Les tensions à la frontière entre la Russie et l’Ukraine pourraient alimenter un supercycle des produits de base qui dure depuis dix ans. Kim Parlee discute avec Hussein Allidina, chef, Produits de base, Gestion de Placements TD, des répercussions d’une éventuelle invasion russe sur les produits de base et de la probabilité que le pétrole atteigne les 100 $.
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Les tensions demeurent élevées, et nous assistons même à une escalade à la frontière entre la Russie et l’Ukraine, l’impact potentiel sur les prix des produits de base est au cœur des préoccupations de nombreux acteurs du marché et certainement de notre invité du jour. Hussein Allidina est chef Produits de base, GPTD. Il se joint à nous aujourd’hui pour partager ses observations et son analyse de l’impact potentiel de cette situation. Hussein, c’est un plaisir de vous recevoir. Je vais entrer dans le vif du sujet. Commençons par le contexte. Selon vous, qu’est-ce qui se passe là-bas et quel pourrait être l’impact sur les prix des produits de base?
Bien sûr. Merci de m’avoir invité Kim. À notre connaissance, le nombre de troupes russes a augmenté près de la frontière de l’Ukraine. La situation est particulièrement préoccupante pour les marchés des produits de base, compte tenu non seulement de l’importance de l’Ukraine, mais surtout de la Russie pour une multitude de produits de base, dont le gaz naturel, le pétrole, ainsi que certains métaux et produits de base agricoles. C’est vraiment le grenier de la région et une grande partie de l’offre potentielle est à risque si la situation s’intensifie là-bas.
Et lorsque l’offre potentielle est à risque, je suppose que si quelque chose devait se produire et des sanctions étaient mises en œuvre, cela stopperait une partie de l’approvisionnement sur le marché.
Oui, la Russie est le premier exportateur de gaz naturel. Le deuxième exportateur de pétrole. Le troisième exportateur de charbon. Beaucoup de pétrole et de gaz naturel passent par l’Ukraine. Il pourrait donc y avoir un problème lié aux sanctions. Mais la Russie pourrait potentiellement réduire l’approvisionnement comme elle l’a déjà parfois fait en Europe. C’est très préoccupant pour l’Europe, où les prix du gaz et de l’électricité sont déjà élevés et il y a une préoccupation potentielle pour le pétrole également, compte tenu du niveau relativement faible des stocks et de la capacité de réserve à l’échelle mondiale.
Très bien, prenons chacun de ces produits de base et voyons l’impact potentiel. Vous avez parlé évidemment du pétrole et du gaz. La Russie représente, je pense, le plus de l’OPEP+. Pensez-vous que nous pourrions voir une flambée des prix du pétrole à cause de cette situation?
Oui. S’il y a une perturbation de la production, on pourrait certainement assister à une hausse importante du prix du pétrole. Kim, nous avons déjà parlé de l’équilibre pétrolier tendu aujourd’hui et à l’avenir compte tenu du manque d’investissements. Les stocks ont baissé l’an dernier de 700 millions de barils au cours de l’année. Aujourd’hui, les stocks se trouvent à des niveaux assez bas. Et nous avons très peu de capacité de réserve de l’OPEP+. Toute perturbation supplémentaire de la production pourrait s’avérer significative. Hier soir, par exemple, l’incendie d’un pipeline en Turquie a fait se redresser les prix du pétrole de deux dollars du jour au lendemain. Il s’agit d’une perturbation relativement faible par rapport à la situation dont nous parlons entre la Russie et l’Ukraine. Il y a donc un potentiel de hausse important pour toute perturbation.
Nous parlerons du pétrole un peu plus en détail dans quelques minutes, mais je veux revenir sur le charbon emballé de la Russie et l’Ukraine. Je sais que la Russie est un important fournisseur de charbon et le charbon a été étonnamment vigoureux ces derniers temps. Je suppose que c’est à cause des problèmes d’offre globaux.
Oui, tout à fait. Et je ne sais pas si des perturbations entraîneraient nécessairement une diminution de l’exportation du charbon par la Russie. Mais la solidité des prix du gaz naturel se révélera favorable pour le charbon en termes de marges parce qu’on assistera à une substitution comme partout en Europe. Et n’oubliez pas que les prix sont déjà très, très élevés. Les prix du gaz naturel, du charbon, de l’électricité à l’échelle mondiale, en particulier en Europe. Toute perturbation supplémentaire sera franchement destructrice, selon moi.
Qu’en est-il des métaux précieux et des métaux de base, où se situent-ils?
Bonne question. La Russie produit beaucoup d’aluminium, de zinc et la hausse des prix de l’électricité là-bas et à l’échelle mondiale ont déjà restreint l’offre sur ces marchés. Il y a donc un risque supplémentaire en cas de sanctions, si nous devions imposer des sanctions sur Rusal, par exemple, on assisterait probablement à une réaction positive des prix de l’aluminium. Et en ce qui concerne les métaux précieux, la Russie est un important producteur de palladium et de platine, et cela explique en partie le soutien sur ces marchés également. Le marché intègre une prime de risque. L’offre n’a pas encore été perturbée. Mais compte tenu du niveau d’équilibre tendu dans le segment des produits de base, nous ne pouvons pas nous permettre une perturbation, et je crois que cela est pris en compte en ce moment.
Habituellement, ce sont les produits de base qui font les gros titres, mais on parle aussi des produits agricoles. Est-ce que vous anticipez des répercussions à ce niveau-là?
Encore une fois, les répercussions possibles pourraient être importantes. Le prix du blé en particulier. L’Ukraine est le grenier de la région. La Russie est un exportateur de blé très important. Encore une fois, ce ne sont que des spéculations. Mais si la production ou des sanctions sont imposées et que cela entraîne une réduction de l’offre provenant de ces marchés, les produits de base en général, et je ne veux pas me répéter, mais l’équilibre est serré à ce niveau, peut-être à quelques exceptions près. Et vraiment, nous ne pouvons pas nous permettre des perturbations supplémentaires.
On ne se penche habituellement pas en détail sur la politique, mais il semble que la Russie a plus d’effet de levier dans cette situation simplement en raison de son offre élevée sur le marché.
Oui. Je pense que cela explique en partie, Kim, pourquoi les États-Unis et l’Europe n’ont pas vraiment été en mesure de s’entendre sur la façon de réagir à cette menace potentielle. L’impact sur le consommateur européen déjà acculé par les prix élevés du gaz naturel et de l’électricité ne sera qu’exacerbé si la situation avec la Russie se détériore.
Bien sûr. Merci de m’avoir invité Kim. À notre connaissance, le nombre de troupes russes a augmenté près de la frontière de l’Ukraine. La situation est particulièrement préoccupante pour les marchés des produits de base, compte tenu non seulement de l’importance de l’Ukraine, mais surtout de la Russie pour une multitude de produits de base, dont le gaz naturel, le pétrole, ainsi que certains métaux et produits de base agricoles. C’est vraiment le grenier de la région et une grande partie de l’offre potentielle est à risque si la situation s’intensifie là-bas.
Et lorsque l’offre potentielle est à risque, je suppose que si quelque chose devait se produire et des sanctions étaient mises en œuvre, cela stopperait une partie de l’approvisionnement sur le marché.
Oui, la Russie est le premier exportateur de gaz naturel. Le deuxième exportateur de pétrole. Le troisième exportateur de charbon. Beaucoup de pétrole et de gaz naturel passent par l’Ukraine. Il pourrait donc y avoir un problème lié aux sanctions. Mais la Russie pourrait potentiellement réduire l’approvisionnement comme elle l’a déjà parfois fait en Europe. C’est très préoccupant pour l’Europe, où les prix du gaz et de l’électricité sont déjà élevés et il y a une préoccupation potentielle pour le pétrole également, compte tenu du niveau relativement faible des stocks et de la capacité de réserve à l’échelle mondiale.
Très bien, prenons chacun de ces produits de base et voyons l’impact potentiel. Vous avez parlé évidemment du pétrole et du gaz. La Russie représente, je pense, le plus de l’OPEP+. Pensez-vous que nous pourrions voir une flambée des prix du pétrole à cause de cette situation?
Oui. S’il y a une perturbation de la production, on pourrait certainement assister à une hausse importante du prix du pétrole. Kim, nous avons déjà parlé de l’équilibre pétrolier tendu aujourd’hui et à l’avenir compte tenu du manque d’investissements. Les stocks ont baissé l’an dernier de 700 millions de barils au cours de l’année. Aujourd’hui, les stocks se trouvent à des niveaux assez bas. Et nous avons très peu de capacité de réserve de l’OPEP+. Toute perturbation supplémentaire de la production pourrait s’avérer significative. Hier soir, par exemple, l’incendie d’un pipeline en Turquie a fait se redresser les prix du pétrole de deux dollars du jour au lendemain. Il s’agit d’une perturbation relativement faible par rapport à la situation dont nous parlons entre la Russie et l’Ukraine. Il y a donc un potentiel de hausse important pour toute perturbation.
Nous parlerons du pétrole un peu plus en détail dans quelques minutes, mais je veux revenir sur le charbon emballé de la Russie et l’Ukraine. Je sais que la Russie est un important fournisseur de charbon et le charbon a été étonnamment vigoureux ces derniers temps. Je suppose que c’est à cause des problèmes d’offre globaux.
Oui, tout à fait. Et je ne sais pas si des perturbations entraîneraient nécessairement une diminution de l’exportation du charbon par la Russie. Mais la solidité des prix du gaz naturel se révélera favorable pour le charbon en termes de marges parce qu’on assistera à une substitution comme partout en Europe. Et n’oubliez pas que les prix sont déjà très, très élevés. Les prix du gaz naturel, du charbon, de l’électricité à l’échelle mondiale, en particulier en Europe. Toute perturbation supplémentaire sera franchement destructrice, selon moi.
Qu’en est-il des métaux précieux et des métaux de base, où se situent-ils?
Bonne question. La Russie produit beaucoup d’aluminium, de zinc et la hausse des prix de l’électricité là-bas et à l’échelle mondiale ont déjà restreint l’offre sur ces marchés. Il y a donc un risque supplémentaire en cas de sanctions, si nous devions imposer des sanctions sur Rusal, par exemple, on assisterait probablement à une réaction positive des prix de l’aluminium. Et en ce qui concerne les métaux précieux, la Russie est un important producteur de palladium et de platine, et cela explique en partie le soutien sur ces marchés également. Le marché intègre une prime de risque. L’offre n’a pas encore été perturbée. Mais compte tenu du niveau d’équilibre tendu dans le segment des produits de base, nous ne pouvons pas nous permettre une perturbation, et je crois que cela est pris en compte en ce moment.
Habituellement, ce sont les produits de base qui font les gros titres, mais on parle aussi des produits agricoles. Est-ce que vous anticipez des répercussions à ce niveau-là?
Encore une fois, les répercussions possibles pourraient être importantes. Le prix du blé en particulier. L’Ukraine est le grenier de la région. La Russie est un exportateur de blé très important. Encore une fois, ce ne sont que des spéculations. Mais si la production ou des sanctions sont imposées et que cela entraîne une réduction de l’offre provenant de ces marchés, les produits de base en général, et je ne veux pas me répéter, mais l’équilibre est serré à ce niveau, peut-être à quelques exceptions près. Et vraiment, nous ne pouvons pas nous permettre des perturbations supplémentaires.
On ne se penche habituellement pas en détail sur la politique, mais il semble que la Russie a plus d’effet de levier dans cette situation simplement en raison de son offre élevée sur le marché.
Oui. Je pense que cela explique en partie, Kim, pourquoi les États-Unis et l’Europe n’ont pas vraiment été en mesure de s’entendre sur la façon de réagir à cette menace potentielle. L’impact sur le consommateur européen déjà acculé par les prix élevés du gaz naturel et de l’électricité ne sera qu’exacerbé si la situation avec la Russie se détériore.