Les investissements des entreprises accusent du retard par rapport à la reprise économique rapide au Canada. Anthony Okolie et Omar Abdelrahman, économiste, Groupe Banque TD, discutent des récents indicateurs qui laissent entrevoir un regain durant la deuxième moitié de 2021 et au début de 2022.
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- Omar, dans votre dernier rapport, vous avez donné un point de vue modérément optimiste sur les investissements des entreprises au Canada. Avant d’entrer dans les détails, dites-nous où nous en sommes par rapport à l’ensemble des activités de placement.
- Bien sûr. Au cours des derniers trimestres, la croissance du Canada a été largement alimentée par de solides rendements des investissements résidentiels, des dépenses et des investissements du gouvernement, et même par un solide rebond des dépenses de consommation. En revanche, les investissements des entreprises ont accusé un retard. Et cela n’est pas rare dans le cas d’un repli. Et au cours des derniers mois, nous avons constaté des signaux positifs indiquant que le troisième trimestre pourrait être le point tournant où la croissance des investissements des entreprises commence à se redresser et où l’emploi commence à contribuer davantage à la croissance du PIB.
- D’accord. Qu’en est-il des différentes catégories de placement? Comment se comparent-elles?
- Il y a donc eu des divergences intéressantes au cours des 18 derniers mois. D’une part, nous investissons dans les produits liés à la propriété intellectuelle, les PPI, par exemple la recherche, le développement et les logiciels. Ce domaine s’est très bien comporté, et il s’est essentiellement redressé, même au-dessus des niveaux d’avant la pandémie. Ce n’est pas tout à fait surprenant, compte tenu de la tendance vers le commerce électronique et la numérisation.
À l’autre bout du spectre, il y a la construction non résidentielle ou les investissements dans les structures non résidentielles, comme les structures d’ingénierie et les bâtiments. Et c’est un domaine où, après avoir atteint un creux à la fin de l’année dernière, on n’a pas vraiment remarqué de reprise. Encore une fois, ce n’est pas vraiment surprenant. Il y avait des incertitudes persistantes, par exemple, dans le secteur de l’énergie, le commerce de détail traditionnel et le télétravail.
Entre les deux, il y a les investissements dans la machinerie et l’équipement, comme l’équipement industriel, le matériel de transport et les aéronefs. Il y a eu des progrès, mais il reste encore beaucoup de terrain perdu à rattraper. À l’avenir, nous nous attendons à ce que les trois catégories affichent une croissance décente, surtout compte tenu de certains des niveaux très bas de certaines d’entre elles. Mais nous croyons que pour revenir aux niveaux de production d’avant la pandémie, le contexte est plus favorable aux investissements dans les PPI, dans la machinerie et l’équipement.
- D’accord. J’aimerais revenir sur ce point. Parce que vous avez mentionné que vous vous attendez à ce que le rythme de la reprise des investissements des entreprises s’accélère d’ici la fin de l’année et en 2022. Et vous soulignez quelques facteurs positifs. Parlons d’abord de la confiance des entreprises et de sa remontée.
- Oui, absolument. Donc, au cours de l’été, et surtout après l’augmentation rapide des vaccinations au Canada, la confiance des entreprises a considérablement augmenté, que ce soit grâce aux réponses communiquées dans le sondage sur les perspectives des entreprises de juillet de la Banque du Canada, la FCEI, l’indice de confiance des petites entreprises ou même certains indices des directeurs d’achats, comme les indices PMI pour le secteur manufacturier.
- OK, maintenant, parlons des bénéfices des sociétés.
- Les bénéfices des sociétés sont certainement un secteur qui a rebondi plus rapidement que prévu, même après la limitation des subventions gouvernementales. Malgré, bien sûr, certaines inégalités entre les secteurs. Dans l’ensemble, toutefois, sur le plan économique, les bénéfices des sociétés ont connu un rebond supérieur aux attentes.
- D’accord. Parlons des perspectives de croissance et du soutien offert par les banques centrales. L’un des principaux facteurs, c’est que, même si les taux de croissance ont pu atteindre un sommet aux États-Unis au deuxième trimestre et au Canada au troisième trimestre, nous nous attendons toujours à ce que le rythme de croissance soit très solide dans les deux pays, tant pour le reste de 2021 que pour 2022. C’est donc favorable à l’ensemble des intentions d’investissement des entreprises. En même temps, même si les banques centrales ont récemment indiqué qu’elles vont bientôt commencer à resserrer leurs politiques aux États-Unis, ou même si elles ont déjà amorcé le processus de réduction au Canada, les taux d’intérêt devraient rester historiquement bas et être accommodants à l’égard des conditions d’emprunt.
- D’accord. Enfin, vous avez parlé de cette tendance plus tôt. L’accélération s’est-elle faite du côté du numérique ou de la numérisation?
- Oui, alors c’est certainement un domaine où nous avons vu des réponses, par exemple, dans certains sondages, des réponses anecdotiques suggérant que les entreprises ont l’intention d’augmenter leurs investissements dans ces domaines, surtout compte tenu de certaines des tendances que nous avons observées depuis un an et demi.
- Qu’en est-il des préoccupations par rapport au variant Delta? Cela présente-t-il un risque pour vos perspectives?
- Malgré les perspectives modérément optimistes des investissements des entreprises et du PIB global, nous sommes conscients que le quatrième trimestre de l’année pourrait être exposé à certains risques de baisse, surtout compte tenu de la récente augmentation du nombre de cas et de la prévalence du variant Delta au Canada. La situation demeure fluide. Il y a encore une certaine incertitude quant à la réponse de la politique sanitaire et aux répercussions qui vont en découler sur la confiance des consommateurs et des entreprises.
D’une part, lors des précédentes vagues d’infection, le Canada n’a pas été en mesure de tolérer des taux d’hospitalisation aussi élevés que ceux de certains autres pays. Et donc, on ne peut pas exclure complètement la possibilité de certaines restrictions. Mais dans cette optique, il y a des facteurs positifs qui offrent un certain répit.
Parmi ceux-ci, mentionnons les taux de vaccination élevés au Canada, qui sont plus élevés que ceux de bon nombre de pays comparables, et la récente décision de certains employeurs, ou même de certaines provinces, de rendre le vaccin obligatoire, par exemple. Et la transition vers des outils moins restrictifs, comme les obligations relatives au port du masque et la distanciation. Nous pourrions peut-être voir des divergences régionales à l’avenir en raison de ce risque baissier émergent.
- Omar, merci beaucoup pour votre temps.
- Merci beaucoup, Anthony. Merci de m’avoir invité.
[MUSIQUE]
- Bien sûr. Au cours des derniers trimestres, la croissance du Canada a été largement alimentée par de solides rendements des investissements résidentiels, des dépenses et des investissements du gouvernement, et même par un solide rebond des dépenses de consommation. En revanche, les investissements des entreprises ont accusé un retard. Et cela n’est pas rare dans le cas d’un repli. Et au cours des derniers mois, nous avons constaté des signaux positifs indiquant que le troisième trimestre pourrait être le point tournant où la croissance des investissements des entreprises commence à se redresser et où l’emploi commence à contribuer davantage à la croissance du PIB.
- D’accord. Qu’en est-il des différentes catégories de placement? Comment se comparent-elles?
- Il y a donc eu des divergences intéressantes au cours des 18 derniers mois. D’une part, nous investissons dans les produits liés à la propriété intellectuelle, les PPI, par exemple la recherche, le développement et les logiciels. Ce domaine s’est très bien comporté, et il s’est essentiellement redressé, même au-dessus des niveaux d’avant la pandémie. Ce n’est pas tout à fait surprenant, compte tenu de la tendance vers le commerce électronique et la numérisation.
À l’autre bout du spectre, il y a la construction non résidentielle ou les investissements dans les structures non résidentielles, comme les structures d’ingénierie et les bâtiments. Et c’est un domaine où, après avoir atteint un creux à la fin de l’année dernière, on n’a pas vraiment remarqué de reprise. Encore une fois, ce n’est pas vraiment surprenant. Il y avait des incertitudes persistantes, par exemple, dans le secteur de l’énergie, le commerce de détail traditionnel et le télétravail.
Entre les deux, il y a les investissements dans la machinerie et l’équipement, comme l’équipement industriel, le matériel de transport et les aéronefs. Il y a eu des progrès, mais il reste encore beaucoup de terrain perdu à rattraper. À l’avenir, nous nous attendons à ce que les trois catégories affichent une croissance décente, surtout compte tenu de certains des niveaux très bas de certaines d’entre elles. Mais nous croyons que pour revenir aux niveaux de production d’avant la pandémie, le contexte est plus favorable aux investissements dans les PPI, dans la machinerie et l’équipement.
- D’accord. J’aimerais revenir sur ce point. Parce que vous avez mentionné que vous vous attendez à ce que le rythme de la reprise des investissements des entreprises s’accélère d’ici la fin de l’année et en 2022. Et vous soulignez quelques facteurs positifs. Parlons d’abord de la confiance des entreprises et de sa remontée.
- Oui, absolument. Donc, au cours de l’été, et surtout après l’augmentation rapide des vaccinations au Canada, la confiance des entreprises a considérablement augmenté, que ce soit grâce aux réponses communiquées dans le sondage sur les perspectives des entreprises de juillet de la Banque du Canada, la FCEI, l’indice de confiance des petites entreprises ou même certains indices des directeurs d’achats, comme les indices PMI pour le secteur manufacturier.
- OK, maintenant, parlons des bénéfices des sociétés.
- Les bénéfices des sociétés sont certainement un secteur qui a rebondi plus rapidement que prévu, même après la limitation des subventions gouvernementales. Malgré, bien sûr, certaines inégalités entre les secteurs. Dans l’ensemble, toutefois, sur le plan économique, les bénéfices des sociétés ont connu un rebond supérieur aux attentes.
- D’accord. Parlons des perspectives de croissance et du soutien offert par les banques centrales. L’un des principaux facteurs, c’est que, même si les taux de croissance ont pu atteindre un sommet aux États-Unis au deuxième trimestre et au Canada au troisième trimestre, nous nous attendons toujours à ce que le rythme de croissance soit très solide dans les deux pays, tant pour le reste de 2021 que pour 2022. C’est donc favorable à l’ensemble des intentions d’investissement des entreprises. En même temps, même si les banques centrales ont récemment indiqué qu’elles vont bientôt commencer à resserrer leurs politiques aux États-Unis, ou même si elles ont déjà amorcé le processus de réduction au Canada, les taux d’intérêt devraient rester historiquement bas et être accommodants à l’égard des conditions d’emprunt.
- D’accord. Enfin, vous avez parlé de cette tendance plus tôt. L’accélération s’est-elle faite du côté du numérique ou de la numérisation?
- Oui, alors c’est certainement un domaine où nous avons vu des réponses, par exemple, dans certains sondages, des réponses anecdotiques suggérant que les entreprises ont l’intention d’augmenter leurs investissements dans ces domaines, surtout compte tenu de certaines des tendances que nous avons observées depuis un an et demi.
- Qu’en est-il des préoccupations par rapport au variant Delta? Cela présente-t-il un risque pour vos perspectives?
- Malgré les perspectives modérément optimistes des investissements des entreprises et du PIB global, nous sommes conscients que le quatrième trimestre de l’année pourrait être exposé à certains risques de baisse, surtout compte tenu de la récente augmentation du nombre de cas et de la prévalence du variant Delta au Canada. La situation demeure fluide. Il y a encore une certaine incertitude quant à la réponse de la politique sanitaire et aux répercussions qui vont en découler sur la confiance des consommateurs et des entreprises.
D’une part, lors des précédentes vagues d’infection, le Canada n’a pas été en mesure de tolérer des taux d’hospitalisation aussi élevés que ceux de certains autres pays. Et donc, on ne peut pas exclure complètement la possibilité de certaines restrictions. Mais dans cette optique, il y a des facteurs positifs qui offrent un certain répit.
Parmi ceux-ci, mentionnons les taux de vaccination élevés au Canada, qui sont plus élevés que ceux de bon nombre de pays comparables, et la récente décision de certains employeurs, ou même de certaines provinces, de rendre le vaccin obligatoire, par exemple. Et la transition vers des outils moins restrictifs, comme les obligations relatives au port du masque et la distanciation. Nous pourrions peut-être voir des divergences régionales à l’avenir en raison de ce risque baissier émergent.
- Omar, merci beaucoup pour votre temps.
- Merci beaucoup, Anthony. Merci de m’avoir invité.
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