Les ventes au détail aux États-Unis ont ralenti en décembre, les consommateurs faisant face au variant Omicron, à la hausse de l’inflation et aux problèmes des chaînes d’approvisionnement. Anthony Okolie et Maria Solovieva, économiste, Groupe Banque TD, discutent des répercussions potentielles d’une baisse des ventes sur la croissance économique américaine en 2022.
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Les plus récents résultats des ventes au détail aux États-Unis pourraient donner un signe avant-coureur à l’économie. Les données de décembre, un important mois de magasinage, ont déçu et sont tombées bien en deçà des attentes. Maria, qu’est-ce que les chiffres vous disent?
Anthony, en effet, les chiffres pour décembre ont été plus faibles que prévu. On espérait qu’il n’y ait aucune diminution, ou sinon une petite baisse. Mais les ventes au détail en décembre ont diminué de près de 2 % par rapport aux chiffres de novembre. Et les chiffres de novembre ont été légèrement révisés d’un dixième de point de pourcentage, mais il y a quand même une baisse en plus des faibles résultats. C’est donc décevant.
Mais, d’une certaine façon, le mois de décembre a été victime de son succès. Les ventes au détail en décembre ont été victimes du succès présent toute l’année, car nous avons connu la meilleure année de l’histoire, avec une hausse de près de 20 % sur 12 mois. En fait, de décembre à décembre, il y a eu une hausse de 17 %. On s’attendait donc à un léger ralentissement, pas trop important.
Et qu’est-ce qui a entraîné la forte baisse en décembre?
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Selon nous, le facteur le plus important est le fait que les acheteurs ont effectué tous leurs achats ou la majorité de ceux-ci en octobre. Il y a donc eu beaucoup de préapprovisionnement, parce que les gens ont entendu parler du choc de l’offre et de la possibilité de ne pas avoir les articles qu’ils voulaient acheter. Donc ça s’explique en grande partie par le préapprovisionnement.
Deuxièmement, on pense que certaines de ces ventes ont été manquées en raison des pénuries. Mais maintenant, il faut regarder du côté de l’offre. Le meilleur exemple serait les ventes d’automobiles, où la demande demeure forte et où les gens sont prêts à acheter des voitures, mais malheureusement, la production est beaucoup plus lente et les délais de livraison beaucoup plus lents. Ces chiffres ont donc été touchés par l’offre elle-même.
On pense également que les consommateurs ont probablement ralenti leurs achats en raison de l’inflation. Les produits deviennent de plus en plus chers. Et les consommateurs ne veulent tout simplement plus accepter ça. Si on regarde les données du sondage sur la confiance des consommateurs de l’Université du Michigan, on voit que les consommateurs sont préoccupés par l’inflation. En décembre, l’augmentation sur 12 mois était de 7 %, son plus haut niveau en près de 40 ans.
Enfin, on pense qu’une petite partie d’Omicron (les retards liés à Omicron) est probablement prise en compte dans les données de décembre. C’est difficile à évaluer, parce qu’habituellement, ça touche beaucoup plus les services, et on n’a pas encore de chiffres sur les services.
D’accord. On a aussi beaucoup entendu parler des gens qui magasinent en ligne. Comment les détaillants qui n’ont pas pignon sur rue, c’est-à-dire qui font du commerce électronique, s’en sont-ils tirés en décembre?
Oui, si on regarde la composition, la baisse est en fait attribuable aux détaillants qui n’ont pas pignon sur rue, ce qui est très intéressant, car si on pense que c’est lié à Omicron, que le repli du commerce de détail est lié à Omicron, alors on ne le voit pas, parce que dans ce cas, les ventes en ligne seraient probablement plus élevées.
Mais c’est le contraire qu’on voit. Le commerce de détail en ligne a reculé de près de 8 % et a aussi pesé sur les chiffres globaux. Mais encore une fois, sur 12 mois, on constate que le commerce électronique est très solide. Il a augmenté de près de 14 %. Et ça s’ajoute à l’augmentation de 20 % en 2020. Le secteur du commerce électronique est donc vigoureux. Mais il ne l’était tout simplement pas en décembre.
D’accord, vous avez mentionné que le commerce électronique a été vigoureux pendant toute l’année. Quelles sont les conséquences possibles pour les magasins traditionnels?
Il y aura probablement un certain regroupement. Et on le voit déjà. C’est seulement qu’on peut probablement parler davantage d’un changement structurel, parce que les gens s’habituent au magasinage en ligne. Donc, même ceux qui n’étaient pas capables de le faire ou qui ne se sentaient pas à l’aise auparavant ont été contraints de le faire durant la pandémie de COVID-19. Ils se sentent maintenant plus à l’aise.
Et il est probable que les gens se tournent vers le commerce électronique pour certains produits, ce qui signifie que les détaillants habituels se tournent également vers ce nouveau créneau. Ils essaient donc d’établir une petite partie du commerce électronique disponible, ce qui signifie qu’on verra probablement des magasins se regrouper.
Compte tenu de la faiblesse des données du côté du commerce de détail, cela pourrait-il avoir un impact sur les perspectives économiques de croissance aux États-Unis au premier trimestre?
Oui, on revoit nos chiffres et nos prévisions en ce moment. En fait, on prévoit une baisse de la croissance au quatrième trimestre de 2021. Et en raison du ralentissement de la croissance du commerce de détail, on réduit d’environ un point de pourcentage nos prévisions de croissance pour le premier trimestre de 2022.
Maria, merci beaucoup de vous être jointe à nous.
Merci beaucoup de m’avoir invitée.
[MUSIQUE]
Anthony, en effet, les chiffres pour décembre ont été plus faibles que prévu. On espérait qu’il n’y ait aucune diminution, ou sinon une petite baisse. Mais les ventes au détail en décembre ont diminué de près de 2 % par rapport aux chiffres de novembre. Et les chiffres de novembre ont été légèrement révisés d’un dixième de point de pourcentage, mais il y a quand même une baisse en plus des faibles résultats. C’est donc décevant.
Mais, d’une certaine façon, le mois de décembre a été victime de son succès. Les ventes au détail en décembre ont été victimes du succès présent toute l’année, car nous avons connu la meilleure année de l’histoire, avec une hausse de près de 20 % sur 12 mois. En fait, de décembre à décembre, il y a eu une hausse de 17 %. On s’attendait donc à un léger ralentissement, pas trop important.
Et qu’est-ce qui a entraîné la forte baisse en décembre?
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Selon nous, le facteur le plus important est le fait que les acheteurs ont effectué tous leurs achats ou la majorité de ceux-ci en octobre. Il y a donc eu beaucoup de préapprovisionnement, parce que les gens ont entendu parler du choc de l’offre et de la possibilité de ne pas avoir les articles qu’ils voulaient acheter. Donc ça s’explique en grande partie par le préapprovisionnement.
Deuxièmement, on pense que certaines de ces ventes ont été manquées en raison des pénuries. Mais maintenant, il faut regarder du côté de l’offre. Le meilleur exemple serait les ventes d’automobiles, où la demande demeure forte et où les gens sont prêts à acheter des voitures, mais malheureusement, la production est beaucoup plus lente et les délais de livraison beaucoup plus lents. Ces chiffres ont donc été touchés par l’offre elle-même.
On pense également que les consommateurs ont probablement ralenti leurs achats en raison de l’inflation. Les produits deviennent de plus en plus chers. Et les consommateurs ne veulent tout simplement plus accepter ça. Si on regarde les données du sondage sur la confiance des consommateurs de l’Université du Michigan, on voit que les consommateurs sont préoccupés par l’inflation. En décembre, l’augmentation sur 12 mois était de 7 %, son plus haut niveau en près de 40 ans.
Enfin, on pense qu’une petite partie d’Omicron (les retards liés à Omicron) est probablement prise en compte dans les données de décembre. C’est difficile à évaluer, parce qu’habituellement, ça touche beaucoup plus les services, et on n’a pas encore de chiffres sur les services.
D’accord. On a aussi beaucoup entendu parler des gens qui magasinent en ligne. Comment les détaillants qui n’ont pas pignon sur rue, c’est-à-dire qui font du commerce électronique, s’en sont-ils tirés en décembre?
Oui, si on regarde la composition, la baisse est en fait attribuable aux détaillants qui n’ont pas pignon sur rue, ce qui est très intéressant, car si on pense que c’est lié à Omicron, que le repli du commerce de détail est lié à Omicron, alors on ne le voit pas, parce que dans ce cas, les ventes en ligne seraient probablement plus élevées.
Mais c’est le contraire qu’on voit. Le commerce de détail en ligne a reculé de près de 8 % et a aussi pesé sur les chiffres globaux. Mais encore une fois, sur 12 mois, on constate que le commerce électronique est très solide. Il a augmenté de près de 14 %. Et ça s’ajoute à l’augmentation de 20 % en 2020. Le secteur du commerce électronique est donc vigoureux. Mais il ne l’était tout simplement pas en décembre.
D’accord, vous avez mentionné que le commerce électronique a été vigoureux pendant toute l’année. Quelles sont les conséquences possibles pour les magasins traditionnels?
Il y aura probablement un certain regroupement. Et on le voit déjà. C’est seulement qu’on peut probablement parler davantage d’un changement structurel, parce que les gens s’habituent au magasinage en ligne. Donc, même ceux qui n’étaient pas capables de le faire ou qui ne se sentaient pas à l’aise auparavant ont été contraints de le faire durant la pandémie de COVID-19. Ils se sentent maintenant plus à l’aise.
Et il est probable que les gens se tournent vers le commerce électronique pour certains produits, ce qui signifie que les détaillants habituels se tournent également vers ce nouveau créneau. Ils essaient donc d’établir une petite partie du commerce électronique disponible, ce qui signifie qu’on verra probablement des magasins se regrouper.
Compte tenu de la faiblesse des données du côté du commerce de détail, cela pourrait-il avoir un impact sur les perspectives économiques de croissance aux États-Unis au premier trimestre?
Oui, on revoit nos chiffres et nos prévisions en ce moment. En fait, on prévoit une baisse de la croissance au quatrième trimestre de 2021. Et en raison du ralentissement de la croissance du commerce de détail, on réduit d’environ un point de pourcentage nos prévisions de croissance pour le premier trimestre de 2022.
Maria, merci beaucoup de vous être jointe à nous.
Merci beaucoup de m’avoir invitée.
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