La faiblesse économique de la Chine présente des défis pour le secteur canadien des matériaux. Evan Chen, associé, Recherche de portefeuilles, Gestion de Placements TD, évoque les conséquences pour le secteur et les raisons pour lesquelles certaines sociétés pourraient être mieux armées que d’autres pour absorber la volatilité économique.
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La faiblesse économique en Chine a été un facteur négatif pour le secteur des matériaux. Mais notre invité d'aujourd'hui affirme que certaines entreprises du secteur auxquelles on ne pense peut-être pas sont mieux préparées que d'autres pour faire face à ce défi. Evan Chen, de Gestion de Placements TD, nous rejoint. Bonjour, Evan. Bienvenue à votre première émission. Ça me fait très plaisir d'y être invité. Le cuivre est en hausse aujourd'hui. Pour nos spectateurs qui ne le savent pas, qu'est-ce qui constitue l'espace des matériaux? Bon. Une compagnie de matières premières remonte assez haut dans la chaîne de valeurs. L'immeuble où nous nous trouvons a des poutres en acier: c'est le minerai de fer. Cette chaise sur laquelle nous sommes assis contient des plastiques: il s'agit des sociétés de produits chimiques. Une armoire de votre maison... Bon. Ce sont des entreprises qui ne maîtrisent pas entièrement leur destin, car elles n'ont pas de pouvoir d'achat. L'indice MSCI tous pays, environ 50 % est relié aux produits de base: mines, produits chimiques, des produits chimiques généraux. Mais je voudrais parler aujourd'hui des autres compagnies du secteur des matériaux qui ne sont peut-être pas tributaires des cours des produits de base. Jusqu'ici cette année, le secteur des matériaux n'a pas très bien progressé à cause de la faiblesse de la Chine et de la hausse des taux. Parlons de la Chine. Nous savons que la Chine est un grand consommateur de produits de base. Quel est l'impact de sa faiblesse économique actuelle? Une bonne règle générale, c'est que la Chine consomme 50 % des métaux du monde. Cela a un impact considérable sur les grands métaux: le cuivre, le minerai de fer, l'aluminium... Par exemple, dans le cas du cuivre, si le marché de l'immobilier en Chine tire de l'aile, on a moins besoin de tuyaux de cuivre, de fils de cuivre, d'électroménagers, de climatiseurs, qui consomment tous du cuivre. Y a donc moins d'activité économique, le cours du cuivre baisse, et cela nuit au secteur dans son ensemble. Vous avez dit que l'intégralité du secteur de produits de base n'est pas exposée à la cyclicalité des cours. Oui, il y a certaines excellentes entreprises qui sont, je ne dirais pas négligées, mais auxquelles on ne songe pas. L'entreprise Linde, c'est un groupe de 180 milliards de dollars, le plus important du secteur et pour une bonne raison. C'est une compagnie de gaz industriel. Qu'est-ce qu'un gaz industriel? C'est comme les autres produits de base dont nous parlons. Ils entrent dans la composition de pratiquement tout. Les écrans de télévision derrière nous exigent des gaz pour fabriquer les écrans plats. Au supermarché, il y a des gaz industriels pour réfrigérer les aliments. Dans les réfrigérateurs, dans la fabrication du vin... Je pourrais continuer longtemps. Bon. Une autre action que vous signalez, c'est Sika. Que pouvez-vous nous en dire? Sika est une compagnie de produits chimiques de construction, qui accapare 50 % du marché. La compagnie vend des produits chimiques pour les chantiers. Il peut s'agir d'adjuvants au béton, qui confèrent à ce dernier certaines propriétés comme la robustesse ou l'aspect; des adhésifs pour la fabrication des fenêtres; également des produits d'étanchéisation, par exemple pour les toitures. Cette compagnie est moins cyclique parce que ses produits sont meilleurs que ceux de la concurrence. Si vous gérez un chantier et qu'il faut deux heures à quatre personnes pour poser un adhésif sur une solution de toiture, il vous faudra deux applications de votre produit chimique et il faut le maintenir en place pendant deux heures. Avec un produit Sika, deux personnes peuvent faire le travail en une heure, parce que Sika dépense davantage d'argent en recherche-développement. Puisque la compagnie est tellement vaste, elle peut répartir cette recherche-développement sur une base plus vaste et faire des ventes croisées de produits dans d'autres secteurs. Plutôt que d'être tributaire du cours des produits de base comme le pétrole, Sika est plutôt dépendante du marché de l'infrastructure, de la construction mondiale et de tout ce qui environne ce secteur. Bon. Vous avez parlé de certains des avantages de certaines de ces entreprises. Que dire des risques? Commençons par Sika. Dans le cas de Sika, c'est le volume de construction et la possibilité d'une baisse des dépenses d'infrastructure. Aux États-Unis, le marché du logement se porte bien. Dans l'Union européenne, il y un certain risque en ce qui concerne la construction. Le logement a baissé de 20 à 30 % dans certaines régions, il y a un ralentissement du marché immobilier en Chine. Voilà des risques pour Sika, mais à long terme, l'entreprise est très solide et va continuer de se développer. Et que dire de Linde? Quels sont les risques? Dans le cas de Linde, tout d'abord quelques points forts. Linde, ce groupe de gaz industriels... installe des centrales sur le site de leurs clients, qui sont indispensables au fonctionnement des activités des clients, sous-tendus par des contrats à long terme avec des engagements de dépenses minimum, et mécanismes automatiques d'une hausse des prix. On peut donc prévoir largement à l'avance les bénéfices de Linde. Le risque le plus important serait que ses clients fassent faillite. Mais dans une industrie, c'est la dernière facture que l'on paye, parce qu'elle est indispensable pour gérer l'usine. Excellent début d'émission!