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Le dernier rapport américain sur l’IPC a présenté des données plus faibles que prévu, mais cela signifie-t-il que la Fed ralentira le rythme des hausses de taux? Greg Bonnell de MoneyTalk s’entretient avec Christian Medeiros, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, de ses perspectives concernant l’inflation et les taux d’intérêt.
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Les dernières données sur l’inflation américaine sont plus faibles que prévu, ce qui renforce l’espoir des investisseurs que les récentes hausses de taux énergiques imposées par la Fed tirent à sa fin. Christian Medeiros, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour nous présenter son point de vue sur le sujet. Christian, heureux de vous revoir, et heureux de vous revoir à l’occasion d’une journée comme celle-ci, où on peut vraiment examiner plus en profondeur le rapport sur l’inflation. Qu’est-ce que vous y avez vu?
C’est un plaisir d’être de retour. Oui, des données beaucoup plus faibles que le consensus, et beaucoup plus faibles que prévu, tant pour l’IPC global que pour l’IPC de base. Par conséquent, les marchés se réjouissent, parce que la Fed est sur la bonne voie, puisqu’elle s’attend à ce que sa campagne de hausses rapproche l’inflation de sa cible de 2 %.
Ce qu’on voit sur les marchés, c’est qu’ils ont pris en compte un taux final inférieur à celui d’hier, et que ce taux final survient plus tôt que prévu dans l’année. Le marché s’attend donc à ce que la Fed adopte une approche moins audacieuse à l’avenir. Et ça tombe bien, car il y a une rencontre plus tard cette semaine. Par conséquent, les actions augmentent, les taux baissent et le dollar américain s’affaiblit. Il y a donc un risque élevé qui est généralisé.
Est-ce qu’on aurait ici deux coups durs à la fois? D’un côté, il y a le rapport sur l’inflation qui est sorti ce matin, dont les données sont plus faibles que prévu, et les marchés se redressent, mais en même temps, je ne suis pas tout à fait convaincu de ce que Jerome Powell va nous dire demain, par rapport au gouverneur de banque centrale qui va se... ou le président de la Fed, devrais-je dire, qui va se prononcer sur ce rapport. Qu’est-ce qu’ils vont en faire?
Hmm. Ce rapport sur l’inflation ne devrait pas changer la hausse prévue plus tard cette semaine. On va quand même probablement avoir une hausse de 50 points de base. Mais on a des projections économiques de la Fed, de sorte que les gens vont surveiller de près les attentes moyennes à l’égard d’un taux final, leurs prévisions de croissance économique et les principaux points de données provenant de la Fed. Ce sera donc un élément clé à surveiller. Ça n’aura probablement pas d’effet là-dessus, mais ça sera très intéressant pour les marchés à interpréter. Ce qui inquiète le plus les investisseurs, selon moi, c’est de savoir comment la Fed, en particulier Jerome Powell, va parler de certaines choses lors de la conférence de presse, quand il va répondre aux questions. À la dernière conférence de presse, il avait fortement réagi quand il a appris que les marchés étaient en hausse ce jour-là, simplement parce qu’il voulait maintenir des conditions financières conformes. C’est donc possible que la Fed continue d’être un peu plus ferme et de veiller à ce que les conditions financières restent modérées, parce qu’il ne veut pas qu’un allégement des conditions financières vienne annuler les progrès réalisés en matière d’inflation.
Oui, j’ai pensé exactement la même chose quand j’ai vu les marchés se prononcer sur le rapport avant que les choses se calment un peu. Je me suis dit : « Jerome Powell va encore devenir sévère. » Il est devenu sévère à Jackson Hole. Vous avez dit que la dernière fois que Jerome Powell est devenu sévère, il n’était pas content de ce qu’il constatait.
Hmm. Oui, je pense qu’il va essayer de trouver un juste milieu, de jouer sur les deux tableaux et de continuer d’insister pour que la Fed poursuive sa trajectoire de hausse des taux afin de maîtriser l’inflation. Et on ne devrait pas s’attendre à ce que la Fed lève le pied entre-temps, parce qu’elle n’a connu que quelques mois d’améliorations consécutives.
Et ils ne veulent pas répéter l’erreur d’Arthur Burns dans les années 1970, qui avait allégé les choses trop tôt. Le message va donc porter sur le rythme, la lenteur de l’opération, le taux final et la durée pendant laquelle ils vont le conserver. Ce sont les questions que les investisseurs vont commencer à se poser.
Oui, ils doivent voir une tendance à long terme, évidemment, et ça serait logique qu’ils posent ces questions-là. Est-ce qu’on commence à voir les germes de cette tendance à long terme? Peut-on croire aux chiffres qu’on a vus et qui nous ont menés à ce stade-ci, à savoir qu’en 2023, l’inflation va peut-être continuer de baisser et que nous n’aurons pas à composer avec des hausses de taux massives?
Oui, on va regarder de plus près le portrait de l’inflation. La dernière fois qu’on s’est vus, on a parlé de l’analogie de l’oignon que le gouverneur Williams avait utilisée. Sur la couche extérieure de l’oignon, qui est l’inflation, il y a les produits de base et l’énergie. On a encore une fois observé une forte baisse de ce côté-là, ce qui est une nette amélioration. À la deuxième couche, il y a les biens et les produits durables. On a vu d’importantes baisses dans cette catégorie-là ce mois-ci. Les voitures d’occasion en sont un exemple frappant. Pendant la pandémie, tout le monde achetait des voitures d’occasion. Les prix étaient beaucoup, beaucoup plus élevés. Par conséquent, les prix des nouvelles voitures, aussi difficiles à obtenir en raison des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement, ont grimpé en flèche.
En fait, les ventes de voitures d’occasion ont fortement diminué ce mois-ci. Les ventes de nouvelles voitures ont également stagné par rapport au mois précédent. C’est donc une nette amélioration pour les biens durables. En ce qui concerne les autres biens durables, comme les électroménagers, on a également observé une certaine modération, ce qui est très bien. Ça montre vraiment que, dans le portrait de l’inflation, la partie de la chaîne d’approvisionnement des biens ralentit.
La partie centrale de l’oignon, la plus difficile à fendre ou à couper, c’est le logement et les services de base. En fait, on a vu un peu de potentiel... on peut s’attendre à une certaine amélioration à ce chapitre également. C’est toujours solide. Les salaires demeurent élevés, ce qui favorise cette catégorie-là. Mais on observe une certaine amélioration. Ce à quoi on peut surtout s’attendre, selon moi, et qui va entraîner une amélioration séquentielle, c’est le logement, qui représente toujours la plus grande partie de l’inflation. Par contre, si on examine les indicateurs avancés du logement, comme les logements annoncés sur Zillow, soit les nouveaux loyers pour l’économie par rapport au mois précédent, on constate qu’ils diminuent assez rapidement. La façon dont ça mesure l’IPC est de loin la plus décalée, parce que ça sonde tous les loyers au sein de l’économie. Et si on examine la relation historique entre les indicateurs précurseurs et retardés, on constate qu’elle dure peut-être environ 12 mois. Ces nouveaux loyers ont donc diminué en mai de cette année. D’ici mai de l’an prochain, cette catégorie devrait aussi ralentir. Donc, ce que ça signifie, c’est que dans toutes les couches de l’oignon, on peut entrevoir une trajectoire vers une baisse de l’inflation au cours de 2023. Le niveau qu’on va atteindre est la grande question, mais on peut certainement voir un ralentissement à partir de là.
Comment cela va-t-il orienter les marchés pour 2023? Si on peut aller au-delà des hausses massives de taux, qui auraient en quelque sorte pour effet de réduire l’inflation, même si ce sera un processus, et peut-être que, dans le cadre de ce processus, les banques centrales vont finir par trouver leur taux final et le conserver pendant un certain temps, où cela nous place-t-il en tant qu’investisseurs?
Oui, étant donné qu’on voit la trajectoire de ralentissement de l’inflation dans tout l’oignon, si on peut dire, on pense que la situation l’année prochaine pourrait être un peu différente. On délaisse les hausses massives au profit d’un ralentissement. Et je pense que les questions vont maintenant porter sur la croissance plutôt que sur l’inflation. À quoi la croissance va-t-elle ressembler? Le rythme record des hausses qu’on a observé va-t-il entraîner une récession? Le déclin de l’économie des biens qu’on observe chez les indices PMI va-t-il entraîner une récession en Amérique du Nord? Est-ce que ça va entraîner une récession à l’échelle mondiale?
Ce sont donc les questions sur la croissance que les investisseurs vont se poser, selon moi, l’an prochain. Et ça va vraiment déterminer la trajectoire des marchés, et aussi celle des taux d’intérêt. À l’heure actuelle, le marché prévoit des baisses vers la fin de 2023, ce qui pourrait indiquer un ralentissement potentiel. Je pense donc que la trajectoire de la récession est vraiment ce qu’il faut surveiller en 2023, tout en s’éloignant du scénario de l’inflation.
[MUSIQUE]
Les dernières données sur l’inflation américaine sont plus faibles que prévu, ce qui renforce l’espoir des investisseurs que les récentes hausses de taux énergiques imposées par la Fed tirent à sa fin. Christian Medeiros, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour nous présenter son point de vue sur le sujet. Christian, heureux de vous revoir, et heureux de vous revoir à l’occasion d’une journée comme celle-ci, où on peut vraiment examiner plus en profondeur le rapport sur l’inflation. Qu’est-ce que vous y avez vu?
C’est un plaisir d’être de retour. Oui, des données beaucoup plus faibles que le consensus, et beaucoup plus faibles que prévu, tant pour l’IPC global que pour l’IPC de base. Par conséquent, les marchés se réjouissent, parce que la Fed est sur la bonne voie, puisqu’elle s’attend à ce que sa campagne de hausses rapproche l’inflation de sa cible de 2 %.
Ce qu’on voit sur les marchés, c’est qu’ils ont pris en compte un taux final inférieur à celui d’hier, et que ce taux final survient plus tôt que prévu dans l’année. Le marché s’attend donc à ce que la Fed adopte une approche moins audacieuse à l’avenir. Et ça tombe bien, car il y a une rencontre plus tard cette semaine. Par conséquent, les actions augmentent, les taux baissent et le dollar américain s’affaiblit. Il y a donc un risque élevé qui est généralisé.
Est-ce qu’on aurait ici deux coups durs à la fois? D’un côté, il y a le rapport sur l’inflation qui est sorti ce matin, dont les données sont plus faibles que prévu, et les marchés se redressent, mais en même temps, je ne suis pas tout à fait convaincu de ce que Jerome Powell va nous dire demain, par rapport au gouverneur de banque centrale qui va se... ou le président de la Fed, devrais-je dire, qui va se prononcer sur ce rapport. Qu’est-ce qu’ils vont en faire?
Hmm. Ce rapport sur l’inflation ne devrait pas changer la hausse prévue plus tard cette semaine. On va quand même probablement avoir une hausse de 50 points de base. Mais on a des projections économiques de la Fed, de sorte que les gens vont surveiller de près les attentes moyennes à l’égard d’un taux final, leurs prévisions de croissance économique et les principaux points de données provenant de la Fed. Ce sera donc un élément clé à surveiller. Ça n’aura probablement pas d’effet là-dessus, mais ça sera très intéressant pour les marchés à interpréter. Ce qui inquiète le plus les investisseurs, selon moi, c’est de savoir comment la Fed, en particulier Jerome Powell, va parler de certaines choses lors de la conférence de presse, quand il va répondre aux questions. À la dernière conférence de presse, il avait fortement réagi quand il a appris que les marchés étaient en hausse ce jour-là, simplement parce qu’il voulait maintenir des conditions financières conformes. C’est donc possible que la Fed continue d’être un peu plus ferme et de veiller à ce que les conditions financières restent modérées, parce qu’il ne veut pas qu’un allégement des conditions financières vienne annuler les progrès réalisés en matière d’inflation.
Oui, j’ai pensé exactement la même chose quand j’ai vu les marchés se prononcer sur le rapport avant que les choses se calment un peu. Je me suis dit : « Jerome Powell va encore devenir sévère. » Il est devenu sévère à Jackson Hole. Vous avez dit que la dernière fois que Jerome Powell est devenu sévère, il n’était pas content de ce qu’il constatait.
Hmm. Oui, je pense qu’il va essayer de trouver un juste milieu, de jouer sur les deux tableaux et de continuer d’insister pour que la Fed poursuive sa trajectoire de hausse des taux afin de maîtriser l’inflation. Et on ne devrait pas s’attendre à ce que la Fed lève le pied entre-temps, parce qu’elle n’a connu que quelques mois d’améliorations consécutives.
Et ils ne veulent pas répéter l’erreur d’Arthur Burns dans les années 1970, qui avait allégé les choses trop tôt. Le message va donc porter sur le rythme, la lenteur de l’opération, le taux final et la durée pendant laquelle ils vont le conserver. Ce sont les questions que les investisseurs vont commencer à se poser.
Oui, ils doivent voir une tendance à long terme, évidemment, et ça serait logique qu’ils posent ces questions-là. Est-ce qu’on commence à voir les germes de cette tendance à long terme? Peut-on croire aux chiffres qu’on a vus et qui nous ont menés à ce stade-ci, à savoir qu’en 2023, l’inflation va peut-être continuer de baisser et que nous n’aurons pas à composer avec des hausses de taux massives?
Oui, on va regarder de plus près le portrait de l’inflation. La dernière fois qu’on s’est vus, on a parlé de l’analogie de l’oignon que le gouverneur Williams avait utilisée. Sur la couche extérieure de l’oignon, qui est l’inflation, il y a les produits de base et l’énergie. On a encore une fois observé une forte baisse de ce côté-là, ce qui est une nette amélioration. À la deuxième couche, il y a les biens et les produits durables. On a vu d’importantes baisses dans cette catégorie-là ce mois-ci. Les voitures d’occasion en sont un exemple frappant. Pendant la pandémie, tout le monde achetait des voitures d’occasion. Les prix étaient beaucoup, beaucoup plus élevés. Par conséquent, les prix des nouvelles voitures, aussi difficiles à obtenir en raison des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement, ont grimpé en flèche.
En fait, les ventes de voitures d’occasion ont fortement diminué ce mois-ci. Les ventes de nouvelles voitures ont également stagné par rapport au mois précédent. C’est donc une nette amélioration pour les biens durables. En ce qui concerne les autres biens durables, comme les électroménagers, on a également observé une certaine modération, ce qui est très bien. Ça montre vraiment que, dans le portrait de l’inflation, la partie de la chaîne d’approvisionnement des biens ralentit.
La partie centrale de l’oignon, la plus difficile à fendre ou à couper, c’est le logement et les services de base. En fait, on a vu un peu de potentiel... on peut s’attendre à une certaine amélioration à ce chapitre également. C’est toujours solide. Les salaires demeurent élevés, ce qui favorise cette catégorie-là. Mais on observe une certaine amélioration. Ce à quoi on peut surtout s’attendre, selon moi, et qui va entraîner une amélioration séquentielle, c’est le logement, qui représente toujours la plus grande partie de l’inflation. Par contre, si on examine les indicateurs avancés du logement, comme les logements annoncés sur Zillow, soit les nouveaux loyers pour l’économie par rapport au mois précédent, on constate qu’ils diminuent assez rapidement. La façon dont ça mesure l’IPC est de loin la plus décalée, parce que ça sonde tous les loyers au sein de l’économie. Et si on examine la relation historique entre les indicateurs précurseurs et retardés, on constate qu’elle dure peut-être environ 12 mois. Ces nouveaux loyers ont donc diminué en mai de cette année. D’ici mai de l’an prochain, cette catégorie devrait aussi ralentir. Donc, ce que ça signifie, c’est que dans toutes les couches de l’oignon, on peut entrevoir une trajectoire vers une baisse de l’inflation au cours de 2023. Le niveau qu’on va atteindre est la grande question, mais on peut certainement voir un ralentissement à partir de là.
Comment cela va-t-il orienter les marchés pour 2023? Si on peut aller au-delà des hausses massives de taux, qui auraient en quelque sorte pour effet de réduire l’inflation, même si ce sera un processus, et peut-être que, dans le cadre de ce processus, les banques centrales vont finir par trouver leur taux final et le conserver pendant un certain temps, où cela nous place-t-il en tant qu’investisseurs?
Oui, étant donné qu’on voit la trajectoire de ralentissement de l’inflation dans tout l’oignon, si on peut dire, on pense que la situation l’année prochaine pourrait être un peu différente. On délaisse les hausses massives au profit d’un ralentissement. Et je pense que les questions vont maintenant porter sur la croissance plutôt que sur l’inflation. À quoi la croissance va-t-elle ressembler? Le rythme record des hausses qu’on a observé va-t-il entraîner une récession? Le déclin de l’économie des biens qu’on observe chez les indices PMI va-t-il entraîner une récession en Amérique du Nord? Est-ce que ça va entraîner une récession à l’échelle mondiale?
Ce sont donc les questions sur la croissance que les investisseurs vont se poser, selon moi, l’an prochain. Et ça va vraiment déterminer la trajectoire des marchés, et aussi celle des taux d’intérêt. À l’heure actuelle, le marché prévoit des baisses vers la fin de 2023, ce qui pourrait indiquer un ralentissement potentiel. Je pense donc que la trajectoire de la récession est vraiment ce qu’il faut surveiller en 2023, tout en s’éloignant du scénario de l’inflation.
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