On s’attend globalement à ce que la Réserve fédérale américaine procède à une autre hausse de taux importante lors de sa prochaine réunion sur la politique monétaire. Greg Bonnell discute avec Derek Burleton, économiste en chef adjoint, Groupe Banque TD, de la lutte de la banque centrale contre l’inflation et des arguments en faveur de la prudence dans un contexte de préoccupations économiques croissantes.
Print Transcript
[LOGO AUDIO]
C’est une semaine importante pour les investisseurs. Nous attendons la dernière décision de la Réserve fédérale concernant les taux. Bien sûr, ce sera mercredi. Bien sûr, pas plus tard que la semaine dernière, notre banque centrale a enregistré une hausse plus modeste que prévu. Certains pensent que la Fed pourrait aussi se préparer à ralentir son rythme de hausse des taux. Derek Burleton, économiste en chef adjoint, Groupe Banque TD, se joint à nous. Derek, c’est un plaisir de vous avoir avec nous.
Joyeuse Halloween!
Joyeuse Halloween à vous aussi. Parlons de la Fed et de… Après la Banque du Canada la semaine dernière, je ne pense pas que la Banque du Canada exercera une telle influence sur la Fed. Mais cela fait réagir les gens et ils parlent des prochaines étapes.
Oui, c’est le monde à l’envers. On parle beaucoup de virage en ce moment. Tout a commencé avec la Fed. Les dirigeants de la Fed la semaine précédente, en nombre modeste, mais croissant suggéraient que la Fed devrait être un peu plus prudente à l’égard des hausses de taux. Et ça a atteint un autre niveau. Puis, la semaine dernière, la Banque du Canada a fait les manchettes à l’échelle mondiale avec une diminution de 50 plutôt que de 75, et je pense que certains…
Une hausse de 50.
Excusez-moi.
On est tellement habitués aux baisses de taux, n’est-ce pas? Je fais la même chose. Je fais la même chose.
Oui, on mentionnera peut-être les réductions de taux plus tard, car on en prévoit mais oui, on parle bien de hausse là. Et oui, je pense que ça renforce en partie ce récit. Ce sera donc intéressant. Je ne crois pas que la Fed va changer de cap, du moins pas mercredi. Je pense qu’il y a un certain nombre de raisons pour lesquelles elle va être prudente, en partie parce que les données… l’économie américaine fléchit, mais elle ne se casse pas. C’est ce qu’on a vu au troisième trimestre pour le PIB.
Le marché de l’emploi n’a pas vraiment ralenti. Je sais que ces chiffres seront publiés à la fin de la semaine, mais les marchés s’attendent toujours à des salaires importants pour octobre. Et je pense que l’une des choses qui préoccupent la Fed, c’est qu’on a vu une forte remontée des taux obligataires la semaine dernière. On assiste à un assouplissement des conditions financières.
Et cela va à l’encontre de ce qu’elle cherche à réaliser. Si elle commence à intervenir trop tôt, elle aura un impact important sur les marchés obligataires mondiaux, ça pourrait se retourner contre elle plus tard. Donc, si on prend tout ça en compte, je pense que Powell et la déclaration elle-même seront assez fermes.
Il semble que les banques centrales soient dans une situation difficile, comme vous l’avez mentionné, les marchés réagissent aux informations les plus anodines. Et ce n’est peut-être pas ce que la Fed veut voir en termes de conditions financières, si elle ne réfléchit pas à ce qu’elle a déjà fait, quelle sera l’ampleur des répercussions sur l’économie dans un an, 18 mois? Mais si elle s’arrête trop tôt et que l’inflation n’est pas maîtrisée… ce n’est vraiment pas évident.
En effet, c’est compliqué. Si on revient aux années 70, l’inflation a reculé, puis elle est repartie à la hausse. Parlons un peu de l’Australie, qui… a réduit ses hausses de taux et soudainement les données sur l’inflation ont éclaté au cours des deux mois suivants. Et qui sait à quoi elle va… le défi auquel elle sera confrontée. Alors oui, ce n’est pas un défi facile. Ils continuent de mettre l’accent sur l’inflation.
Les derniers signes d’inflation, on a eu les données sur les dépenses de septembre la semaine dernière, c’est la mesure d’inflation qu’ils préfèrent et qui demeure obstinément élevée. Le seul élément positif observé la semaine dernière est le début possible d’un ralentissement de l’augmentation des salaires, mais il est trop tôt pour le dire. Mais avec tout ça, oui, je pense qu’ils vont miser sur la prudence et je pense que les marchés devront extrapoler. Et je pense que d’ici décembre, ils seront probablement bien positionnés.
La différence entre la Fed et la Banque du Canada, c’est que les dirigeants de la Fed s’expriment tout le temps. Ils parlent beaucoup et ils vont avoir beaucoup de temps et de données d’ici décembre pour commencer à réaligner les choses. Je ne pense pas que Powell fera beaucoup cette semaine, mais il y aura beaucoup d’occasions en décembre. Je m’attends à ce qu’ils reviennent un peu en arrière, à ce moment-là, ils auront l’occasion d’influencer les réflexions sur le marché.
Vous avez parlé des salaires, et cela semble être le facteur le plus important, non? Parce qu’à première vue, on se demande pourquoi l’inflation est si élevée. À cause des prix de l’énergie, à cause des coûts d’expédition des conteneurs. Et on a tous vu les graphiques et les diagrammes qui montrent une baisse spectaculaire des prix de l’énergie à venir et celle déjà bien réelle des frais d’expédition. Mais l’inflation a commencé à se répercuter par le biais de l’économie dans les services. Et il faut se demander maintenant, alors qu’elle pénètre ce secteur de l’économie, comment on en est arrivé là?
Oui, je pense que c’est ce qu’il y a de plus important. Avant que la croissance des salaires commence à diminuer de façon plus marquée, ils font face à un défi. Et pour que ça se passe, on doit avoir un relâchement du marché de l’emploi. Les données de l’emploi d’octobre à l’extérieur des États-Unis ne font pas tout. On a également un rapport, qui gagne en popularité auprès des ménages. Ce sont les données JOLTS, mais elles accusent un retard d’un mois.
Ces données nous renseignent sur les postes vacants. Il s’agit du sondage sur le taux de rotation du travail, publié en début de semaine. Et cela nous donne une idée, à partir de septembre, du nombre d’emplois vacants.
On a vu le mois dernier, la demande excédentaire et le marché de l’emploi commencent à s’effriter un peu. Certains signes précurseurs ne se sont pas manifestés dans ces données de salaires qui contiennent plus de données statistiques officielles, mais qui seront publiées plus tôt. Et je pense qu’avec les deux, on examinera cette semaine pour voir si on commence à voir des signes de ralentissement du marché de l’emploi.
On doit maintenant écouter les banques centrales, que ce soit la nôtre, Tiff Macklem, au sud de la frontière ou d’autres pays occidentaux. La stratégie semble être d’augmenter les taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation. Une fois cette étape franchie, on fera une pause. Mais ensuite, on attendra un bon moment pour s’assurer qu’on a maîtrisé la situation.
Ça, c’est ce qu’ils aimeraient faire. Mais, qu’est-ce qu’ils devraient faire? Ce que j’essaie de savoir, c’est quand ils recommenceront à effectuer des réductions?
On revient à mon premier point. Je pense qu’il y a de bonnes chances qu’ils dépassent leur cible. Je ne pense pas que je vais alarmer trop de gens en disant cela. Leurs décisions relatives aux taux reposent sur des données rétrospectives et la Banque du Canada commence maintenant à changer de cap. Ils préparent le ralentissement des dépenses qui est davantage un indicateur avancé de l’inflation dans leur calcul.
La Fed ne l’a pas encore fait. Elle continue de mettre l’accent sur l’inflation, qui reflète vraiment l’activité d’il y a six mois. Alors oui, c’est vraiment le seul facteur à mon avis. On verra que ce sera le changement important. En ce qui concerne les réductions de taux, ce ne sera pas très rapide. Je pense que d’ici le milieu de 2023, ce sera clair qu’il y a eu exagération.
L’économie aura fléchi. C’est à ce moment-là que l’inflation va vraiment ralentir, on verra un recul et une inflation des salaires et c’est là qu’ils procéderont à des réductions de taux. La Banque du Canada réduira les taux d’un point de pourcentage entier au quatrième trimestre de l’année prochaine, plus que ce que les marchés prévoient et la Fed réduira moins, mais procédera quand même à une réduction des taux et les marchés en tiendront compte plus tôt.
[LOGO AUDIO]
[MUSIQUE]
[LOGO AUDIO]
C’est une semaine importante pour les investisseurs. Nous attendons la dernière décision de la Réserve fédérale concernant les taux. Bien sûr, ce sera mercredi. Bien sûr, pas plus tard que la semaine dernière, notre banque centrale a enregistré une hausse plus modeste que prévu. Certains pensent que la Fed pourrait aussi se préparer à ralentir son rythme de hausse des taux. Derek Burleton, économiste en chef adjoint, Groupe Banque TD, se joint à nous. Derek, c’est un plaisir de vous avoir avec nous.
Joyeuse Halloween!
Joyeuse Halloween à vous aussi. Parlons de la Fed et de… Après la Banque du Canada la semaine dernière, je ne pense pas que la Banque du Canada exercera une telle influence sur la Fed. Mais cela fait réagir les gens et ils parlent des prochaines étapes.
Oui, c’est le monde à l’envers. On parle beaucoup de virage en ce moment. Tout a commencé avec la Fed. Les dirigeants de la Fed la semaine précédente, en nombre modeste, mais croissant suggéraient que la Fed devrait être un peu plus prudente à l’égard des hausses de taux. Et ça a atteint un autre niveau. Puis, la semaine dernière, la Banque du Canada a fait les manchettes à l’échelle mondiale avec une diminution de 50 plutôt que de 75, et je pense que certains…
Une hausse de 50.
Excusez-moi.
On est tellement habitués aux baisses de taux, n’est-ce pas? Je fais la même chose. Je fais la même chose.
Oui, on mentionnera peut-être les réductions de taux plus tard, car on en prévoit mais oui, on parle bien de hausse là. Et oui, je pense que ça renforce en partie ce récit. Ce sera donc intéressant. Je ne crois pas que la Fed va changer de cap, du moins pas mercredi. Je pense qu’il y a un certain nombre de raisons pour lesquelles elle va être prudente, en partie parce que les données… l’économie américaine fléchit, mais elle ne se casse pas. C’est ce qu’on a vu au troisième trimestre pour le PIB.
Le marché de l’emploi n’a pas vraiment ralenti. Je sais que ces chiffres seront publiés à la fin de la semaine, mais les marchés s’attendent toujours à des salaires importants pour octobre. Et je pense que l’une des choses qui préoccupent la Fed, c’est qu’on a vu une forte remontée des taux obligataires la semaine dernière. On assiste à un assouplissement des conditions financières.
Et cela va à l’encontre de ce qu’elle cherche à réaliser. Si elle commence à intervenir trop tôt, elle aura un impact important sur les marchés obligataires mondiaux, ça pourrait se retourner contre elle plus tard. Donc, si on prend tout ça en compte, je pense que Powell et la déclaration elle-même seront assez fermes.
Il semble que les banques centrales soient dans une situation difficile, comme vous l’avez mentionné, les marchés réagissent aux informations les plus anodines. Et ce n’est peut-être pas ce que la Fed veut voir en termes de conditions financières, si elle ne réfléchit pas à ce qu’elle a déjà fait, quelle sera l’ampleur des répercussions sur l’économie dans un an, 18 mois? Mais si elle s’arrête trop tôt et que l’inflation n’est pas maîtrisée… ce n’est vraiment pas évident.
En effet, c’est compliqué. Si on revient aux années 70, l’inflation a reculé, puis elle est repartie à la hausse. Parlons un peu de l’Australie, qui… a réduit ses hausses de taux et soudainement les données sur l’inflation ont éclaté au cours des deux mois suivants. Et qui sait à quoi elle va… le défi auquel elle sera confrontée. Alors oui, ce n’est pas un défi facile. Ils continuent de mettre l’accent sur l’inflation.
Les derniers signes d’inflation, on a eu les données sur les dépenses de septembre la semaine dernière, c’est la mesure d’inflation qu’ils préfèrent et qui demeure obstinément élevée. Le seul élément positif observé la semaine dernière est le début possible d’un ralentissement de l’augmentation des salaires, mais il est trop tôt pour le dire. Mais avec tout ça, oui, je pense qu’ils vont miser sur la prudence et je pense que les marchés devront extrapoler. Et je pense que d’ici décembre, ils seront probablement bien positionnés.
La différence entre la Fed et la Banque du Canada, c’est que les dirigeants de la Fed s’expriment tout le temps. Ils parlent beaucoup et ils vont avoir beaucoup de temps et de données d’ici décembre pour commencer à réaligner les choses. Je ne pense pas que Powell fera beaucoup cette semaine, mais il y aura beaucoup d’occasions en décembre. Je m’attends à ce qu’ils reviennent un peu en arrière, à ce moment-là, ils auront l’occasion d’influencer les réflexions sur le marché.
Vous avez parlé des salaires, et cela semble être le facteur le plus important, non? Parce qu’à première vue, on se demande pourquoi l’inflation est si élevée. À cause des prix de l’énergie, à cause des coûts d’expédition des conteneurs. Et on a tous vu les graphiques et les diagrammes qui montrent une baisse spectaculaire des prix de l’énergie à venir et celle déjà bien réelle des frais d’expédition. Mais l’inflation a commencé à se répercuter par le biais de l’économie dans les services. Et il faut se demander maintenant, alors qu’elle pénètre ce secteur de l’économie, comment on en est arrivé là?
Oui, je pense que c’est ce qu’il y a de plus important. Avant que la croissance des salaires commence à diminuer de façon plus marquée, ils font face à un défi. Et pour que ça se passe, on doit avoir un relâchement du marché de l’emploi. Les données de l’emploi d’octobre à l’extérieur des États-Unis ne font pas tout. On a également un rapport, qui gagne en popularité auprès des ménages. Ce sont les données JOLTS, mais elles accusent un retard d’un mois.
Ces données nous renseignent sur les postes vacants. Il s’agit du sondage sur le taux de rotation du travail, publié en début de semaine. Et cela nous donne une idée, à partir de septembre, du nombre d’emplois vacants.
On a vu le mois dernier, la demande excédentaire et le marché de l’emploi commencent à s’effriter un peu. Certains signes précurseurs ne se sont pas manifestés dans ces données de salaires qui contiennent plus de données statistiques officielles, mais qui seront publiées plus tôt. Et je pense qu’avec les deux, on examinera cette semaine pour voir si on commence à voir des signes de ralentissement du marché de l’emploi.
On doit maintenant écouter les banques centrales, que ce soit la nôtre, Tiff Macklem, au sud de la frontière ou d’autres pays occidentaux. La stratégie semble être d’augmenter les taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation. Une fois cette étape franchie, on fera une pause. Mais ensuite, on attendra un bon moment pour s’assurer qu’on a maîtrisé la situation.
Ça, c’est ce qu’ils aimeraient faire. Mais, qu’est-ce qu’ils devraient faire? Ce que j’essaie de savoir, c’est quand ils recommenceront à effectuer des réductions?
On revient à mon premier point. Je pense qu’il y a de bonnes chances qu’ils dépassent leur cible. Je ne pense pas que je vais alarmer trop de gens en disant cela. Leurs décisions relatives aux taux reposent sur des données rétrospectives et la Banque du Canada commence maintenant à changer de cap. Ils préparent le ralentissement des dépenses qui est davantage un indicateur avancé de l’inflation dans leur calcul.
La Fed ne l’a pas encore fait. Elle continue de mettre l’accent sur l’inflation, qui reflète vraiment l’activité d’il y a six mois. Alors oui, c’est vraiment le seul facteur à mon avis. On verra que ce sera le changement important. En ce qui concerne les réductions de taux, ce ne sera pas très rapide. Je pense que d’ici le milieu de 2023, ce sera clair qu’il y a eu exagération.
L’économie aura fléchi. C’est à ce moment-là que l’inflation va vraiment ralentir, on verra un recul et une inflation des salaires et c’est là qu’ils procéderont à des réductions de taux. La Banque du Canada réduira les taux d’un point de pourcentage entier au quatrième trimestre de l’année prochaine, plus que ce que les marchés prévoient et la Fed réduira moins, mais procédera quand même à une réduction des taux et les marchés en tiendront compte plus tôt.
[LOGO AUDIO]
[MUSIQUE]