Les stricts confinements liés à la COVID-19 en Chine nuisent aux marchés et affectent de plus en plus les chaînes d’approvisionnement. Kim Parlee demande à Haining Zha, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, s’il y a des signes de progrès et ce que cette situation signifie pour la croissance mondiale.
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La journée a été difficile pour les marchés. L’une des nombreuses préoccupations des investisseurs porte sur les confinements liés à la COVID en Chine et sur ce qu’ils pourraient signifier. Les marchés réagissent-ils trop ou trop peu? Haining Zha va nous aider à faire la part des choses. Il est gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD.
Haining, c’est un plaisir de vous avoir avec nous. Merci beaucoup de prendre le temps de vous joindre à nous aujourd’hui. Pouvez-vous nous donner un peu de contexte sur les confinements à Shanghai? Sont-ils rigoureux? Quelle comparaison pouvez-vous établir par rapport à ceux de Wuhan?
Alors. Je crois que depuis le confinement de Wuhan, celui de Shanghai est probablement l’un des plus strictes. En gros, la ville était divisée en différentes zones. Et selon le nombre de cas positifs, on leur affectait différents paliers. Par exemple : zone de confinement, zone de contrôle et zone de précaution. Les résidents qui vivent dans la zone de confinement doivent tout simplement rester chez eux. Comme vous pouvez l’imaginer, l’activité économique a été fortement touchée.
Mais nous sommes moins pessimistes maintenant, car la tendance que nous avons observée dans d’autres pays, c’est que la vague de COVID dure environ deux à trois mois. Shanghai en est déjà à deux mois. Et au cours des derniers jours, nous avons déjà observé une tendance à la baisse pour les nouveaux cas confirmés quotidiens. Nous espérons donc que le pire est derrière nous.
C’est une bonne nouvelle pour Shanghai. Qu’en est-il des autres villes? Ou la tendance est-elle la même partout?
Alors. Récemment, le nombre de cas augmente à Beijing, la capitale. On s’attend à ce que le gouvernement prenne des mesures de confinement semblables. Je pense que, du point de vue du gouvernement, de façon générale, il est trop tôt pour assouplir la politique de zéro COVID. Car, une fois que le virus circule, on ne peut plus l’arrêter. C’est irréversible. Et compte tenu de l’immense population et du pourcentage élevé de personnes âgées, même si le taux de mortalité absolu est faible, le nombre absolu de décès pourrait quand même être énorme.
Mais je suis moins préoccupé par la situation à Beijing, car, conformément à la politique de zéro COVID, on dépiste le virus tôt et on le tue dans l’œuf. Beijing tire les leçons de l’expérience de Shanghai et agit très rapidement. À l’heure actuelle, le gouvernement effectue plusieurs séries de tests PCR pour identifier les points névralgiques. Au début de l’année, Beijing a également accueilli les Jeux olympiques d’hiver. Les mesures d’urgence ont donc été bien répétées et n’ont pas été supprimées. Je suis donc moins inquiet à ce sujet.
KIM PARLEE : Très heureuse de l’entendre! Bien sûr, nous pensons beaucoup à la population, compte tenu de ce qu’elle a traversé. Beaucoup d’images ont été très difficiles à regarder. Certaines en tout cas. Mais dites-moi : le marché a pris en compte ce que ces confinements vont entraîner sur les chaînes d’approvisionnement et, par conséquent, sur l’inflation. Je pense qu’il tient également compte du manque d’enthousiasme par rapport au soutien gouvernemental chinois. Est-ce que tout est vraiment bien pris en compte?
Oui. Je vais d’abord parler de la chaîne d’approvisionnement. L’impact sera certainement énorme à ce niveau. En début d’année, les gens se remettaient encore des perturbations de la chaîne d’approvisionnement de l’an dernier. Le principal blocage de l’an dernier, c’était les ports américains. Le confinement de Shanghai a créé un nouveau blocage au niveau du plus grand port du monde.
Et en raison du confinement, le personnel du port de Shanghai fonctionne à 70 % du niveau habituel. Et même si le rendement n’est pas très touché, le gros problème, ce sont les camions. Ils peinent à transporter les marchandises à destination et en provenance du port parce que les conducteurs doivent obtenir des laissez-passer spéciaux et ils sont soumis à plusieurs cycles de tests de PCR, ce qui augmente les retards. Et même s’ils peuvent livrer la marchandise, le coût est beaucoup plus élevé.
Plusieurs sociétés canadiennes en ressentent déjà les effets. Elles dépendent essentiellement des réserves en stock. Mais cela ne peut pas durer très longtemps. Je pense que cela va se propager à l’échelle de la chaîne d’approvisionnement. Et je pense que la reprise de la chaîne d’approvisionnement n’aura pas lieu cette année.
Mmm. Vous alliez parler du soutien gouvernemental. Encore une fois, les gens et les marchés en particulier, ont été déçus des aides gouvernementales chinoises. Alors. Je pense qu’il y aura plus de soutien.
Par exemple, si on regarde la consommation, l’une des composantes les plus stables du PIB est très faible en ce moment. En mars, les ventes au détail ont diminué de 3,5 %. Elles ont trop dévié de la croissance tendancielle. Je pense donc que le gouvernement proposera d’autres mesures. Si la consommation est faible, les investissements doivent augmenter pour compenser.
Mais dans le secteur privé, la situation est difficile. Ils doivent composer avec une demande faible des consommateurs, un coût des intrants élevé et une chaîne d’approvisionnement très instable. Ils n’ont donc pas vraiment confiance pour investir en ce moment. Les investissements gouvernementaux dans les infrastructures sont extrêmement importants. À l’heure actuelle, on entend beaucoup de choses, mais on n’a pas vu de plan concret.
Et sur le plan de la politique monétaire, la Banque populaire de Chine tend à adopter une orientation plus expansionniste, ce qui est une bonne nouvelle. Jusqu’à présent, elle a réduit le ratio des réserves obligatoires, mais sans beaucoup réduire les intérêts. Cela ne suffit pas à compenser ni à modifier l’humeur du marché. Je m’attends à d’autres mesures plus tard.
Haining, il ne me reste que 30 secondes, désolée. Mais ce qui a réduit la pression sur les produits de base ces derniers temps, ce sont les inquiétudes à l’égard de la Chine. Elle est responsable d’environ la moitié de toute la consommation de produits de base dans le monde. Que va-t-il se passer, selon vous?
Alors. À court terme, je pense que le confinement pourrait aider à plafonner le prix des produits de base. Parce qu’il permet de réduire les déplacements des gens. De plus, une partie de la production industrielle est paralysée. Tout cela réduit la demande de produits de base et contribue à combler cet écart entre l’offre et la demande. Toutefois, à moyen terme, lorsque cette vague de COVID prendra fin, la Chine rattrapera fort probablement son objectif de croissance de 5,5 % pour cette année. Cela aidera un peu le prix des produits de base.
KIM PARLEE : Mmm. Haining, c’est toujours un plaisir de se parler. Merci pour cette discussion fascinante. Merci beaucoup.
Merci de l’invitation.
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Haining, c’est un plaisir de vous avoir avec nous. Merci beaucoup de prendre le temps de vous joindre à nous aujourd’hui. Pouvez-vous nous donner un peu de contexte sur les confinements à Shanghai? Sont-ils rigoureux? Quelle comparaison pouvez-vous établir par rapport à ceux de Wuhan?
Alors. Je crois que depuis le confinement de Wuhan, celui de Shanghai est probablement l’un des plus strictes. En gros, la ville était divisée en différentes zones. Et selon le nombre de cas positifs, on leur affectait différents paliers. Par exemple : zone de confinement, zone de contrôle et zone de précaution. Les résidents qui vivent dans la zone de confinement doivent tout simplement rester chez eux. Comme vous pouvez l’imaginer, l’activité économique a été fortement touchée.
Mais nous sommes moins pessimistes maintenant, car la tendance que nous avons observée dans d’autres pays, c’est que la vague de COVID dure environ deux à trois mois. Shanghai en est déjà à deux mois. Et au cours des derniers jours, nous avons déjà observé une tendance à la baisse pour les nouveaux cas confirmés quotidiens. Nous espérons donc que le pire est derrière nous.
C’est une bonne nouvelle pour Shanghai. Qu’en est-il des autres villes? Ou la tendance est-elle la même partout?
Alors. Récemment, le nombre de cas augmente à Beijing, la capitale. On s’attend à ce que le gouvernement prenne des mesures de confinement semblables. Je pense que, du point de vue du gouvernement, de façon générale, il est trop tôt pour assouplir la politique de zéro COVID. Car, une fois que le virus circule, on ne peut plus l’arrêter. C’est irréversible. Et compte tenu de l’immense population et du pourcentage élevé de personnes âgées, même si le taux de mortalité absolu est faible, le nombre absolu de décès pourrait quand même être énorme.
Mais je suis moins préoccupé par la situation à Beijing, car, conformément à la politique de zéro COVID, on dépiste le virus tôt et on le tue dans l’œuf. Beijing tire les leçons de l’expérience de Shanghai et agit très rapidement. À l’heure actuelle, le gouvernement effectue plusieurs séries de tests PCR pour identifier les points névralgiques. Au début de l’année, Beijing a également accueilli les Jeux olympiques d’hiver. Les mesures d’urgence ont donc été bien répétées et n’ont pas été supprimées. Je suis donc moins inquiet à ce sujet.
KIM PARLEE : Très heureuse de l’entendre! Bien sûr, nous pensons beaucoup à la population, compte tenu de ce qu’elle a traversé. Beaucoup d’images ont été très difficiles à regarder. Certaines en tout cas. Mais dites-moi : le marché a pris en compte ce que ces confinements vont entraîner sur les chaînes d’approvisionnement et, par conséquent, sur l’inflation. Je pense qu’il tient également compte du manque d’enthousiasme par rapport au soutien gouvernemental chinois. Est-ce que tout est vraiment bien pris en compte?
Oui. Je vais d’abord parler de la chaîne d’approvisionnement. L’impact sera certainement énorme à ce niveau. En début d’année, les gens se remettaient encore des perturbations de la chaîne d’approvisionnement de l’an dernier. Le principal blocage de l’an dernier, c’était les ports américains. Le confinement de Shanghai a créé un nouveau blocage au niveau du plus grand port du monde.
Et en raison du confinement, le personnel du port de Shanghai fonctionne à 70 % du niveau habituel. Et même si le rendement n’est pas très touché, le gros problème, ce sont les camions. Ils peinent à transporter les marchandises à destination et en provenance du port parce que les conducteurs doivent obtenir des laissez-passer spéciaux et ils sont soumis à plusieurs cycles de tests de PCR, ce qui augmente les retards. Et même s’ils peuvent livrer la marchandise, le coût est beaucoup plus élevé.
Plusieurs sociétés canadiennes en ressentent déjà les effets. Elles dépendent essentiellement des réserves en stock. Mais cela ne peut pas durer très longtemps. Je pense que cela va se propager à l’échelle de la chaîne d’approvisionnement. Et je pense que la reprise de la chaîne d’approvisionnement n’aura pas lieu cette année.
Mmm. Vous alliez parler du soutien gouvernemental. Encore une fois, les gens et les marchés en particulier, ont été déçus des aides gouvernementales chinoises. Alors. Je pense qu’il y aura plus de soutien.
Par exemple, si on regarde la consommation, l’une des composantes les plus stables du PIB est très faible en ce moment. En mars, les ventes au détail ont diminué de 3,5 %. Elles ont trop dévié de la croissance tendancielle. Je pense donc que le gouvernement proposera d’autres mesures. Si la consommation est faible, les investissements doivent augmenter pour compenser.
Mais dans le secteur privé, la situation est difficile. Ils doivent composer avec une demande faible des consommateurs, un coût des intrants élevé et une chaîne d’approvisionnement très instable. Ils n’ont donc pas vraiment confiance pour investir en ce moment. Les investissements gouvernementaux dans les infrastructures sont extrêmement importants. À l’heure actuelle, on entend beaucoup de choses, mais on n’a pas vu de plan concret.
Et sur le plan de la politique monétaire, la Banque populaire de Chine tend à adopter une orientation plus expansionniste, ce qui est une bonne nouvelle. Jusqu’à présent, elle a réduit le ratio des réserves obligatoires, mais sans beaucoup réduire les intérêts. Cela ne suffit pas à compenser ni à modifier l’humeur du marché. Je m’attends à d’autres mesures plus tard.
Haining, il ne me reste que 30 secondes, désolée. Mais ce qui a réduit la pression sur les produits de base ces derniers temps, ce sont les inquiétudes à l’égard de la Chine. Elle est responsable d’environ la moitié de toute la consommation de produits de base dans le monde. Que va-t-il se passer, selon vous?
Alors. À court terme, je pense que le confinement pourrait aider à plafonner le prix des produits de base. Parce qu’il permet de réduire les déplacements des gens. De plus, une partie de la production industrielle est paralysée. Tout cela réduit la demande de produits de base et contribue à combler cet écart entre l’offre et la demande. Toutefois, à moyen terme, lorsque cette vague de COVID prendra fin, la Chine rattrapera fort probablement son objectif de croissance de 5,5 % pour cette année. Cela aidera un peu le prix des produits de base.
KIM PARLEE : Mmm. Haining, c’est toujours un plaisir de se parler. Merci pour cette discussion fascinante. Merci beaucoup.
Merci de l’invitation.
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