
Les actions du secteur de l’énergie sont une composante importante de l’indice TSX et bon nombre des grandes sociétés du secteur viennent de déclarer leurs derniers résultats. Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, explique à Greg Bonnell de MoneyTalk pourquoi certains facteurs positifs pourraient se profiler pour le secteur.
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[LOGO SONORE] Les actions du secteur de l’énergie sont une composante importante de l’indice TSX. Bon nombre des grandes sociétés du secteur viennent d’annoncer leurs derniers résultats. Selon notre invité d’aujourd’hui, c’est chaotique, mais il y a aussi du positif. Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD se joint à nous. Michael, c’est un plaisir de vous retrouver. Merci, Greg. On est en pleine période de publication de bénéfices, au moins de ce côté de la frontière. On a les résultats des grandes sociétés du secteur de l’énergie. Vous dites que c’est un peu chaotique. Qu’est-ce que vous entendez par là? Eh bien, ces sociétés opèrent dans des environnements plutôt hostiles, comme le nord de l’Alberta en hiver. Donc, aux quatrième et premier trimestres, il y a souvent des difficultés opérationnelles, très souvent liées aux conditions météorologiques. On l’a vraiment vu dans les résultats. La production et les activités en amont sont un peu faibles. Et il y a des problèmes avec des acteurs intégrés, comme Cenovus et Suncor, avec des arrêts dans les raffineries, Cenovus en particulier. On a donc eu des trimestres où ça ne tournait pas bien. Cela dit, elles ont toutes été très rentables et ont généré beaucoup de liquidités et une proportion de cette somme est revenue aux actionnaires en dividendes ou rachats d’actions. Vous parlez du fait de rester rentable. C’est intéressant, évidemment, parce que le prix du pétrole brut en moyenne au premier trimestre de l’année dernière était beaucoup plus élevé qu’au dernier trimestre de cette année, mais ces sociétés restent rentables à ce prix. Tout à fait. Et je pense que c’est important, surtout après les cinq ou six dernières années, une longue période où les prix du pétrole étaient faibles. On l’oublie un peu, mais au premier trimestre, le trimestre qui vient de passer, les prix du pétrole ont fluctué entre 70 $ et 80 $. Ça n’est pas aussi intéressant que l’an dernier, où on avait un cours à plus de 100 $ le baril. Mais par rapport à la situation de la fin de la dernière décennie, ce sont des prix robustes. On a oublié que pour les producteurs canadiens, quand le baril de pétrole se négocie entre 70 $ et 80 $, c’est très sain. Toutes ces sociétés ont donc continué d’améliorer leur bilan et de remettre des liquidités à leurs actionnaires. Le fait que le prix du pétrole reste entre 70 $ et 80 $ ne semble pas très intéressant, mais ça l’est pour ces producteurs. À quoi peuvent s’attendre les actionnaires à partir de maintenant? Après une comparaison sur 12 mois, on surmonte les mois d’hiver difficiles avec les difficultés opérationnelles et à quoi ressemble le reste de l’année? Eh bien, le reste de l’année devrait être un peu plus régulier. Par exemple, Cenovus, l’une des plus importantes sociétés canadiennes, fonctionnait presque avec les mains liées au premier trimestre, avec quatre de ses cinq raffineries quasiment hors service ou tournant à un niveau réduit. La direction indique que d’ici juin ou juillet, elle espère qu’elles seront toutes remises en service à 100 %. On devrait voir une belle amélioration. Les temps d’arrêt liés à la météo que l’on a connus au quatrième trimestre ou au premier trimestre devraient être derrière nous. Les perspectives pour la deuxième moitié de l’année sont bonnes. Ce sur quoi les investisseurs se concentrent maintenant, et ils ont raison, c’est que ces sociétés se sont focalisées sur la période de reprise après la pandémie pour assainir les bilans. Elles utilisent les flux de trésorerie disponibles qu’elles ont générés pour ramener la dette à un niveau plus durable. Ce qui est intéressant pour les porteurs d’actions, c’est que, toutes ces sociétés ne sont pas loin du chiffre magique, celui où on estime que les niveaux d’endettement sont raisonnables. Et au-delà de ça, pratiquement tous les flux de trésorerie disponibles qui sont générés vont revenir sous forme de dividendes, de rachats d’actions ou de dividendes spéciaux. Par exemple, pour CNQ, Canadian Natural Resources, le chiffre magique est de 10 milliards de dollars de dette nette. Elles en sont à quelques milliards de dollars près. À la fin de cette année ou au début de l’an prochain, elles s’attendent à atteindre ce plateau de 10 milliards de dollars. Ensuite, 100 % des flux de trésorerie disponibles qu’elles génèrent reviendront aux actionnaires. Pour Cenovus, le chiffre magique est une dette nette de 4 milliards de dollars. Elle est à environ 6,5 milliards aujourd’hui. Elle prévoit d’y parvenir d’ici la fin de l’année. Les investisseurs doivent donc se concentrer là-dessus, à moins d’un imprévu et d’une baisse importante des prix du pétrole, les flux de trésorerie disponibles remis aux actionnaires par ces grandes sociétés devraient s’accélérer à l’approche de 2024. J’allais vous demander si les investisseurs qui s’intéressent au secteur canadien de l’énergie doivent s’inquiéter des facteurs externes, comme le ralentissement économique mondial qui réduit la demande ou même ce que fait l’OPEP. Tout à fait. Le pétrole est un produit de base mondial. Le monde dépend du pétrole. Et, comme on l’a tous vu, que ce soit justifié ou non, les prix du pétrole fluctuent de façon marquée selon l’humeur macroéconomique. Si le journal du matin parle de récession, si vous voyez ce mot en gros titre dans la section économique, il est probable que les prix du pétrole réagissent négativement. En revanche, si on est plus optimiste à l’égard du contexte économique ou si on met l’accent sur la réouverture de la Chine, le cours du pétrole a tendance à grimper. Ce sont des facteurs macroéconomiques, descendants ou axés sur la confiance, mais ils sont très réels pour le pétrole. Mais ce qui compte, ce sont les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande. Et cela influe sur les tendances en matière de stocks. Donc on essaie de ne pas se laisser distraire. On sait que les gros titres vont faire fluctuer le prix du pétrole. Comme je l’ai dit, le prix se situe entre 70 $ et 80 $ depuis le début de l’année. Mais en fin de compte, il faut se concentrer sur les paramètres fondamentaux réels en matière d’offre, de dépassement, de demande, si les relevés d’inventaire baissent ou augmentent, c’est ça qui nous dit vraiment où seront les prix du pétrole dans 10, 12, 24 ou 36 mois. Oui. Je pense au marché canadien. De toute évidence, l’énergie est un élément très important. Les entreprises financières n’ont pas encore publié leurs résultats. Elles arrivent à la fin. Mais on a eu des rapports des sociétés minières. L’or est à plus de 2 000 $ l’once. Qu’est-ce qui se passe là? Eh bien, évidemment, ce qui a pénalisé le pétrole, l’humeur négative à l’égard de l’économie, de toute évidence, l’or a tendance à tirer parti des liquidités, elle a aussi tendance à bénéficier des craintes macroéconomiques. Alors, quand on se préoccupe des banques régionales américaines, quand on entend parler d’une crise bancaire, ce genre de choses fait grimper le cours de l’or. Et ce sont les mêmes choses qui minent le pétrole et certains autres produits de base depuis le début de l’année. L’or a en quelque sorte profité des difficultés des autres produits de base. Au-delà de 2 000 $, le prix de l’or est très intéressant pour les sociétés minières. Mais là où elles éprouvent des difficultés, ce n’est pas tant sur les revenus que sur les coûts et le maintien d’une exploitation efficace. Beaucoup de coûts de production, d’inflation et de produits nécessaires à l’exploitation d’une mine ont énormément augmenté ces derniers temps. Et même si le titre « Lingot d’or au-dessus de 2 000 » devrait encourager ces sociétés à générer des flux de trésorerie disponibles importants, elles subissent beaucoup de pressions sur le plan des coûts et les flux de trésorerie disponibles ne sont pas aussi importants que l’on pourrait croire. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]