
L’inflation aux États-Unis atteint un record depuis une génération. Kim Parlee discute avec James Orlando, économiste principal, Groupe Banque TD, des raisons pour lesquelles les prévisions de croissance des salaires et d’autres indicateurs clés valident des perspectives d’inflation plus élevées au cours des prochaines années.
Print Transcript
[MUSIQUE]
Nous savons tous que l’inflation est très élevée en ce moment. Nous avons atteint 5,4 % en juin, l’inflation la plus élevée sur 12 mois depuis 2008. Nous parlons également tous du caractère transitoire de ce phénomène. Et ce concept dépend de la façon dont on voit les choses. Quelle est votre vision?
Merci, Kim. La plupart des économistes, dont la Réserve fédérale, indiquent que l’inflation très élevée actuelle, de l’ordre de 4 ou 5 %, devrait diminuer au cours des prochains mois parce que lorsqu’on examine les données économiques, les données sur l’inflation et tous les éléments sous-jacents de l’inflation, les prix des produits qui sont actuellement très élevés en ce moment sont vraiment liés à la pandémie et ne sont pas durables.
Prenons, par exemple, les voyages. Nous avons tous été soumis à des restrictions sur les vacances que nous attendions depuis un certain temps. Mais maintenant que nous pouvons voyager, tout le monde demande la même chose. On regarde tous les billets d’avion, les chambres d’hôtel, et les voitures de location. Même lorsque j’utilise OpenTable pour réserver un restaurant pour une personne, tout est complet, même pour le bar au bout de la rue. Nous sommes donc dans une situation où tout le monde veut la même chose. En ce moment, la demande est comprimée et l’offre reste limitée.
La question est donc de savoir combien de temps cela va durer. Allez-vous vraiment pouvoir prendre des vacances? De ce fait, on s’attend à ce que la demande vraiment élevée actuelle fasse place à une inflation plus modérée, c’est ainsi que nous l’appelons.
KIM PARLEE : C’est une bonne analogie, j’aimerais beaucoup savoir si je vais pouvoir prendre des vacances. Mais c’est un autre sujet! Habituellement, vous regardez deux choses pour comprendre comment la situation évoluera. La première, c’est les attentes d’inflation. Dans votre note, vous vous posez la question.
Exactement. Il s’agit d’une nouvelle expérience dans nos vies. Au cours de la dernière décennie et depuis plus longtemps, l’inflation a été faible. Et maintenant, elle est élevée. La Réserve fédérale a indiqué pendant longtemps que nous allions connaître une inflation élevée. Et maintenant, c’est le cas.
En ce qui concerne l’inflation future, il y a quelques facteurs qui sont de bons indicateurs. Nous nous tournons d’abord vers les entreprises pour voir lesquelles pensent aux prix élevés. Nous savons que les entreprises se disent que leurs coûts unitaires augmentent. Leurs coûts de main-d’œuvre augmentent. Elles se demandent si elles doivent absorber ces coûts maintenant ou les passer aux consommateurs. Lorsque nous les interrogeons à ce sujet, elles pensent que ces coûts vont continuer d’augmenter, et elles prévoient donc de les transmettre aux consommateurs. Voilà pour l’inflation future.
Quand vous consultez les sondages auprès des consommateurs, ils parlent également d’inflation élevée. Nous avons tendance à être influencés par ce qui s’est produit récemment, mais nous prévoyons que l’inflation élevée sera transmise par les entreprises. Nous nous attendons aussi à ce que, et cela nous amène au facteur secondaire des indicateurs, nos salaires augmentent à l’avenir. Cela aura également un effet circulaire sur l’inflation.
KIM PARLEE : C’est intéressant, quand on parle de salaires. J’en ai beaucoup entendu parler. Une chose dont je n’ai pas beaucoup entendu parler, c’est l’impact du variant Delta sur l’inflation. Je pense à ce que vous avez dit plus tôt. Le variant Delta réduira légèrement la demande, si les établissements doivent rester fermés un peu plus longtemps, mais l’offre sera également de nouveau réduite. Cela touche donc les deux côtés. Avez-vous une idée de ce que cela pourrait signifier?
Le variant Delta ou tout autre variant, sont les risques les plus importants pour tout le monde. Et cela parce que toutes nos prévisions économiques, qu’il s’agisse du PIB, de l’inflation, de notre point de vue d’une amélioration du marché boursier ou de la hausse des taux obligataires. Tout cela repose sur l’idée que la reprise économique, qui est la plus forte depuis des générations, continuera relativement sans faillir malgré le variant Delta.
Si la croissance économique est fortement et négativement touchée, ou si on constate un repli important des cours des actions, ce qui réduit le risque, cela changera complètement les prévisions économiques. Ce qui se produit, c’est que nous voyons habituellement les prix d’un grand nombre de produits exercer des pressions déflationnistes. L’affaiblissement des pressions sur les prix en cas de récession ou de manque de demande.
Donc, si une grande partie de ce qui se passe actuellement est attribuable à une hausse de la demande, un recul des perspectives économiques ferait baisser les prix. Mais si le recul entraîne une réduction ou une incidence sur l’offre, nous serons alors dans une situation où nous pourrions voir des forces contraires, avec les prix de certains produits qui augmentent fortement, et d’autres qui sont en baisse. Alors oui, ça va certainement brouiller toute prévision concernant l’inflation, en cas d’incidence négative sur l’économie dans son ensemble.
Il ne me reste qu’environ 30 secondes, James. Maintenant que je vous ai dit à quel point c’était difficile, ou que vous nous avez dit à quel point il était difficile de faire des prévisions, je vais vous demander quelles sont vos prévisions pour l’inflation!
Comme je l’ai indiqué, nous sommes actuellement confiants à l’égard de la reprise économique globale. Bien sûr, le variant Delta est important, mais la croissance économique est soutenue. Cette reprise est très solide, Kim. La croissance du marché du travail est incroyablement rapide.
Et tout cela exercera des pressions sur les salaires. Cela exercera des pressions sur les entreprises pour qu’elles augmentent les salaires, dans un contexte de hausse de l’inflation. Nous pensons donc que certains des facteurs transitoires vont effectivement diminuer un peu. Mais nous pensons que l’inflation sous-jacente va probablement rester.
KIM PARLEE : James, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup.
Merci.
[MUSIQUE]
Nous savons tous que l’inflation est très élevée en ce moment. Nous avons atteint 5,4 % en juin, l’inflation la plus élevée sur 12 mois depuis 2008. Nous parlons également tous du caractère transitoire de ce phénomène. Et ce concept dépend de la façon dont on voit les choses. Quelle est votre vision?
Merci, Kim. La plupart des économistes, dont la Réserve fédérale, indiquent que l’inflation très élevée actuelle, de l’ordre de 4 ou 5 %, devrait diminuer au cours des prochains mois parce que lorsqu’on examine les données économiques, les données sur l’inflation et tous les éléments sous-jacents de l’inflation, les prix des produits qui sont actuellement très élevés en ce moment sont vraiment liés à la pandémie et ne sont pas durables.
Prenons, par exemple, les voyages. Nous avons tous été soumis à des restrictions sur les vacances que nous attendions depuis un certain temps. Mais maintenant que nous pouvons voyager, tout le monde demande la même chose. On regarde tous les billets d’avion, les chambres d’hôtel, et les voitures de location. Même lorsque j’utilise OpenTable pour réserver un restaurant pour une personne, tout est complet, même pour le bar au bout de la rue. Nous sommes donc dans une situation où tout le monde veut la même chose. En ce moment, la demande est comprimée et l’offre reste limitée.
La question est donc de savoir combien de temps cela va durer. Allez-vous vraiment pouvoir prendre des vacances? De ce fait, on s’attend à ce que la demande vraiment élevée actuelle fasse place à une inflation plus modérée, c’est ainsi que nous l’appelons.
KIM PARLEE : C’est une bonne analogie, j’aimerais beaucoup savoir si je vais pouvoir prendre des vacances. Mais c’est un autre sujet! Habituellement, vous regardez deux choses pour comprendre comment la situation évoluera. La première, c’est les attentes d’inflation. Dans votre note, vous vous posez la question.
Exactement. Il s’agit d’une nouvelle expérience dans nos vies. Au cours de la dernière décennie et depuis plus longtemps, l’inflation a été faible. Et maintenant, elle est élevée. La Réserve fédérale a indiqué pendant longtemps que nous allions connaître une inflation élevée. Et maintenant, c’est le cas.
En ce qui concerne l’inflation future, il y a quelques facteurs qui sont de bons indicateurs. Nous nous tournons d’abord vers les entreprises pour voir lesquelles pensent aux prix élevés. Nous savons que les entreprises se disent que leurs coûts unitaires augmentent. Leurs coûts de main-d’œuvre augmentent. Elles se demandent si elles doivent absorber ces coûts maintenant ou les passer aux consommateurs. Lorsque nous les interrogeons à ce sujet, elles pensent que ces coûts vont continuer d’augmenter, et elles prévoient donc de les transmettre aux consommateurs. Voilà pour l’inflation future.
Quand vous consultez les sondages auprès des consommateurs, ils parlent également d’inflation élevée. Nous avons tendance à être influencés par ce qui s’est produit récemment, mais nous prévoyons que l’inflation élevée sera transmise par les entreprises. Nous nous attendons aussi à ce que, et cela nous amène au facteur secondaire des indicateurs, nos salaires augmentent à l’avenir. Cela aura également un effet circulaire sur l’inflation.
KIM PARLEE : C’est intéressant, quand on parle de salaires. J’en ai beaucoup entendu parler. Une chose dont je n’ai pas beaucoup entendu parler, c’est l’impact du variant Delta sur l’inflation. Je pense à ce que vous avez dit plus tôt. Le variant Delta réduira légèrement la demande, si les établissements doivent rester fermés un peu plus longtemps, mais l’offre sera également de nouveau réduite. Cela touche donc les deux côtés. Avez-vous une idée de ce que cela pourrait signifier?
Le variant Delta ou tout autre variant, sont les risques les plus importants pour tout le monde. Et cela parce que toutes nos prévisions économiques, qu’il s’agisse du PIB, de l’inflation, de notre point de vue d’une amélioration du marché boursier ou de la hausse des taux obligataires. Tout cela repose sur l’idée que la reprise économique, qui est la plus forte depuis des générations, continuera relativement sans faillir malgré le variant Delta.
Si la croissance économique est fortement et négativement touchée, ou si on constate un repli important des cours des actions, ce qui réduit le risque, cela changera complètement les prévisions économiques. Ce qui se produit, c’est que nous voyons habituellement les prix d’un grand nombre de produits exercer des pressions déflationnistes. L’affaiblissement des pressions sur les prix en cas de récession ou de manque de demande.
Donc, si une grande partie de ce qui se passe actuellement est attribuable à une hausse de la demande, un recul des perspectives économiques ferait baisser les prix. Mais si le recul entraîne une réduction ou une incidence sur l’offre, nous serons alors dans une situation où nous pourrions voir des forces contraires, avec les prix de certains produits qui augmentent fortement, et d’autres qui sont en baisse. Alors oui, ça va certainement brouiller toute prévision concernant l’inflation, en cas d’incidence négative sur l’économie dans son ensemble.
Il ne me reste qu’environ 30 secondes, James. Maintenant que je vous ai dit à quel point c’était difficile, ou que vous nous avez dit à quel point il était difficile de faire des prévisions, je vais vous demander quelles sont vos prévisions pour l’inflation!
Comme je l’ai indiqué, nous sommes actuellement confiants à l’égard de la reprise économique globale. Bien sûr, le variant Delta est important, mais la croissance économique est soutenue. Cette reprise est très solide, Kim. La croissance du marché du travail est incroyablement rapide.
Et tout cela exercera des pressions sur les salaires. Cela exercera des pressions sur les entreprises pour qu’elles augmentent les salaires, dans un contexte de hausse de l’inflation. Nous pensons donc que certains des facteurs transitoires vont effectivement diminuer un peu. Mais nous pensons que l’inflation sous-jacente va probablement rester.
KIM PARLEE : James, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup.
Merci.
[MUSIQUE]