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La Banque du Canada a augmenté son taux du financement à un jour de 25 points de base dans ses efforts continus pour contrer l’inflation persistante. Anthony Okolie discute des perspectives pour la politique de la banque centrale et l’économie avec Alexandra Gorewicz, gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe à gestion active, Gestion de Placements TD.
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Alex, comme prévu, la Banque du Canada a relevé les taux d’intérêt de 25 points de base et laissé entrevoir une pause de nouvelles hausses pour le moment. Que pensez-vous de cette décision? Eh bien, Tony, il est clair que les hausses de taux qui ont été observées à ce jour, qui se sont surtout produites au cours des 12 derniers mois, commencent à avoir un effet. Si on examine les projections mises à jour et le Rapport sur la politique monétaire pour l’économie canadienne, la Banque du Canada a réduit de moitié ses prévisions de croissance du PIB pour 2023, les faisant passer de 1 % à 0,5 %. Il est donc évident que les données sont un peu plus faibles que prévu. De plus, elle a légèrement révisé ses prévisions d’inflation pour cette année à 2,6 %, tout en s’attendant à revenir à la cible de 2 % d’ici l’an prochain.
C’était donc une façon pour la Banque de dire qu’elle a fait son travail et qu’elle doit maintenant attendre de voir si les données restent conformes aux attentes ou si elle doit revoir à la baisse ses prévisions pour le PIB et l’inflation. Donc croyez-vous que la Banque du Canada a terminé de relever ses taux?
Je crois que le moment est bien choisi pour faire le point sur ce qu’elle a fait et comprendre quels facteurs de risque indépendants de sa volonté pourraient influencer l’évolution de l’inflation à l’avenir. Toutefois, tant qu’elle maintient l’orientation de sa politique actuelle à 4,5 % et son taux directeur à 4,5 %, elle peut se permettre d’attendre de voir comment l’inflation continue de baisser et à quel niveau.
D’accord. On sait maintenant ce que la Banque du Canada nous dit à propos de l’inflation et de l’économie. Qu’est-ce que le marché obligataire nous dit en ce moment? Parce que son orientation est parfois un peu contradictoire.
Le marché obligataire est tout à fait favorable à une pause en ce moment. Jusqu’à ce qu’on assiste à l’explosion d’emplois comme celle qu’on a vue il y a quelques semaines, le marché obligataire n’était même pas certain si la Banque du Canada devait de nouveau relever les taux. Mais après la création de ces emplois, elle a dit, d’accord, on va imposer une autre hausse de taux.
Encore une.
Encore une, 25 points de base. Et voilà. Elle l’a fait. Et maintenant, le marché obligataire est favorable à une pause. Maintenant, ce qui le met en contradiction, et ce, depuis un certain temps, c’est que la Banque du Canada, comme d’autres banques centrales, a déclaré qu’elle ne s’attendait pas à ce que les choses changent rapidement. On a besoin de temps. Et on ne peut pas changer le temps. On ne peut pas le faire passer plus rapidement. On a besoin de temps pour voir si l’inflation redescend à sa cible. Et le marché obligataire a pris une longueur d’avance en disant : « Non, on pense que vous allez commencer à réduire les taux au deuxième semestre de cette année. » C’est donc là qu’il est encore en contradiction.
Le marché obligataire s’attend toujours à ce que cet assouplissement ait lieu au deuxième semestre de cette année. Mais pour l’instant, la Banque du Canada nous demande d’être patients. Prendre une pause et voir ce qui va se passer.
Prendre un peu de temps.
Tout à fait. J’aimerais parler un peu des risques, car on sait que l’inflation demeure un sujet de préoccupation; les craintes d’une récession sont présentes en 2023 Selon vous, quels sont les plus grands risques pesant sur les perspectives de la Banque du Canada à l’heure actuelle?
Je pense que les plus grands risques échappent à son contrôle et qu’ils sont mondiaux. D’une part, ce qui pourrait exercer de nouvelles pressions sur l’inflation, c’est le virage qu’on a observé en Chine après sa politique zéro COVID. Cela produira-t-il le type d’activité économique qui exerce une pression sur les prix des produits de base à l’échelle mondiale, qui exerce à son tour une pression sur l’inflation mondiale? C’est donc un risque pour lequel la pause pourrait se traduire par d’autres hausses de taux plus tard pour la Banque du Canada, même si c’est toujours une probabilité plus faible pour le moment.
En revanche, le risque que le marché obligataire pourrait peut-être avoir raison à propos du besoin de la Banque du Canada de réduire ses taux d’intérêt plus tard cette année, c’est qu’un ralentissement plus prononcé se produise à l’échelle mondiale, autrement dit une récession plus profonde que la récession légère ou ordinaire à laquelle les marchés s’attendent actuellement. Et la façon d’y parvenir, c’est peut-être par l’entremise d’un stress financier à l’échelle mondiale qui pourrait découler, par exemple, du virage de la Banque du Japon vers un resserrement de la politique monétaire.
Elle est encore beaucoup en mode assouplissement. Ou peut-être ça provient de sources politiques comme le plafond de la dette américaine, le débat en cours aux États-Unis et l’évolution possible sur les marchés financiers. Ces deux sources de risque pourraient resserrer les conditions financières mondiales, puis créer un ralentissement plus important que ce que la Banque du Canada prévoit actuellement.
Excellente perspective. Quelles sont les perspectives pour le huard? À votre avis, comment va-t-il évoluer?
Eh bien, la réaction immédiate du dollar canadien a été de se déprécier en raison de la pause indiquée par la Banque du Canada. Mais, en réalité, il sera moins question du dollar canadien que du dollar américain cette année. Après une remontée très vigoureuse dans toutes les grandes devises l’an dernier, le dollar américain, avec la Fed qui approche maintenant la fin de son cycle de hausse des taux, a franchi un tournant et montre des signes de faiblesse.
Maintenant, la persistance de cette tendance, le fait que certaines de ces tensions se manifestent sur les marchés financiers mondiaux, etc., va finir par dicter le comportement du dollar américain. Mais pour le moment, ça semble être sur une trajectoire baissière. Donc, même si le dollar canadien pouvait fléchir maintenant que la Banque du Canada prévoit faire une pause et que d’autres banques centrales sont toujours en train d’effectuer un resserrement, il y a des facteurs compensatoires, en particulier en ce qui concerne le dollar américain. On pourrait donc se retrouver dans une fourchette étroite.
Alex, merci beaucoup pour votre temps.
Merci, Tony. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
Alex, comme prévu, la Banque du Canada a relevé les taux d’intérêt de 25 points de base et laissé entrevoir une pause de nouvelles hausses pour le moment. Que pensez-vous de cette décision? Eh bien, Tony, il est clair que les hausses de taux qui ont été observées à ce jour, qui se sont surtout produites au cours des 12 derniers mois, commencent à avoir un effet. Si on examine les projections mises à jour et le Rapport sur la politique monétaire pour l’économie canadienne, la Banque du Canada a réduit de moitié ses prévisions de croissance du PIB pour 2023, les faisant passer de 1 % à 0,5 %. Il est donc évident que les données sont un peu plus faibles que prévu. De plus, elle a légèrement révisé ses prévisions d’inflation pour cette année à 2,6 %, tout en s’attendant à revenir à la cible de 2 % d’ici l’an prochain.
C’était donc une façon pour la Banque de dire qu’elle a fait son travail et qu’elle doit maintenant attendre de voir si les données restent conformes aux attentes ou si elle doit revoir à la baisse ses prévisions pour le PIB et l’inflation. Donc croyez-vous que la Banque du Canada a terminé de relever ses taux?
Je crois que le moment est bien choisi pour faire le point sur ce qu’elle a fait et comprendre quels facteurs de risque indépendants de sa volonté pourraient influencer l’évolution de l’inflation à l’avenir. Toutefois, tant qu’elle maintient l’orientation de sa politique actuelle à 4,5 % et son taux directeur à 4,5 %, elle peut se permettre d’attendre de voir comment l’inflation continue de baisser et à quel niveau.
D’accord. On sait maintenant ce que la Banque du Canada nous dit à propos de l’inflation et de l’économie. Qu’est-ce que le marché obligataire nous dit en ce moment? Parce que son orientation est parfois un peu contradictoire.
Le marché obligataire est tout à fait favorable à une pause en ce moment. Jusqu’à ce qu’on assiste à l’explosion d’emplois comme celle qu’on a vue il y a quelques semaines, le marché obligataire n’était même pas certain si la Banque du Canada devait de nouveau relever les taux. Mais après la création de ces emplois, elle a dit, d’accord, on va imposer une autre hausse de taux.
Encore une.
Encore une, 25 points de base. Et voilà. Elle l’a fait. Et maintenant, le marché obligataire est favorable à une pause. Maintenant, ce qui le met en contradiction, et ce, depuis un certain temps, c’est que la Banque du Canada, comme d’autres banques centrales, a déclaré qu’elle ne s’attendait pas à ce que les choses changent rapidement. On a besoin de temps. Et on ne peut pas changer le temps. On ne peut pas le faire passer plus rapidement. On a besoin de temps pour voir si l’inflation redescend à sa cible. Et le marché obligataire a pris une longueur d’avance en disant : « Non, on pense que vous allez commencer à réduire les taux au deuxième semestre de cette année. » C’est donc là qu’il est encore en contradiction.
Le marché obligataire s’attend toujours à ce que cet assouplissement ait lieu au deuxième semestre de cette année. Mais pour l’instant, la Banque du Canada nous demande d’être patients. Prendre une pause et voir ce qui va se passer.
Prendre un peu de temps.
Tout à fait. J’aimerais parler un peu des risques, car on sait que l’inflation demeure un sujet de préoccupation; les craintes d’une récession sont présentes en 2023 Selon vous, quels sont les plus grands risques pesant sur les perspectives de la Banque du Canada à l’heure actuelle?
Je pense que les plus grands risques échappent à son contrôle et qu’ils sont mondiaux. D’une part, ce qui pourrait exercer de nouvelles pressions sur l’inflation, c’est le virage qu’on a observé en Chine après sa politique zéro COVID. Cela produira-t-il le type d’activité économique qui exerce une pression sur les prix des produits de base à l’échelle mondiale, qui exerce à son tour une pression sur l’inflation mondiale? C’est donc un risque pour lequel la pause pourrait se traduire par d’autres hausses de taux plus tard pour la Banque du Canada, même si c’est toujours une probabilité plus faible pour le moment.
En revanche, le risque que le marché obligataire pourrait peut-être avoir raison à propos du besoin de la Banque du Canada de réduire ses taux d’intérêt plus tard cette année, c’est qu’un ralentissement plus prononcé se produise à l’échelle mondiale, autrement dit une récession plus profonde que la récession légère ou ordinaire à laquelle les marchés s’attendent actuellement. Et la façon d’y parvenir, c’est peut-être par l’entremise d’un stress financier à l’échelle mondiale qui pourrait découler, par exemple, du virage de la Banque du Japon vers un resserrement de la politique monétaire.
Elle est encore beaucoup en mode assouplissement. Ou peut-être ça provient de sources politiques comme le plafond de la dette américaine, le débat en cours aux États-Unis et l’évolution possible sur les marchés financiers. Ces deux sources de risque pourraient resserrer les conditions financières mondiales, puis créer un ralentissement plus important que ce que la Banque du Canada prévoit actuellement.
Excellente perspective. Quelles sont les perspectives pour le huard? À votre avis, comment va-t-il évoluer?
Eh bien, la réaction immédiate du dollar canadien a été de se déprécier en raison de la pause indiquée par la Banque du Canada. Mais, en réalité, il sera moins question du dollar canadien que du dollar américain cette année. Après une remontée très vigoureuse dans toutes les grandes devises l’an dernier, le dollar américain, avec la Fed qui approche maintenant la fin de son cycle de hausse des taux, a franchi un tournant et montre des signes de faiblesse.
Maintenant, la persistance de cette tendance, le fait que certaines de ces tensions se manifestent sur les marchés financiers mondiaux, etc., va finir par dicter le comportement du dollar américain. Mais pour le moment, ça semble être sur une trajectoire baissière. Donc, même si le dollar canadien pouvait fléchir maintenant que la Banque du Canada prévoit faire une pause et que d’autres banques centrales sont toujours en train d’effectuer un resserrement, il y a des facteurs compensatoires, en particulier en ce qui concerne le dollar américain. On pourrait donc se retrouver dans une fourchette étroite.
Alex, merci beaucoup pour votre temps.
Merci, Tony. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]