La situation de Stuart pourrait s’appliquer à n’importe qui. En début d’année, il a mis de côté 5 000 $ de son épargne pour investir. Toutefois, la volatilité récente des marchés et d’autres mauvaises nouvelles économiques l’ont amené à remettre en question son plan initial. S’il investit les 5 000 $ d’un coup, qu’arrivera-t-il à son placement forfaitaire si le marché s’effondre? Compte tenu de la hausse constante du coût de la vie et des taux d’intérêt, Stuart devrait-il laisser son argent dans son compte de banque?

Chaque jour, on entend dire qu’investir est un moyen efficace de faire croître son épargne. Mais qu’en est-il en période de volatilité? Que faire si les nouvelles sont toutes mauvaises?

Trouver de l’argent pour cotiser dans son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) peut être éprouvant sur les plans émotionnel et financier, surtout quand le marché est volatil, le prix de l’essence et des aliments augmente et une guerre fait les manchettes. La volatilité est de nature imprévisible, mais un plan de cotisation indépendant des fluctuations du marché peut vous aider à traverser les tempêtes.

Bien que planifier de verser tout son remboursement d’impôt annuel dans un REER soit judicieux, il peut être difficile de le faire. Une stratégie plus viable à long terme, en particulier en période d’incertitude économique accrue, est de verser à chaque paie des montants moins élevés. Pour ce, vous pouvez faire des cotisations sous forme d’achat périodique et automatique par somme fixe, ce qui peut contribuer à éliminer ce désagréable sentiment d’indécision.

« J’encourage mes clients à investir de façon régulière – s’ils ont le flux de revenu pour le faire – et à profiter des fluctuations du marché, explique Natasha Kovacs, planificatrice financière principale à Gestion de patrimoine TD. De cette façon, lorsqu’ils investissent en période de volatilité, ils ont l’occasion d’acheter quand le marché peut offrir une meilleure valeur. »

Pour décider du type de plan de cotisation que vous souhaitez mettre en place, voici quelques considérations.

La nature humaine et les placements

Un grand nombre de comportements observés en placement sont attribuables à notre nature humaine. Nous sommes nombreux à ne parfois voir qu’à court terme et souvent lents à agir si ça ne fait pas notre affaire. Nous sommes certes capables de faire de grandes choses quand l’inspiration nous vient; c’est plutôt qu’on manque d’énergie pour faire de grandes choses tout le temps. De plus, face à nos responsabilités quotidiennes, nous remettons facilement les décisions de placement à plus tard.

Pensez, par exemple, à quel point il est difficile pour beaucoup de faire du sport régulièrement. Même si l’on sait que le résultat en vaut la peine, il faut une volonté extraordinaire pour se lever chaque matin et monter sur le tapis roulant. Investir, c’est comme aller au gym : on n’a peut-être pas toujours envie de le faire, mais le faire régulièrement peut avoir des avantages à long terme.

Cotisations automatiques

Plutôt que d’avoir à trouver l’énergie pour investir encore et encore, vous pouvez établir un plan de cotisations automatiques. Une fois qu’un plan de cotisation automatique ou d’achat préautorisé est établi, un petit montant d’argent sera transféré automatiquement de votre compte bancaire à un REER ou à un CELI, par exemple une fois par mois ou chaque jour de paie. Les cotisations automatiques peuvent ainsi aider à alléger le fardeau émotionnel lié aux placements faits à la pièce, et ce, sans perturber votre flux de revenu mensuel. Vous pouvez établir des cotisations automatiques de plusieurs façons, notamment par l’intermédiaire de votre institution financière et, souvent, auprès de votre employeur.

Achat périodique par somme fixe vs Placement forfaitaire

Investir par placements forfaitaires, c’est investir d’un seul coup tout l’argent réservé à vos placements. Mme Kovacs précise que ce n’est toutefois pas toujours le meilleur moyen si vous avez des objectifs financiers à long terme. Non seulement il peut être difficile de trouver l’argent pour des placements forfaitaires, mais la décision d’investir tant d’un seul coup peut aussi créer plus d’anxiété qu’autrement. Si vous avez de nombreuses autres responsabilités financières (prêts hypothécaire et automobile, frais de garde d’enfants, épicerie, etc.), l’indécision peut vous prendre à l’idée de tout investir d’un seul coup. De plus, ce placement pourrait devenir une source constante de préoccupation si les marchés passent d’un extrême à l’autre.

« En période de volatilité des marchés, on veut atténuer les effets de cette volatilité, alors il est recommandé d’investir régulièrement plutôt que d’investir un montant forfaitaire, ajoute Mme Kovacs. Autrement, si la valeur de votre gros placement chute subitement, vos émotions risquent de l’emporter sur vous, au détriment de l’attention que vous devriez porter à vos objectifs à long terme. »

L’achat périodique par somme fixe consiste en revanche à cotiser de petites sommes égales à intervalles réguliers. Peu importe ce qui se passe sur le marché, vous investissez le même montant d’argent. Prenez cet exemple : si vous investissez dans des fonds communs de placement et si les marchés sont en hausse, votre cotisation vous permettra d’acheter relativement moins de parts par dollar investi; mais s’ils sont en baisse, vous pourrez acheter plus de parts! Dans l’ensemble, le risque associé à la volatilité est donc réduit parce que votre placement est étalé. La réussite d’une cotisation ne dépend donc pas d’une seule mauvaise journée sur le marché. L’achat périodique par somme fixe est une stratégie particulièrement avantageuse quand le marché est imprévisible, et c’est souvent un meilleur choix si vous hésitez à cotiser un montant forfaitaire.

Toujours selon Mme Kovacs, « les clients qui utilisent la méthode d’achats périodiques par sommes fixes ont tendance à réagir plus calmement face à la volatilité des marchés. Ils ont appris à acheter à moindre coût et, par conséquent, ils restent concentrés sur l’objectif du placement – qui est de financer un objectif futur – plutôt que sur le déclin du marché. »

Garder ses placements

Peu importe votre méthode de placement, si vous cherchez à atteindre des objectifs financiers à long terme, on considère généralement que le meilleur plan est de maintenir vos placements bon an, mal an. Si, en cas d’incertitude, votre premier réflexe est d’arrêter d’investir ou de retirer vos placements, rappelez-vous que les marchés montent et baissent naturellement. Le succès de vos placements ne dépend généralement pas d’un seul épisode de volatilité, mais de la façon dont vous gérez ces épisodes année après année.

En fin de compte, comme le souligne Mme Kovacs, l’important est de se rappeler pourquoi vous avez investi votre argent. « Le marché aura toujours des périodes de fluctuation et les manchettes créeront toujours du chaos et de l’incertitude. Essayez de faire abstraction du bruit de fond et pensez plutôt au “pourquoi”. Cela dit, c’est plus facile de dire de ne pas vous laisser distraire que de le faire. La revue de vos placements, de vos objectifs à long terme et de votre rendement global pourrait vous aider à surmonter votre angoisse. Si ces éléments correspondent toujours à vos raisons d’investir, ignorez le bruit et maintenez le cap sur votre objectif. »

Tout le monde travaille fort pour gagner de l’argent, et ce n’est pas toujours facile de savoir quoi faire avec vos économies. Si vous avez des questions sur la façon de cotiser plus facilement à votre épargne-placement, parlez à un planificateur financier.

TAMARA YOUNG

PARLONS ARGENT ET VIE

ILLUSTRATION

DANESH MOHIUDDIN