Pour beaucoup d’entre nous, une baisse du marché peut être déstabilisatrice, sans toutefois représenter un gros irritant sur notre radar, compte tenu de ce que nous vivons depuis deux ans. Les manchettes de la presse financière au ton alarmiste peuvent certes être déconcertantes, mais nous avons traversé les déferlantes successives de la pandémie, et un grand nombre d’entre nous se sont aguerris. Une baisse du marché qui succède à des sommets historiques n’est pas forcément une raison de freiner notre élan.

Natasha Kovacs, planificatrice principale à Gestion de patrimoine TD, estime que la volatilité financière peut perturber non seulement les plans de gestion du patrimoine, mais aussi la tranquillité d’esprit.

« Personne n’aime les mauvaises nouvelles. Avec mes clients, je m’assure que leurs placements sont sur la bonne voie à long terme, malgré un recul temporaire, affirme Mme Kovacs. Tout le monde devrait investir selon sa tolérance au risque. Par conséquent, dans une perspective à long terme, personne ne devrait perdre le sommeil à cause des soubresauts du marché. »

Selon elle, si les inquiétudes des investisseurs peuvent changer, la volatilité, elle, est un phénomène qui réapparaît constamment. Les investisseurs aguerris achètent à prix avantageux, sachant que le repli est temporaire et que la situation va s’améliorer tôt ou tard.

Bien sûr, une baisse soudaine des placements peut avoir des répercussions qui vont au-delà de votre portefeuille : l’anxiété peut vous amener à vous interroger sur vos motivations. Elle propose des façons de traverser le mauvais temps, plutôt que de se mettre en colère et d’abandonner un plan de placement soigneusement structuré.

Évitez la panique. Les analystes de marché et les spécialistes du comportement sont d’accord : improviser dans le feu de l’action peut entraîner des conséquences beaucoup plus graves. Une réaction impulsive pourrait être de vendre ses parts de fonds communs de placement ou ses actions favorites après une baisse temporaire de leur valeur. Selon Mme Kovacs, en quittant le marché, vous serez sur la touche au moment de la reprise. Des études le prouvent : acheter et vendre vos placements rapidement peut avoir des répercussions désastreuses sur votre portefeuille au fil du temps1.

Prenez une pause. Quand il y a une mauvaise nouvelle, le brouhaha s’installe, mais vous n’avez pas à l’écouter. La recherche obsessionnelle d’histoires déconcertantes sur les médias sociaux – le défilement compulsif – ne peut que vous stresser. Déconnectez-vous un instant et sortez marcher pour réfléchir calmement. Au risque de tomber dans le cliché, selon Mme Kovacs, une bonne nuit de sommeil permet de faire le plein d’énergie et d’aborder tout problème avec clarté.

Mettez les choses en perspective. Comme les marchés fluctuent chaque jour, il est difficile pour les investisseurs à long terme de savoir avant quelques cycles économiques si leurs placements s’apprécient. Au dire de Mme Kovacs, même si nous avons peut-être traversé une période difficile, il faut retenir que 2021 a été une année faste sur les marchés. Si vous investissez depuis des années et avez un plan équilibré, vous aurez peut-être constaté que, malgré certaines journées difficiles, vos placements demeurent solides. 

Y voyez-vous une occasion? L’analyse des événements à court et à long terme permet de distinguer les optimistes des pessimistes. Pour beaucoup d’entre nous qui investissons à long terme, les replis boursiers ne représentent que des soubresauts. Cette perspective permet aussi à certaines personnes de tirer parti des situations négatives à court terme. Par exemple, certaines actions convoitées le mois dernier peuvent soudainement vous sembler beaucoup moins chères. Si les sociétés sont toujours fondamentalement solides, vous pourriez vérifier si elles cadrent dans votre portefeuille. 

Parlez à votre conseiller. Si l’état de votre portefeuille ou de votre plan de gestion de patrimoine en général vous tracasse encore, vous pouvez consulter votre planificateur ou votre conseiller : il est là pour cela! Votre conseiller peut passer en revue votre plan et vos objectifs et vous expliquer les retombées possibles d’une seule journée de présence boursière sur votre planification à long terme. Il vous dira peut-être entre autres que le temps joue en votre faveur : un plan stable et adapté à votre profil de risque est structuré défensivement parce qu’on sait que les marchés ont parfois des ratés.

Au Canada, on sait pertinemment qu’il faut s’attendre à de grosses tempêtes de neige en hiver, dit Natasha Kovacs, mais personne ne peut prédire quand elles auront lieu ni quelle quantité de neige il faudra pelleter. Se faire du mauvais sang n’empêche pas les chutes de neige, mais une bonne préparation peut changer la donne.

Il en va de même pour les marchés. Quand on sait que les tempêtes font partie des cycles économiques, il est plus facile de parer à la situation. « N’oubliez pas, conclut Natasha Kovacs, que si le désespoir pousse les uns à vendre leurs actions, l’espoir incite les autres à les acheter; c’est juste une question de point de vue. »

DON SUTTON

PARLONS ARGENT ET VIE

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