Les détaillants espèrent que la période des achats du temps des fêtes de cette année leur donnera de l’élan, même alors que les consommateurs font face à une hausse du coût de la vie. Greg Bonnell de Parlons Argent discute avec Chris Graja, analyste principal des services bancaires de détail chez Argus Research.
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La saison des achats de Noël est à nos portes. Mais après une saison d'annonces de bénéfices où de nombreux détaillants ont mis en garde contre un ralentissement des ventes dû au coût élevé de la vie, les bénéfices du commerce de détail vont-ils être comprimés? Chris Graja d'Argus Research commente. Bonjour, Chris. C'est l'époque parfaite de l'année pour parler de commerce de détail. Est-ce que les consommateurs ouvriront leur portefeuille et qu'est-ce que cela signifie pour le secteur de détail? La première chose à retenir au début de la saison des fêtes, c'est que les gens vont toujours tâcher d'essayer de faire ce qu'ils peuvent pour que les fêtes soient mémorables pour les personnes qui leur sont chères. Il y aura peut-être des conséquences en janvier, mais les gens sont optimistes pendant les fêtes et c'est là un élément positif. Si vous considérez les chiffres de base, la révision du PIB est très forte, l'IPC a bel et bien reculé, le chômage ralentit. En surface, tout semble bien se passer. Mais la difficulté, c'est que, comme vous l'avez dit, l'inflation demeure élevée. Doug MacMillon, chef de la direction de Walmart, a dit il y a quelques mois que le coût d'un panier d'épicerie est plus élevé de 20 % qu'il ne l'était avant la pandémie. Si votre famille dépense 200 $ par semaine à l'épicerie... ... cela fait 160 $ par mois de dépenses supplémentaires qui réduisent votre capacité à faire des achats discrétionnaires. Et c'est là où se situe le principal défi. Que ce soit... ... les aliments pour animaux familiers, que les gens achètent toujours, mais il n'achète pas des articles coûteux comme des remorques, on le voit chez Home Depot. Pendant la pandémie, à Home Depot ou chez Lowes, les gens achetaient de nombreux appareils ménagers. S'ils avaient besoin d'un réfrigérateur, ils achetaient le lave-vaisselle et la cuisinière assorties. À présent, les gens attendent la dernière minute pour remplacer leurs appareils. Même dans les magasins qui vendent des articles beaucoup moins coûteux, les acheteurs choisissent désormais des marques maison, prennent des décisions quant au nombre d'articles qu'ils doivent acheter, et ils réduisent les réserves dans leur placard. En effet, beaucoup de gens ont dépensé l'épargne accumulée pendant la pandémie. Certains des programmes qui étaient conçus pour stabiliser l'économie pendant la pandémie, par exemple le programme SNAP aux États-Unis, les crédits d'impôt pour enfants, la suspension de remboursement des prêts aux étudiants, bon nombre de ces programmes ont pris fin. L'une des dynamiques que l'on constate, c'est que les dépenses en matière de services sont élevées. L'une des raisons en est que certains des consommateurs moins aisés doivent dépenser davantage pour l'alimentation dans leur budget mensuel et sont donc davantage à la peine. En outre, les données laissent accroire qu'ils dépensent une part plus importante de leur épargne accumulée pendant la Covid. Les consommateurs plus aisés ont davantage de moyens et dépensent de plus en plus en services, en expériences, en voyage, en repas au restaurant, et nous pouvons parler si vous voulez de la manière dont cela affecte les pronostics de dépenses pour les fêtes. Oui, parce qu'il y a une transition des dépenses nécessaires et des dépenses facultatives. Mais avant d'aborder ce sujet, plusieurs détaillants pendant les fêtes déclarent que lorsqu'ils organisent des soldes, les articles s'arrachent, mais à part les périodes des soldes, les consommateurs ne sont pas au rendez-vous. Du point de vue d'un investisseur, cela laisse accroire que les marges bénéficiaires seront réduites, voire nulles. Cette thèse est très convaincante. L'une des questions qu'il se pose, c'est de savoir si les inventaires sont suffisamment alignés sur les ventes. Vous faites allusion aux tendances en matière de magasinage. Le magasinage se porte bien pour la fête des Mères, pour la fête des Pères, pour la rentrée des classes, pour l'Action de grâce pour l'Halloween, pour Noël. Mais dans les intervalles, cela devient plus difficile. Je surveille de très près pendant cette saison des fêtes, et là, j'entre un peu dans le détail technique, l'Action de grâce américaine était assez tôt cette année, la période entre cette fête et Noël est plus longue, le magasinage reprendra dans les quelques derniers jours avant Noël. Cela ne fait aucun doute, mais on s'inquiète un peu des semaines entre le Cyber Lundi et le moment où les gens se disent: Noël est dans deux jours, il faut que j'aille faire mes emplettes. Si les inventaires sont abondants pendant ces semaines plutôt ternes, on l'a vu l'an dernier, certains détaillants pourraient prendre peur et démarquer. Oui, je pense que c'est un équilibre entre le fait que les inventaires sont élevés, au début de la saison... ... la mesure dans laquelle les inventaires ont été écoulés en octobre, lorsqu'il y a eu beaucoup de soldes, les résultats obtenus le Vendredi Fou, la fin de semaine semble avoir été assez réussie, et puis le fait que certains détaillants pourraient éprouver le besoin de réduire les prix à l'approche des fêtes, pour se débarrasser de leurs inventaires, mais beaucoup d'enquêtes confirment votre intuition que beaucoup de gens recherchent des soldes. Pendant la pandémie, il y avait des pénuries de produits, les parents étaient prêts à payer n'importe quel prix pour procurer tel ou tel jouet à leur enfant. Le changement des habitudes des consommateurs, après que je fais mes emplettes dans un moment de panique, juste avant Noël... Après Noël, on a fait des emplettes, mais maintenant ce qu'on veut, c'est sortir de chez soi. Est-ce que vous pensez que les consommateurs ayant fait leurs emplettes pour les Fêtes consacreront davantage d'argent en janvier à des sorties au restaurant par exemple? L'un des défis, c'est que si l'économie demeure plutôt resserrée, surtout pour les gens moins aisés, vous avez dépensé votre argent... ... vous en avez même dépensé un peu beaucoup pour acheter un jouet ou un cadeau, et puis les notes de carte de crédit arrivent au mois de janvier. L'un des défis, c'est que les encours de cartes de crédit ont atteint des niveaux très élevés et l'on se dit: Il faut que je fasse très attention pendant un ou deux mois. Vous avez raison, pour les acheteurs plus aisés, juste après Noël, certains des détaillants et grands magasins de haut de gamme proposent des collections de villégiatures. Ce n'est pas pour tout le monde, mais comme vous le dîtes, il y a un pourcentage de la population qui commence à songer à s'habiller pour aller en voyage en Espagne ou en Californie, ou partir en croisière. Oui, il y a beaucoup de dynamiques qui sont en jeu. C'est cela qui rend le secteur intéressant, mais je pense que la principale dynamique, c'est que si les gens mettent le paquet pour que Noël soit beau, qu'est-ce qui se passe quand les cartes de crédit ont un solde important au mois de janvier et qu'il n'y a pas suffisamment de soldes pour convaincre les consommateurs de délier les cordons de la bourse?