Le prix du gaz naturel pourrait se maintenir à un niveau élevé en raison des craintes entourant l’offre future, en particulier au moment où la Russie réduit son approvisionnement à l’Europe. Anthony Okolie et Hussein Allidina, chef, Produits de base à Gestion de Placements TD, discutent des perspectives pour les produits de base.
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[LOGO AUDIO] Le prix du gaz naturel a récemment atteint un niveau inédit depuis 2008. Et selon notre invité d’aujourd’hui, les prix élevés pourraient durer dans un contexte de resserrement de l’offre et d’inquiétudes croissantes quant au risque d’un hiver froid cette année. Cet invité, c’est Hussein Allidina, chef, Produits de base, Gestion de Placements TD. Hussein, commençons par la dynamique de l’offre en ce moment. Pourquoi l’offre est-elle si serrée? Oui, Anthony, merci de m’avoir invité. Le marché du gaz en Europe en particulier dépend largement des importations russes. Pour ce qui est de la situation en Russie, en particulier en ce qui a trait au Nord Stream 1, qui est le pipeline qui nous fournit, les volumes sont assez faibles. L’offre était relativement limitée en Europe au début de l’été à cause d’un hiver froid. Depuis des années, l’Europe délaisse la production intérieure de gaz naturel et dépend des importations en provenance de la Russie. Or, ces volumes sont désormais plus faibles. Et tout cela est maintenant exacerbé avec un temps nettement plus chaud que la normale en Europe, qui fait grimper la demande de gaz naturel à un moment où, franchement, c’est terrible. Ça tombe vraiment mal. Oui, on a vu les informations sur les canicules en Angleterre et le reste du pays. Montrez-nous à quel point les prix du gaz naturel sont indissociables de l’économie et des marchés de l’énergie européens. Oui, donc le gaz naturel est important à l’échelle mondiale. Il est très important en Europe, principalement parce que c’est un carburant plus propre que le pétrole et le charbon. L’Europe a délaissé le pétrole, le charbon polluants, etc., au profit du gaz. Mais de toute évidence, le gaz est fourni par la Russie aujourd’hui… ou pas d’ailleurs. Vous avez vu au cours des derniers mois les annonces de fermetures d’usines, qu’il s’agisse d’engrais, de fonderies, les fonderies d’aluminium et les usines similaires coûtent très cher, en raison du coût des intrants. Et aux prix actuels, je pense que l’on continuera de voir l’industrie européenne subir des pressions parce qu’il n’y a tout simplement pas de logique avec un niveau aussi élevé. C’est très important. C’est plus coûteux pour beaucoup de producteurs de produire ces produits de base. C’est coûteux pour les producteurs et le secteur d’exercer ses activités. Et c’est aussi très difficile pour le consommateur, parce que le gaz naturel est une matière première pour la production d’électricité. Et c’est une des raisons pour lesquelles on a des prix records, jamais vus auparavant pour l’électricité en Allemagne et en France, à cause de l’intrant de gaz naturel. Vous avez déclaré que le risque d’une pénurie de gaz naturel est bien présent à l’approche de l’hiver. Pourquoi pensez-vous cela? Oui, alors la période où la demande de gaz naturel est la plus élevée est l’hiver en raison du besoin accru de chauffage et d’électricité. Et on craint toujours que l’offre ne soit pas suffisante au début de l’hiver. Pour les États-Unis par exemple, si la météo est normale, tout devrait bien se passer. Mais le risque… et si vous êtes un fournisseur, si vous êtes PowerStream par exemple, qui alimente ma maison en électricité, vous devez être en mesure de fournir de l’électricité quand je le demande, donc évidemment les fournisseurs sont très préoccupés par le temps froid. Et lorsqu’ils prévoient ce qu’ils doivent fournir pour l’hiver, ils partent du principe que la météo ne sera pas normale. Ils supposent que le temps sera plus froid que la normale. ANTHONY OKOLIE : Beaucoup plus froid, oui. Et selon l’écart qu’on aura par rapport à la normale, le risque de pénurie est élevé. C’est pourquoi, les prix fluctuent non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis afin de rationner la demande et d’éviter cette situation. Et qu’est-ce que la situation en Europe signifie pour nous, au Canada, aux États-Unis? Oui, alors aujourd’hui les États-Unis exportent environ 12 Gpi3 par jour. Sur le marché américain, la production est d’environ 95 Gpi3 par jour en ce moment. Pour vous donner un ordre d’idée, aujourd’hui, on exporte entre 12 et 15 Gpi3 par jour, quand Freeport est actif, en Europe. S’il fait très froid en Europe ou si l’Europe n’est pas fournie par la Russie ou un autre pays, elle va demander de l’aide. On ne peut pas exporter beaucoup plus que 12. Mais le problème, c’est en cas de températures plus froides, si on exporte toujours 12, 13, 14 Gpi3 par jour en Europe, on aura des problèmes. Je pense donc que le marché essaie de déterminer le prix qui permettra de limiter la demande au niveau national. Anthony, si on se trouve dans une situation où on doit empêcher le GNL d’être exporté en Europe, les prix seront bien au-delà de 20 $ le MBTU, parce que l’Europe dépasse déjà actuellement ces niveaux. Si je veux fermer ces exportations, je dois dissuader les cargos de partir. Et ce n’est pas 8 $ par MBTU qui y parviendra. Ce sera bien au-delà de 20 $. Les prix du gaz naturel devraient donc rester élevés pendant un certain temps. Que doit-il se passer pour qu’on voie un assouplissement? Oui, alors je pense que les prix resteront élevés parce que les stocks sous-jacents en Amérique du Nord et en Europe sont serrés. Si le début de l’hiver est doux ou si la production… on attend que la production américaine réponde. Beaucoup de gens pensaient que la production actuelle aux États-Unis serait de 97 ou 96 et demi Gpi3 par jour. On en est qu’à 95. On s’attend toujours à ce qu’il y ait une augmentation du nombre d’appareils de forage et comme les entreprises cherchent à accroître leur production, celle-ci augmentera. ANTHONY OKOLIE : Ça va augmenter, oui. Le plus grand risque pour le prix de l’essence, c’est un début d’hiver plus doux que d’habitude. Et le début de l’hiver est particulièrement important, car au fil du temps, le risque de pénurie diminue. D’accord, alors avec un début d’hiver doux en bnovembre, décembre serait défavorable pour le gaz naturel, tout comme une amélioration de la production et/ou si l’installation GNL Freeport, qui a été mise hors ligne, demeure hors ligne plus longtemps que prévu. On s’attend à ce qu’elle revienne en octobre ou en novembre. Si elle reste fermée plus longtemps, l’offre restera plus élevée au niveau national. Ce sont les facteurs baissiers que je vois à court terme. Mais à moyen terme, on a encore des difficultés parce qu’il faut investir. La demande pour ce produit continue d’augmenter. On en a déjà parlé, d’autant plus que les gens délaissent le pétrole et le charbon, le gaz… Tous les combustibles fossiles, exactement. On cherche…
… le gaz a besoin d’investissements. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
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