L’OMS a annoncé que le nouveau variant de la COVID-19, Omicron, présente des risques « très élevés » à l’échelle mondiale. Anthony Okolie discute avec Tarik Aeta, analyste du secteur des soins de santé, Gestion de Placements TD, des implications de ce nouveau variant pour la lutte mondiale contre la pandémie.
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Tarik, beaucoup de questions entourent le nouveau variant de la COVID-19, Omicron, mais les données sont encore plutôt rares en ce moment. Que savons-nous jusqu’à présent de ce variant?
Oui, Omicron est un nouveau variant qui a d’abord été identifié au Botswana il y a quelques semaines, puis chez plus de personnes en Afrique du Sud dans des grappes de cas autour de Johannesburg au cours de la dernière semaine. Que savons-nous à son sujet? On n’en sait pas tellement pour le moment, honnêtement, mais on sait certaines choses. Ce variant compte plus de 50 mutations, dont 30 qui ont un effet sur la protéine de spicule et 10 qui ont un effet sur le domaine de liaison au récepteur, qui fait partie du virus qui s’attache à nos cellules. Et on soupçonne que ce haut degré de mutation vient du fait que le virus a muté pendant un certain temps, peut-être chez un patient immunodéprimé. Mais, au fil du temps, on en saura plus.
Qu’est-ce qui rend ce variant plus inquiétant?
Oui, alors le variant a été décrit comme étant inquiétant par les scientifiques pour deux raisons. D’abord, il comporte beaucoup plus de mutations de la protéine de spicule, ce qui augmente le risque que les personnes vaccinées ou qui ont été infectées par le passé ne réagissent pas au virus aussi rapidement. Deuxièmement, ce variant a certaines mutations qui ont fait le succès d’autres variants. Par exemple, il y a la mutation N501, qui se trouvait dans la souche britannique plus tôt cette année; la E-484, qui faisait partie de la dernière souche sud-africaine; et la T-478, présente dans la souche Delta. Donc, ses mutations préoccupent les scientifiques parce qu’elles ont bien réussi à d’autres variants.
Je pense que les gens se posent une autre question : ce nouveau variant est-il plus contagieux ou dangereux?
Oui. Les données sud-africaines suggèrent que le variant domine les nouvelles infections et, pour la première fois depuis mai, en Afrique du Sud, le Delta pourrait être déclassé. Cette situation donne à penser que le nouveau variant est plus contagieux. Et ce serait logique étant donné que le nombre de cas en Afrique du Sud est passé de 273 le 16 novembre à plus de 2 800 aujourd’hui. Cela dit, rien dans les données anecdotiques qu’on a à date ne laisse entendre que ce variant est plus meurtrier. En fait, les données anecdotiques de l’Afrique du Sud indiquent qu’il serait un peu moins sévère que le Delta. Les patients souffrent de fatigue, de courbatures, de maux de tête. Tout cela pour dire qu’il est peu probable que le virus soit plus dangereux que le Delta. Dans l’ensemble, il sera probablement semblable au Delta ou peut-être un peu moins sévère, mais je m’attends à qu’il soit sensiblement aussi dangereux que les autres variants de la COVID-19.
Quelle est la probabilité qu’Omicron prenne la place du Delta comme variant principal à l’échelle mondiale?
Oui. La réponse est qu’il est trop tôt pour se prononcer. Cela dit, par contre, si on se fie aux données préliminaires de l’Afrique du Sud, ce variant a certainement de meilleures chances de se propager et de devenir un variant mondial. Il s’agit de quelque chose que je surveillerai de près dans les semaines à venir.
Encore une fois, je sais que les données sont rares, mais aurons-nous besoin de vaccins ou d’antiviraux pour combattre ce variant et quand ces vaccins seront-ils sur le marché?
Oui. Commençons par parler de l’antiviral. Rien ne laisse entendre que le nouvel antiviral de Pfizer ne sera pas efficace. Comme il s’agit d’un inhibiteur de protéase, il inhibe la réplication virale. Donc, de petits changements dans la protéine de spicule deviendront des changements beaucoup plus importants et ne devraient pas avoir d’incidence sur son efficacité. Et c’est important puisque les essais cliniques pour cet antiviral ont démontré une efficacité de 89 % pour éviter les hospitalisations et les cas de COVID-19 graves, entraînant notamment le décès. Donc, c’est une bonne nouvelle, l’antiviral continuera de fonctionner. Du côté des vaccins, la réponse est un peu plus compliquée. Comme la protéine de spicule demeure largement inchangée, la communauté scientifique s’entend pour dire que les vaccins devraient continuer de fonctionner, mais leur efficacité sera quelque peu plus faible de manière directionnelle. Il est difficile de savoir si l’efficacité passe de 90 % à 80 % ou 70 %, ou même un peu moins. C’est quelque chose qu’on saura seulement avec le temps. D’ici là, les scientifiques effectuent des études in vitro et observent le comportement du virus. Quand on le comprendra mieux, on aura une meilleure idée. Quoi qu’il en soit, les fabricants de vaccins ont déjà commencé le processus de création de vaccins mis à jour juste au cas où ce serait nécessaire pour le vaccin à base d’ARN. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons créer des vaccins très rapidement. Pfizer et Moderna ont tous deux parlé de créer de nouveaux vaccins en moins de 100 jours. Et, logiquement, une autre bonne nouvelle, c’est qu’on n’a pas besoin d’énormes essais cliniques à plus de 40 000 personnes. C’est comme avec le vaccin contre la grippe chaque année : étant donné que le processus de fabrication est identique, puisque le vaccin demeure majoritairement inchangé, la FDA demandera probablement simplement un petit essai de 500 personnes pour tester son immunogénicité. Ainsi, il serait sans doute possible de faire approuver un vaccin mis à jour.
Et qu’en est-il du besoin de vaccins de rappel? Qu’en pensez-vous?
Oui. Donc, même avant l’arrivée de ce nouveau variant, il était bien clair qu’on aurait besoin de vaccins de rappel puisque l’efficacité des vaccins diminue après six mois. Avec l’apparition du variant, je m’attends à ce que les plans de vaccination de plusieurs endroits soient accélérés dans les mois à venir. L’Ontario parlait justement aujourd’hui d’accélérer l’administration de vaccins de rappel à l’ensemble de la population. Au final, je crois, les vaccins de rappel seront probablement nécessaires. C’était le cas avant mais, avec ce nouveau variant, je pense que le sentiment d’urgence a augmenté.
Dans l’état actuel des choses, quel message clé voudriez-vous que nos auditeurs retiennent?
Alors, même si on ne connaît pas encore bien ce nouveau variant, la situation d’aujourd’hui est complètement différente de celle de mars dernier et de mars 2020, quand nous n’avions pas de vaccins, pas d’antiviraux et même pas de test de dépistage de la COVID-19. Donc, ce variant pourrait entraîner de nouvelles vagues, surtout dans les pays et régions où les taux de vaccination sont faibles ou où les gens ont été vaccinés il y a longtemps, ce qui signifie que l’efficacité des vaccins aura diminué, mais on ne revient pas à la case départ. Je pense que quand on pense à l’avenir, on voit que la société est en bonne position maintenant grâce aux vaccins et aux antiviraux. Les vaccins de rappel seront probablement administrés dans l’année à venir. Et je m’attends à ce qu’on n’ait pas les mêmes pressions qu’on a eues en 2020 et au début de 2021.
Oui, Omicron est un nouveau variant qui a d’abord été identifié au Botswana il y a quelques semaines, puis chez plus de personnes en Afrique du Sud dans des grappes de cas autour de Johannesburg au cours de la dernière semaine. Que savons-nous à son sujet? On n’en sait pas tellement pour le moment, honnêtement, mais on sait certaines choses. Ce variant compte plus de 50 mutations, dont 30 qui ont un effet sur la protéine de spicule et 10 qui ont un effet sur le domaine de liaison au récepteur, qui fait partie du virus qui s’attache à nos cellules. Et on soupçonne que ce haut degré de mutation vient du fait que le virus a muté pendant un certain temps, peut-être chez un patient immunodéprimé. Mais, au fil du temps, on en saura plus.
Qu’est-ce qui rend ce variant plus inquiétant?
Oui, alors le variant a été décrit comme étant inquiétant par les scientifiques pour deux raisons. D’abord, il comporte beaucoup plus de mutations de la protéine de spicule, ce qui augmente le risque que les personnes vaccinées ou qui ont été infectées par le passé ne réagissent pas au virus aussi rapidement. Deuxièmement, ce variant a certaines mutations qui ont fait le succès d’autres variants. Par exemple, il y a la mutation N501, qui se trouvait dans la souche britannique plus tôt cette année; la E-484, qui faisait partie de la dernière souche sud-africaine; et la T-478, présente dans la souche Delta. Donc, ses mutations préoccupent les scientifiques parce qu’elles ont bien réussi à d’autres variants.
Je pense que les gens se posent une autre question : ce nouveau variant est-il plus contagieux ou dangereux?
Oui. Les données sud-africaines suggèrent que le variant domine les nouvelles infections et, pour la première fois depuis mai, en Afrique du Sud, le Delta pourrait être déclassé. Cette situation donne à penser que le nouveau variant est plus contagieux. Et ce serait logique étant donné que le nombre de cas en Afrique du Sud est passé de 273 le 16 novembre à plus de 2 800 aujourd’hui. Cela dit, rien dans les données anecdotiques qu’on a à date ne laisse entendre que ce variant est plus meurtrier. En fait, les données anecdotiques de l’Afrique du Sud indiquent qu’il serait un peu moins sévère que le Delta. Les patients souffrent de fatigue, de courbatures, de maux de tête. Tout cela pour dire qu’il est peu probable que le virus soit plus dangereux que le Delta. Dans l’ensemble, il sera probablement semblable au Delta ou peut-être un peu moins sévère, mais je m’attends à qu’il soit sensiblement aussi dangereux que les autres variants de la COVID-19.
Quelle est la probabilité qu’Omicron prenne la place du Delta comme variant principal à l’échelle mondiale?
Oui. La réponse est qu’il est trop tôt pour se prononcer. Cela dit, par contre, si on se fie aux données préliminaires de l’Afrique du Sud, ce variant a certainement de meilleures chances de se propager et de devenir un variant mondial. Il s’agit de quelque chose que je surveillerai de près dans les semaines à venir.
Encore une fois, je sais que les données sont rares, mais aurons-nous besoin de vaccins ou d’antiviraux pour combattre ce variant et quand ces vaccins seront-ils sur le marché?
Oui. Commençons par parler de l’antiviral. Rien ne laisse entendre que le nouvel antiviral de Pfizer ne sera pas efficace. Comme il s’agit d’un inhibiteur de protéase, il inhibe la réplication virale. Donc, de petits changements dans la protéine de spicule deviendront des changements beaucoup plus importants et ne devraient pas avoir d’incidence sur son efficacité. Et c’est important puisque les essais cliniques pour cet antiviral ont démontré une efficacité de 89 % pour éviter les hospitalisations et les cas de COVID-19 graves, entraînant notamment le décès. Donc, c’est une bonne nouvelle, l’antiviral continuera de fonctionner. Du côté des vaccins, la réponse est un peu plus compliquée. Comme la protéine de spicule demeure largement inchangée, la communauté scientifique s’entend pour dire que les vaccins devraient continuer de fonctionner, mais leur efficacité sera quelque peu plus faible de manière directionnelle. Il est difficile de savoir si l’efficacité passe de 90 % à 80 % ou 70 %, ou même un peu moins. C’est quelque chose qu’on saura seulement avec le temps. D’ici là, les scientifiques effectuent des études in vitro et observent le comportement du virus. Quand on le comprendra mieux, on aura une meilleure idée. Quoi qu’il en soit, les fabricants de vaccins ont déjà commencé le processus de création de vaccins mis à jour juste au cas où ce serait nécessaire pour le vaccin à base d’ARN. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons créer des vaccins très rapidement. Pfizer et Moderna ont tous deux parlé de créer de nouveaux vaccins en moins de 100 jours. Et, logiquement, une autre bonne nouvelle, c’est qu’on n’a pas besoin d’énormes essais cliniques à plus de 40 000 personnes. C’est comme avec le vaccin contre la grippe chaque année : étant donné que le processus de fabrication est identique, puisque le vaccin demeure majoritairement inchangé, la FDA demandera probablement simplement un petit essai de 500 personnes pour tester son immunogénicité. Ainsi, il serait sans doute possible de faire approuver un vaccin mis à jour.
Et qu’en est-il du besoin de vaccins de rappel? Qu’en pensez-vous?
Oui. Donc, même avant l’arrivée de ce nouveau variant, il était bien clair qu’on aurait besoin de vaccins de rappel puisque l’efficacité des vaccins diminue après six mois. Avec l’apparition du variant, je m’attends à ce que les plans de vaccination de plusieurs endroits soient accélérés dans les mois à venir. L’Ontario parlait justement aujourd’hui d’accélérer l’administration de vaccins de rappel à l’ensemble de la population. Au final, je crois, les vaccins de rappel seront probablement nécessaires. C’était le cas avant mais, avec ce nouveau variant, je pense que le sentiment d’urgence a augmenté.
Dans l’état actuel des choses, quel message clé voudriez-vous que nos auditeurs retiennent?
Alors, même si on ne connaît pas encore bien ce nouveau variant, la situation d’aujourd’hui est complètement différente de celle de mars dernier et de mars 2020, quand nous n’avions pas de vaccins, pas d’antiviraux et même pas de test de dépistage de la COVID-19. Donc, ce variant pourrait entraîner de nouvelles vagues, surtout dans les pays et régions où les taux de vaccination sont faibles ou où les gens ont été vaccinés il y a longtemps, ce qui signifie que l’efficacité des vaccins aura diminué, mais on ne revient pas à la case départ. Je pense que quand on pense à l’avenir, on voit que la société est en bonne position maintenant grâce aux vaccins et aux antiviraux. Les vaccins de rappel seront probablement administrés dans l’année à venir. Et je m’attends à ce qu’on n’ait pas les mêmes pressions qu’on a eues en 2020 et au début de 2021.