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Le conflit entre Israël et le Hamas a entraîné une volatilité accrue pour plusieurs produits de base, notamment le pétrole et l’or. Jennifer Nowski, vice-présidente, directrice et gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, discute avec Greg Bonnell des répercussions générales sur les actions liées aux produits de base.
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Plusieurs produits de base clés ont connu une certaine volatilité ces derniers temps à cause du conflit au Moyen-Orient. Les marchés ont été secoués à court terme, quelles sont les perspectives à long terme pour le pétrole et l'or? Jennifer Nowski, de Gestion de placements TD, nous revient pour en discuter. Bonjour, Jennifer. Bonjour, Greg. Nous vivons une époque intéressante. Le risque géopolitique est avivé et cela a des conséquences pour plusieurs produits de base. Parlons du pétrole et du secteur de l'énergie. Ces évolutions à court terme ne laissent rien présager de l'avenir à long terme. Le cours du pétrole a augmenté au fur et à mesure que les marchés ont assimilé un risque géopolitique plus important à cause du conflit au Moyen-Orient, mais la clé pour l'équilibre du marché pétrolier d'ici un an revient à la question de savoir si l'OPEP+, et en particulier l'Arabie Saoudite, maintiendront leur discipline dans l'appariement entre la production et leur estimation de la demande. Commençons par la demande. Cette année a été excellente pour la croissance de la demande du pétrole à cause de la fin du confinement de la Chine et du rebond assez fort de la demande de pétrole dans ce pays. En 2024, la croissance de la demande sera peut-être plus modeste, il y aura sans doute une reprise de la corrélation entre le cours du pétrole et la croissance du PIB mondial. Quant à l'offre, cette année, la croissance de l'offre de pétrole était surtout impulsée par la production aux États-Unis, mais cela a été compensé par la limite de production par l'OPEP+, et en particulier par l'Arabie Saoudite dans le cadre d'une série de coupures de production volontaires. Le défi pour le marché du pétrole, c'est qu'il y a une capacité excédentaire... ... surtout en Arabie Saoudite et ailleurs dans l'OPEP+. Pour que le marché continue d'être équilibré, il faudra que la capacité de production soit gérée de façon disciplinée. Quant aux risques géopolitiques, les marchés pétroliers s'inquiètent de la possibilité que le conflit au Moyen-Orient pourrait avoir un impact sur une infrastructure pétrolière clé, ou sur un parcours de transport. Par ailleurs, l'Iran exporte davantage de pétrole, les marchés envisagent la possibilité que les sanctions à l'égard de l'Iran soient renforcées. Toutefois, en ce qui concerne les compagnies énergétiques, les compagnies énergétiques se portent très bien financièrement, les cours élevés du pétrole depuis deux ans leur ont permis de réduire leur endettement considérable et le flux de trésorerie disponible demeure excellent. Il y a eu davantage de fusions et d'acquisitions dans le secteur, mais je dirais que pour le groupe dans son ensemble, les producteurs maintiennent une discipline en matière de faible croissance de la production, assainissement de leur bilan et restitution des liquidités aux actionnaires. Le reste des titres pétroliers continueront de suivre l'évolution du cours du pétrole, mais avec un brut de référence américain à 80 $, cela engendrerait un flux de trésorerie disponible de près de 10 % et même plus pour certains des grands titres. C'est encore très sain, une bonne partie de ce flux de trésorerie sera restituée aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats. Vous avez rapidement évoqué la Chine. Dans quelle mesure devrions-nous nous inquiéter de l'état de l'économie? Il y a beaucoup de choses qui se passent là-bas. La Chine représente 16 % de la demande mondiale de pétrole... ... et 50 % de la demande de certains métaux. C'est très important pour le secteur des produits de base. Quant à la santé de l'économie chinoise, au début de l'année, il y avait des attentes très optimistes, quant à un rebond à la fin du confinement. Toutefois, la relance a été plus mitigée. En particulier, en Chine, il y a le secteur de l'immobilier qui doit se débarrasser de certains problèmes de dettes. Le gouvernement chinois veut engendrer la croissance économique, mais sans créer d'excès ni de construction excessive. Dans le passé, il y avait des programmes de relance massifs. Cette fois-ci, ils ont été beaucoup plus ciblés, par exemple sous forme de réduction de taux. On commence à assister à une certaine stabilisation de l'économie chinoise. Les données les plus récentes parues en septembre montrent une croissance des ventes au détail, la consommation d'électricité augmente, la déflation représente un problème moins préoccupant, pour ne citer que quelques éléments. En ce qui concerne la demande de produits de base, j'ai déjà dit que la demande de pétrole avait rebondi. L'an prochain, ce sera peut-être davantage lié à la croissance économique, mais pour les métaux, les attentes ont été surpassées. Même si le secteur immobilier a été un facteur négatif pour la demande de métaux, cela a été plus que compensé par l'investissement de la Chine dans l'énergie renouvelable et les véhicules électriques. On a parlé de métaux. Parlons des métaux précieux et du métal précieux. Certaines inquiétudes à l'égard de l'or... Dans cette flambée de risques géopolitiques. l'or sert de valeur refuge, mais où se dirige-t-il? Prenons un peu de recul. Considérez le cours de l'or depuis deux ans. Il a été limité entre 1800 et 2000 $ l'once. C'est parce que les facteurs principaux dans l'évolution du cours de l'or, le rendement réel du dollar américain et les facteurs de demande, donnaient parfois une image plus mitigée. Il y a eu une remontée du cours de l'or récemment, comme vous l'avez dit. Cela a été imputable à la valeur refuge. Mais en coulisses, c'est un peu plus mitigé. La demande a été moins forte que prévu, les FNB d'or métal ont reçu des flux, ou plutôt ont connu des sorties de fonds cette année. Il n'y a pas encore eu de bascule ni de stabilisation de ces flux. Nous continuons de surveiller cela. Par ailleurs, il y a les achats par les banques centrales. Les banques centrales sont acheteuses nettes d'or depuis 10 ans ou plus. L'an dernier, les achats des banques centrales ont été particulièrement importants. Cette année, il est difficile de prédire combien elles achèteront pendant une année donnée. Peut-être ne répétera-t-on pas les achats élevés de l'an dernier. En parlant des rendements réels, il y a eu une évolution très nette des rendements réels. Le rendement du bon de trésor américain à 10 ans est passé de 1,5 % au début de l'année à 2,5 % aujourd'hui. Une évolution considérable, et ça, c'est négatif pour l'or, parce que l'or ne rapporte pas de revenus s'il y a donc un coût d'opportunité. Ce que les marchés surveillent, ce sont d'abord les taux, et puis ce que fait la Fed. La Fed est bien décidée à juguler l'inflation. Le risque en l'occurrence est que les taux demeurent plus élevés plus longtemps. Ce facteur négatif pour l'or pourrait continuer de régner et les marchés surveilleront de très près l'évolution du discours de la Fed ou de l'évolution des taux.