Une tempête parfaite d’événements économiques et politiques a poussé les marchés à des niveaux d’incertitude jamais vus auparavant, une situation qui ne semble pas du tout normale quand on la compare au début de l’année. Bien que les marchés baissiers ne soient rien de nouveau (on peut même s’y attendre), la convergence et la rapidité de ces circonstances imprévues peuvent mener les investisseurs à se demander à quel point cet environnement économique est inhabituel et à se poser des questions quant à ce que l’avenir nous réserve.

Tout récemment, la TD a rassemblé certains de ses meilleurs spécialistes en économie et en marchés afin de discuter de l’état actuel de notre économie, des perspectives pour les marchés et des répercussions possibles sur les portefeuilles.

Cliquez ici pour visionner l’événement.

Vous trouverez quatre thèmes clés qui ont été abordés, ainsi que les développements que nos leaders tiendront à l’œil.

Nos panélistes

Headshot of Beata Caranci on a gold circle.
Beata Caranci
Économiste en chef, Groupe Banque TD
Headshot of David Sykes on a gold circle.
David Sykes
Chef des placements, Gestion de Placements TD
Headshot of Brad Simpson on a gold circle.
Brad Simpson
Stratège en chef, Gestion de patrimoine TD

Est-ce qu’il y aura une récession?

Beata Caranci, économiste en chef, Groupe Banque TD, affirme que l’accélération de la hausse des taux d’intérêt pourrait certainement continuer à ralentir l’économie, mais elle ne va pas jusqu’à prévoir une récession. De plus, on s’attend à ce que la croissance économique diminue considérablement dans un proche avenir, et à ce que le chômage augmente. Il est difficile de prédire si ces événements plongeront le Canada et les États-Unis dans une récession, alors il faudra attendre plus tard cette année pour savoir avec certitude à quel point les choses peuvent se détériorer.

« Je pense que le quatrième trimestre va être un moment décisif qui va déterminer si on se dirige vers une récession ou non », nous dit-elle. Pour lutter contre la montée en flèche de l’inflation, Les les banques centrales se servent d’importantes hausses des du taux d’intérêt pour lutter contre la montée en flèche de l’inflation. Cependant, Mme Caranci se demande si la population canadienne tiendra compte des hausses des prix, ou si elle continuera à magasiner acheter des biens et des services au même rythme.

« On cherche à voir la résilience des consommateurs par rapport à ce qu’on observe du côté des taux. C’est notre principale préoccupation. Et au final, c’est ce qui va faire toute la différence et déterminer si notre atterrissage sera brutal ou en douceur. »

Mme Caranci nous dit aussi qu’elle surveille de près le chômage. Un taux qui dépasse 6 % est une bonne raison de s’inquiéter.

« Il faut se préparer à la possibilité d’une perte nette d’emplois durant quelques mois, et on devra s’y faire sans que le moral s’effondre complètement parmi les consommateurs et les entreprises. C’est ça, le risque d’affaires », affirme-t-elle.

Quand est-ce que le marché va se redresser?

Les marchés boursiers mondiaux ont connu un redressement étonnant par rapport aux creux causés par la pandémie en 2020. Par contre, une succession d’événements inquiétants a rapidement miné la confiance des investisseurs. L’inflation élevée, la hausse des taux d’intérêt, les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement, un conflit armé en Europe, la politique « zéro COVID-19 » en Chine…David Sykes, chef des placements, Gestion de Placements TD, est d’avis qu’une fois que les investisseurs seront convaincus de la direction que prendront les taux, ils devraient revenir sur les marchés.

Mais déterminer combien de temps durera le repli ne sera pas une tâche simple.

Parmi les données que M. Sykes surveille régulièrement, notons l’indice des prix à la consommation, le langage et le ton de la Réserve fédérale américaine, les données pour les cartes de crédit, l’activité des consommateurs et les taux de chômage. Il regarde aussi l’activité des marchés baissiers passés pour tenter de déterminer quand les marchés actuels pourraient recommencer à monter. Toutefois, le principal indicateur qui l’intéresse est la situation du bénéfice des sociétés d’ici la deuxième moitié de 2023 et la façon dont les pressions sur les coûts et l’augmentation des salaires pèsent sur les entreprises.

« Les bénéfices vont diminuer, mais à quel point? C’est la grande question », affirme M. Sykes.

Est-ce que le prix du logement va tenir le coup?

L’accélération du prix du logement au cours des dernières années s’est soudainement heurtée au mur qu’a été la hausse rapide des taux d’intérêt de ce printemps. Le prix des maisons a depuis diminué, ce qui a nui à certains, particulièrement aux gens qui ont acheté au sommet du marché. Selon Mme Caranci, même s’il est possible que le prix du logement continue de baisser, une diminution importante semble peu probable.

Elle nous rappelle qu’il faut mettre ces prix en contexte, plutôt que de paniquer. Avant la pandémie, le prix du logement au Canada connaissait une hausse si marquée que même les récentes baisses rapides ne devraient pas vraiment nuire aux propriétaires de longue date.

« La chute récente n’est pas une érosion massive de la richesse, surtout pour les gens qui ont acheté avant cette période. On y trouve encore beaucoup de valeur nette réelle », dit-elle.

Quand est-ce que tout reviendra à la normale?

De son côté, Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, porte une grande attention aux prévisions de Mme Caranci sur l’orientation de l’économie, car les taux plus élevés limitent la croissance et pourraient prolonger le malaise économique. Il demeure toutefois optimiste quant au fait que, malgré notre situation actuelle sans précédent, l’économie et les entreprises sont fondamentalement saines. Selon lui, c’est de bon augure pour l’avenir.

Au bout du compte, M. Simpson demande aux investisseurs de ne pas paniquer et de comprendre que les mauvais rendements sont toujours temporaires.

Il ajoute que malgré les mauvaises nouvelles, les gens devraient envisager de demeurer sur les marchés au lieu de penser à y revenir quand la situation se sera améliorée. Parce qu’après tout, personne n’a de boule de cristal pour prédire quand cela va se produire. De plus, M. Simpson est plutôt critique de l’engouement qu’ont certaines personnes par rapport à l’« argent facile » qu’elles peuvent faire en entrant et en sortant des marchés : investir, ce n’est pas comme parier au casino. Cet engouement ne fait qu’accentuer la distorsion des marchés. Selon lui, les investisseurs à long terme devraient plutôt rester calmes, faire confiance à leurs placements et penser à long terme, comme les propriétaires de ces entreprises.

« Tenter de faire des placements à court terme dans des périodes comme celle-ci, c’est là où les gens peuvent le plus nuire à leurs finances », explique M. Simpson.

David Sykes fait valoir que, l’économie dans son ensemble étant solide, retirer son argent maintenant n’est peut-être pas la bonne stratégie. Les investisseurs pourraient même envisager d’investir à long terme en achetant des titres d’entreprises de qualité, maintenant qu’ils sont plus abordables.

« Si vous aimiez le marché boursier il y a six ou neuf mois, vous devriez l’aimer encore plus maintenant, parce que tout est devenu beaucoup moins cher », conclut-il.