Plusieurs jeunes au pays sont de retour en classe après un an et demi d’études à distance. Or, pour les élèves de 9e année en Ontario, une chose a changé… Le cours de maths inclut maintenant la littératie financière. Julie Seberras, directrice principale, Soutien de la planification à Gestion de patrimoine TD, discute avec Kim Parlee de quelques leçons à retenir, idéalement.
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- Beaucoup de jeunes ont repris le chemin des classes, après un peu plus d’un an et demi d’études en mode virtuel. Mais pour bien des élèves de neuvième année en Ontario, une chose a changé... Leur programme de maths inclut maintenant la littératie financière.
Pour faciliter cet apprentissage, accueillons Julie Seberras, directrice principale du Soutien de la planification du patrimoine à Gestion de patrimoine TD – une invitée très appréciée. Julie, vous avez cinq leçons à nous communiquer. Alors, allons-y! Premièrement, il y a l’épargne, mais il faudrait aussi parler de capitalisation.
- Tout à fait. L’intérêt composé est vraiment ce qui permet à l’épargne de croître de façon exponentielle au fil du temps. Dans le cadre d’un placement, des intérêts s’accumulent en fonction du montant investi. Mais avec le temps, voici ce qui se passe : on ne cumule pas juste des intérêts sur le placement initial, mais aussi des intérêts sur les intérêts. Voyons ce que ça donne en chiffres...
Disons qu’on investit 100 $ à un taux de 5 %. À la fin de l’année, l’épargne va valoir 105 $. Dans la deuxième année, le taux de 5 % va s’appliquer à 105 $, et non au placement initial de 100 $. Le montant de 105 $ va donc passer à 110,25 $. En bref, l’intérêt composé est très avantageux pour faire croître l’épargne à long terme.
Bien sûr, il faut connaître l’envers des choses... Je parle ici de dettes. Dès qu’on emprunte de l’argent – au moyen d’une carte de crédit, d’une ligne de crédit ou d’un prêt, on a aussi des intérêts à payer. Et ces intérêts s’accumulent à leur tour.
Reprenons les mêmes chiffres... On emprunte 100 $. Si le montant reste impayé à la fin de l’année, on va devoir 105 $. Disons que le montant est toujours impayé à la fin de la deuxième année, on va devoir 110,25 $.
Il faut quand même garder en tête que le taux d’intérêt associé à l’emprunt est habituellement bien plus élevé que le taux d’intérêt associé à l’épargne. En somme, mieux vaut profiter de l’intérêt composé pour faire fructifier l’épargne et se méfier des effets de l’intérêt composé sur les montants qu’on doit, comme les emprunts.
Une chose à utiliser avec un enfant, c’est un calculateur de croissance composée. Vous allez en trouver en ligne. Inscrivez-y quelques chiffres et montrez à l’enfant combien il peut accumuler au fil du temps.
- Quelle bonne explication! Je résume : on veut faire jouer la capitalisation en notre faveur, et pas l’inverse. C’est un point à retenir :
Deuxième leçon : Payez-vous d’abord! On entend souvent ça... Qu’est-ce que ça veut dire?
- En gros, Kim : dès qu’on reçoit de l’argent, qu’il s’agisse d’un salaire pour un emploi à temps partiel, d’un cadeau de la part d’un proche lors d’un anniversaire ou d’une fête, il faut d’abord se payer soi-même – en épargne – avant toute chose. Mon conseil est de prendre ce montant et de le déposer dans un compte d’épargne, en marge de ce qu’on va dépenser.
Et dans la mesure où on adopte une belle discipline à un jeune âge, il est garanti d’en tirer des avantages plus tard dans la vie. Essentiellement, il s’agit de réserver un pourcentage de chaque montant à l’épargne, en se payant d’abord et avant tout, dès qu’on reçoit de l’argent. Comme ça, quand le revenu augmente, le montant de la retenue augmente. Et c’est ce qui contribue à augmenter l’épargne graduellement.
Autre possibilité, si l’enfant reçoit de l’argent de poche : optez pour une petite mise de côté. Faites en sorte que l’enfant se paie en premier... Ouvrez-lui un compte d’épargne, et mettez-le à son nom, si possible, pour l’amener à suivre ses progrès. Évidemment, l’enfant peut se montrer réticent, car vous retenez une partie de son argent de poche. Mais croyez-moi, la motivation viendra quand il verra ses économies croître.
- Excellent! Troisième leçon – qui n’est attrayante pour personne – : On n’accède jamais au montant total d’une paie.
- C’est vrai. On tire cette leçon dès la première paie. L’employeur est tenu de retenir certains montants à la source. Il y a trois grandes déductions auxquelles s’attendre...
D’abord, il y a l’impôt sur le revenu. C’est une combinaison d’impôt fédéral et provincial sur le revenu. Et l’impôt provincial varie d’une province à l’autre. Prenons deux personnes qui gagnent exactement le même revenu : une en Ontario et l’autre en Alberta. La personne en Alberta pourra garder un peu plus d’argent sur sa paie parce que l’impôt provincial chez elle est moins élevé.
Mais il faut se rappeler que chaque personne au Canada a droit à un montant de base personnel. Il s’agit du revenu qu’on peut gagner avant de commencer à payer de l’impôt. Pour 2021, le montant de base personnel au fédéral est de 13 808 $.
Deuxième déduction qu’il faut prévoir si on a au moins 18 ans et qu’on vit ailleurs qu’au Québec, c’est celle du Régime de pensions du Canada. L’employeur retient 5,45 % du salaire. Il y ajoute un montant équivalent et remet le tout au gouvernement au nom du travailleur. Où va cet argent? Il s’accumule en vue de prestations, qui sont versées par le Régime de pensions du Canada à chaque participant dès l’âge de 60 ans. La déduction s’applique uniquement aux revenus de plus de 3 500 $ que vous gagnez dans une année civile.
Enfin, la dernière déduction à prévoir concerne l’assurance-emploi. Ici, c’est 1,58 % du salaire qui est retenu. L’employeur égale le montant et remet tout ça au gouvernement. Où va cet argent? Il va servir à financer le programme d’assurance-emploi.
C’est le programme qui fournit des prestations aux Canadiens admissibles qui n’ont plus de travail. Il est donc pertinent de s’asseoir avec un ado qui vient de recevoir sa première paie, question de l’aider à comprendre ces déductions. Après tout, elles vont s’appliquer à ses revenus tout au long de sa carrière professionnelle. De même, il pourrait y avoir des ajouts à la paie, comme des indemnités de vacances – il est important de comprendre tout ça.
- Bons points... On le sait, c’est toujours saisissant quand on reçoit une première paie. Il y a tout un écart entre le montant auquel on s’attendait et le montant réel. OK, numéro 4 : Créer un budget et le respecter.
- Oui. L’acquisition de compétences pour créer un budget et le respecter est un apprentissage utile pour toute la vie. En fait, ce qu’on doit déterminer ici, c’est où va tout cet argent durement gagné. Pour établir un budget, il faut assurer un suivi de l’argent entant – soit du revenu qui est perçu, sans toutefois oublier les déductions mentionnées touchant l’impôt sur le revenu, le Régime de pensions du Canada et l’assurance-emploi.
Aussi, il faut examiner l’argent sortant... Il s’agit des dépenses. Souvent, on les divise : il y a les dépenses discrétionnaires et non discrétionnaires – à savoir les besoins et les désirs. Enfin, il ne faut pas oublier de se payer en déduisant un montant du salaire qui sera versé directement dans le compte d’épargne.
Je recommande de détailler un maximum d’information en matière de budget. Si un écart survient en cours de route, il sera plus facile de repérer le problème et de se remettre en selle au moyen de rajustements. Et quand je parle de rajustements, c’est qu’il faudra réduire les dépenses ailleurs, notamment dans le volet discrétionnaire, pour compenser l’écart.
Autre activité à faire avec un enfant : établir un budget approprié pour un étudiant de première année d’université. Il faut mener des recherches. Quels sont les coûts pour les droits de scolarité, les livres, le logement et les loisirs? Invitez l’enfant à établir un budget raisonnable selon les résultats de recherche.
- Très intéressant. Mais il faut dire que les dépenses non discrétionnaires ne sont pas évidentes, souvent pour les enfants. C’est une partie du problème. Dernier point... On a 30 secondes... Il faut produire une déclaration de revenus! Pourquoi dire aux enfants de produire une déclaration de revenus?
- Il y a des avantages à le faire... D’abord, la déclaration de revenus sert à faire concorder l’impôt payé et l’impôt dû. Si on paie plus d’impôt que nécessaire, c’est la chance d’obtenir un remboursement. N’oubliez pas : personne ne devrait payer d’impôt sur le revenu gagné en deçà du montant personnel de base.
Aussi, ça permet d’accumuler des droits de cotisation à un REER. Même si la plupart des institutions financières n’ouvrent pas de REER pour les clients de moins de 18 ans, l’important est d’accumuler des droits de cotisation inutilisés, qui peuvent être reportés indéfiniment et servir au moment le plus avantageux.
Il existe plusieurs logiciels de préparation de déclaration. Ils sont souvent gratuits pour les personnes à faible revenu. Dès qu’un adolescent gagne un revenu, mieux vaut l’inciter à produire une déclaration fiscale.
- Julie, merci beaucoup. C’était Julie Seberras avec cinq leçons clés pour les enfants au sujet de l’argent.
[MUSIQUE]
Pour faciliter cet apprentissage, accueillons Julie Seberras, directrice principale du Soutien de la planification du patrimoine à Gestion de patrimoine TD – une invitée très appréciée. Julie, vous avez cinq leçons à nous communiquer. Alors, allons-y! Premièrement, il y a l’épargne, mais il faudrait aussi parler de capitalisation.
- Tout à fait. L’intérêt composé est vraiment ce qui permet à l’épargne de croître de façon exponentielle au fil du temps. Dans le cadre d’un placement, des intérêts s’accumulent en fonction du montant investi. Mais avec le temps, voici ce qui se passe : on ne cumule pas juste des intérêts sur le placement initial, mais aussi des intérêts sur les intérêts. Voyons ce que ça donne en chiffres...
Disons qu’on investit 100 $ à un taux de 5 %. À la fin de l’année, l’épargne va valoir 105 $. Dans la deuxième année, le taux de 5 % va s’appliquer à 105 $, et non au placement initial de 100 $. Le montant de 105 $ va donc passer à 110,25 $. En bref, l’intérêt composé est très avantageux pour faire croître l’épargne à long terme.
Bien sûr, il faut connaître l’envers des choses... Je parle ici de dettes. Dès qu’on emprunte de l’argent – au moyen d’une carte de crédit, d’une ligne de crédit ou d’un prêt, on a aussi des intérêts à payer. Et ces intérêts s’accumulent à leur tour.
Reprenons les mêmes chiffres... On emprunte 100 $. Si le montant reste impayé à la fin de l’année, on va devoir 105 $. Disons que le montant est toujours impayé à la fin de la deuxième année, on va devoir 110,25 $.
Il faut quand même garder en tête que le taux d’intérêt associé à l’emprunt est habituellement bien plus élevé que le taux d’intérêt associé à l’épargne. En somme, mieux vaut profiter de l’intérêt composé pour faire fructifier l’épargne et se méfier des effets de l’intérêt composé sur les montants qu’on doit, comme les emprunts.
Une chose à utiliser avec un enfant, c’est un calculateur de croissance composée. Vous allez en trouver en ligne. Inscrivez-y quelques chiffres et montrez à l’enfant combien il peut accumuler au fil du temps.
- Quelle bonne explication! Je résume : on veut faire jouer la capitalisation en notre faveur, et pas l’inverse. C’est un point à retenir :
Deuxième leçon : Payez-vous d’abord! On entend souvent ça... Qu’est-ce que ça veut dire?
- En gros, Kim : dès qu’on reçoit de l’argent, qu’il s’agisse d’un salaire pour un emploi à temps partiel, d’un cadeau de la part d’un proche lors d’un anniversaire ou d’une fête, il faut d’abord se payer soi-même – en épargne – avant toute chose. Mon conseil est de prendre ce montant et de le déposer dans un compte d’épargne, en marge de ce qu’on va dépenser.
Et dans la mesure où on adopte une belle discipline à un jeune âge, il est garanti d’en tirer des avantages plus tard dans la vie. Essentiellement, il s’agit de réserver un pourcentage de chaque montant à l’épargne, en se payant d’abord et avant tout, dès qu’on reçoit de l’argent. Comme ça, quand le revenu augmente, le montant de la retenue augmente. Et c’est ce qui contribue à augmenter l’épargne graduellement.
Autre possibilité, si l’enfant reçoit de l’argent de poche : optez pour une petite mise de côté. Faites en sorte que l’enfant se paie en premier... Ouvrez-lui un compte d’épargne, et mettez-le à son nom, si possible, pour l’amener à suivre ses progrès. Évidemment, l’enfant peut se montrer réticent, car vous retenez une partie de son argent de poche. Mais croyez-moi, la motivation viendra quand il verra ses économies croître.
- Excellent! Troisième leçon – qui n’est attrayante pour personne – : On n’accède jamais au montant total d’une paie.
- C’est vrai. On tire cette leçon dès la première paie. L’employeur est tenu de retenir certains montants à la source. Il y a trois grandes déductions auxquelles s’attendre...
D’abord, il y a l’impôt sur le revenu. C’est une combinaison d’impôt fédéral et provincial sur le revenu. Et l’impôt provincial varie d’une province à l’autre. Prenons deux personnes qui gagnent exactement le même revenu : une en Ontario et l’autre en Alberta. La personne en Alberta pourra garder un peu plus d’argent sur sa paie parce que l’impôt provincial chez elle est moins élevé.
Mais il faut se rappeler que chaque personne au Canada a droit à un montant de base personnel. Il s’agit du revenu qu’on peut gagner avant de commencer à payer de l’impôt. Pour 2021, le montant de base personnel au fédéral est de 13 808 $.
Deuxième déduction qu’il faut prévoir si on a au moins 18 ans et qu’on vit ailleurs qu’au Québec, c’est celle du Régime de pensions du Canada. L’employeur retient 5,45 % du salaire. Il y ajoute un montant équivalent et remet le tout au gouvernement au nom du travailleur. Où va cet argent? Il s’accumule en vue de prestations, qui sont versées par le Régime de pensions du Canada à chaque participant dès l’âge de 60 ans. La déduction s’applique uniquement aux revenus de plus de 3 500 $ que vous gagnez dans une année civile.
Enfin, la dernière déduction à prévoir concerne l’assurance-emploi. Ici, c’est 1,58 % du salaire qui est retenu. L’employeur égale le montant et remet tout ça au gouvernement. Où va cet argent? Il va servir à financer le programme d’assurance-emploi.
C’est le programme qui fournit des prestations aux Canadiens admissibles qui n’ont plus de travail. Il est donc pertinent de s’asseoir avec un ado qui vient de recevoir sa première paie, question de l’aider à comprendre ces déductions. Après tout, elles vont s’appliquer à ses revenus tout au long de sa carrière professionnelle. De même, il pourrait y avoir des ajouts à la paie, comme des indemnités de vacances – il est important de comprendre tout ça.
- Bons points... On le sait, c’est toujours saisissant quand on reçoit une première paie. Il y a tout un écart entre le montant auquel on s’attendait et le montant réel. OK, numéro 4 : Créer un budget et le respecter.
- Oui. L’acquisition de compétences pour créer un budget et le respecter est un apprentissage utile pour toute la vie. En fait, ce qu’on doit déterminer ici, c’est où va tout cet argent durement gagné. Pour établir un budget, il faut assurer un suivi de l’argent entant – soit du revenu qui est perçu, sans toutefois oublier les déductions mentionnées touchant l’impôt sur le revenu, le Régime de pensions du Canada et l’assurance-emploi.
Aussi, il faut examiner l’argent sortant... Il s’agit des dépenses. Souvent, on les divise : il y a les dépenses discrétionnaires et non discrétionnaires – à savoir les besoins et les désirs. Enfin, il ne faut pas oublier de se payer en déduisant un montant du salaire qui sera versé directement dans le compte d’épargne.
Je recommande de détailler un maximum d’information en matière de budget. Si un écart survient en cours de route, il sera plus facile de repérer le problème et de se remettre en selle au moyen de rajustements. Et quand je parle de rajustements, c’est qu’il faudra réduire les dépenses ailleurs, notamment dans le volet discrétionnaire, pour compenser l’écart.
Autre activité à faire avec un enfant : établir un budget approprié pour un étudiant de première année d’université. Il faut mener des recherches. Quels sont les coûts pour les droits de scolarité, les livres, le logement et les loisirs? Invitez l’enfant à établir un budget raisonnable selon les résultats de recherche.
- Très intéressant. Mais il faut dire que les dépenses non discrétionnaires ne sont pas évidentes, souvent pour les enfants. C’est une partie du problème. Dernier point... On a 30 secondes... Il faut produire une déclaration de revenus! Pourquoi dire aux enfants de produire une déclaration de revenus?
- Il y a des avantages à le faire... D’abord, la déclaration de revenus sert à faire concorder l’impôt payé et l’impôt dû. Si on paie plus d’impôt que nécessaire, c’est la chance d’obtenir un remboursement. N’oubliez pas : personne ne devrait payer d’impôt sur le revenu gagné en deçà du montant personnel de base.
Aussi, ça permet d’accumuler des droits de cotisation à un REER. Même si la plupart des institutions financières n’ouvrent pas de REER pour les clients de moins de 18 ans, l’important est d’accumuler des droits de cotisation inutilisés, qui peuvent être reportés indéfiniment et servir au moment le plus avantageux.
Il existe plusieurs logiciels de préparation de déclaration. Ils sont souvent gratuits pour les personnes à faible revenu. Dès qu’un adolescent gagne un revenu, mieux vaut l’inciter à produire une déclaration fiscale.
- Julie, merci beaucoup. C’était Julie Seberras avec cinq leçons clés pour les enfants au sujet de l’argent.
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