
Les dernières données sur l’emploi aux États-Unis montrent que les tendances demeurent solides, ce qui contribue à contrer les rumeurs d’une récession à venir. Justin Flowerday, chef, Actions cotées, Gestion de Placements TD, examine les répercussions sur les taux d’intérêt et les marchés.
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En raison des données économiques solides et de l’inflation galopante, les investisseurs se demandent si la fin des hausses de taux est pour bientôt ou si les banques centrales ne sont pas encore sorties de ce cycle. Justin Flowerday se joint à nous pour en discuter. Il est chef, Gestion de Placements TD. Justin, c’est un plaisir de vous revoir.
Je suis ravi d’être ici, Greg.
On dirait que ça va être la question de l’été, ou peut-être qu’on aura une réponse rapidement avec l’annonce de notre banque centrale cette semaine, et celle de la Fed un peu plus tard. Mais qu’en est-il des données et que pensez-vous des taux?
On a eu des données intéressantes des États-Unis vendredi avec le rapport sur l’emploi, et c’est probablement plus solide que ce que l’on prévoyait. Mais il y a deux mises en garde. Selon les journaux, 340 000 nouveaux emplois ont été créés aux États-Unis, c’est plus que ce que l’on avait prévu, ce qui est une autre bonne nouvelle, un solide chiffre pour les emplois.
En revanche, le taux de chômage a augmenté, il est passé à 3,7 %. C’est le résultat d’une enquête séparée menée par la Fed. Toutefois, le facteur qui intéressait le plus était le salaire horaire moyen, qui indique l’inflation des salaires. Celui-ci est passé à 4,3 %, ce qui dénote un léger ralentissement du taux de gains salariaux.
Mais le marché du travail américain demeure très solide. On a reçu le rapport JOLTS, qui a été publié la semaine dernière. Le taux de postes à pourvoir par personne à la recherche d’un emploi est de 1,8. C’est en hausse par rapport au mois dernier, l’emploi est donc très solide aux États-Unis.
Et on se demande donc ce que la Fed fera lors de sa rencontre de juin. Augmentera-t-elle les taux? Tiendra-t-elle bon? Pour l’instant, je suis d’avis que ça attendra probablement la réunion de juillet. Je pense qu’elle augmentera de nouveau les taux en juillet.
Donc, on ne parle pas de pause, mais d’un report à juillet. On a beaucoup parlé de données ponctuelles. Les banques centrales cherchent une courbe de tendance. La tendance évolue-t-elle dans la direction qu’elles souhaitent ou craignez-vous un essoufflement?
Il se passe plusieurs choses. On a un marché du travail très solide et des gains salariaux qui n’affichent pas le type de tendance baissière que la Fed aimerait voir. En revanche, le système ISM continue de ralentir et l’économie manufacturière aux États-Unis aussi. Ce matin, l’indice ISM des services a été publié et on constate là aussi une certaine faiblesse.
Il y a différents points à prendre en compte. Le marché du travail doit être affaibli et le taux de chômage doit continuer d’augmenter. Mais il est plus fort que prévu.
Les banques centrales présentent leurs prévisions économiques et s’attendent à ce que le taux de chômage se trouve dans une fourchette de 4,5 % à la fin de l’année, ce qui serait nettement plus élevé qu’au début de l’année, une hausse d’environ 1 %. Cela entraînerait un ralentissement de l’économie qui pourrait les convaincre que l’inflation ne restera pas dans une fourchette de plus de 4 %.
Est-ce bien ce que le marché nous dit? Si on regarde les journaux, le S&P 500, qui représente l’ensemble du marché américain, atteint un nouveau sommet depuis neuf mois. Les gens semblent penser qu’un marché haussier se profile à l’horizon. Pourtant, on a des problèmes non résolus concernant l’inflation, la vigueur du marché du travail, la politique de taux d’intérêt. Comment faire la part des choses?
Oui, c’est difficile. Si on avait pu appuyer sur pause en octobre dernier, quand l’indice S&P avait reculé d’environ 20 %, ce qui est très bon pour la Fed parce que cela resserre les conditions financières et c’est nécessaire pour ralentir l’économie. Mais il y a des cycles dans les cycles, et on a observé une remontée après ce creux.
Et à l’approche de l’automne, les gens commençaient à anticiper la récession. Ils avaient commencé à tenir compte de la récession. Ils l’anticipaient et elle devait avoir lieu dans les 12 à 18 mois. Les gens ont tendance à vouloir aller plus vite que la musique, parce qu’ils savent ce qui va se passer, mais, dans ce cas, il est trop tôt. On a ce cycle à l’intérieur du cycle.
Et cette tendance va se poursuivre. Selon les données les plus récentes, je pense que la récession n’arrivera qu’en 2024. Ce serait incroyable, avec les chiffres de l’emploi de vendredi, de voir, au cours des six prochains mois, l’économie connaître une forte reprise.
Cela signifie-t-il que toute baisse de taux potentielle dans ce scénario est reportée à l’année prochaine? Parce que le marché a changé ses attentes récemment, mais selon vous, vers quoi se dirige-t-on?
Oui, c’est exact. Si on revient trois mois en arrière, on s’attendait à des réductions de taux au cours de l’été et on n’aurait pas envisagé une éventuelle hausse des taux en juin ou en juillet. Et ça a changé.
Il y a donc un écart entre les attentes à l’égard des taux de la Fed du marché et ce que moi j’anticipe. Je ne pense pas qu’il y aura une réduction des taux cette année. Je pense que cela se passera en 2024.
On va continuer de dépendre des données et on aura de nouvelles données sur l’inflation avant la prochaine réunion. Il y a d’autres données économiques que la Fed surveille de très près. L’indice de croissance des salaires de la Réserve fédérale d’Atlanta en fin de semaine, par exemple, qui nous aidera à avoir une meilleure idée de la suite.
Si on revient à la normale, la banque centrale aura une décision à prendre cette semaine avant la Fed. Les données économiques sont solides et on a également observé des signes d’inflation persistante. On a fait une pause, une vraie pause. On entend dire que la pause va peut-être s’arrêter et qu’on aura une hausse de nouveau.
Oui, et la croissance globale de l’emploi a été plus forte que prévu, avec une économie plus forte que prévu. Cela tient en grande partie à la demande globale au sein de l’économie canadienne qui continue de croître grâce à notre immigration et au fait que notre clientèle augmente considérablement d’un trimestre à l’autre et c’est un très bon facteur pour l’économie canadienne.
Le Canada a été le premier pays à maintenir ses hausses de taux, et certains pensaient qu’il y aurait des réductions plus tard cette année. Pour l’instant, je pense qu’on est dans la même situation, les choses vont se maintenir là où elles sont. Je ne pense pas qu’il y aura d’autres hausses cette semaine, même s’il y a assez de données pour soutenir une éventuelle hausse.
Une des choses que les banques centrales du Canada et des États-Unis ne veulent pas, c’est trop surprendre le marché. Elles indiquent où elles vont et elles l’ont toutes les deux bien fait jusqu’ici. Je pense donc qu’on aura probablement une pause au Canada et aux États-Unis étant donné ce qu’elles nous ont dit ces dernières semaines. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
En raison des données économiques solides et de l’inflation galopante, les investisseurs se demandent si la fin des hausses de taux est pour bientôt ou si les banques centrales ne sont pas encore sorties de ce cycle. Justin Flowerday se joint à nous pour en discuter. Il est chef, Gestion de Placements TD. Justin, c’est un plaisir de vous revoir.
Je suis ravi d’être ici, Greg.
On dirait que ça va être la question de l’été, ou peut-être qu’on aura une réponse rapidement avec l’annonce de notre banque centrale cette semaine, et celle de la Fed un peu plus tard. Mais qu’en est-il des données et que pensez-vous des taux?
On a eu des données intéressantes des États-Unis vendredi avec le rapport sur l’emploi, et c’est probablement plus solide que ce que l’on prévoyait. Mais il y a deux mises en garde. Selon les journaux, 340 000 nouveaux emplois ont été créés aux États-Unis, c’est plus que ce que l’on avait prévu, ce qui est une autre bonne nouvelle, un solide chiffre pour les emplois.
En revanche, le taux de chômage a augmenté, il est passé à 3,7 %. C’est le résultat d’une enquête séparée menée par la Fed. Toutefois, le facteur qui intéressait le plus était le salaire horaire moyen, qui indique l’inflation des salaires. Celui-ci est passé à 4,3 %, ce qui dénote un léger ralentissement du taux de gains salariaux.
Mais le marché du travail américain demeure très solide. On a reçu le rapport JOLTS, qui a été publié la semaine dernière. Le taux de postes à pourvoir par personne à la recherche d’un emploi est de 1,8. C’est en hausse par rapport au mois dernier, l’emploi est donc très solide aux États-Unis.
Et on se demande donc ce que la Fed fera lors de sa rencontre de juin. Augmentera-t-elle les taux? Tiendra-t-elle bon? Pour l’instant, je suis d’avis que ça attendra probablement la réunion de juillet. Je pense qu’elle augmentera de nouveau les taux en juillet.
Donc, on ne parle pas de pause, mais d’un report à juillet. On a beaucoup parlé de données ponctuelles. Les banques centrales cherchent une courbe de tendance. La tendance évolue-t-elle dans la direction qu’elles souhaitent ou craignez-vous un essoufflement?
Il se passe plusieurs choses. On a un marché du travail très solide et des gains salariaux qui n’affichent pas le type de tendance baissière que la Fed aimerait voir. En revanche, le système ISM continue de ralentir et l’économie manufacturière aux États-Unis aussi. Ce matin, l’indice ISM des services a été publié et on constate là aussi une certaine faiblesse.
Il y a différents points à prendre en compte. Le marché du travail doit être affaibli et le taux de chômage doit continuer d’augmenter. Mais il est plus fort que prévu.
Les banques centrales présentent leurs prévisions économiques et s’attendent à ce que le taux de chômage se trouve dans une fourchette de 4,5 % à la fin de l’année, ce qui serait nettement plus élevé qu’au début de l’année, une hausse d’environ 1 %. Cela entraînerait un ralentissement de l’économie qui pourrait les convaincre que l’inflation ne restera pas dans une fourchette de plus de 4 %.
Est-ce bien ce que le marché nous dit? Si on regarde les journaux, le S&P 500, qui représente l’ensemble du marché américain, atteint un nouveau sommet depuis neuf mois. Les gens semblent penser qu’un marché haussier se profile à l’horizon. Pourtant, on a des problèmes non résolus concernant l’inflation, la vigueur du marché du travail, la politique de taux d’intérêt. Comment faire la part des choses?
Oui, c’est difficile. Si on avait pu appuyer sur pause en octobre dernier, quand l’indice S&P avait reculé d’environ 20 %, ce qui est très bon pour la Fed parce que cela resserre les conditions financières et c’est nécessaire pour ralentir l’économie. Mais il y a des cycles dans les cycles, et on a observé une remontée après ce creux.
Et à l’approche de l’automne, les gens commençaient à anticiper la récession. Ils avaient commencé à tenir compte de la récession. Ils l’anticipaient et elle devait avoir lieu dans les 12 à 18 mois. Les gens ont tendance à vouloir aller plus vite que la musique, parce qu’ils savent ce qui va se passer, mais, dans ce cas, il est trop tôt. On a ce cycle à l’intérieur du cycle.
Et cette tendance va se poursuivre. Selon les données les plus récentes, je pense que la récession n’arrivera qu’en 2024. Ce serait incroyable, avec les chiffres de l’emploi de vendredi, de voir, au cours des six prochains mois, l’économie connaître une forte reprise.
Cela signifie-t-il que toute baisse de taux potentielle dans ce scénario est reportée à l’année prochaine? Parce que le marché a changé ses attentes récemment, mais selon vous, vers quoi se dirige-t-on?
Oui, c’est exact. Si on revient trois mois en arrière, on s’attendait à des réductions de taux au cours de l’été et on n’aurait pas envisagé une éventuelle hausse des taux en juin ou en juillet. Et ça a changé.
Il y a donc un écart entre les attentes à l’égard des taux de la Fed du marché et ce que moi j’anticipe. Je ne pense pas qu’il y aura une réduction des taux cette année. Je pense que cela se passera en 2024.
On va continuer de dépendre des données et on aura de nouvelles données sur l’inflation avant la prochaine réunion. Il y a d’autres données économiques que la Fed surveille de très près. L’indice de croissance des salaires de la Réserve fédérale d’Atlanta en fin de semaine, par exemple, qui nous aidera à avoir une meilleure idée de la suite.
Si on revient à la normale, la banque centrale aura une décision à prendre cette semaine avant la Fed. Les données économiques sont solides et on a également observé des signes d’inflation persistante. On a fait une pause, une vraie pause. On entend dire que la pause va peut-être s’arrêter et qu’on aura une hausse de nouveau.
Oui, et la croissance globale de l’emploi a été plus forte que prévu, avec une économie plus forte que prévu. Cela tient en grande partie à la demande globale au sein de l’économie canadienne qui continue de croître grâce à notre immigration et au fait que notre clientèle augmente considérablement d’un trimestre à l’autre et c’est un très bon facteur pour l’économie canadienne.
Le Canada a été le premier pays à maintenir ses hausses de taux, et certains pensaient qu’il y aurait des réductions plus tard cette année. Pour l’instant, je pense qu’on est dans la même situation, les choses vont se maintenir là où elles sont. Je ne pense pas qu’il y aura d’autres hausses cette semaine, même s’il y a assez de données pour soutenir une éventuelle hausse.
Une des choses que les banques centrales du Canada et des États-Unis ne veulent pas, c’est trop surprendre le marché. Elles indiquent où elles vont et elles l’ont toutes les deux bien fait jusqu’ici. Je pense donc qu’on aura probablement une pause au Canada et aux États-Unis étant donné ce qu’elles nous ont dit ces dernières semaines. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]