Le portefeuille 60/40 est une stratégie de placement courante depuis des décennies. David Picton, président et chef de la direction de Picton Mahoney Asset Management, explique pourquoi les investisseurs devraient envisager d’aller au-delà de la composition traditionnelle des actifs dans le contexte de négociations actuel.
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Les banques centrales ont relevé leurs taux d'intérêt de manière énergique pour juguler l'inflation. Certains investisseurs se sont demandé si le portefeuille 60-40 était toujours une stratégie valable. Notre invité d'aujourd'hui affirme que les investisseurs pourraient aller au-delà de cette répartition traditionnelle. David Picton, chef de la direction de Picton Mahoney Asset Management, est en studio. Bonjour. C'est la première fois que vous êtes en studio. Présentez-vous un petit peu, parlez-nous de votre firme et de vos principes.
Nous allons avoir 20 ans. Nous gérons 11 milliards de dollars. Nous nous concentrons sur les placements alternatifs. Nous cherchons à fournir des sources de revenus différenciées.
Alors, parlons-en justement. Comme je le disais dans mon introduction, pendant longtemps, on considère le portefeuille 60-40, ou 70-30, peu importe, ce cadre de répartition d'actifs. Après la pandémie, la hausse des taux d'intérêt a mis à mal ce modèle.
Nous considérons ces différentes catégories d'actifs comme étant des sources de rendement. Les actions montent au fil du temps, 7 à 8 %, les obligations environ 5 à 6 %. Parfois, les rendements diffèrent les uns des autres. Quand on combine ces deux catégories d'actifs, surtout depuis 40 ans, on offre une très bonne expérience d'investissement. Les taux d'intérêt ont baissé, chaque fois qu'il y avait un problème dans la bourse, le marché obligataire remontait et le rendement global était satisfaisant avec cette stratégie, jusqu'à ce qu'on arrive à un nouveau régime inflationniste. Comme on l'a vu en 2022, c'était la première fois depuis des années où ces deux catégories d'actifs non seulement ont donné des résultats décevants, mais des résultats très décevants, et en même temps. C'était la première fois que les investisseurs ont été désagréablement surpris en prenant connaissance de leurs relevés parce que ces catégories d'actifs ne se compensaient pas l'une l'autre. Nous cherchons à utiliser cette idée de catégorie d'actifs qui se compensent l'une l'autre dans le secteur des catégories d'actifs alternatives. Si nous pouvons avoir deux catégories d'actifs qui ne sont pas corrélées et que l'on ajoute cette catégorie, on obtient un rendement positif au fil du temps, une meilleure diversification et un rendement corrigé du risque bien supérieur. Il s'agit des catégories d'actifs neutres au plan du marché ou génératrices d'alpha. Par exemple, quand vous achetez en bourse, vous achetez essentiellement du bêta. Si la bourse augmente, votre fonds commun de placement augmente dans la même mesure et le marché obligataire à l'avenant. Nous voulons créer quelque chose qui ne se concentre ni sur l'un ni sur l'autre de ces bêtas, mais plutôt sur des facteurs propres à chaque compagnie qui peuvent engendrer un rendement quoi qu'il arrive en bourse ou sur le marché obligataire, neutres au plan du marché.
Approfondissons. Qu'est-ce que cela signifie? Comment créer ce genre de portefeuille?
On cherche à isoler les résultats d'entreprises données. Nous nous concentrons sur les changements positifs et la qualité des données fondamentales positives et on cherche à compenser cela, cette entreprise, en ajoutant des opérations à découvert. Donc changement positif, valeur, qualité. Nous n'aimons pas les compagnies avec un changement négatif, une mauvaise valeur et une mauvaise qualité. Nous pouvons créer une corbeille de ces compagnies en changement négatif que nous vendons à découvert, c'est-à-dire que nous les vendons sans détenir l'action, nous pouvons couvrir tout le risque du marché des actions qui nous plaisent et nous avons un alpha spécifique à chaque action.
Une stratégie comme celle-là, est-ce que cela commence à fonctionner de concert avec un portefeuille 60-40, avec le portefeuille classique? Est-ce que cette ancienne stratégie est complètement à exclure?
Nous n'exclurions jamais cela. Si vous considérez le très très long terme, oui, il faut avoir des actions du bêta dans nos portefeuilles, il faut avoir une sensibilité aux taux d'intérêt, c'est-à-dire un rendement obligataire, et à très long terme, toutes les études montrent qu'il s'agit d'éléments essentiels d'un portefeuille, mais n'avoir que deux options dans votre portefeuille, c'est un peu comme aller jouer au golf et de n'avoir que deux bâtons. Il en faut plusieurs autres selon le coup que l'on veut frapper. La clé dans tout cela, c'est qu'il faut avoir une source de rendement positif qui se comporte différemment du portefeuille d'actions et d'obligations. C'est là qu'on peut lisser le rendement corrigé du risque et l'améliorer.
Parlons de la gestion du risque. Vous songez à ce genre de risque dans le cadre de votre stratégie, surtout dans un régime inflationniste où les deux catégories classiques ont été durement touchées en 2022.
Oui. La gestion du risque, c'est très très important pour nous. Nous passons presque autant de temps à la gestion du risque qu'à la sélection des actions et nous le faisons de plusieurs façons. Nous avons des portefeuilles qui sont conçus pour être corrélés avec le marché, à demi corrélés avec le marché ou nullement corrélés avec le marché. Il faut toujours avoir des processus de gestion du risque, s'assurer que quand on prévoit ne pas être corrélé avec le marché, il y a effectivement une corrélation nulle avec le marché. Il y a également certaines expositions au marché, par exemple dans un environnement comme aujourd'hui, où il y a un peu d'exubérance. On pourrait ajouter davantage de protection sous forme d'options. Et enfin, dans un placement neutre au plan du marché, on ne parie pas. Le cuivre et l'or nous plaisent, mais on ne crée pas un portefeuille de cuivre et d'or couvert par la technologie, il faut limiter le risque lié à chaque secteur.
Que pensez-vous de la conjoncture actuelle sur le marché? Nous vivons une époque intéressante, les rendements obligataires ont augmenté pendant l'automne, sont redescendus. Au début de cette année, nous avons pensé que la Fed allait réduire les taux, que nous allions revenir à la normale après les dislocations de la pandémie.
Nous sommes heureux de dire que Jamie Dimon, de J.P. Morgan, nous a volé l'un de nos slogans, c'est-à-dire que nous sommes prudemment pessimistes. Autrement dit, il y a eu une belle remontée des actifs à risque, surtout sur le marché boursier, et bien sûr c'est sous l'impulsion du secteur technologique, mais il y a eu beaucoup de mouvements dans tous les secteurs depuis six ou huit mois. En même temps, les taux d'intérêt ont augmenté, et en même temps, nous avons différé les prévisions de coupures de taux. Le marché prévoit beaucoup de bonnes nouvelles, beaucoup de croissance, d'abord des coupures de taux d'intérêt, et puis, un recul de l'inflation. On paye pour cela un multiple largement supérieur à ce qu'on a vu dans le passé. Nous voyons bien comment cela pourrait marcher, mais il y a une certaine probabilité que cela ne marche pas, d'où notre pessimisme prudent.
Nous allons avoir 20 ans. Nous gérons 11 milliards de dollars. Nous nous concentrons sur les placements alternatifs. Nous cherchons à fournir des sources de revenus différenciées.
Alors, parlons-en justement. Comme je le disais dans mon introduction, pendant longtemps, on considère le portefeuille 60-40, ou 70-30, peu importe, ce cadre de répartition d'actifs. Après la pandémie, la hausse des taux d'intérêt a mis à mal ce modèle.
Nous considérons ces différentes catégories d'actifs comme étant des sources de rendement. Les actions montent au fil du temps, 7 à 8 %, les obligations environ 5 à 6 %. Parfois, les rendements diffèrent les uns des autres. Quand on combine ces deux catégories d'actifs, surtout depuis 40 ans, on offre une très bonne expérience d'investissement. Les taux d'intérêt ont baissé, chaque fois qu'il y avait un problème dans la bourse, le marché obligataire remontait et le rendement global était satisfaisant avec cette stratégie, jusqu'à ce qu'on arrive à un nouveau régime inflationniste. Comme on l'a vu en 2022, c'était la première fois depuis des années où ces deux catégories d'actifs non seulement ont donné des résultats décevants, mais des résultats très décevants, et en même temps. C'était la première fois que les investisseurs ont été désagréablement surpris en prenant connaissance de leurs relevés parce que ces catégories d'actifs ne se compensaient pas l'une l'autre. Nous cherchons à utiliser cette idée de catégorie d'actifs qui se compensent l'une l'autre dans le secteur des catégories d'actifs alternatives. Si nous pouvons avoir deux catégories d'actifs qui ne sont pas corrélées et que l'on ajoute cette catégorie, on obtient un rendement positif au fil du temps, une meilleure diversification et un rendement corrigé du risque bien supérieur. Il s'agit des catégories d'actifs neutres au plan du marché ou génératrices d'alpha. Par exemple, quand vous achetez en bourse, vous achetez essentiellement du bêta. Si la bourse augmente, votre fonds commun de placement augmente dans la même mesure et le marché obligataire à l'avenant. Nous voulons créer quelque chose qui ne se concentre ni sur l'un ni sur l'autre de ces bêtas, mais plutôt sur des facteurs propres à chaque compagnie qui peuvent engendrer un rendement quoi qu'il arrive en bourse ou sur le marché obligataire, neutres au plan du marché.
Approfondissons. Qu'est-ce que cela signifie? Comment créer ce genre de portefeuille?
On cherche à isoler les résultats d'entreprises données. Nous nous concentrons sur les changements positifs et la qualité des données fondamentales positives et on cherche à compenser cela, cette entreprise, en ajoutant des opérations à découvert. Donc changement positif, valeur, qualité. Nous n'aimons pas les compagnies avec un changement négatif, une mauvaise valeur et une mauvaise qualité. Nous pouvons créer une corbeille de ces compagnies en changement négatif que nous vendons à découvert, c'est-à-dire que nous les vendons sans détenir l'action, nous pouvons couvrir tout le risque du marché des actions qui nous plaisent et nous avons un alpha spécifique à chaque action.
Une stratégie comme celle-là, est-ce que cela commence à fonctionner de concert avec un portefeuille 60-40, avec le portefeuille classique? Est-ce que cette ancienne stratégie est complètement à exclure?
Nous n'exclurions jamais cela. Si vous considérez le très très long terme, oui, il faut avoir des actions du bêta dans nos portefeuilles, il faut avoir une sensibilité aux taux d'intérêt, c'est-à-dire un rendement obligataire, et à très long terme, toutes les études montrent qu'il s'agit d'éléments essentiels d'un portefeuille, mais n'avoir que deux options dans votre portefeuille, c'est un peu comme aller jouer au golf et de n'avoir que deux bâtons. Il en faut plusieurs autres selon le coup que l'on veut frapper. La clé dans tout cela, c'est qu'il faut avoir une source de rendement positif qui se comporte différemment du portefeuille d'actions et d'obligations. C'est là qu'on peut lisser le rendement corrigé du risque et l'améliorer.
Parlons de la gestion du risque. Vous songez à ce genre de risque dans le cadre de votre stratégie, surtout dans un régime inflationniste où les deux catégories classiques ont été durement touchées en 2022.
Oui. La gestion du risque, c'est très très important pour nous. Nous passons presque autant de temps à la gestion du risque qu'à la sélection des actions et nous le faisons de plusieurs façons. Nous avons des portefeuilles qui sont conçus pour être corrélés avec le marché, à demi corrélés avec le marché ou nullement corrélés avec le marché. Il faut toujours avoir des processus de gestion du risque, s'assurer que quand on prévoit ne pas être corrélé avec le marché, il y a effectivement une corrélation nulle avec le marché. Il y a également certaines expositions au marché, par exemple dans un environnement comme aujourd'hui, où il y a un peu d'exubérance. On pourrait ajouter davantage de protection sous forme d'options. Et enfin, dans un placement neutre au plan du marché, on ne parie pas. Le cuivre et l'or nous plaisent, mais on ne crée pas un portefeuille de cuivre et d'or couvert par la technologie, il faut limiter le risque lié à chaque secteur.
Que pensez-vous de la conjoncture actuelle sur le marché? Nous vivons une époque intéressante, les rendements obligataires ont augmenté pendant l'automne, sont redescendus. Au début de cette année, nous avons pensé que la Fed allait réduire les taux, que nous allions revenir à la normale après les dislocations de la pandémie.
Nous sommes heureux de dire que Jamie Dimon, de J.P. Morgan, nous a volé l'un de nos slogans, c'est-à-dire que nous sommes prudemment pessimistes. Autrement dit, il y a eu une belle remontée des actifs à risque, surtout sur le marché boursier, et bien sûr c'est sous l'impulsion du secteur technologique, mais il y a eu beaucoup de mouvements dans tous les secteurs depuis six ou huit mois. En même temps, les taux d'intérêt ont augmenté, et en même temps, nous avons différé les prévisions de coupures de taux. Le marché prévoit beaucoup de bonnes nouvelles, beaucoup de croissance, d'abord des coupures de taux d'intérêt, et puis, un recul de l'inflation. On paye pour cela un multiple largement supérieur à ce qu'on a vu dans le passé. Nous voyons bien comment cela pourrait marcher, mais il y a une certaine probabilité que cela ne marche pas, d'où notre pessimisme prudent.