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La Banque du Canada a décidé de maintenir son taux directeur à 5 % et a souligné que les taux d’intérêt élevés font manifestement baisser les dépenses de consommation. Anthony Okolie discute avec Francis Fong, économiste principal à la TD, au sujet de la récente décision et des perspectives à l’égard des taux d’intérêt.
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Comme prévu, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 5 %. Je suis accompagné de Francis Fong, économiste principal à la TD, qui va nous en dire davantage. Francis, y a-t-il quelque chose qui vous a marqué aujourd’hui?
Oui. Merci de m’avoir invité, Anthony. Comme vous l’avez déjà mentionné, on s’attendait en général à ce qu’ils maintiennent le taux d’intérêt aujourd’hui, alors ce n’est pas une grande surprise. Je pense que le communiqué mettait principalement l’accent sur les données de croissance, pas seulement ici au Canada, mais aussi sur ce qui se passe aux États-Unis et à l’échelle mondiale.
En tant que petite économie ouverte, on est très vulnérables à beaucoup de ces facteurs internationaux. Donc, là où la croissance se dirige mondialement, on suit. L’accent a donc été mis sur l’Union européenne, où la croissance et l’inflation ralentissent beaucoup. Il y a aussi les chiffres pour les États-Unis, qui sont plus élevés qu’au Canada, mais qui montrent tout de même que les choses ralentissent ici. C’est donc fondamental pour la Banque du Canada.
Et comme vous l’avez dit, la Banque du Canada a déclaré que la croissance économique était au point mort. Quelles sont vos attentes à l’égard de l’économie?
Oui. On a donc évité de justesse une récession technique. On a enregistré un léger recul au deuxième trimestre. Ça a été révisé à la hausse. Toutefois, on a obtenu des résultats négatifs pour le troisième trimestre, donc on a presque connu une récession technique avec ces résultats négatifs, deux trimestres de suite. Mais les facteurs sous-jacents, selon moi, étaient tous annonciateurs d’une baisse, correspondant à ce à quoi on pourrait s’attendre dans un contexte de taux d’intérêt aussi élevés que celui qu’on connaît aujourd’hui.
Les dépenses de consommation ont donc été assez faibles. Le secteur des exportations a été étonnamment faible, ce qui, encore une fois, a contribué au pessimisme à l’échelle internationale. Mais pour l’avenir, on ne prévoit pas une croissance beaucoup plus forte qu’elle ne l’est actuellement; essentiellement nulle jusqu’au début de l’année prochaine.
Et on s’attend même à ce que la reprise soit lente. Parce qu’il ne faut pas oublier que pour ressentir l’impact des hausses de taux d’intérêt, ça prend du temps. Il faut de 18 à 24 mois pour que chaque hausse de taux d’intérêt se répercute entièrement sur l’économie. On peut donc s’attendre à plus de répercussions sur les dépenses de consommation et sur le service de la dette, ce qui va empêcher l’économie de décoller.
Dans ce contexte économique, pensez-vous que la Banque du Canada en a terminé avec ses hausses de taux? Et quand prévoyez-vous qu’elle va commencer à réduire les taux?
Écoutez... Compte tenu de la trajectoire de croissance de toutes les économies avancées, je crois que la plupart d’entre nous prévoient que les hausses de taux vont cesser du côté des banques centrales, comme la Réserve fédérale, la Banque du Canada, etc. La vraie question est donc de savoir quand va-t-on atteindre ce point d’inflexion où des réductions de taux sont appropriées?
Parce que des taux d’intérêt de ce niveau ne cadrent vraiment pas avec le type de croissance potentielle sous-jacent de notre économie. On fait face à des difficultés. Alors à quel moment va-t-on commencer à observer des réductions? Et on prévoit que ce sera vers le premier trimestre de l’année où la Banque du Canada va commencer à effectuer des réductions. Ceci dit, je crois que les risques sont toujours à la hausse.
Certaines des données qu’on obtient indiquent encore des pressions inflationnistes sous-jacentes, notamment la vigueur du marché de l’emploi; on a vu de bons résultats sur l’emploi l’autre jour, et la croissance des salaires, qui demeure relativement élevée à environ 5 % sur 12 mois. Ces gains salariaux établissent donc en quelque sorte de bonnes bases pour que la Banque du Canada puisse commencer à discuter de réductions de taux. Ceci dit, on prévoit que ça aura lieu au premier trimestre.
D’accord, alors j’aimerais parler de la façon dont les marchés tiennent actuellement compte des fluctuations potentielles. On a observé une certaine évolution des marchés monétaires, notamment du taux du financement à un jour de la Banque du Canada. Comment interprétez-vous ça? Qu’est-ce qu’ils disent?
Et je pense que ça correspond à ce que je viens de dire. Les marchés ne savent toujours pas quand la première baisse aura lieu. Donc, à la réunion de mars, on commence à voir l’humeur des marchés pointer vers une baisse imminente des taux. Ils calculent les chances à environ 38 %, ce qui n’est pas élevé.
Mais c’est le premier type d’occasion, selon moi, dont les marchés tiennent compte pour prévoir une réduction des taux. Mais tout va dépendre de la trajectoire de croissance. Si le quatrième trimestre est nettement en baisse, comme les gens s’y attendent, et qu’il semble de plus en plus évident que le premier trimestre va suivre, alors il y a de la place pour une première réduction.
Mais je pense que les marchés cherchent en quelque sorte à se couvrir et pensent que les risques sont toujours à la hausse. Et je pense que si on regarde les États-Unis, où la croissance est un peu plus résiliente, où les consommateurs sont un peu plus résilients, ça prouve que ces risques de hausse sont toujours présents, au moins.
D’accord. La prochaine annonce de taux de la Banque du Canada ne sera faite qu’en janvier. Quels sont certains des indicateurs que vous surveillerez de près alors que la Banque du Canada va envisager sa prochaine décision?
Oui. Ça sera vraiment de savoir d’où proviennent ces pressions inflationnistes sous-jacentes? On a vu des facteurs de volatilité s’installer, comme les prix du pétrole, l’essence, etc. Mais la croissance sous-jacente des prix, qui va provenir des gains salariaux, de l’inflation des services, des dépenses en services... beaucoup de choses maintenant liées aux consommateurs.
Plus particulièrement, je tiens à souligner qu’on cherche toujours à déterminer dans quelle mesure les hausses de taux d’intérêt vont commencer à alimenter les dépenses de consommation. Donc, étant donné que de plus en plus de gens renouvellent leur prêt hypothécaire à un taux d’intérêt plus élevé, quel en est l’impact? On teste vraiment les limites des liquidités excédentaires qui ont été intégrées au système après la COVID, qui ont fortement augmenté grâce aux mesures de relance gouvernementales.
Mais on a lentement réduit ça. Qu’est-ce qui reste? Et quelles répercussions ces taux plus élevés vont-ils avoir? C’est un peu la grande question en ce moment.
D’accord. Ma dernière question : quelle direction le dollar canadien devrait-il prendre au cours des prochains mois?
Oui. Excellente question. À l’heure actuelle, on se trouve toujours dans une situation très difficile, simplement parce que le différentiel de taux d’intérêt par rapport à celui des États-Unis est encore assez élevé. Et comme je l’ai mentionné plus tôt, les données qu’on voit aux États-Unis sont encore un peu plus solides qu’au Canada. Donc, même si on prévoit une évolution très semblable pour la Réserve fédérale, d’ici à ce que ce différentiel de taux d’intérêt s’installe, le dollar canadien ne devrait pas se redresser trop, trop. Il va donc y avoir une remontée lente et longue vers une certaine normalité à la fin de notre horizon de prévision, probablement jusqu’en 2025, lorsque le dollar canadien va atteindre un niveau normal.
Francis, merci beaucoup d’avoir été des nôtres.
Ça m’a fait plaisir, Anthony. [MUSIQUE]
Comme prévu, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 5 %. Je suis accompagné de Francis Fong, économiste principal à la TD, qui va nous en dire davantage. Francis, y a-t-il quelque chose qui vous a marqué aujourd’hui?
Oui. Merci de m’avoir invité, Anthony. Comme vous l’avez déjà mentionné, on s’attendait en général à ce qu’ils maintiennent le taux d’intérêt aujourd’hui, alors ce n’est pas une grande surprise. Je pense que le communiqué mettait principalement l’accent sur les données de croissance, pas seulement ici au Canada, mais aussi sur ce qui se passe aux États-Unis et à l’échelle mondiale.
En tant que petite économie ouverte, on est très vulnérables à beaucoup de ces facteurs internationaux. Donc, là où la croissance se dirige mondialement, on suit. L’accent a donc été mis sur l’Union européenne, où la croissance et l’inflation ralentissent beaucoup. Il y a aussi les chiffres pour les États-Unis, qui sont plus élevés qu’au Canada, mais qui montrent tout de même que les choses ralentissent ici. C’est donc fondamental pour la Banque du Canada.
Et comme vous l’avez dit, la Banque du Canada a déclaré que la croissance économique était au point mort. Quelles sont vos attentes à l’égard de l’économie?
Oui. On a donc évité de justesse une récession technique. On a enregistré un léger recul au deuxième trimestre. Ça a été révisé à la hausse. Toutefois, on a obtenu des résultats négatifs pour le troisième trimestre, donc on a presque connu une récession technique avec ces résultats négatifs, deux trimestres de suite. Mais les facteurs sous-jacents, selon moi, étaient tous annonciateurs d’une baisse, correspondant à ce à quoi on pourrait s’attendre dans un contexte de taux d’intérêt aussi élevés que celui qu’on connaît aujourd’hui.
Les dépenses de consommation ont donc été assez faibles. Le secteur des exportations a été étonnamment faible, ce qui, encore une fois, a contribué au pessimisme à l’échelle internationale. Mais pour l’avenir, on ne prévoit pas une croissance beaucoup plus forte qu’elle ne l’est actuellement; essentiellement nulle jusqu’au début de l’année prochaine.
Et on s’attend même à ce que la reprise soit lente. Parce qu’il ne faut pas oublier que pour ressentir l’impact des hausses de taux d’intérêt, ça prend du temps. Il faut de 18 à 24 mois pour que chaque hausse de taux d’intérêt se répercute entièrement sur l’économie. On peut donc s’attendre à plus de répercussions sur les dépenses de consommation et sur le service de la dette, ce qui va empêcher l’économie de décoller.
Dans ce contexte économique, pensez-vous que la Banque du Canada en a terminé avec ses hausses de taux? Et quand prévoyez-vous qu’elle va commencer à réduire les taux?
Écoutez... Compte tenu de la trajectoire de croissance de toutes les économies avancées, je crois que la plupart d’entre nous prévoient que les hausses de taux vont cesser du côté des banques centrales, comme la Réserve fédérale, la Banque du Canada, etc. La vraie question est donc de savoir quand va-t-on atteindre ce point d’inflexion où des réductions de taux sont appropriées?
Parce que des taux d’intérêt de ce niveau ne cadrent vraiment pas avec le type de croissance potentielle sous-jacent de notre économie. On fait face à des difficultés. Alors à quel moment va-t-on commencer à observer des réductions? Et on prévoit que ce sera vers le premier trimestre de l’année où la Banque du Canada va commencer à effectuer des réductions. Ceci dit, je crois que les risques sont toujours à la hausse.
Certaines des données qu’on obtient indiquent encore des pressions inflationnistes sous-jacentes, notamment la vigueur du marché de l’emploi; on a vu de bons résultats sur l’emploi l’autre jour, et la croissance des salaires, qui demeure relativement élevée à environ 5 % sur 12 mois. Ces gains salariaux établissent donc en quelque sorte de bonnes bases pour que la Banque du Canada puisse commencer à discuter de réductions de taux. Ceci dit, on prévoit que ça aura lieu au premier trimestre.
D’accord, alors j’aimerais parler de la façon dont les marchés tiennent actuellement compte des fluctuations potentielles. On a observé une certaine évolution des marchés monétaires, notamment du taux du financement à un jour de la Banque du Canada. Comment interprétez-vous ça? Qu’est-ce qu’ils disent?
Et je pense que ça correspond à ce que je viens de dire. Les marchés ne savent toujours pas quand la première baisse aura lieu. Donc, à la réunion de mars, on commence à voir l’humeur des marchés pointer vers une baisse imminente des taux. Ils calculent les chances à environ 38 %, ce qui n’est pas élevé.
Mais c’est le premier type d’occasion, selon moi, dont les marchés tiennent compte pour prévoir une réduction des taux. Mais tout va dépendre de la trajectoire de croissance. Si le quatrième trimestre est nettement en baisse, comme les gens s’y attendent, et qu’il semble de plus en plus évident que le premier trimestre va suivre, alors il y a de la place pour une première réduction.
Mais je pense que les marchés cherchent en quelque sorte à se couvrir et pensent que les risques sont toujours à la hausse. Et je pense que si on regarde les États-Unis, où la croissance est un peu plus résiliente, où les consommateurs sont un peu plus résilients, ça prouve que ces risques de hausse sont toujours présents, au moins.
D’accord. La prochaine annonce de taux de la Banque du Canada ne sera faite qu’en janvier. Quels sont certains des indicateurs que vous surveillerez de près alors que la Banque du Canada va envisager sa prochaine décision?
Oui. Ça sera vraiment de savoir d’où proviennent ces pressions inflationnistes sous-jacentes? On a vu des facteurs de volatilité s’installer, comme les prix du pétrole, l’essence, etc. Mais la croissance sous-jacente des prix, qui va provenir des gains salariaux, de l’inflation des services, des dépenses en services... beaucoup de choses maintenant liées aux consommateurs.
Plus particulièrement, je tiens à souligner qu’on cherche toujours à déterminer dans quelle mesure les hausses de taux d’intérêt vont commencer à alimenter les dépenses de consommation. Donc, étant donné que de plus en plus de gens renouvellent leur prêt hypothécaire à un taux d’intérêt plus élevé, quel en est l’impact? On teste vraiment les limites des liquidités excédentaires qui ont été intégrées au système après la COVID, qui ont fortement augmenté grâce aux mesures de relance gouvernementales.
Mais on a lentement réduit ça. Qu’est-ce qui reste? Et quelles répercussions ces taux plus élevés vont-ils avoir? C’est un peu la grande question en ce moment.
D’accord. Ma dernière question : quelle direction le dollar canadien devrait-il prendre au cours des prochains mois?
Oui. Excellente question. À l’heure actuelle, on se trouve toujours dans une situation très difficile, simplement parce que le différentiel de taux d’intérêt par rapport à celui des États-Unis est encore assez élevé. Et comme je l’ai mentionné plus tôt, les données qu’on voit aux États-Unis sont encore un peu plus solides qu’au Canada. Donc, même si on prévoit une évolution très semblable pour la Réserve fédérale, d’ici à ce que ce différentiel de taux d’intérêt s’installe, le dollar canadien ne devrait pas se redresser trop, trop. Il va donc y avoir une remontée lente et longue vers une certaine normalité à la fin de notre horizon de prévision, probablement jusqu’en 2025, lorsque le dollar canadien va atteindre un niveau normal.
Francis, merci beaucoup d’avoir été des nôtres.
Ça m’a fait plaisir, Anthony. [MUSIQUE]