Depuis plusieurs trimestres, les taux d’intérêt élevés pèsent sur le secteur biotechnologique à forte intensité de capital. Jared Ablass, vice-président, Recherche de portefeuilles, Gestion de Placements TD explique à Greg Bonnell de MoneyTalk que le secteur pourrait profiter d’une baisse des taux.
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Les marchés boursiers continuent de pulvériser des records, mais le secteur de la biotechnologie a connu deux années difficiles. Des jours meilleurs sont-ils à venir? Jared Abluss de gestion de placements TD nous rejoint pour en discuter.
Bonjour, Greg.
Alors... nous ne parlons pas beaucoup de la biotechnologie dans cette émission. Qu'est-ce qui entraîne ces résultats décevants?
Oui, il s'agit d'une période difficile pour le secteur.
Jusqu'à 2022, le secteur avait donné de bons résultats. La ligne noire, c'est l'indice de biotechnologie XBI. C'est un indice composé à pondération égale. Environ 120 entreprises aux États-Unis, toutes les entreprises de biotechnologie ayant une capitalisation boursière de plus de 500 millions de dollars. Or il y a eu un net recul, 60% de recul sur deux ans, ce qui est le plus important recul depuis que nous disposons des données, ce qui remonte avant 2008, 2007. La ligne verte, c'est le taux d'intérêt sur les bons du Trésor américain à 10 ans inversé. Il y a une assez nette corrélation. Une baisse des taux pourrait, semble-t-il aider, mais voici ce qui a engendré ce recul très net. Ce sont les mêmes facteurs, mais qu'on peut analyser de trois façons différentes. Tout d'abord, il y a eu une fuite vers la qualité. Les titres qui ont dépassé, qui ont surclassé, United Health, Johnson & Johnson, Merck, or l'indice XBI étant à pondération égale, les titres à petite capitalisation y jouent un rôle important. Ensuite, il y a une question de la duration. Il s'agit d'entreprises qui se sont créées par des universitaires et ne réalisent pas de bénéfices, donc on actualise un médicament qui ne va pas réaliser des revenus dans cinq ans. Lorsque le taux d'intérêt augmente, c'est-à-dire le dénominateur de la valorisation, ça a un impact. Et enfin il y a une question de financement. Ces entreprises dégagent un flux de trésorerie négatif. Il faut qu'elles fassent appel à l'épargne, soit dans le cas d'un appel initial ou d'un appel de suivi, et c'est sur ces tarifs depuis deux ans. - Je me suis dit: Quelle est cette ligne verte? Ah, c'est le rendement des obligations à 10 ans inversé. Les marchés attendent des coupures de taux. Est-ce que c'est un des facteurs qui pourraient aider à réaliser un revirement dans le secteur?
Il faut croiser les doigts. Les données connaissent des hauts et des bas, mais jusqu'ici les sources de financement ont été très positives. Cette année, en janvier, les premiers appels publics à l'épargne et appels de suivi ont augmenté de 200 % sur un an, encore de 200 % en février et en hausse de 20 % sur janvier. Donc si ces chiffres se maintiennent, nous serons en bonne voie au premier trimestre pour revenir au niveau conforme au pic de 2021 quant à la capacité de réunir des capitaux. La baisse des taux amène les investisseurs à être plus disposés à prêter à ces entreprises. Si vous voulez jauger le degré de confiance, vous pouvez étudier la réponse du marché lorsque les compagnies réunissent des capitaux. Denali Therapeutics, une entreprise de moins de 5 milliards de dollars qui dépense beaucoup, qui fait des recherches très intéressantes dans le secteur neurologique a annoncé un investissement privé de 500 millions de dollars et l'action a bondi. Il y a donc un intérêt à l'égard des opérations réunissant des capitaux. Et puis il y a les fusions et les acquisitions. Les entreprises qui veulent tirer leur épingle du jeu se vendent souvent à une compagnie pharmaceutique à grande capitalisation. Il y a eu une activité de ce côté-là. Le deuxième semestre 2023 a connu une reprise de vitesse. Amgen a réalisé l'acquisition de Horizon, presque 30 milliards de dollars pour un fabricant de médicaments contre les maladies rares. Et puis surtout Pfizer qui cherche à surmonter la baisse des médicaments anti Covid et a cherché des sources de revenus, a dépensé 40 milliards de dollars pour Seagen qui fabrique des produits d'oncologie ciblée.
Quand on parle d'une entreprise qui n'est pas cotée en Bourse, elle aurait pu faire appel à l'épargne, mais elle est avalée par une société plus grande. Est-ce la situation typique de ce secteur? Il y a différentes façons de réunir des capitaux.
Oui, non seulement y a-t-il des acquisitions, il y a également beaucoup de contrats de licence. Les médicaments GLP1 pour la perte de poids ont été très actifs. AstraZeneca est allé en Chine pour obtenir une licence pour un candidat de Eccogene en Chine. Alors les entreprises fermées peuvent accéder au financement, mais il y a eu une hausse depuis six mois.
Si on parle de ces médicaments, vous avez parlé des médicaments de perte de poids, il y a eu de l'activité sur les marchés. Novo Nordisk a fait une annonce. Non seulement existe-t-il un médicament qui favorise la perte de poids, mais encore l'entreprise continue à mettre d'autres médicaments à l'essai qui selon elle semble de prime abord être plus efficace.
Aujourd'hui, Novo Nordisk a tenu et montré des données sur sa prochaine génération qui réalise 13% de perte de poids à 12 semaines. Ça, c'est conforme aux médicaments injectables de meilleure qualité. Si on peut obtenir ce résultat avec un médicament à prendre par voie orale, cela pourrait être un changement considérable. La fabrication sera un problème puisqu'il faut consommer beaucoup de ce médicament afin que l'organisme absorbe une dose considérable. Voici la comparaison entre Eli Lily et Novo Nordisk. Le rendement total de ces deux entreprises, il y a une expansion des multiples, Eli Lily, presque 60 fois les bénéfices des prochains 12 mois, c'est semblable au secteur de la technologie, c'est un peu inquiétant pour un analyste du secteur de la santé. Et puis les estimations de ventes de consensus pour 2025 avec l'historique jusqu'à 2019. Voilà ce que les courtiers pensaient il y a quatre ans. Ils ont dû réviser leur estimation à la hausse, les ventes de 2025, en les doublant dans le cadre de Novo Nordisk en les augmentant de 70% dans le cas d'Eli Lily. Il s'agit de nouveaux médicaments très importants et bien réels et il y a des médicaments successifs qui peuvent permettre de réaliser une diminution pondérale de 20%.
Alors quel est le risque qu'un autre fabricant mette en marché un médicament encore plus efficace que ceux d'Eli Lily et Novo Nordisk?
Oui, le risque est certainement qu'il y a d'autres fabricants. Il y a Amgen avec le AMG 133. Pfizer a essayé un ou deux médicaments par voie orale. Roche a acheté une entreprise qui s'appelle Carmot Therapeutics. Il y a une quarantaine d'entreprises qui travaillent dans ce domaine sur plus d'une centaine de médicaments candidats. En outre, il est très tôt. Il y a eu une expansion des multiples en ce qui concerne la possibilité de perdre du poids. C'est très attractif. Il y a 100 millions de personnes obèses aux États-Unis, mais à présent, on se rend compte qu'il n'y a pas seulement la perte de poids. Au mois d'août, Novo Nordisk a montré un avantage de 20% de réduction du risque cardiovasculaire, d'AVC et de crise cardiaque à cause de la prise d'un GLP1. Il y a eu des données positives sur les affections hépatiques adipeuses, des données positives sur l'arthrose et l'apnée du sommeil. Il s'agit de médicaments à très vaste envergure. On ne sait pas si le même mécanisme va fonctionner de la même façon pour chaque indication. Il est encore très tôt et nous verrons ce que les autres entreprises trouveront.
Bonjour, Greg.
Alors... nous ne parlons pas beaucoup de la biotechnologie dans cette émission. Qu'est-ce qui entraîne ces résultats décevants?
Oui, il s'agit d'une période difficile pour le secteur.
Jusqu'à 2022, le secteur avait donné de bons résultats. La ligne noire, c'est l'indice de biotechnologie XBI. C'est un indice composé à pondération égale. Environ 120 entreprises aux États-Unis, toutes les entreprises de biotechnologie ayant une capitalisation boursière de plus de 500 millions de dollars. Or il y a eu un net recul, 60% de recul sur deux ans, ce qui est le plus important recul depuis que nous disposons des données, ce qui remonte avant 2008, 2007. La ligne verte, c'est le taux d'intérêt sur les bons du Trésor américain à 10 ans inversé. Il y a une assez nette corrélation. Une baisse des taux pourrait, semble-t-il aider, mais voici ce qui a engendré ce recul très net. Ce sont les mêmes facteurs, mais qu'on peut analyser de trois façons différentes. Tout d'abord, il y a eu une fuite vers la qualité. Les titres qui ont dépassé, qui ont surclassé, United Health, Johnson & Johnson, Merck, or l'indice XBI étant à pondération égale, les titres à petite capitalisation y jouent un rôle important. Ensuite, il y a une question de la duration. Il s'agit d'entreprises qui se sont créées par des universitaires et ne réalisent pas de bénéfices, donc on actualise un médicament qui ne va pas réaliser des revenus dans cinq ans. Lorsque le taux d'intérêt augmente, c'est-à-dire le dénominateur de la valorisation, ça a un impact. Et enfin il y a une question de financement. Ces entreprises dégagent un flux de trésorerie négatif. Il faut qu'elles fassent appel à l'épargne, soit dans le cas d'un appel initial ou d'un appel de suivi, et c'est sur ces tarifs depuis deux ans. - Je me suis dit: Quelle est cette ligne verte? Ah, c'est le rendement des obligations à 10 ans inversé. Les marchés attendent des coupures de taux. Est-ce que c'est un des facteurs qui pourraient aider à réaliser un revirement dans le secteur?
Il faut croiser les doigts. Les données connaissent des hauts et des bas, mais jusqu'ici les sources de financement ont été très positives. Cette année, en janvier, les premiers appels publics à l'épargne et appels de suivi ont augmenté de 200 % sur un an, encore de 200 % en février et en hausse de 20 % sur janvier. Donc si ces chiffres se maintiennent, nous serons en bonne voie au premier trimestre pour revenir au niveau conforme au pic de 2021 quant à la capacité de réunir des capitaux. La baisse des taux amène les investisseurs à être plus disposés à prêter à ces entreprises. Si vous voulez jauger le degré de confiance, vous pouvez étudier la réponse du marché lorsque les compagnies réunissent des capitaux. Denali Therapeutics, une entreprise de moins de 5 milliards de dollars qui dépense beaucoup, qui fait des recherches très intéressantes dans le secteur neurologique a annoncé un investissement privé de 500 millions de dollars et l'action a bondi. Il y a donc un intérêt à l'égard des opérations réunissant des capitaux. Et puis il y a les fusions et les acquisitions. Les entreprises qui veulent tirer leur épingle du jeu se vendent souvent à une compagnie pharmaceutique à grande capitalisation. Il y a eu une activité de ce côté-là. Le deuxième semestre 2023 a connu une reprise de vitesse. Amgen a réalisé l'acquisition de Horizon, presque 30 milliards de dollars pour un fabricant de médicaments contre les maladies rares. Et puis surtout Pfizer qui cherche à surmonter la baisse des médicaments anti Covid et a cherché des sources de revenus, a dépensé 40 milliards de dollars pour Seagen qui fabrique des produits d'oncologie ciblée.
Quand on parle d'une entreprise qui n'est pas cotée en Bourse, elle aurait pu faire appel à l'épargne, mais elle est avalée par une société plus grande. Est-ce la situation typique de ce secteur? Il y a différentes façons de réunir des capitaux.
Oui, non seulement y a-t-il des acquisitions, il y a également beaucoup de contrats de licence. Les médicaments GLP1 pour la perte de poids ont été très actifs. AstraZeneca est allé en Chine pour obtenir une licence pour un candidat de Eccogene en Chine. Alors les entreprises fermées peuvent accéder au financement, mais il y a eu une hausse depuis six mois.
Si on parle de ces médicaments, vous avez parlé des médicaments de perte de poids, il y a eu de l'activité sur les marchés. Novo Nordisk a fait une annonce. Non seulement existe-t-il un médicament qui favorise la perte de poids, mais encore l'entreprise continue à mettre d'autres médicaments à l'essai qui selon elle semble de prime abord être plus efficace.
Aujourd'hui, Novo Nordisk a tenu et montré des données sur sa prochaine génération qui réalise 13% de perte de poids à 12 semaines. Ça, c'est conforme aux médicaments injectables de meilleure qualité. Si on peut obtenir ce résultat avec un médicament à prendre par voie orale, cela pourrait être un changement considérable. La fabrication sera un problème puisqu'il faut consommer beaucoup de ce médicament afin que l'organisme absorbe une dose considérable. Voici la comparaison entre Eli Lily et Novo Nordisk. Le rendement total de ces deux entreprises, il y a une expansion des multiples, Eli Lily, presque 60 fois les bénéfices des prochains 12 mois, c'est semblable au secteur de la technologie, c'est un peu inquiétant pour un analyste du secteur de la santé. Et puis les estimations de ventes de consensus pour 2025 avec l'historique jusqu'à 2019. Voilà ce que les courtiers pensaient il y a quatre ans. Ils ont dû réviser leur estimation à la hausse, les ventes de 2025, en les doublant dans le cadre de Novo Nordisk en les augmentant de 70% dans le cas d'Eli Lily. Il s'agit de nouveaux médicaments très importants et bien réels et il y a des médicaments successifs qui peuvent permettre de réaliser une diminution pondérale de 20%.
Alors quel est le risque qu'un autre fabricant mette en marché un médicament encore plus efficace que ceux d'Eli Lily et Novo Nordisk?
Oui, le risque est certainement qu'il y a d'autres fabricants. Il y a Amgen avec le AMG 133. Pfizer a essayé un ou deux médicaments par voie orale. Roche a acheté une entreprise qui s'appelle Carmot Therapeutics. Il y a une quarantaine d'entreprises qui travaillent dans ce domaine sur plus d'une centaine de médicaments candidats. En outre, il est très tôt. Il y a eu une expansion des multiples en ce qui concerne la possibilité de perdre du poids. C'est très attractif. Il y a 100 millions de personnes obèses aux États-Unis, mais à présent, on se rend compte qu'il n'y a pas seulement la perte de poids. Au mois d'août, Novo Nordisk a montré un avantage de 20% de réduction du risque cardiovasculaire, d'AVC et de crise cardiaque à cause de la prise d'un GLP1. Il y a eu des données positives sur les affections hépatiques adipeuses, des données positives sur l'arthrose et l'apnée du sommeil. Il s'agit de médicaments à très vaste envergure. On ne sait pas si le même mécanisme va fonctionner de la même façon pour chaque indication. Il est encore très tôt et nous verrons ce que les autres entreprises trouveront.