
La Réserve fédérale américaine prévoit accélérer le retrait de ses mesures de relance et passe à l’action pour gérer un taux d’inflation record. Kim Parlee et Priya Misra, chef, Stratégie mondiale liée aux taux, Valeurs Mobilières TD, discutent des efforts de la Réserve fédérale et de ce que nous réserve 2022.
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Si vous avez observé les marchés aujourd’hui, beaucoup de choses s’y sont passées. La Fed a fait preuve d’un peu plus de fermeté que prévu, accélérant son retrait graduel des mesures de relance et signalant des hausses de taux plus importantes que prévu. Priya Misra est ici avec moi pour nous donner son point de vue sur ce qu’elle juge important. Elle est, bien sûr, chef, Stratégie mondiale liée aux taux, Valeurs Mobilières TD. Elle nous rejoint de New York.
Priya, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Vous pourriez peut-être nous aider à répondre à cette grande question : « Que s’est-il produit? » Et pourquoi les marchés boursiers se sont-ils redressés par rapport aux résultats d’aujourd’hui?
Bien sûr. On a reçu de la Fed un message très ferme aujourd’hui. Et vous vous demandez pourquoi les marchés son en hausse. Ça vaut la peine de mettre les choses en contexte par rapport aux taux d’intérêt.
Ce que la Fed a annoncé aujourd’hui, c’est qu’elle a accéléré le rythme de son retrait graduel des mesures de relance. Elle va avoir terminé en mars. Et elle a parlé d’au moins trois hausses médianes pour l’an prochain.
Mais je pense que ça vaut la peine de regarder la tendance à long terme et de voir où en sont les taux des obligations du Trésor à 10 ans. Et les taux réels sont de moins 1 %. Les conditions financières sont donc extrêmement expansionnistes. Je pense que la Fed affirme que : « Oui, nous devons réagir à l’inflation et commencer à augmenter les taux. » Et elle a fait un pas, un pas assez important dans cette direction aujourd’hui.
Mais je pense que le marché tient compte de l’ensemble des conditions, et même si la Fed mettait fin au retrait des mesures de relance et haussait trois fois les taux, ça n’entraînerait pas nécessairement une politique restrictive. Et je pense que c’est probablement ce que le marché a considéré comme rassurant, mais la Fed ne panique pas. Pour elle, il n’est pas question d’augmenter les taux au-delà d’un niveau neutre. Je crois que certains économistes ont dit que la Fed devrait peut-être augmenter les taux à 3 % ou 4 %. Et le taux directeur à long terme de la Fed est toujours de 2,5 %.
Donc, même si la Fed a adopté un ton plus ferme aujourd’hui, ce qu’elle a transmis comme message, c’est qu’elle allait procéder à une hausse graduelle vers des taux neutres. Et je pense que c’est ce qui a probablement réjoui le marché, mais on a vu une hausse des taux d’intérêt, car le marché fixe maintenant les prix en fonction de hausses imminentes des taux.
C’est intéressant, parce que la façon dont vous décrivez ça..., j’ai aussi entendu quelqu’un d’autre parler de vous. C’est une manœuvre initiale de la Fed, ce qui, selon moi, confirme ce que vous avez dit, à savoir que beaucoup de choses pourraient se produire rapidement, mais qu’ensuite, il y aura une pause. Ou pour en arriver au taux dont vous parliez, ça va prendre un peu plus de temps, ou un taux plus neutre à long terme.
Exactement. Oui. Je pense qu’on n’avait pas l’impression que la Fed se dépêchait de relever les taux au-delà d’un niveau neutre ou de laisser le bilan s’épuiser plus tôt. Certains soutiennent que pour contenir l’inflation, la Fed devrait laisser le bilan s’épuiser plus rapidement que ce que le marché semblait croire. Et on a entendu parler de gradualisme, même en ce qui concerne le bilan.
Elle a amorcé la discussion, mais elle n’est pas pressée de laisser le bilan s’épuiser. C’est pourquoi je pense qu’à long terme, ça a été plus stable et faible, et les taux réels vont continuer de mettre l’accent sur la faiblesse des taux réels du marché des titres du Trésor. Et ça aide les actifs à risque. Ça aide l’économie, franchement, parce qu’au bout du compte, l’économie réagit aux taux réels. Alors oui, il était beaucoup plus question de hausses, et pas tellement de hausses à long terme.
Que pensez-vous de l’inflation et de la situation économique à long terme, surtout si on ajoute un élément comme le variant Omicron à l’équation? Qu’est-ce que vous allez surveiller?
Oui. Il y a la réaction de la Fed, dont on a eu une idée aujourd’hui, et les perspectives économiques. Et c’est là que le variant Omicron intervient, et l’incertitude est très élevée. L’économie est très solide en ce moment. Et c’est aussi ce qu’a déclaré la Fed. Le PIB frôle les 6 % au quatrième trimestre. L’inflation est très élevée. Mais on doit faire preuve de prudence et ne pas trop extrapoler.
L’amélioration de la croissance cette année s’explique en grande partie par la vaccination et la réouverture, mais aussi par les mesures de relance budgétaire. Mais cet effet-là commence à s’estomper. Et on prévoit un ralentissement de la croissance l’an prochain. Le variant Omicron peut ajouter un risque de baisse à tout ça. En revanche, l’inflation, qui devrait selon nous commencer à ralentir en raison de certaines perturbations de la chaîne d’approvisionnement, devrait diminuer.
Eh bien, si la situation empire à cause du variant Omicron et que des confinements généralisés se produisent dans certaines régions du monde, cela pourrait aggraver la chaîne d’approvisionnement. Il pourrait donc y avoir un risque de hausse de l’inflation en raison du variant Omicron. Alors ce que nous allons surveiller au cours des six prochains mois, je crois, ce sera l’inflation et la croissance. Mais il faudra aussi essayer de voir quelle est la tendance, plutôt que de se demander si ce qui se produit découle du variant Omicron, auquel cas je dirais que ça ne devrait pas durer.
Il faut espérer qu’à un moment donné, cette poussée du variant Omicron va diminuer aussi, après quoi on surveillerait le niveau tendanciel de croissance et d’inflation, et si ça va aider la Fed à commencer à hausser les taux d’ici le milieu de l’année prochaine.
On se croise les doigts. J’espère que ça va arriver. Priya, il ne me reste qu’environ 10 secondes, mais compte tenu de tous ces facteurs, je suis sûre qu’il est difficile de faire des prévisions, mais à quoi vous attendez-vous par rapport au dollar américain?
On a de bonnes prévisions pour le dollar à court terme, parce que la croissance aux États-Unis est la plus forte au monde. Il y a la réunion de la BCE demain, alors ça pourrait être très intéressant. On ne pense pas que la BCE fasse comme la Fed, soit adopter un ton plus ferme. Le dollar devrait donc se raffermir par rapport à l’euro.
Mais il y a d’autres régions du monde, les marchés émergents, par exemple, où le dollar pourrait avoir plus de difficulté. Je pense donc qu’au lieu de considérer le dollar dans son ensemble, il faut aussi y voir des sources de vigueur. Et puis dans d’autres marchés émergents, en Asie, par exemple, ils devraient, selon nous, surpasser le dollar américain. Il y a donc une certaine différenciation.
Priya, c’est toujours un plaisir. Merci infiniment.
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Priya, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Vous pourriez peut-être nous aider à répondre à cette grande question : « Que s’est-il produit? » Et pourquoi les marchés boursiers se sont-ils redressés par rapport aux résultats d’aujourd’hui?
Bien sûr. On a reçu de la Fed un message très ferme aujourd’hui. Et vous vous demandez pourquoi les marchés son en hausse. Ça vaut la peine de mettre les choses en contexte par rapport aux taux d’intérêt.
Ce que la Fed a annoncé aujourd’hui, c’est qu’elle a accéléré le rythme de son retrait graduel des mesures de relance. Elle va avoir terminé en mars. Et elle a parlé d’au moins trois hausses médianes pour l’an prochain.
Mais je pense que ça vaut la peine de regarder la tendance à long terme et de voir où en sont les taux des obligations du Trésor à 10 ans. Et les taux réels sont de moins 1 %. Les conditions financières sont donc extrêmement expansionnistes. Je pense que la Fed affirme que : « Oui, nous devons réagir à l’inflation et commencer à augmenter les taux. » Et elle a fait un pas, un pas assez important dans cette direction aujourd’hui.
Mais je pense que le marché tient compte de l’ensemble des conditions, et même si la Fed mettait fin au retrait des mesures de relance et haussait trois fois les taux, ça n’entraînerait pas nécessairement une politique restrictive. Et je pense que c’est probablement ce que le marché a considéré comme rassurant, mais la Fed ne panique pas. Pour elle, il n’est pas question d’augmenter les taux au-delà d’un niveau neutre. Je crois que certains économistes ont dit que la Fed devrait peut-être augmenter les taux à 3 % ou 4 %. Et le taux directeur à long terme de la Fed est toujours de 2,5 %.
Donc, même si la Fed a adopté un ton plus ferme aujourd’hui, ce qu’elle a transmis comme message, c’est qu’elle allait procéder à une hausse graduelle vers des taux neutres. Et je pense que c’est ce qui a probablement réjoui le marché, mais on a vu une hausse des taux d’intérêt, car le marché fixe maintenant les prix en fonction de hausses imminentes des taux.
C’est intéressant, parce que la façon dont vous décrivez ça..., j’ai aussi entendu quelqu’un d’autre parler de vous. C’est une manœuvre initiale de la Fed, ce qui, selon moi, confirme ce que vous avez dit, à savoir que beaucoup de choses pourraient se produire rapidement, mais qu’ensuite, il y aura une pause. Ou pour en arriver au taux dont vous parliez, ça va prendre un peu plus de temps, ou un taux plus neutre à long terme.
Exactement. Oui. Je pense qu’on n’avait pas l’impression que la Fed se dépêchait de relever les taux au-delà d’un niveau neutre ou de laisser le bilan s’épuiser plus tôt. Certains soutiennent que pour contenir l’inflation, la Fed devrait laisser le bilan s’épuiser plus rapidement que ce que le marché semblait croire. Et on a entendu parler de gradualisme, même en ce qui concerne le bilan.
Elle a amorcé la discussion, mais elle n’est pas pressée de laisser le bilan s’épuiser. C’est pourquoi je pense qu’à long terme, ça a été plus stable et faible, et les taux réels vont continuer de mettre l’accent sur la faiblesse des taux réels du marché des titres du Trésor. Et ça aide les actifs à risque. Ça aide l’économie, franchement, parce qu’au bout du compte, l’économie réagit aux taux réels. Alors oui, il était beaucoup plus question de hausses, et pas tellement de hausses à long terme.
Que pensez-vous de l’inflation et de la situation économique à long terme, surtout si on ajoute un élément comme le variant Omicron à l’équation? Qu’est-ce que vous allez surveiller?
Oui. Il y a la réaction de la Fed, dont on a eu une idée aujourd’hui, et les perspectives économiques. Et c’est là que le variant Omicron intervient, et l’incertitude est très élevée. L’économie est très solide en ce moment. Et c’est aussi ce qu’a déclaré la Fed. Le PIB frôle les 6 % au quatrième trimestre. L’inflation est très élevée. Mais on doit faire preuve de prudence et ne pas trop extrapoler.
L’amélioration de la croissance cette année s’explique en grande partie par la vaccination et la réouverture, mais aussi par les mesures de relance budgétaire. Mais cet effet-là commence à s’estomper. Et on prévoit un ralentissement de la croissance l’an prochain. Le variant Omicron peut ajouter un risque de baisse à tout ça. En revanche, l’inflation, qui devrait selon nous commencer à ralentir en raison de certaines perturbations de la chaîne d’approvisionnement, devrait diminuer.
Eh bien, si la situation empire à cause du variant Omicron et que des confinements généralisés se produisent dans certaines régions du monde, cela pourrait aggraver la chaîne d’approvisionnement. Il pourrait donc y avoir un risque de hausse de l’inflation en raison du variant Omicron. Alors ce que nous allons surveiller au cours des six prochains mois, je crois, ce sera l’inflation et la croissance. Mais il faudra aussi essayer de voir quelle est la tendance, plutôt que de se demander si ce qui se produit découle du variant Omicron, auquel cas je dirais que ça ne devrait pas durer.
Il faut espérer qu’à un moment donné, cette poussée du variant Omicron va diminuer aussi, après quoi on surveillerait le niveau tendanciel de croissance et d’inflation, et si ça va aider la Fed à commencer à hausser les taux d’ici le milieu de l’année prochaine.
On se croise les doigts. J’espère que ça va arriver. Priya, il ne me reste qu’environ 10 secondes, mais compte tenu de tous ces facteurs, je suis sûre qu’il est difficile de faire des prévisions, mais à quoi vous attendez-vous par rapport au dollar américain?
On a de bonnes prévisions pour le dollar à court terme, parce que la croissance aux États-Unis est la plus forte au monde. Il y a la réunion de la BCE demain, alors ça pourrait être très intéressant. On ne pense pas que la BCE fasse comme la Fed, soit adopter un ton plus ferme. Le dollar devrait donc se raffermir par rapport à l’euro.
Mais il y a d’autres régions du monde, les marchés émergents, par exemple, où le dollar pourrait avoir plus de difficulté. Je pense donc qu’au lieu de considérer le dollar dans son ensemble, il faut aussi y voir des sources de vigueur. Et puis dans d’autres marchés émergents, en Asie, par exemple, ils devraient, selon nous, surpasser le dollar américain. Il y a donc une certaine différenciation.
Priya, c’est toujours un plaisir. Merci infiniment.
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