donc à ce genre de décision à chaque réunion potentiellement. Je pense que les marchés se sentiraient préparés, car ils le présumeraient en fonction des données de l'inflation qui aurait recommencé d'augmenter et de données sur les consommations. Bref, tous les indicateurs économiques. Ce seraient des décisions fondées sur des données. C'est-à-dire que nous verrions les mêmes indicateurs que la Fed.
Oui. Si la Fed augmente à nouveau les taux, les marchés l'auront compris, car il y aura eu des données assez convaincantes.
À part l'emploi, bien sûr, ces statistiques vont bientôt paraître, et l'inflation, ce sont des statistiques clés. Quels sont les autres indicateurs que nous devrions suivre pour nous faire une idée de la mesure dans laquelle la Fed pourrait être satisfaite du point où elle en est?
Les ventes au détail, c'est un indicateur important. En général... ... c'est un indicateur économique prospectif. Nous augmentons les taux, la croissance ralentit, puis l'inflation ralentit. C'est le schéma classique. À l'heure actuelle, aux États-Unis, la croissance se maintient beaucoup mieux que ce n'est le cas au Canada. Ce que nous recherchons, ce sont les indicateurs clés reliés à la croissance. Tout ce qui a trait à la croissance. Le marché du travail peut être un indicateur rétrospectif, l'inflation également. Donc ce sont tous les indicateurs reliés à la croissance économique. Le PIB, c'est très important, et tout ce qui affecte le PIB. Il y a les pronostics de PIB qui sont diffusés par la Fed d'Atlanta. Ce sont des éléments auxquels j'attacherai beaucoup d'importance pour me faire une idée de ce qui s'en vient. Et puis en définitive, les marchés sont des instruments efficaces. Les marchés vont déterminer immédiatement quelles seront les données qui vont compter.