Les Canadiens et les Canadiennes ont voté aux élections fédérales alors que la reprise économique tant attendue montre des signes de ralentissement. Kim Parlee et Derek Burleton, économiste en chef adjoint, Groupe Banque TD, discutent des répercussions possibles du résultat des élections sur l’économie.
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Les Canadiens sont allés se coucher hier soir et se sont réveillés ce matin avec un nouveau gouvernement minoritaire libéral, et cela après une élection très rapide. Notre invité aujourd’hui nous explique ce que ce résultat pourrait signifier pour la reprise et les perspectives futures pour le Canada. Nous accueillons Derek Burleton. Il est économiste en chef adjoint au sein du Groupe Banque TD. Derek, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Commençons par cette question si vous le voulez bien : quel est l’impact des résultats des élections sur les perspectives économiques du Canada?
Eh bien déjà, on peut dire que les résultats sont très similaires à la dernière élection. C’est vraiment un exemple de continuité. Oui, passons en revue le programme électoral. Nous avons déjà commencé à regarder... beaucoup de promesses de dépenses pour un total d’environ 70 à 80 milliards sur cinq ans. Cela aura un impact sur les perspectives. Je pense qu’à court terme, nous aurons une croissance positive, car l’argent injecté se retrouvera dans l’économie, et cela affectera probablement nos perspectives pour 2022 environ de 0,2 à 0,4 point de pourcentage. Compte tenu du fait que cette année a été un peu décevante, je pense qu’on aura une compensation l’an prochain. Cela dit, cela ne change pas considérablement les perspectives, des déficits plus élevés, mais en fait, cela devrait booster la reprise.
Et si l’on compare le Canada par rapport à d’autres pays en termes de stimulation de la reprise, c’est quelque chose que tous les pays essayent de faire. Croyez-vous que nous serons en mesure de nous maintenir, ou est-ce que cela va créer des problèmes de déficit plus tard?
Je pense que nous allons nous maintenir. Cette année a été décevante pour l’économie canadienne. Dans une prévision récente, nous avons revu à la baisse les perspectives de croissance de plus d’un point de pourcentage complet pour cette année. Les mesures de relance budgétaire ont été importantes pour la reprise et nous avons prévu qu’elles le resteront, peut-être même encore plus. Donc, le Canada en comparaison, nous voulons revenir à la pleine capacité de l’économie à la fin de l’année prochaine, ce sont également les attentes de la Banque du Canada. Et je pense qu’en fait, cela augmente les chances d’y parvenir. C’est plutôt un bon résultat compte tenu de l’ampleur de la chute en 2020.
Je choisis au hasard certaines des mesures que j’ai vues dans le programme libéral, et nous devons garder à l’esprit que le programme ne se matérialise pas toujours en politiques, surtout dans un gouvernement minoritaire. Il était notamment question de nouvelles coupes pour le secteur de l’énergie, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45 %, dans la nouvelle économie moins dépendante du carbone vers laquelle nous nous dirigeons. Quel impact cela aura-t-il sur vos perspectives?
Eh bien, il y a deux aspects à cette équation. Pendant la campagne électorale, les libéraux ont expliqué comment ils comptent délaisser les combustibles fossiles, en imposant des réglementations sur une période de cinq ans au secteur du pétrole et du gaz pour réduire ses émissions. Il ne s’agit pas d’un changement radical. Ce que je veux dire, c’est que la majeure partie du programme libéral était connue à l’avance, le projet d’augmenter la taxe sur le carbone jusqu’à 170. Par ailleurs, ils prévoient plus d’investissement pour soutenir cette transition, en aidant certains des travailleurs licenciés et les technologies propres, etc. Donc, du point de vue du pétrole et du gaz, le simple fait d’avoir une continuité au niveau du gouvernement, la stabilité est importante. La politique énergétique a changé pas mal au cours des dernières années. Au moins, il y a de la stabilité à ce niveau. Et je pense que c’est vraiment bienvenu dans le secteur de l’énergie en préparation de l’inévitable, pour réduire les émissions de carbone.
Permettez-moi de vous poser une question sur un autre point. Le logement. Il y a toute une liste de mesures et de décisions sur les comptes d’épargne-logement libres d’impôt, les spéculateurs qui restent propriétaires pendant moins de 12 mois, le moratoire sur les achats étrangers, etc. Il y a beaucoup de choses condensées en un seul point. Quelles répercussions cela pourra-t-il avoir?
Le logement est un sujet immense. Dans le programme libéral, ils consacrent une énorme part de leur budget de 70 milliards au logement. C’est un peu le porte-étendard, en plus de la garde d’enfants, qui fait partie du dernier budget, c’est leur politique phare. Ils devraient obtenir tout cela, avec la coopération avec d’autres partis dans un gouvernement minoritaire. Vous l’avez mentionné, il y a plusieurs niveaux et cela porte sur plusieurs choses. Ils vont augmenter l’impôt. Ils vont bannir les achats étrangers pendant deux ans. Des efforts sont déployés pour aider, certainement des incitatifs pour aider les acheteurs d’une première maison à emprunter davantage, à obtenir des comptes d’épargne, à augmenter les crédits d’impôt pour les propriétaires de logements. Je crois qu’il s’agit de quelque chose de très positif pour la demande. Je ne pense pas que le prix du logement, dont les prévisions sont modestes pour l’an prochain, va augmenter fortement. Mais en fait, cela crée un risque à la hausse en raison de la demande, le cas échéant. Et dans un sens, c’est contre-productif par rapport à ce qu’ils essayaient de faire, l’augmentation des stimulations de crise, etc. Vous savez, il s’agissait d’une élection. Ce qui est populaire sur le plan politique, ils l’ont fait. Alors, je pense, pour résumer, que nos perspectives de vente vont augmenter légèrement ainsi que les prévisions des prix de vente.
Vous avez parlé de la garde d’enfants. Et j’ai trouvé cela intéressant. J’ai eu l’impression pendant la campagne que c’est devenu davantage une question économique plutôt qu’une question sociale à laquelle tous les partis adhéraient. Est-ce quelque chose que vous voyez avoir un impact économique possible à l’avenir?
Oui, c’est quelque chose qu’on a intégré à nos dernières prévisions. C’est un projet important. On a parlé un peu de la reprise. Cela va aider la reprise et la main-d’œuvre. Le Canada n’a pas de gros problème, comme aux États-Unis, pour ce qui est d’augmenter le nombre de personnes sur le marché de l’emploi. Ils doivent composer avec assez peu de main-d’œuvre. Nous aussi dans une certaine mesure. Mais cela favorisera ce taux de participation à l’avenir. C’est une stratégie pluriannuelle. Et 8 des 10 provinces ont déjà annoncé qu’elles ont conclu des ententes avec le gouvernement fédéral pour ce qui est de l’afflux de liquidité. Je pense qu’à plus long terme, cela soutiendra la reprise de l’économie dans son ensemble. C’est positif de ce point de vue.
Derek, un autre point du programme électoral, c’est le souhait d’augmenter l’impôt des sociétés. Qu’est-ce que vous en pensez?
Oui, il y a eu des initiatives sectorielles, et je pense, Kim, que ça va être la chose la plus intéressante pendant les mois à venir, lorsque des politiques seront adoptées et qu’elles seront traduites en réelle législation. Qu’est-ce que ces détails signifient? D’un point de vue macroéconomique général, je n’ai pas vu beaucoup de répercussions. Mais je crois que les stratégies sectorielles politiques seront essentielles pour déterminer les réactions d’investisseurs à l’avenir.
Dernière question pour vous, Derek. Comme je l’ai mentionné plus tôt, il s’agit d’un gouvernement minoritaire libéral, ce qui signifie qu’il devra travailler dans une coalition avec un autre parti. Beaucoup de gens pensent que cela signifie que le programme pourrait virer à gauche. Voulez-vous ajouter autre chose sur ce qui pourrait survenir à la suite de certaines des mesures de coopération nécessaires pour obtenir des résultats?
Eh bien, je pense simplement à la durabilité du prochain parlement, le dernier a duré deux ans, aurons-nous droit à deux autres années d’un gouvernement minoritaire? C’est une minorité assez stable. On pourrait croire qu’il y a de bonnes chances pour que cela dure, mais c’est difficile à prévoir. Cela dépend vraiment des autres partis importants du parlement et si nous irons même jusque-là. Mais je pense que la prochaine étape sera le discours du Trône. Nous obtiendrons un peu plus de détails sur l’orientation du gouvernement. Et, bien sûr, la mise à jour de l’automne, cela donnera une idée du début et certaines des questions de durabilité.
Derek, merci beaucoup.
Merci. Kim.
Eh bien déjà, on peut dire que les résultats sont très similaires à la dernière élection. C’est vraiment un exemple de continuité. Oui, passons en revue le programme électoral. Nous avons déjà commencé à regarder... beaucoup de promesses de dépenses pour un total d’environ 70 à 80 milliards sur cinq ans. Cela aura un impact sur les perspectives. Je pense qu’à court terme, nous aurons une croissance positive, car l’argent injecté se retrouvera dans l’économie, et cela affectera probablement nos perspectives pour 2022 environ de 0,2 à 0,4 point de pourcentage. Compte tenu du fait que cette année a été un peu décevante, je pense qu’on aura une compensation l’an prochain. Cela dit, cela ne change pas considérablement les perspectives, des déficits plus élevés, mais en fait, cela devrait booster la reprise.
Et si l’on compare le Canada par rapport à d’autres pays en termes de stimulation de la reprise, c’est quelque chose que tous les pays essayent de faire. Croyez-vous que nous serons en mesure de nous maintenir, ou est-ce que cela va créer des problèmes de déficit plus tard?
Je pense que nous allons nous maintenir. Cette année a été décevante pour l’économie canadienne. Dans une prévision récente, nous avons revu à la baisse les perspectives de croissance de plus d’un point de pourcentage complet pour cette année. Les mesures de relance budgétaire ont été importantes pour la reprise et nous avons prévu qu’elles le resteront, peut-être même encore plus. Donc, le Canada en comparaison, nous voulons revenir à la pleine capacité de l’économie à la fin de l’année prochaine, ce sont également les attentes de la Banque du Canada. Et je pense qu’en fait, cela augmente les chances d’y parvenir. C’est plutôt un bon résultat compte tenu de l’ampleur de la chute en 2020.
Je choisis au hasard certaines des mesures que j’ai vues dans le programme libéral, et nous devons garder à l’esprit que le programme ne se matérialise pas toujours en politiques, surtout dans un gouvernement minoritaire. Il était notamment question de nouvelles coupes pour le secteur de l’énergie, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45 %, dans la nouvelle économie moins dépendante du carbone vers laquelle nous nous dirigeons. Quel impact cela aura-t-il sur vos perspectives?
Eh bien, il y a deux aspects à cette équation. Pendant la campagne électorale, les libéraux ont expliqué comment ils comptent délaisser les combustibles fossiles, en imposant des réglementations sur une période de cinq ans au secteur du pétrole et du gaz pour réduire ses émissions. Il ne s’agit pas d’un changement radical. Ce que je veux dire, c’est que la majeure partie du programme libéral était connue à l’avance, le projet d’augmenter la taxe sur le carbone jusqu’à 170. Par ailleurs, ils prévoient plus d’investissement pour soutenir cette transition, en aidant certains des travailleurs licenciés et les technologies propres, etc. Donc, du point de vue du pétrole et du gaz, le simple fait d’avoir une continuité au niveau du gouvernement, la stabilité est importante. La politique énergétique a changé pas mal au cours des dernières années. Au moins, il y a de la stabilité à ce niveau. Et je pense que c’est vraiment bienvenu dans le secteur de l’énergie en préparation de l’inévitable, pour réduire les émissions de carbone.
Permettez-moi de vous poser une question sur un autre point. Le logement. Il y a toute une liste de mesures et de décisions sur les comptes d’épargne-logement libres d’impôt, les spéculateurs qui restent propriétaires pendant moins de 12 mois, le moratoire sur les achats étrangers, etc. Il y a beaucoup de choses condensées en un seul point. Quelles répercussions cela pourra-t-il avoir?
Le logement est un sujet immense. Dans le programme libéral, ils consacrent une énorme part de leur budget de 70 milliards au logement. C’est un peu le porte-étendard, en plus de la garde d’enfants, qui fait partie du dernier budget, c’est leur politique phare. Ils devraient obtenir tout cela, avec la coopération avec d’autres partis dans un gouvernement minoritaire. Vous l’avez mentionné, il y a plusieurs niveaux et cela porte sur plusieurs choses. Ils vont augmenter l’impôt. Ils vont bannir les achats étrangers pendant deux ans. Des efforts sont déployés pour aider, certainement des incitatifs pour aider les acheteurs d’une première maison à emprunter davantage, à obtenir des comptes d’épargne, à augmenter les crédits d’impôt pour les propriétaires de logements. Je crois qu’il s’agit de quelque chose de très positif pour la demande. Je ne pense pas que le prix du logement, dont les prévisions sont modestes pour l’an prochain, va augmenter fortement. Mais en fait, cela crée un risque à la hausse en raison de la demande, le cas échéant. Et dans un sens, c’est contre-productif par rapport à ce qu’ils essayaient de faire, l’augmentation des stimulations de crise, etc. Vous savez, il s’agissait d’une élection. Ce qui est populaire sur le plan politique, ils l’ont fait. Alors, je pense, pour résumer, que nos perspectives de vente vont augmenter légèrement ainsi que les prévisions des prix de vente.
Vous avez parlé de la garde d’enfants. Et j’ai trouvé cela intéressant. J’ai eu l’impression pendant la campagne que c’est devenu davantage une question économique plutôt qu’une question sociale à laquelle tous les partis adhéraient. Est-ce quelque chose que vous voyez avoir un impact économique possible à l’avenir?
Oui, c’est quelque chose qu’on a intégré à nos dernières prévisions. C’est un projet important. On a parlé un peu de la reprise. Cela va aider la reprise et la main-d’œuvre. Le Canada n’a pas de gros problème, comme aux États-Unis, pour ce qui est d’augmenter le nombre de personnes sur le marché de l’emploi. Ils doivent composer avec assez peu de main-d’œuvre. Nous aussi dans une certaine mesure. Mais cela favorisera ce taux de participation à l’avenir. C’est une stratégie pluriannuelle. Et 8 des 10 provinces ont déjà annoncé qu’elles ont conclu des ententes avec le gouvernement fédéral pour ce qui est de l’afflux de liquidité. Je pense qu’à plus long terme, cela soutiendra la reprise de l’économie dans son ensemble. C’est positif de ce point de vue.
Derek, un autre point du programme électoral, c’est le souhait d’augmenter l’impôt des sociétés. Qu’est-ce que vous en pensez?
Oui, il y a eu des initiatives sectorielles, et je pense, Kim, que ça va être la chose la plus intéressante pendant les mois à venir, lorsque des politiques seront adoptées et qu’elles seront traduites en réelle législation. Qu’est-ce que ces détails signifient? D’un point de vue macroéconomique général, je n’ai pas vu beaucoup de répercussions. Mais je crois que les stratégies sectorielles politiques seront essentielles pour déterminer les réactions d’investisseurs à l’avenir.
Dernière question pour vous, Derek. Comme je l’ai mentionné plus tôt, il s’agit d’un gouvernement minoritaire libéral, ce qui signifie qu’il devra travailler dans une coalition avec un autre parti. Beaucoup de gens pensent que cela signifie que le programme pourrait virer à gauche. Voulez-vous ajouter autre chose sur ce qui pourrait survenir à la suite de certaines des mesures de coopération nécessaires pour obtenir des résultats?
Eh bien, je pense simplement à la durabilité du prochain parlement, le dernier a duré deux ans, aurons-nous droit à deux autres années d’un gouvernement minoritaire? C’est une minorité assez stable. On pourrait croire qu’il y a de bonnes chances pour que cela dure, mais c’est difficile à prévoir. Cela dépend vraiment des autres partis importants du parlement et si nous irons même jusque-là. Mais je pense que la prochaine étape sera le discours du Trône. Nous obtiendrons un peu plus de détails sur l’orientation du gouvernement. Et, bien sûr, la mise à jour de l’automne, cela donnera une idée du début et certaines des questions de durabilité.
Derek, merci beaucoup.
Merci. Kim.