Les entreprises ont encore une fois affiché des bénéfices solides au quatrième trimestre, et la plupart ont surpassé les attentes. Mais peuvent-elles poursuivre sur leur lancée? Kim Parlee et Ben Gossack, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, discutent des secteurs et des sociétés qui pourraient enregistrer des rendements supérieurs en 2022 malgré les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement et l’inflation persistante.
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Nous en sommes à environ 80 % de la période d’annonce des bénéfices du troisième trimestre et beaucoup d’entreprises ont surpassé les attentes. Mais pourront-elles continuer sur cette lancée, compte tenu des perturbations des chaînes d’approvisionnement et de l’inflation persistante? Ben Gossack nous donne son point de vue. Il est gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD.
Ben, c’est toujours un plaisir de vous accueillir. Permettez-moi d’entrer dans le vif du sujet. Jusqu’à présent, je crois que la croissance moyenne des revenus s’élève à 16 % et celle du bénéfice par action à 38 %. C’est impressionnant. Mais avec les difficultés d’approvisionnement et l’inflation, est-ce vraiment durable?
On a évidemment connu un autre trimestre de croissance record. C’est toujours important de mettre les choses en perspectives. À quoi compare-t-on la situation actuelle? On la compare à celle de 2020, quand l’économie était au point mort et que l’on faisait face à un enchaînement de vagues de coronavirus. Effectivement, la croissance des bénéfices est de 40 %. Mais en un mot, on devrait s’attendre à ce que la croissance ralentisse.
D’autant qu’il y a des problèmes connus. Vous avez évoqué la chaîne d’approvisionnement et les pressions sur les prix. Certains s’inquiètent des marges. On fait face à des pénuries de main-d’œuvre, à des grèves, ou à des résurgences de cas de COVID. Il y a des ports qui ferment, des chaînes d’approvisionnement interrompues. Mais le calcul est simple. Les bénéfices ont augmenté de 50 % au premier trimestre, et de 90 % au deuxième.
Même s’il n’y avait aucun dmotif ’inquiétude, mathématiquement, on ne peut pas surpasser un trimestre où la croissance était de 90 %. Les investisseurs ne doivent pas s’attendre au même niveau de croissance en 2022. Ça ne veut pas dire que les entreprises sont en difficulté, mais simplement qu’il est très difficile de tenir la comparaison.
Oui, il faut toujours bien regarder à quoi on se compare. J’aimerais qu’on parle d’un graphique que vous avez fourni et qui montre certains problèmes liés à la demande et à l’offre. Que nous dit ce graphique, et pourquoi est-ce que c’est important?
C’est une question à laquelle dnous réfléchissons epuis l’été, mais qui devient de plus en plus pertinente. L’un des thèmes qui s’est vraiment détaché au troisième trimestre, ce sont les difficultés liées aux pénuries et à la chaîne d’approvisionnement. Ce qu’on essaie de comprendre, c’est si le problème est entièrement dû à ces facteurs, ou s’il se situe aussi au niveau de la demande. Il y a donc trois courbes.
Celle du haut représente la consommation de services personnels. Avec la fermeture de l’économie l’an dernier, les dépenses en services ont diminué, mais elles commencent à rejoindre la tendance. J’aimerais attirer votre attention sur la courbe du milieu, celle des dépenses en biens de consommation. On voit une croissance régulière au cours des 20 dernières années.
Quand je parle des biens, c’est ce que vous dépensez à la maison. Les voitures, l’ameublement, l’épicerie et les boissons que vous consommez chez vous. La croissance était plutôt lente et régulière, mais on voit bien sûr un pic. Nous avons largement dépassé la tendance à cause du coronavirus.
De toute évidence, on s’attend – surtout en 2022 – à un retour à la moyenne. Les fabricants se plaignent peut-être de problèmes d’approvisionnement qui les empêchent de répondre à la demande actuelle mais historiquement, on est bien au-delà de la tendance et un retour à la normale est inévitable.
Et la dernière chose que j’aimerais souligner au sujet de ce graphique, c’est qu’on entend souvent dire que les stocks sont très bas. Par exemple, les concessionnaires disent qu’ils n’ont presque pas de véhicules. Si vous voulez une voiture, il faut attendre des mois. Mais si l’on parle en dollars, les stocks des entreprises américaines sont en fait revenus aux niveaux où ils étaient avant la crise du coronavirus.
Ce qu’on essaie de souligner ici, c’est que même si les entreprises se plaignent de ne pas pouvoir répondre à la demande ou que leurs prévisions sont inférieures aux attentes, on doit s’attendre à un retour à la moyenne dans le secteur des biens. Mais cela signifie aussi qu’il y a des opportunités du côté des services.
J’aimerais qu’on aborde la question des services, mais un peu plus tôt, je vous écoutais parler non pas des commandes de stocks en juste à temps, mais plutôt « au cas où », ce qui risquerait d’exercer des pressions encore plus fortes sur la chaîne d’approvisionnement, non?
C’est vrai. En ce moment, si vous parlez au fournisseur moyen, il vous dira que son carnet de commandes déborde. A priori, on pourrait s’extasier sur la force de la demande. Mais dans le secteur manufacturier américain, on s’approvisionnait en juste à temps. S’il vous fallait une pièce, elle arrivait quand vous en aviez besoin. Vous n’aviez pas tous ces stocks excédentaires. Votre argent n’est pas immobilisé dans des marchandises qui prennent la poussière. C’était un excellent système. Mais avec la COVID et les pénuries de puces, s’il me manque une pièce dont j’ai besoin, je dois arrêter la fabrication.
Si j’étais directeur des achats, je me dirais donc que je vais commander cinq pièces, parce que l’approvisionnement est intermittent. Et ce, pour diverses raisons. Un port fermé, un navire immobilisé, une vague de COVID. Et donc, au cas où, on en commande cinq, Là, c’est aux fabricants de décider. Est-ce qu’ils vont livrer les cinq pièces ou une seule? Le risque, c’est ce surplus de stocks. La demande est peut-être très forte cette année mais l’année prochaine, vous ne vendrez pas autant.
Je simplifie à l’extrême, mais c’est le problème du papier toilette à grande échelle, quand les gens essaient de se préparer. Le temps file à toute vitesse, Ben, mais je tiens à dire pour ceux qui ne vous connaissent pas que vous gérez le FNB à gestion active de dividendes bonifiés mondiaux TD. Vous avez dit plus tôt, en regardant le graphique, que les services présentaient des opportunités par rapport aux biens. Je crois savoir que vous aimez le titre Hilton. Pourriez-vous m’expliquer en quoi cela s’inscrit dans votre thèse?
Oui. Nous pensons qu’il va y avoir un déplacement des dépenses qui pourrait commencer dès maintenant, mais surtout en 2022. Les dépenses vont sortir du cadre de la maison. On parle des transports, de la restauration, des voyages et des loisirs. Nous pensons que Hilton est emblématique des dépenses d’hôtellerie. Ses niveaux sont bien en deçà de ceux de 2019. Hilton couvre les loisirs et les voyages d’affaires.
Dans l’ensemble de notre portefeuille, nous mettons l’accent sur les services, sur toute activité qui se déroule hors de la maison. Ça peut comprendre Hilton, American Express, mais aussi Estee Lauder, dans le domaine des cosmétiques. Toutes ces sociétés pourraient profiter des activités qui accompagneront un retour à la normale en 2022.
Ben, merci d’avoir été des nôtres. Merci beaucoup.
De rien. Merci, Kim.
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Nous en sommes à environ 80 % de la période d’annonce des bénéfices du troisième trimestre et beaucoup d’entreprises ont surpassé les attentes. Mais pourront-elles continuer sur cette lancée, compte tenu des perturbations des chaînes d’approvisionnement et de l’inflation persistante? Ben Gossack nous donne son point de vue. Il est gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD.
Ben, c’est toujours un plaisir de vous accueillir. Permettez-moi d’entrer dans le vif du sujet. Jusqu’à présent, je crois que la croissance moyenne des revenus s’élève à 16 % et celle du bénéfice par action à 38 %. C’est impressionnant. Mais avec les difficultés d’approvisionnement et l’inflation, est-ce vraiment durable?
On a évidemment connu un autre trimestre de croissance record. C’est toujours important de mettre les choses en perspectives. À quoi compare-t-on la situation actuelle? On la compare à celle de 2020, quand l’économie était au point mort et que l’on faisait face à un enchaînement de vagues de coronavirus. Effectivement, la croissance des bénéfices est de 40 %. Mais en un mot, on devrait s’attendre à ce que la croissance ralentisse.
D’autant qu’il y a des problèmes connus. Vous avez évoqué la chaîne d’approvisionnement et les pressions sur les prix. Certains s’inquiètent des marges. On fait face à des pénuries de main-d’œuvre, à des grèves, ou à des résurgences de cas de COVID. Il y a des ports qui ferment, des chaînes d’approvisionnement interrompues. Mais le calcul est simple. Les bénéfices ont augmenté de 50 % au premier trimestre, et de 90 % au deuxième.
Même s’il n’y avait aucun dmotif ’inquiétude, mathématiquement, on ne peut pas surpasser un trimestre où la croissance était de 90 %. Les investisseurs ne doivent pas s’attendre au même niveau de croissance en 2022. Ça ne veut pas dire que les entreprises sont en difficulté, mais simplement qu’il est très difficile de tenir la comparaison.
Oui, il faut toujours bien regarder à quoi on se compare. J’aimerais qu’on parle d’un graphique que vous avez fourni et qui montre certains problèmes liés à la demande et à l’offre. Que nous dit ce graphique, et pourquoi est-ce que c’est important?
C’est une question à laquelle dnous réfléchissons epuis l’été, mais qui devient de plus en plus pertinente. L’un des thèmes qui s’est vraiment détaché au troisième trimestre, ce sont les difficultés liées aux pénuries et à la chaîne d’approvisionnement. Ce qu’on essaie de comprendre, c’est si le problème est entièrement dû à ces facteurs, ou s’il se situe aussi au niveau de la demande. Il y a donc trois courbes.
Celle du haut représente la consommation de services personnels. Avec la fermeture de l’économie l’an dernier, les dépenses en services ont diminué, mais elles commencent à rejoindre la tendance. J’aimerais attirer votre attention sur la courbe du milieu, celle des dépenses en biens de consommation. On voit une croissance régulière au cours des 20 dernières années.
Quand je parle des biens, c’est ce que vous dépensez à la maison. Les voitures, l’ameublement, l’épicerie et les boissons que vous consommez chez vous. La croissance était plutôt lente et régulière, mais on voit bien sûr un pic. Nous avons largement dépassé la tendance à cause du coronavirus.
De toute évidence, on s’attend – surtout en 2022 – à un retour à la moyenne. Les fabricants se plaignent peut-être de problèmes d’approvisionnement qui les empêchent de répondre à la demande actuelle mais historiquement, on est bien au-delà de la tendance et un retour à la normale est inévitable.
Et la dernière chose que j’aimerais souligner au sujet de ce graphique, c’est qu’on entend souvent dire que les stocks sont très bas. Par exemple, les concessionnaires disent qu’ils n’ont presque pas de véhicules. Si vous voulez une voiture, il faut attendre des mois. Mais si l’on parle en dollars, les stocks des entreprises américaines sont en fait revenus aux niveaux où ils étaient avant la crise du coronavirus.
Ce qu’on essaie de souligner ici, c’est que même si les entreprises se plaignent de ne pas pouvoir répondre à la demande ou que leurs prévisions sont inférieures aux attentes, on doit s’attendre à un retour à la moyenne dans le secteur des biens. Mais cela signifie aussi qu’il y a des opportunités du côté des services.
J’aimerais qu’on aborde la question des services, mais un peu plus tôt, je vous écoutais parler non pas des commandes de stocks en juste à temps, mais plutôt « au cas où », ce qui risquerait d’exercer des pressions encore plus fortes sur la chaîne d’approvisionnement, non?
C’est vrai. En ce moment, si vous parlez au fournisseur moyen, il vous dira que son carnet de commandes déborde. A priori, on pourrait s’extasier sur la force de la demande. Mais dans le secteur manufacturier américain, on s’approvisionnait en juste à temps. S’il vous fallait une pièce, elle arrivait quand vous en aviez besoin. Vous n’aviez pas tous ces stocks excédentaires. Votre argent n’est pas immobilisé dans des marchandises qui prennent la poussière. C’était un excellent système. Mais avec la COVID et les pénuries de puces, s’il me manque une pièce dont j’ai besoin, je dois arrêter la fabrication.
Si j’étais directeur des achats, je me dirais donc que je vais commander cinq pièces, parce que l’approvisionnement est intermittent. Et ce, pour diverses raisons. Un port fermé, un navire immobilisé, une vague de COVID. Et donc, au cas où, on en commande cinq, Là, c’est aux fabricants de décider. Est-ce qu’ils vont livrer les cinq pièces ou une seule? Le risque, c’est ce surplus de stocks. La demande est peut-être très forte cette année mais l’année prochaine, vous ne vendrez pas autant.
Je simplifie à l’extrême, mais c’est le problème du papier toilette à grande échelle, quand les gens essaient de se préparer. Le temps file à toute vitesse, Ben, mais je tiens à dire pour ceux qui ne vous connaissent pas que vous gérez le FNB à gestion active de dividendes bonifiés mondiaux TD. Vous avez dit plus tôt, en regardant le graphique, que les services présentaient des opportunités par rapport aux biens. Je crois savoir que vous aimez le titre Hilton. Pourriez-vous m’expliquer en quoi cela s’inscrit dans votre thèse?
Oui. Nous pensons qu’il va y avoir un déplacement des dépenses qui pourrait commencer dès maintenant, mais surtout en 2022. Les dépenses vont sortir du cadre de la maison. On parle des transports, de la restauration, des voyages et des loisirs. Nous pensons que Hilton est emblématique des dépenses d’hôtellerie. Ses niveaux sont bien en deçà de ceux de 2019. Hilton couvre les loisirs et les voyages d’affaires.
Dans l’ensemble de notre portefeuille, nous mettons l’accent sur les services, sur toute activité qui se déroule hors de la maison. Ça peut comprendre Hilton, American Express, mais aussi Estee Lauder, dans le domaine des cosmétiques. Toutes ces sociétés pourraient profiter des activités qui accompagneront un retour à la normale en 2022.
Ben, merci d’avoir été des nôtres. Merci beaucoup.
De rien. Merci, Kim.
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