Devises / Économie / Énergie / Canada / International / Idées de placement / Nouvelles / Vue d’ensemble
Ottawa a déposé son budget fédéral de 2023 qui vise à poursuivre la transition du Canada vers l’énergie verte tout en tenant compte des préoccupations liées au coût de la vie. Greg Bonnell et Derek Burleton, économiste en chef adjoint à la TD, discutent des efforts du gouvernement pour équilibrer les dépenses et les restrictions budgétaires.
Print Transcript
Le budget fédéral de 2023 prévoit plus de 40 milliards de dollars de nouvelles dépenses au cours des six prochaines années. Il inclut notamment de nouveaux fonds pour la santé, une aide pour combattre l’inflation pour les familles et des initiatives en matière d’énergie propre. Ça fait beaucoup de choses. Pour nous aider à l’analyser, l’économiste en chef adjoint à la TD Derek Belton nous rejoint. Derek, merci d’être là. Commençons par l’idée que ce budget n’était pas censé représenter des dépenses importantes. Qu’en pensez-vous?
C’est un budget avec des dépenses importantes. Vous avez mentionné 40, 50 milliards de dépenses. C’est assez proche de certains des chiffres attendus avant l’annonce du budget. Mais je crois qu’une partie de la confusion vient de la ministre qui disait qu’elle allait faire preuve de retenue et, en effet, environ 7 milliards de dollars seront économisés avec des frais de consultation moins élevés payés par le gouvernement. Mais, les nouvelles dépenses sont importantes. Si vous regardez les dépenses par habitant, c’est bien plus de 10 % de plus qu’avant la pandémie. Cela fait suite au budget de l’an dernier avec 50 milliards de nouvelles mesures. Donc, c’est un budget important. Alors, quand on regarde les mesures… beaucoup d’entre elles sont logiques, on les connaissait avant le budget, les transferts au titre des soins de santé, les provinces. Elles ont toutes été annoncées et exigées par les Canadiens, l’écotechnologie, bien sûr, la réponse à l’Inflation Action Act aux États-Unis, on ne pouvait pas l’éviter. On devait le faire. Donc, quand on les passe en revue, beaucoup de ces mesures étaient nécessaires. Cela dit, les dépenses représentent un défi et la situation budgétaire sera difficile pendant les prochaines années.
Vous avez mentionné que les Américains investissent beaucoup dans l’énergie propre. Le président des États-Unis, Joe Biden, était ici ces derniers jours et il disait que le Canada a les minéraux dont le monde a besoin pour l’énergie propre. Il faut juste qu’on puisse y accéder. Vous avez donc parlé des initiatives pour l’énergie propre. Dans l’ensemble, environ 20 milliards de dollars sur la projection de ce budget, quatre milliards et demi juste pour encourager dans le secteur manufacturier certaines activités minières. Est-ce que cela va nous suffire pour soutenir la concurrence à l’échelle mondiale?
Eh bien, c’est difficile à dire. Le gouvernement a fait appel au bâton et à la carotte, mais ce budget est davantage axé sur la carotte. Et c’est exactement ce qui figurait dans l’Inflation Reduction Act introduit au sud de la frontière. C’est une quantité d’argent très importante. Je pense que lorsqu’on commence à superposer les dépenses du budget de l’année dernière, la mise à jour budgétaire, vous êtes au-dessus des 50 milliards nécessaires pour répondre par habitant. Je pense que pour le Canada, le défi le plus important à relever, ce ne sont pas les incitatifs, mais le processus. Vous avez parlé notamment des minéraux essentiels représentant une occasion en or pour le Canada pour entrer dans les chaînes d’approvisionnement des États-Unis. Nous avons un potentiel naturel ici au Canada, mais le fardeau réglementaire est un énorme défi et je ne sais pas dans quelle mesure le budget inclut le raccourcissement de certaines échéances pour l’approbation du projet. Je pense que pour le Canada, encore une fois, ce placement fait partie du budget. Comme vous l’avez mentionné, Greg, c’est une bonne part des nouvelles initiatives. Maintenant, comment allons-nous faire circuler l’argent et évoluer dans ce sens? Ce sera notre priorité en tant que pays.
À court terme, le budget est prêt à admettre, ils indiquent qu’ils se fient aux économistes de Bay Street pour leur donner leur projection économique. Ils disent qu’il y a un risque de faible récession cette année, certains des chiffres indiquent un déficit de 40 milliards de dollars. Ils pensent que le PIB réel pour l’année atteindra environ 0,3 %, donc juste rentable, avec peut-être une récession de faible envergure dans tout ça. Mais est-ce que les chiffres dépendent du fait que nous ne connaissions pas un atterrissage difficile de l’économie?
Oui, et c’est ce qui m’inquiète le plus. Quand je regarde les hypothèses budgétaires, je sais qu’elles n’ont pas été faites avec la super allocation qui était intégrée auparavant dans le budget pour éviter les risques de repli imprévus. Ils n’y font plus vraiment appel. Mais quand je regarde leurs chiffres pour 2023, ils sont en fait assez prudents. Au-delà de cela, ils semblent raisonnables. Par conséquent, le point de départ offre un peu de protection. Mais en cas de récession, c’est ce qui m’inquiète, les déficits plus importants. On peut se dire qu’il n’y a pas eu beaucoup de hausses d’impôt dans le budget par rapport à ce qu’on s’attendait, ce qui est une bonne chose. Mais il pourrait juste s’agir d’augmentations d’impôt retardées parce que les déficits les plus importants sont liés en partie aux dépenses et au ralentissement économique potentiel intégré, juste pour que ce soit moins agité si on finit par connaître un atterrissage difficile. Et c’est ça qui m’inquiète, quand je regarde les déficits, ça va à peu près, en fait, je n’ai pas de budget équilibré. Mais maintenant que la dette est plus élevée, les frais d’intérêt qui atteignent leur valeur nominale, en cas de grave récession, le Canada ne sera pas aussi bien positionné qu’avant. Et c’est quelque chose que nous avons certainement mis en avant, le fait d’être un pays de crédit triple A. Mais, bien sûr, si nous avons une grave récession, ce sera un défi de taille.
Derek, la plupart de nos récentes conversations ont été dominées par l’inflation. Nous ne l’avons pas encore mentionné, mais il y a des mesures ciblées pour les familles aux prises avec le coût de la vie élevé. C’est une aide alimentaire, accessible par le biais de la TPS, deux milliards et demi de dollars. Adoptent-ils la bonne stratégie? Parce qu’on craint que quand on essaie d’aider les ménages avec le fardeau inflationniste, l’aide pourrait elle-même être inflationniste.
Ah. Vous savez, c’est une mesure ponctuelle. Ça ne sera probablement pas trop inflationniste. Ce qui m’inquiète, c’est qu’avec toutes les mesures budgétaires provinciales qui commencent à s’additionner, ça devient une importante dépense à court terme. Mais, d’après mes attentes, je l’avais prévu. Il y a tellement de pression sur le gouvernement, c’était un choix très difficile. Je pense que, de manière ponctuelle, ça va aller. Ce n’est pas idéal, mais en pourcentage du budget, ce n’est pas énorme, comme vous le soulignez. Donc vous connaissez l’équilibre. Oui, dans un monde idéal, on ne le ferait pas.
Quand j’ai jeté un œil sur le budget, Derek et toutes leurs projections quant à la direction de l’économie cette année. Ils ont parlé de l’IPC, de l’indice des prix à la consommation, de l’inflation globale arrivant au moins à court terme à environ 3,5 % cette année, pas à un recul vers la zone idéale, mais s’en rapprochant. Rejoignez-vous cette analyse? Pensez-vous qu’on travaille à la réduction de l’inflation globale? Peut-on la réduire autant cette année?
Je pense que oui. Vous savez, je suis conforté par certaines données récentes sur l’inflation. L’une des incertitudes, c’est la relance budgétaire provenant des provinces et du gouvernement fédéral durant cette période des budgets. Heureusement, certains des derniers chiffres de l’inflation indiquent une certaine dissipation des pressions inflationnistes avec le ralentissement que nous avons intégré avec tous les obstacles auxquels nous sommes confrontés et certaines des récentes instabilités financières. Vous savez, je pense qu’il y a une bonne chance que nous atteignions la cible de trois, trois et demi, ce qui est tout à fait conforme au budget. Donc, pas d’inquiétude à ce niveau.
Derek, merci du temps que vous nous avez accordé pour comprendre tout cela aujourd’hui.
Merci.
C’était l’économiste en chef adjoint à la TD Derek Broughton qui nous aidait à comprendre le Budget 2023.
Le budget fédéral de 2023 prévoit plus de 40 milliards de dollars de nouvelles dépenses au cours des six prochaines années. Il inclut notamment de nouveaux fonds pour la santé, une aide pour combattre l’inflation pour les familles et des initiatives en matière d’énergie propre. Ça fait beaucoup de choses. Pour nous aider à l’analyser, l’économiste en chef adjoint à la TD Derek Belton nous rejoint. Derek, merci d’être là. Commençons par l’idée que ce budget n’était pas censé représenter des dépenses importantes. Qu’en pensez-vous?
C’est un budget avec des dépenses importantes. Vous avez mentionné 40, 50 milliards de dépenses. C’est assez proche de certains des chiffres attendus avant l’annonce du budget. Mais je crois qu’une partie de la confusion vient de la ministre qui disait qu’elle allait faire preuve de retenue et, en effet, environ 7 milliards de dollars seront économisés avec des frais de consultation moins élevés payés par le gouvernement. Mais, les nouvelles dépenses sont importantes. Si vous regardez les dépenses par habitant, c’est bien plus de 10 % de plus qu’avant la pandémie. Cela fait suite au budget de l’an dernier avec 50 milliards de nouvelles mesures. Donc, c’est un budget important. Alors, quand on regarde les mesures… beaucoup d’entre elles sont logiques, on les connaissait avant le budget, les transferts au titre des soins de santé, les provinces. Elles ont toutes été annoncées et exigées par les Canadiens, l’écotechnologie, bien sûr, la réponse à l’Inflation Action Act aux États-Unis, on ne pouvait pas l’éviter. On devait le faire. Donc, quand on les passe en revue, beaucoup de ces mesures étaient nécessaires. Cela dit, les dépenses représentent un défi et la situation budgétaire sera difficile pendant les prochaines années.
Vous avez mentionné que les Américains investissent beaucoup dans l’énergie propre. Le président des États-Unis, Joe Biden, était ici ces derniers jours et il disait que le Canada a les minéraux dont le monde a besoin pour l’énergie propre. Il faut juste qu’on puisse y accéder. Vous avez donc parlé des initiatives pour l’énergie propre. Dans l’ensemble, environ 20 milliards de dollars sur la projection de ce budget, quatre milliards et demi juste pour encourager dans le secteur manufacturier certaines activités minières. Est-ce que cela va nous suffire pour soutenir la concurrence à l’échelle mondiale?
Eh bien, c’est difficile à dire. Le gouvernement a fait appel au bâton et à la carotte, mais ce budget est davantage axé sur la carotte. Et c’est exactement ce qui figurait dans l’Inflation Reduction Act introduit au sud de la frontière. C’est une quantité d’argent très importante. Je pense que lorsqu’on commence à superposer les dépenses du budget de l’année dernière, la mise à jour budgétaire, vous êtes au-dessus des 50 milliards nécessaires pour répondre par habitant. Je pense que pour le Canada, le défi le plus important à relever, ce ne sont pas les incitatifs, mais le processus. Vous avez parlé notamment des minéraux essentiels représentant une occasion en or pour le Canada pour entrer dans les chaînes d’approvisionnement des États-Unis. Nous avons un potentiel naturel ici au Canada, mais le fardeau réglementaire est un énorme défi et je ne sais pas dans quelle mesure le budget inclut le raccourcissement de certaines échéances pour l’approbation du projet. Je pense que pour le Canada, encore une fois, ce placement fait partie du budget. Comme vous l’avez mentionné, Greg, c’est une bonne part des nouvelles initiatives. Maintenant, comment allons-nous faire circuler l’argent et évoluer dans ce sens? Ce sera notre priorité en tant que pays.
À court terme, le budget est prêt à admettre, ils indiquent qu’ils se fient aux économistes de Bay Street pour leur donner leur projection économique. Ils disent qu’il y a un risque de faible récession cette année, certains des chiffres indiquent un déficit de 40 milliards de dollars. Ils pensent que le PIB réel pour l’année atteindra environ 0,3 %, donc juste rentable, avec peut-être une récession de faible envergure dans tout ça. Mais est-ce que les chiffres dépendent du fait que nous ne connaissions pas un atterrissage difficile de l’économie?
Oui, et c’est ce qui m’inquiète le plus. Quand je regarde les hypothèses budgétaires, je sais qu’elles n’ont pas été faites avec la super allocation qui était intégrée auparavant dans le budget pour éviter les risques de repli imprévus. Ils n’y font plus vraiment appel. Mais quand je regarde leurs chiffres pour 2023, ils sont en fait assez prudents. Au-delà de cela, ils semblent raisonnables. Par conséquent, le point de départ offre un peu de protection. Mais en cas de récession, c’est ce qui m’inquiète, les déficits plus importants. On peut se dire qu’il n’y a pas eu beaucoup de hausses d’impôt dans le budget par rapport à ce qu’on s’attendait, ce qui est une bonne chose. Mais il pourrait juste s’agir d’augmentations d’impôt retardées parce que les déficits les plus importants sont liés en partie aux dépenses et au ralentissement économique potentiel intégré, juste pour que ce soit moins agité si on finit par connaître un atterrissage difficile. Et c’est ça qui m’inquiète, quand je regarde les déficits, ça va à peu près, en fait, je n’ai pas de budget équilibré. Mais maintenant que la dette est plus élevée, les frais d’intérêt qui atteignent leur valeur nominale, en cas de grave récession, le Canada ne sera pas aussi bien positionné qu’avant. Et c’est quelque chose que nous avons certainement mis en avant, le fait d’être un pays de crédit triple A. Mais, bien sûr, si nous avons une grave récession, ce sera un défi de taille.
Derek, la plupart de nos récentes conversations ont été dominées par l’inflation. Nous ne l’avons pas encore mentionné, mais il y a des mesures ciblées pour les familles aux prises avec le coût de la vie élevé. C’est une aide alimentaire, accessible par le biais de la TPS, deux milliards et demi de dollars. Adoptent-ils la bonne stratégie? Parce qu’on craint que quand on essaie d’aider les ménages avec le fardeau inflationniste, l’aide pourrait elle-même être inflationniste.
Ah. Vous savez, c’est une mesure ponctuelle. Ça ne sera probablement pas trop inflationniste. Ce qui m’inquiète, c’est qu’avec toutes les mesures budgétaires provinciales qui commencent à s’additionner, ça devient une importante dépense à court terme. Mais, d’après mes attentes, je l’avais prévu. Il y a tellement de pression sur le gouvernement, c’était un choix très difficile. Je pense que, de manière ponctuelle, ça va aller. Ce n’est pas idéal, mais en pourcentage du budget, ce n’est pas énorme, comme vous le soulignez. Donc vous connaissez l’équilibre. Oui, dans un monde idéal, on ne le ferait pas.
Quand j’ai jeté un œil sur le budget, Derek et toutes leurs projections quant à la direction de l’économie cette année. Ils ont parlé de l’IPC, de l’indice des prix à la consommation, de l’inflation globale arrivant au moins à court terme à environ 3,5 % cette année, pas à un recul vers la zone idéale, mais s’en rapprochant. Rejoignez-vous cette analyse? Pensez-vous qu’on travaille à la réduction de l’inflation globale? Peut-on la réduire autant cette année?
Je pense que oui. Vous savez, je suis conforté par certaines données récentes sur l’inflation. L’une des incertitudes, c’est la relance budgétaire provenant des provinces et du gouvernement fédéral durant cette période des budgets. Heureusement, certains des derniers chiffres de l’inflation indiquent une certaine dissipation des pressions inflationnistes avec le ralentissement que nous avons intégré avec tous les obstacles auxquels nous sommes confrontés et certaines des récentes instabilités financières. Vous savez, je pense qu’il y a une bonne chance que nous atteignions la cible de trois, trois et demi, ce qui est tout à fait conforme au budget. Donc, pas d’inquiétude à ce niveau.
Derek, merci du temps que vous nous avez accordé pour comprendre tout cela aujourd’hui.
Merci.
C’était l’économiste en chef adjoint à la TD Derek Broughton qui nous aidait à comprendre le Budget 2023.