Dans un contexte où la prochaine réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) retient l’attention des marchés, les décideurs indiqueront probablement que les baisses de taux attendues pourraient ne pas arriver aussi tôt ou ne pas être aussi importantes que ce qui était prévu au départ. Derek Burleton, économiste en chef adjoint à la TD, discute avec Greg Bonnell de Parlons Argent des difficultés économiques auxquelles la Fed est confrontée.
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Les investisseurs attendent la décision de la Réserve fédérale sur les taux. Certains indices de l'inflation demeurent élevés. D'autres considèrent qu'il est temps de réduire les taux. Derek Burleton, vice-président et économiste en chef adjoint à la Banque TD. Alors, donc, c'est la décision la plus attendue cette semaine, de la plus puissante banque centrale du monde. Qu'est-ce que les données économiques nous laissent entrevoir?
Quand on considère les données, l'opportunité d'une réduction de taux n'est pas évidente. Nous allons publier une prévision demain. C'est trimestriel. Nous révisions les données sur les dépenses. Il n'y a pas beaucoup de ralentissement. En même temps, l'inflation qui s'estompait rapidement à la fin de l'an dernier, depuis quelques mois, y compris les données sur l'IPC du mois de février, a plus ou moins fluctué. Il y a eu un peu de régression dans certaines des mesures de l'IPC de base. Depuis le début, nous nous disons qu'il existe peut-être un risque que même si l'inflation ne redémarrera peut-être pas, je ne pense pas que cela sera le cas, le dernier kilomètre de 3% à 2% prendra quelque temps. C'est là où nous en sommes à l'heure actuelle. Revenant à la Fed, cela voudra dire qu'il faut faire preuve de patience. C'est ce que la banque nous enjoint de faire. Et cela ne va certainement pas éluder les coupures de taux, mais elle va ralentir celles-ci par rapport à ce que l'on pensait il y a deux ou trois mois.
Quand on songe à l'inflation globale de 8 à 9 %, nous avons fait beaucoup de chemin. Mais elle demeure opiniâtrement à 3% ou au-delà. Il s'agit de coûts d'emprunt restrictifs depuis longtemps aux États-Unis qui ne ralentissent pas l'économie ou, du moins, loin de la mesure dans laquelle nous avions pensé que ce serait le cas.
Oui, on en revient aux données sur l'inflation. La Fed insiste moins sur la croissance. Si l'économie se porte bien, les responsables de la Fed le disent et le répètent, il s'agit d'un motif de patience. Mais on en revient aux indicateurs de l'inflation. Ceux-ci s'améliorent, comme vous le disiez. Ils demeurent, aux dernières nouvelles, autour de 3%, selon la tendance. Nous y sommes presque. Powell lui-même l'a dit, que nous y sommes presque. Ce sont les termes mêmes qu'il a employés. Mais mercredi, je me demande si cette dernière évaluation date d'avant les données de février qui étaient pires que prévu, s'il infléchira son discours, c'est l'une des questions à laquelle je vais porter une attention toute particulière mercredi.
Dans la mesure aussi où la Fed réplique aux attentes du marché, ces dernières évoluent mais l'économie est très fluide, elle change, nous avons commencé l'année avec la prévision que nous serions au bord d'une coupure de taux à l'heure actuelle, or ce n'est pas le cas.
Non, à la marge, comme vous vous rappelez, au mois de janvier, 150 points de base de réduction de taux étaient prévus pour cette année. En fonction de ses points de vue antérieurs, nous devrions avoir déjà commencé à présent. Les marchés prévoient trois quarts de pour cent cette année. On se concentre également sur l'évolution de ce que l'on appelle le graphique à points, c'est-à-dire les attentes médianes de la Fed à l'égard de l'inflation. Ce n'est pas un pronostic, car chaque membre individuel de la Fed, ils sont 17, émet son propre pronostic. On en fait la synthèse et on détermine qu'elle est la médiane. Il est possible qu'ils pourraient basculer de trois coupures d'un quart de pour cent à deux coupures d'un quart de pour cent en 2024 et les rendements pourraient s'ajuster, mais une bonne partie du chemin a été faite. Les marchés sont bien positionnés globalement pour ce que nous allons probablement voir. Nous surveillerons le graphique de points lorsqu'il paraîtra la semaine prochaine.
Une autre question au sujet des États-Unis avant de passer au Canada. Si l'économie américaine se comporte si bien avec des taux d'intérêt à ce niveau, peut-être pourrait-on dire que c'est le niveau auquel les taux d'intérêt devraient se trouver?
Il s'agit d'estimation de ce que l'on appelle le taux neutre. Mercredi, la Fed publie ses estimations sur les taux d'intérêt à long terme. Cela nous donne une idée de ce qu'elle pense quant à ce taux neutre. Aux dernières nouvelles, c'était de 2,5. Il ne serait pas étonnant qu'elle le fasse remonter. C'est beaucoup plus bas qu'à l'heure actuelle, en tout cas, mais certains demandent pourquoi réduire les taux après tout? Mais la Fed doit se demander dans un an où nous serons. La Fed ne veut pas regarder constamment dans le rétroviseur et ce facteur entre en jeu dans sa réflexion. La politique monétaire est restrictive, la tendance à l'inflation est à la baisse et la politique devient plus restrictive à moins qu'on ne réduise le taux d'intérêt nominal. Cela est pris en compte dans ces calculs.
La Fed va communiquer ses pronostics mis à jour mercredi. Est-ce que la Fed va laisser les pronostics de réduction de taux intact? Ou va-t-elle les minimiser? Notre économie ne se maintient pas autant que l'économie américaine, même si les taux ont augmenté dans la même mesure.
Les défis du Canada sont différents. Notre économie ne se comporte pas aussi bien, et de loin, que celle des États-Unis. Aucune économie d'ailleurs, l'économie américaine fait vraiment exception. Nos pronostics prévoient que la croissance américaine va augmenter et de façon significative cette année, en fonction des données parues très récemment montrant que le quatrième trimestre était meilleur que les prévisions. Les estimations pour le premier trimestre sont également plus favorables. Dans l'avenir, nous ne prévoyons pas beaucoup de croissance à cause de l'endettement des ménages et de leur sensibilité aux taux d'intérêt. Cela nous amène toujours à croire que la Banque du Canada voudrait réduire les taux. En revanche, les données sur l'inflation étaient positives pour le mois de janvier. Nous verrons ce qui se produira en février. Les données paraîtront demain. Mais globalement, les statistiques sont plutôt persistantes. C'est attribuable au logement. À part le logement, les données sont plutôt positives quant au prix. La Banque du Canada est un peu prise entre deux feux. Elle tient un discours énergique, mais nous pensons que les statistiques de l'inflation vont s'améliorer et que la banque pourra réduire les taux, mais nous minimisons un petit peu la mesure dans laquelle les taux seront réduits. Nous prévoyons 100 points de base alors qu'il s'agissait de 150 il n'y a pas si longtemps, une baisse des taux d'intérêt, mais plus lente.
Une fois que les deux banques commenceront à réduire les taux, on prévoit 25 points de base à chaque réunion, à moins qu'il y ait un changement de cap, ou seront-elles plus prudentes? Elles diront: nous avons commencé et voici la trajectoire.
Je pense qu'il y a une élection américaine. Est-ce que c'est un problème pour la Fed? Je ne le crois pas. La réunion de novembre tombe juste après l'élection. La Fed va réagir aux données. Il ne s'agira pas d'un quart de point automatiquement à chaque réunion après le milieu de l'année. Il y aura peut-être des intermittences. Ce n'est pas rare pour un cycle de réductions de taux. Je ne pense pas que ce sera à chaque réunion, mais au Canada, nous prévoyons 100 points de base cette année à partir du mois de juillet, ce sera la plupart des réunions, peut-être pas chacune, et la Fed, la même chose. Trois coupures d'ici la fin de l'année, c'est notre dernier pronostic. Cela ne fait pas une réduction à chaque réunion après le mois de juillet. Donc il y aura des interruptions.
Quand on considère les données, l'opportunité d'une réduction de taux n'est pas évidente. Nous allons publier une prévision demain. C'est trimestriel. Nous révisions les données sur les dépenses. Il n'y a pas beaucoup de ralentissement. En même temps, l'inflation qui s'estompait rapidement à la fin de l'an dernier, depuis quelques mois, y compris les données sur l'IPC du mois de février, a plus ou moins fluctué. Il y a eu un peu de régression dans certaines des mesures de l'IPC de base. Depuis le début, nous nous disons qu'il existe peut-être un risque que même si l'inflation ne redémarrera peut-être pas, je ne pense pas que cela sera le cas, le dernier kilomètre de 3% à 2% prendra quelque temps. C'est là où nous en sommes à l'heure actuelle. Revenant à la Fed, cela voudra dire qu'il faut faire preuve de patience. C'est ce que la banque nous enjoint de faire. Et cela ne va certainement pas éluder les coupures de taux, mais elle va ralentir celles-ci par rapport à ce que l'on pensait il y a deux ou trois mois.
Quand on songe à l'inflation globale de 8 à 9 %, nous avons fait beaucoup de chemin. Mais elle demeure opiniâtrement à 3% ou au-delà. Il s'agit de coûts d'emprunt restrictifs depuis longtemps aux États-Unis qui ne ralentissent pas l'économie ou, du moins, loin de la mesure dans laquelle nous avions pensé que ce serait le cas.
Oui, on en revient aux données sur l'inflation. La Fed insiste moins sur la croissance. Si l'économie se porte bien, les responsables de la Fed le disent et le répètent, il s'agit d'un motif de patience. Mais on en revient aux indicateurs de l'inflation. Ceux-ci s'améliorent, comme vous le disiez. Ils demeurent, aux dernières nouvelles, autour de 3%, selon la tendance. Nous y sommes presque. Powell lui-même l'a dit, que nous y sommes presque. Ce sont les termes mêmes qu'il a employés. Mais mercredi, je me demande si cette dernière évaluation date d'avant les données de février qui étaient pires que prévu, s'il infléchira son discours, c'est l'une des questions à laquelle je vais porter une attention toute particulière mercredi.
Dans la mesure aussi où la Fed réplique aux attentes du marché, ces dernières évoluent mais l'économie est très fluide, elle change, nous avons commencé l'année avec la prévision que nous serions au bord d'une coupure de taux à l'heure actuelle, or ce n'est pas le cas.
Non, à la marge, comme vous vous rappelez, au mois de janvier, 150 points de base de réduction de taux étaient prévus pour cette année. En fonction de ses points de vue antérieurs, nous devrions avoir déjà commencé à présent. Les marchés prévoient trois quarts de pour cent cette année. On se concentre également sur l'évolution de ce que l'on appelle le graphique à points, c'est-à-dire les attentes médianes de la Fed à l'égard de l'inflation. Ce n'est pas un pronostic, car chaque membre individuel de la Fed, ils sont 17, émet son propre pronostic. On en fait la synthèse et on détermine qu'elle est la médiane. Il est possible qu'ils pourraient basculer de trois coupures d'un quart de pour cent à deux coupures d'un quart de pour cent en 2024 et les rendements pourraient s'ajuster, mais une bonne partie du chemin a été faite. Les marchés sont bien positionnés globalement pour ce que nous allons probablement voir. Nous surveillerons le graphique de points lorsqu'il paraîtra la semaine prochaine.
Une autre question au sujet des États-Unis avant de passer au Canada. Si l'économie américaine se comporte si bien avec des taux d'intérêt à ce niveau, peut-être pourrait-on dire que c'est le niveau auquel les taux d'intérêt devraient se trouver?
Il s'agit d'estimation de ce que l'on appelle le taux neutre. Mercredi, la Fed publie ses estimations sur les taux d'intérêt à long terme. Cela nous donne une idée de ce qu'elle pense quant à ce taux neutre. Aux dernières nouvelles, c'était de 2,5. Il ne serait pas étonnant qu'elle le fasse remonter. C'est beaucoup plus bas qu'à l'heure actuelle, en tout cas, mais certains demandent pourquoi réduire les taux après tout? Mais la Fed doit se demander dans un an où nous serons. La Fed ne veut pas regarder constamment dans le rétroviseur et ce facteur entre en jeu dans sa réflexion. La politique monétaire est restrictive, la tendance à l'inflation est à la baisse et la politique devient plus restrictive à moins qu'on ne réduise le taux d'intérêt nominal. Cela est pris en compte dans ces calculs.
La Fed va communiquer ses pronostics mis à jour mercredi. Est-ce que la Fed va laisser les pronostics de réduction de taux intact? Ou va-t-elle les minimiser? Notre économie ne se maintient pas autant que l'économie américaine, même si les taux ont augmenté dans la même mesure.
Les défis du Canada sont différents. Notre économie ne se comporte pas aussi bien, et de loin, que celle des États-Unis. Aucune économie d'ailleurs, l'économie américaine fait vraiment exception. Nos pronostics prévoient que la croissance américaine va augmenter et de façon significative cette année, en fonction des données parues très récemment montrant que le quatrième trimestre était meilleur que les prévisions. Les estimations pour le premier trimestre sont également plus favorables. Dans l'avenir, nous ne prévoyons pas beaucoup de croissance à cause de l'endettement des ménages et de leur sensibilité aux taux d'intérêt. Cela nous amène toujours à croire que la Banque du Canada voudrait réduire les taux. En revanche, les données sur l'inflation étaient positives pour le mois de janvier. Nous verrons ce qui se produira en février. Les données paraîtront demain. Mais globalement, les statistiques sont plutôt persistantes. C'est attribuable au logement. À part le logement, les données sont plutôt positives quant au prix. La Banque du Canada est un peu prise entre deux feux. Elle tient un discours énergique, mais nous pensons que les statistiques de l'inflation vont s'améliorer et que la banque pourra réduire les taux, mais nous minimisons un petit peu la mesure dans laquelle les taux seront réduits. Nous prévoyons 100 points de base alors qu'il s'agissait de 150 il n'y a pas si longtemps, une baisse des taux d'intérêt, mais plus lente.
Une fois que les deux banques commenceront à réduire les taux, on prévoit 25 points de base à chaque réunion, à moins qu'il y ait un changement de cap, ou seront-elles plus prudentes? Elles diront: nous avons commencé et voici la trajectoire.
Je pense qu'il y a une élection américaine. Est-ce que c'est un problème pour la Fed? Je ne le crois pas. La réunion de novembre tombe juste après l'élection. La Fed va réagir aux données. Il ne s'agira pas d'un quart de point automatiquement à chaque réunion après le milieu de l'année. Il y aura peut-être des intermittences. Ce n'est pas rare pour un cycle de réductions de taux. Je ne pense pas que ce sera à chaque réunion, mais au Canada, nous prévoyons 100 points de base cette année à partir du mois de juillet, ce sera la plupart des réunions, peut-être pas chacune, et la Fed, la même chose. Trois coupures d'ici la fin de l'année, c'est notre dernier pronostic. Cela ne fait pas une réduction à chaque réunion après le mois de juillet. Donc il y aura des interruptions.