
L’indice S&P 500 a cédé la totalité des gains faits cet été, et plus encore. Nous rapprochons-nous du creux? Et qu’en est-il de la suite? Kim Parlee en discute avec David Sykes, chef des placements, Gestion de Placements TD.
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[MUSIQUE] ANNONCEUR : Le programme commercial payant suivant vous est offert par Gestion de patrimoine TD. Bienvenue à Parlons argent. Ici Kim Parlee. La chute a été difficile pour les marchés. L’indice S&P 500 a perdu tous les gains enregistrés au cours de l’été, et même plus, à environ 15 %. Que va-t-il se passer maintenant? Personne ne peut mieux nous éclairer que David Sykes. Il est chef des placements à Gestion de Placements TD. Je suis ravie de vous voir. DAVID SYKES : Merci, Kim. Je suis heureux d’être ici. Commençons par la question qui fâche : où est le fond? Oui, c’est une question difficile. Eh bien, on vient de terminer la saison de baseball à Toronto, je vais donc paraphraser un grand joueur de baseball, le receveur Yogi Berra des Yankees, qui a dit : Le problème avec les prévisions, c’est qu’elles concernent l’avenir. Pour répondre à votre question, on va sûrement développer plus tard, mais je pense qu’on n’y est pas encore. Je ne pense pas qu’on soit déjà au fond et ça peut s’expliquer. Alors, allons-y! Il y a beaucoup d’obstacles sur les marchés, mais celui qui préoccupe les gens le plus, c’est l’inflation. On devrait d’ailleurs recevoir des données sur l’inflation très bientôt. Mais vous pourriez nous donner une idée… Que comprenez-vous de l’inflation à l’heure actuelle et pourquoi est-elle si importante? Oui, je pense que vous avez tout à fait raison. L’inflation est le sujet le plus important. Que ce soit dans votre vie personnelle, avec l’essence, les courses d’alimentation ou sur les marchés financiers, tout le monde parle d’inflation. C’est le problème. Pour creuser un peu, il y a deux ans et demi, trois ans, personne n’aurait pu prévoir cette pandémie mondiale, un virus. L’impact sur l’économie mondiale a été terrible. Et on a vraiment aggravé la situation. On a porté les taux d’intérêt à zéro, mis en place l’assouplissement quantitatif, envoyé des chèques à nos citoyens d’Amérique du Nord. Résultat : l’inflation a été plus élevée et plus longue que prévu. On a atteint un sommet d’environ 9,1 %. On se dirige vers un repli. D’après nos recherches, on est plutôt bon au niveau de l’inflation des biens. Les stocks s’accumulent chez les détaillants. Des rapports d’entreprise indiquent qu’on réduit les prix pour éliminer une partie de ces stocks. Les chaînes d’approvisionnement s’améliorent. Elles ne sont pas parfaites, mais elles s’améliorent. Le problème, c’est que cela représente environ 40 % de l’inflation globale. Les 60 % restants servent à payer les loyers et les salaires, et là, on observe une certaine adhérence. L’inflation a atteint un sommet et elle devrait diminuer lentement, mais la baisse ne sera probablement pas aussi rapide qu’on le pense et on pourrait même voir une certaine persistance. La trajectoire est donc la bonne, mais il faudra peut-être un peu plus longtemps que ce qu’on pensait. De toute évidence, si vous regardez le marché de l’emploi, ce qui s’y passe, les licenciements… de toute évidence, ces derniers vont aider, ou est-ce que cela va contribuer à réduire l’inflation salariale parce qu’il y a des poches de résistance et les prix restent élevés? Aujourd’hui, l’un des aspects intéressants est le ralentissement de la croissance. Lorsque la Réserve fédérale a procédé à sa dernière hausse, elle a indiqué que la croissance aux États-Unis serait d’environ 1 % en 2023. La BCE avait parlé d’une croissance inférieure à 1 %. En raison de la politique zéro de COVID en Chine, la croissance ralentit. Ce n’est donc pas un contexte de croissance favorable. Mais le chômage est incroyablement faible. On est toujours à 3 et 1/2 % aux États-Unis, et à 5 environ au Canada. Mais le marché de l’emploi est encore très serré. Et il faut vraiment que ça s’assouplisse un peu pour permettre une diminution des salaires. On peut toujours avoir une croissance des salaires, mais en ce moment, les salaires horaires moyens affichent une croissance de plus de 5 %, ce qui est trop élevé. Les banques centrales du monde entier ont déclaré qu’elles ne pouvaient accepter cela. Elles vont devoir continuer d’augmenter les taux et elles veulent un ralentissement et une baisse de la demande. Et c’est quelque chose qu’on voit dans la vie de tous les jours. J’ai vécu pendant [INAUDIBLE]. Je sais que vous aussi. Personne ne peut embaucher. On ne trouve personne. Et c’est flagrant dans tous les aspects de la vie. Que font alors les banques centrales, car une partie des raisons pour lesquelles les marchés ont réagi à la hausse des taux, c’est la relation inverse dont on parle tous. Dans quelle mesure les taux augmenteront-ils encore? Bonne question. On parle beaucoup des marchés et des marchés boursiers. Mais n’oublions pas que le marché des titres à revenu fixe est beaucoup plus important et particulièrement en ce moment, et c’est sur ce point qu’on met l’accent. Si on revient au début de cette année, les taux d’intérêt… les taux du financement à un jour étaient pratiquement nuls. Ils se situent actuellement à environ 3 et 1/4 %. Le taux sur deux ans est passé d’environ 75 à 100 points de base au début de l’année, à plus de 4 % maintenant. KIM PARLEE : Ce qui est énorme. C’est énorme. Et quand on y pense, les taux augmentent, les prix baissent, il y a une baisse d’environ 15 % des titres à revenu fixe cette année. On pense qu’il reste encore un peu de pain sur la planche, mais tout dépendra de l’inflation et des données sur l’emploi. Et c’est une prédiction qui est tellement subjective en ce moment. On continuera d’examiner les données, pas seulement les données macroéconomiques, pas seulement celles des banques centrales, mais aussi celles des entreprises. Je pense que ça va nous guider. Mais nos recherches semblent indiquer que la baisse sera plus lente et qu’il y aura plus de résistance qu’on ne le pense. Et c’est un problème qu’on surveille vraiment. Quand les taux atteindront leur sommet, on saura que les actions peuvent repartir à la hausse. Il semble que les marchés se portent vraiment mieux en ce moment, parce qu’à chaque donnée qui sort, les partisans des tendances haussières sont persuadés que la Fed va changer de cap. Et peut-être que là n’est pas la question non plus, pour ce qui est de l’adhérence dont vous parlez. Je ne pense pas que la Fed aurait pu être plus claire dans son discours de Jackson Hole. C’était court, droit au but : l’inflation est un problème. On va s’y attaquer, vous allez voir. Je paraphrase, mais c’était vraiment le message. Et je pense que ça va continuer à être le message avant que le marché de l’emploi se tempère, jusqu’à ce que l’inflation de base commence vraiment à baisser de façon soutenue. Et ce n’est pas encore le cas. Mais vous avez des bonnes nouvelles? DAVID SYKES : Un fait intéressant, du point de vue des actions, la confiance à l’égard du marché boursier est incroyablement faible. Il vous serait difficile de trouver quelqu’un qui vous dira que c’est le moment d’acheter. On examine toutes sortes de sondages, des sondages auprès d’investisseurs institutionnels. On examine les liquidités, les comptes institutionnels, les comptes à l’échelle du pays, partout dans le monde, tout le monde est à la baisse, vraiment, vraiment à la baisse. Et historiquement, c’est un très bon indicateur à contre-courant. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de dire ça maintenant, mais vous savez quoi? Lorsque les gens ont peur, ça peut être une bonne idée d’être un peu plus avide et cupide. Une des raisons pour lesquelles les gens ont peur, c’est que les choses ont changé. On passe en revue les sociétés et on constate qu’Intel a annoncé des licenciements. Et il y en a d’autres. On était dans une période d’interdiction, pas au cours des dernières semaines, maintenant on commence à voir les bénéfices et les prévisions. Et je pense que c’est vous qui m’avez dit, il y a longtemps, premièrement, qu’on allait voir une évaluation de la compression des taux des marchés et ensuite qu’on verrait les bénéfices augmenter. Qu’est-ce que vous anticipez? Oui, alors on a constaté une compression du ratio des CPE sur le marché cette année, mais les bénéfices n’ont pas encore vraiment diminué. On entame la période de publication des résultats du troisième trimestre. Jusqu’à présent, il y a eu des éléments positifs, mais généralement plutôt négatifs. On commence à voir les répercussions sur les taux d’intérêt. La demande commence à fléchir un peu. Les marges des entreprises commencent à diminuer. Le coût des intrants augmente un peu plus rapidement que le chiffre d’affaires. On commence à voir ça. Cela dépend du secteur et de l’endroit. Mais pour vous donner une idée, si on entre en récession, selon moi, en général, en période de récession, les bénéfices doivent diminuer d’environ 15 %. Les prévisions de bénéfices pour l’avenir ont atteint un sommet en juin. Et on révise la situation très lentement. On a reculé d’environ 4 % ou 5 %. Il faudrait donc une baisse de 15 % en moyenne. Il nous faudra probablement encore six, sept ou huit mois pour y arriver. Probablement au premier semestre de l’année prochaine, ces révisions de bénéfices devraient toucher un creux. Cela dit, il faut avoir un peu de courage en tant qu’investisseur en actions parce que le marché touche généralement le fond avant les estimations. Il est donc difficile d’utiliser l’histoire comme guide. Ce sont des moyennes. Ça ne fonctionne jamais parfaitement. KIM PARLEE : Les situations se ressemblent. Les situations se ressemblent, mais elles ne correspondent pas exactement. Mais, c’est une règle générale et je pense qu’on commence tout juste à voir ces révisions des bénéfices. Il nous faudra encore quelques mois ou quelques trimestres. Y a-t-il quelque chose, parce que je sais que vous faites ça depuis un certain temps, y a-t-il quelque chose, ce n’est pas un commentaire sur votre âge d’ailleurs. On discute de ça ensemble depuis un certain temps. Y a-t-il quelque chose qui semble différent, fondamentalement différent des autres cycles que vous avez vus auparavant? De toute évidence, beaucoup de facteurs exogènes entrent en ligne de compte, mais quand les entreprises s’expriment, est-ce que quelque chose se démarque? Ce qui ressort, selon moi, c’est ce dont on a déjà parlé, le décalage du côté de la main-d’œuvre. La demande de main-d’œuvre est tellement importante. Les demandes d’emploi sont énormes. C’est simplement énorme. Et les entreprises ont beaucoup, beaucoup de difficulté à trouver cette main-d’œuvre. Et la question, c’est de savoir pourquoi ce taux de participation au marché du travail n’est pas revenu à des moyennes historiques? Oui, c’est une question intéressante. Est-ce que les gens prennent une retraite anticipée à cause de la COVID? Les gens ne sont-ils pas prêts à retourner sur le marché du travail à cause de la COVID? Je ne sais pas, mais c’est ce qui se distingue cette fois-ci, c’est très serré au niveau de la main-d’œuvre à un moment où elle devrait commencer à s’assouplir un peu. On a observé une légère faiblesse sur le marché du travail, mais pas ce à quoi je m’attendais à l’heure actuelle. Qu’en est-il de la stratégie, de la façon dont les gens pensent devoir naviguer? Ce que vous avez dit à propos d’avoir le courage d’accéder au marché avant que les choses… avant de voir ce revirement. Bien sûr, il est difficile d’anticiper le marché, je le dis pour les gens qui essaient. Vous êtes un professionnel, c’est votre métier. À quoi les gens devraient-ils réfléchir du point de vue stratégique? Du point de vue stratégique, pour nous, c’est très simple, ce sont les flux de trésorerie. On veut que les entreprises de qualité génèrent des flux de trésorerie. Si on prête de l’argent à une grande société et qu’on récupère notre capital et nos intérêts, on doit pouvoir s’assurer de générer des flux de trésorerie et de les faire croître. Il en va de même pour le volet des actions de notre activité : les flux de trésorerie. On prône toujours les flux de trésorerie. Il en va de même pour nos placements alternatifs, immobiliers et nos infrastructures. Ces sociétés doivent générer des flux de trésorerie, les faire croître et les retourner. Mais à ce stade, probablement plus que jamais, on veut la sécurité. Les flux de trésorerie vont protéger votre évaluation. C’est ce qui va protéger les versements pour vous, l’actionnaire. On se concentre vraiment sur les flux de trésorerie. On le fait toujours, mais je pense que c’est plus important que jamais. Y a-t-il quelque chose que les gens pourraient apprendre sur le plan de la résilience des flux de trésorerie? Quand vous parlez de flux de trésorerie, je comprends. Je comprends. Je comprends. Mais comment puis-je savoir que mes flux monétaires de demain seront aussi sûrs que ceux d’aujourd’hui et comment le déterminer? Oui, l’élément clé est le modèle d’affaires. Comment l’entreprise est-elle organisée pour lutter contre ses adversaires? Ils pourraient être macroéconomiques ou ça pourrait être une récession ou des concurrents. Quel est l’avantage concurrentiel? Quel est le mode de fonctionnement de cette entreprise? Il y a peut-être un modèle de revenu récurrent. C’est peut-être un secteur en particulier qui est très concentré, mais qu’est-ce qui lui permet de survivre? Ces flux de trésorerie sont fiables et récupérables. On recherche toujours ce type d’activité, mais c’est plus important que jamais. D’accord, une dernière chose à garder à l’esprit pour les marchés baissiers? Écoutez, c’est difficile. On ne va pas se mentir. Les marchés ont beaucoup reculé. Les marchés américains ont reculé de 25 %, 30 %. Le marché canadien a reculé de 10 % et de 15 % depuis le début de l’année. Les obligations sont en 15e position, c’est difficile. KIM PARLEE : Le pire est-il derrière nous? Je pense que oui. Je ne peux pas le garantir, mais je le pense. Mais quand je pense à ce que j’ai fait et à ce sur quoi j’ai travaillé pendant un certain nombre d’années avec toute notre équipe, on a réfléchi aux sociétés qui génèrent des liquidités, les versent, les accumulent, on va y arriver. On a connu bien pire. Je suis dans le domaine depuis 25 ans. Il y a un autre aspect, mais ça ne va pas être très agréable pendant un certain temps. N’oubliez pas qu’il faut être dans la partie pour obtenir une capitalisation, des rendements. Selon moi, c’est une question de répartition de l’actif, de diversification et de qualité. Ce sont les trois principaux aspects sur lesquels il faut se concentrer. KIM PARLEE : Toujours un plaisir de vous avoir parmi nous, Dave. Merci beaucoup. Merci, Kim. David Sykes est chef des placements à Gestion de Placements TD. [MUSIQUE]