Pour bâtir une entreprise de famille florissante, il faut être entreprenant et coriace. Mais pour passer le bâton à la prochaine génération, il faut planifier, et un testament peut être insuffisant. Kim Parlee et Georgia Swan, planificatrice spécialiste en fiscalité et successions à Gestion de patrimoine TD, s’entretiennent sur la façon dont les propriétaires d’entreprise peuvent prendre une longueur d’avance dans la planification de leur succession.
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Les histoires d’entreprises familiales sont toujours des exemples inspirants d’entrepreneuriat et de détermination. Mais transmettre la réussite d’une génération à l’autre peut être un peu plus délicat. Steve et Colin Wilson sont les propriétaires de Wilson’s Lifestyle Centre, à Saskatoon. Quand leur père est décédé, ils auraient pu hériter d’une facture fiscale élevée. Mais avec un peu d’aide, les Wilson ont réussi à restructurer la succession, tout en prenant une longueur d’avance sur leur propre planification successorale.
Le Wilson’s Lifestyle Centre est simplement une pépinière à l’européenne. Il comprend aussi notre Stoked Centre.
C’est un centre de divertissement familial intérieur, dans lequel il y a des karts, des maisons gonflables, une tyrolienne et un parcours de cordes. Les possibilités de divertissement sont donc nombreuses. Pour nous, tout est question d’amusement commercial.
Mon frère et moi, on s’est lancés en affaires ensemble. Après le lycée, on a acheté une petite entreprise d’entretien des pelouses. On avait 100 clients il y a 30 ans, et l’entreprise a pris de l’expansion. D’ailleurs, on la possède toujours. Elle compte environ 1 500 clients résidentiels, et elle nous permet de réaliser aujourd’hui beaucoup de projets d’aménagement paysager, commerciaux et résidentiels.
On a acheté un terrain. Et on a créé notre propre serre Wilson’s à l’est de Saskatoon. Comme la plupart des jardineries, elle est construite en périphérie de la ville. Peu à peu, la ville s’est agrandie autour de nous ou nous a rejoints. Habituellement, les gens vendent et se retirent à ce moment-là.
Mais nous, on n’a pas fait ça. On a gardé le terrain. Et maintenant, on fait partie d’un grand centre commercial. Et, oui, ça a très bien marché pour nous.
Mon père est décédé en décembre dernier. Ça va bientôt faire un an. Eh bien, il... [RIRE] il était comme tout le monde. On pense tous qu’on ne va jamais mourir. Mon père pensait que rien ne lui arriverait jamais, et qu’il allait vivre jusqu’à 100 ans. Mais l’avenir lui réservait apparemment autre chose.
Alors il n’a jamais... il avait fait un testament, ce qui était bien, mais pas de planification successorale comme telle. Mon père possédait Hi-Way Greenhouse, qui était une serre saisonnière, typique, avec toutes sortes de plantes, ornementales, en pots, vivaces. Quand il a acheté sa propriété, elle ne valait pas grand-chose.
Maintenant, sa valeur est simplement dépréciée, et ça pourrait signifier une énorme responsabilité pour nous. Tout ce qui aurait dû être fait il y a cinq ans, on se démène pour l’accomplir en six mois.
Maintenant, on fait notre propre planification fiscale pour nos familles, parce que... On ne sait jamais ce qui va se passer. On veut donc s’assurer que si quelque chose arrive à l’un de nous, nos familles ne seront pas aux prises avec les mêmes difficultés qu’on a vécues. Nos enfants sont évidemment un peu plus jeunes qu’on l’était. Et si quelque chose m’arrivait demain, ils ne sauraient pas quoi faire.
C’est là que les conseils des experts sont extrêmement importants. Parce que si on ne les avait pas, les réalisations qu’on a accomplies pendant toute une vie pour les transmettre à nos enfants pourraient être perdues. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, ni si nos enfants voudront prendre la relève de l’entreprise ou continuer à l’exploiter. Mais on veut veiller à ce que tout soit en place pour que, si nos enfants veulent prendre le relais, ils puissent le faire et que leur réussite soit assurée.
Et voilà, c’était la belle histoire du Wilson’s Lifestyle Centre à Saskatoon, et aussi un excellent témoignage de l’importance de la planification successorale. Georgia Swan est planificatrice spécialiste de la fiscalité et des successions à Gestion de patrimoine TD. Elle se joint à nous de Barrie, en Ontario, pour parler un peu de ce à quoi les propriétaires d’entreprise sont confrontés. Georgia, c’est un plaisir de vous retrouver. J’aimerais commencer par ce que j’ai entendu dire à ce sujet, c’est-à-dire qu’il y a une différence entre un testament et une planification successorale.
Oui, c’est différent. Un testament est en fait la dernière étape du processus de planification successorale. Disons que c’est l’étape 10. Mais si vous ne passez pas à travers les étapes 1 à 9, le testament pourrait ne pas être aussi efficace que vous le voudriez.
Alors, expliquez-nous un peu les étapes 1 à 9. Je sais qu’on ne peut pas les examiner toutes. Mais une de ces étapes concerne simplement la planification fiscale.
Exactement. C’est probablement... Je ne veux pas dire que c’est la plus importante, parce que toutes les étapes le sont. Mais celle-là, on l’oublie souvent.
Il y a des conséquences fiscales quand une personne décède, surtout si elle possède des immobilisations importantes, des actifs dont la valeur a augmenté au fil des ans. Parce qu’il y a une disposition réputée du bien, c’est-à-dire une vente présumée de tout ce qui vous appartient à votre décès. Bien qu’un report soit possible si le transfert se fait au conjoint, ce n’est pas nécessairement le cas lorsqu’il y a d’autres bénéficiaires.
Ensuite, bien sûr, vous devez savoir ce que vous possédez. Ça peut sembler étrange, mais des gens me disent parfois que l’entreprise leur appartient. Je leur réponds : « Ah bon, et comment? Quelles parts possédez-vous? Combien de parts? » Et ils n’en ont aucune idée.
Vous devez connaître votre passif. Combien devez-vous? Et qui sont les personnes à qui vous êtes tenu par la loi de laisser quelque chose? Cela dépend de la province où vous vivez.
C’est drôle. Vous dites que ça peut paraître étrange. Mais quand on est occupé à gérer et à développer une entreprise, je suis sûre qu’on perd de vue beaucoup de choses. Ce sont des gens occupés, qui font beaucoup de choses en même temps.
J’ai une question pour vous. Est-ce que les plans successoraux qu’on a faits peuvent devenir désuets? Je suppose que vous aviez peut-être des plans même avant, disons, la pandémie. Et les choses ont peut-être changé à cause de ce qui se passe actuellement.
Ils deviennent effectivement désuets. Les événements marquants entraînent la nécessité de modifier votre plan successoral, donc les naissances, les décès, les mariages, les divorces, toutes ces choses, une croissance exponentielle ou peut-être un recul de l’entreprise, ou encore une perte, tous ces facteurs ont des conséquences sur vos plans successoraux.
Il est donc important de les revoir chaque fois qu’un événement marquant survient. Mais des changements à la loi peuvent aussi avoir un effet sur votre plan successoral. Alors il vaut mieux consulter votre avocat ou votre notaire, votre comptable et d’autres professionnels avec qui vous faites affaire, tous les cinq ans environ, simplement pour mettre à jour ce que vous avez établi.
Je sais que c’est probablement aussi important que d’avoir des plans et de suivre les étapes 1 à 9, et l’étape 10 dont vous avez parlé, il faut ensuite communiquer ces plans aux personnes concernées.
Oui. C’est l’une des leçons les plus importantes que j’essaie de faire comprendre aux gens : la transparence permet de résoudre tellement de problèmes. Souvent, cette communication peut être difficile à cause de la dynamique familiale. Parfois, les gens sont mal à l’aise de parler de questions financières. C’est sûr que bien des gens sont mal à l’aise de parler de la mort.
Mais ces conversations peuvent aussi donner lieu à de vraies surprises. J’ai assisté à des réunions où les propriétaires, disons les parents, de l’entreprise pensent savoir exactement comment ils vont la transférer à la prochaine génération. Et puis, tout à coup, les enfants prennent la parole et disent : « Vous savez quoi? Ce n’est pas ça qu’on veut. »
Un jour, j’ai assisté à une rencontre où l’un des enfants a dit : « Vous savez quoi? Je ne veux pas être en affaire avec mes frères et sœurs. On a des idées différentes sur l’avenir de l’entreprise. »
Les parents étaient vraiment choqués d’entendre ça. Et ça a complètement changé l’orientation qu’ils pensaient donner à leur planification successorale. Mais il est primordial que tout le monde ait l’occasion de s’exprimer.
[MUSIQUE]
Le Wilson’s Lifestyle Centre est simplement une pépinière à l’européenne. Il comprend aussi notre Stoked Centre.
C’est un centre de divertissement familial intérieur, dans lequel il y a des karts, des maisons gonflables, une tyrolienne et un parcours de cordes. Les possibilités de divertissement sont donc nombreuses. Pour nous, tout est question d’amusement commercial.
Mon frère et moi, on s’est lancés en affaires ensemble. Après le lycée, on a acheté une petite entreprise d’entretien des pelouses. On avait 100 clients il y a 30 ans, et l’entreprise a pris de l’expansion. D’ailleurs, on la possède toujours. Elle compte environ 1 500 clients résidentiels, et elle nous permet de réaliser aujourd’hui beaucoup de projets d’aménagement paysager, commerciaux et résidentiels.
On a acheté un terrain. Et on a créé notre propre serre Wilson’s à l’est de Saskatoon. Comme la plupart des jardineries, elle est construite en périphérie de la ville. Peu à peu, la ville s’est agrandie autour de nous ou nous a rejoints. Habituellement, les gens vendent et se retirent à ce moment-là.
Mais nous, on n’a pas fait ça. On a gardé le terrain. Et maintenant, on fait partie d’un grand centre commercial. Et, oui, ça a très bien marché pour nous.
Mon père est décédé en décembre dernier. Ça va bientôt faire un an. Eh bien, il... [RIRE] il était comme tout le monde. On pense tous qu’on ne va jamais mourir. Mon père pensait que rien ne lui arriverait jamais, et qu’il allait vivre jusqu’à 100 ans. Mais l’avenir lui réservait apparemment autre chose.
Alors il n’a jamais... il avait fait un testament, ce qui était bien, mais pas de planification successorale comme telle. Mon père possédait Hi-Way Greenhouse, qui était une serre saisonnière, typique, avec toutes sortes de plantes, ornementales, en pots, vivaces. Quand il a acheté sa propriété, elle ne valait pas grand-chose.
Maintenant, sa valeur est simplement dépréciée, et ça pourrait signifier une énorme responsabilité pour nous. Tout ce qui aurait dû être fait il y a cinq ans, on se démène pour l’accomplir en six mois.
Maintenant, on fait notre propre planification fiscale pour nos familles, parce que... On ne sait jamais ce qui va se passer. On veut donc s’assurer que si quelque chose arrive à l’un de nous, nos familles ne seront pas aux prises avec les mêmes difficultés qu’on a vécues. Nos enfants sont évidemment un peu plus jeunes qu’on l’était. Et si quelque chose m’arrivait demain, ils ne sauraient pas quoi faire.
C’est là que les conseils des experts sont extrêmement importants. Parce que si on ne les avait pas, les réalisations qu’on a accomplies pendant toute une vie pour les transmettre à nos enfants pourraient être perdues. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, ni si nos enfants voudront prendre la relève de l’entreprise ou continuer à l’exploiter. Mais on veut veiller à ce que tout soit en place pour que, si nos enfants veulent prendre le relais, ils puissent le faire et que leur réussite soit assurée.
Et voilà, c’était la belle histoire du Wilson’s Lifestyle Centre à Saskatoon, et aussi un excellent témoignage de l’importance de la planification successorale. Georgia Swan est planificatrice spécialiste de la fiscalité et des successions à Gestion de patrimoine TD. Elle se joint à nous de Barrie, en Ontario, pour parler un peu de ce à quoi les propriétaires d’entreprise sont confrontés. Georgia, c’est un plaisir de vous retrouver. J’aimerais commencer par ce que j’ai entendu dire à ce sujet, c’est-à-dire qu’il y a une différence entre un testament et une planification successorale.
Oui, c’est différent. Un testament est en fait la dernière étape du processus de planification successorale. Disons que c’est l’étape 10. Mais si vous ne passez pas à travers les étapes 1 à 9, le testament pourrait ne pas être aussi efficace que vous le voudriez.
Alors, expliquez-nous un peu les étapes 1 à 9. Je sais qu’on ne peut pas les examiner toutes. Mais une de ces étapes concerne simplement la planification fiscale.
Exactement. C’est probablement... Je ne veux pas dire que c’est la plus importante, parce que toutes les étapes le sont. Mais celle-là, on l’oublie souvent.
Il y a des conséquences fiscales quand une personne décède, surtout si elle possède des immobilisations importantes, des actifs dont la valeur a augmenté au fil des ans. Parce qu’il y a une disposition réputée du bien, c’est-à-dire une vente présumée de tout ce qui vous appartient à votre décès. Bien qu’un report soit possible si le transfert se fait au conjoint, ce n’est pas nécessairement le cas lorsqu’il y a d’autres bénéficiaires.
Ensuite, bien sûr, vous devez savoir ce que vous possédez. Ça peut sembler étrange, mais des gens me disent parfois que l’entreprise leur appartient. Je leur réponds : « Ah bon, et comment? Quelles parts possédez-vous? Combien de parts? » Et ils n’en ont aucune idée.
Vous devez connaître votre passif. Combien devez-vous? Et qui sont les personnes à qui vous êtes tenu par la loi de laisser quelque chose? Cela dépend de la province où vous vivez.
C’est drôle. Vous dites que ça peut paraître étrange. Mais quand on est occupé à gérer et à développer une entreprise, je suis sûre qu’on perd de vue beaucoup de choses. Ce sont des gens occupés, qui font beaucoup de choses en même temps.
J’ai une question pour vous. Est-ce que les plans successoraux qu’on a faits peuvent devenir désuets? Je suppose que vous aviez peut-être des plans même avant, disons, la pandémie. Et les choses ont peut-être changé à cause de ce qui se passe actuellement.
Ils deviennent effectivement désuets. Les événements marquants entraînent la nécessité de modifier votre plan successoral, donc les naissances, les décès, les mariages, les divorces, toutes ces choses, une croissance exponentielle ou peut-être un recul de l’entreprise, ou encore une perte, tous ces facteurs ont des conséquences sur vos plans successoraux.
Il est donc important de les revoir chaque fois qu’un événement marquant survient. Mais des changements à la loi peuvent aussi avoir un effet sur votre plan successoral. Alors il vaut mieux consulter votre avocat ou votre notaire, votre comptable et d’autres professionnels avec qui vous faites affaire, tous les cinq ans environ, simplement pour mettre à jour ce que vous avez établi.
Je sais que c’est probablement aussi important que d’avoir des plans et de suivre les étapes 1 à 9, et l’étape 10 dont vous avez parlé, il faut ensuite communiquer ces plans aux personnes concernées.
Oui. C’est l’une des leçons les plus importantes que j’essaie de faire comprendre aux gens : la transparence permet de résoudre tellement de problèmes. Souvent, cette communication peut être difficile à cause de la dynamique familiale. Parfois, les gens sont mal à l’aise de parler de questions financières. C’est sûr que bien des gens sont mal à l’aise de parler de la mort.
Mais ces conversations peuvent aussi donner lieu à de vraies surprises. J’ai assisté à des réunions où les propriétaires, disons les parents, de l’entreprise pensent savoir exactement comment ils vont la transférer à la prochaine génération. Et puis, tout à coup, les enfants prennent la parole et disent : « Vous savez quoi? Ce n’est pas ça qu’on veut. »
Un jour, j’ai assisté à une rencontre où l’un des enfants a dit : « Vous savez quoi? Je ne veux pas être en affaire avec mes frères et sœurs. On a des idées différentes sur l’avenir de l’entreprise. »
Les parents étaient vraiment choqués d’entendre ça. Et ça a complètement changé l’orientation qu’ils pensaient donner à leur planification successorale. Mais il est primordial que tout le monde ait l’occasion de s’exprimer.
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